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Mémoires de 7 vies tome 2 sur 2
EAN : 9782259185615
487 pages
Plon (12/09/1999)
4.05/5   10 notes
Résumé :

Baroudeur et académicien, marin et énarque, ambassadeur et ministre, de cette vie bien remplie, Jean-François Deniau écrit : " Je ne suis jamais arrivé, je n'ai fait que partir. " Partir en Indochine, ou en Bosnie, au risque de sa vie. Partir, parce que " faire de grandes choses qui se passeraient au loin " était un rêve d'enfance. Ce premier tome retrace les années de jeunesse au sein d'une famille de légende où il a puisé le goût des aventures extrêmes... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« La plus grande qualité est la force d'âme. Ne pas craindre d'être seul. Ne pas craindre de dire sa vérité. Ne pas hésiter à dire non. »

Dans cette succession de souvenirs personnels et politiques, écrits de façon très littéraire et parfois lyrique, Deniau évoque ses flirts et son goût pour l'écriture mais surtout son rôle dans la construction de l'Europe depuis les années 1950 et ses diverses actions diplomatiques à Madagascar, au Sénégal, en Mauritanie, Iran, Somalie, Espagne, Afghanistan, Serbie… jusqu'au milieu des années 1990.

C'est l'occasion de découvrir les difficultés des négociations du traité de Rome de 1957 fondant la CEE où chaque pays se montre très rétif au libre-échange et applique avec fermeté la préférence nationale (au moins dans l'Enseignement et la Justice), et aussi celles d'entrée du Royaume-Uni.
De voir aussi que, dès ses débuts, l'objectif de la Commission est de créer des Etats-Unis d'Europe. Projet aussi naïf que celui de l'UNESCO de 1945 qui voulait fusionner toutes les cultures du monde pour promouvoir la paix.
Ceux qui n'ont pas connu cette période réaliseront à quel point le traumatisme des guerres mondiales a fait dangereusement primer l'idéologie sur le pragmatisme.
Deniau ira jusqu'à dire à Pompidou « l'Europe est une religion », donnant ainsi un argument aux eurosceptiques d'aujourd'hui.

On apprend au passage que, dans son délire paranoïaque, le KGB a longtemps accusé la CIA d'avoir, à l'aide d'une explosion atomique, « réussi à détourner un cyclone sur Cuba pour noyer la production de canne à sucre. »

Concernant l'Algérie, il apporte une information peu connue : c'est la volonté d'obtenir la bombe atomique qui a précipité son indépendance, car il n'était pas possible – au moins financièrement – d'avoir les deux.

Ambassadeur en Mauritanie – pays créé de toutes pièces par la France –, il fait une description hallucinante des massacres interethniques de février 1966 perpétrés par les Maures contre les Noirs.

En 1997, il pouvait affirmer que la France a « l'une des plus grandes armées du monde ». Dirait-il la même chose en 2022 ?

Il se dit convaincu « qu'une Europe qui n'a pas d'identité fondée sur un but qui lui soit propre n'a pas de sens », et que ce but doit être « l'affirmation d'une civilisation fondée sur nos principes et notre culture et la volonté de la défendre. » Propos plusieurs fois reformulés dans le livre.
En cette fin de XXe siècle, on pouvait encore dire cela sans être traité de facho, et on voit avec 25 ans de recul qu'en créant les conditions du multiculturalisme l'UE fait le contraire.
C'est un peu le processus en cours de délitement des nations que Deniau montre en creux sans peut-être s'en rendre compte.
Et concernant l'immigration, pour lui « c'est la volonté d'être français qui compte ». Ses héritiers politiques ont-ils la même conviction ? Combien de candidats à la naturalisation ou de descendants d'immigrés récents ont aujourd'hui cette volonté ?

On notera toutefois des erreurs historiques étonnantes de la part d'un académicien si bien entouré quand il parle de « l'édit de Théodose qui en l'an 297 sépare l'Empire romain entre Rome et Byzance » alors que cette séparation a lieu en 395 sans faire l'objet d'un édit et que l'édit de Théodose qui date de 380 vise à fixer les règles du christianisme à Constantinople ;
de la frontière « du Xe siècle qui sépare les chrétiens entre catholiques et orthodoxes » alors que le schisme d'Orient date de 1054 ;
ou de la rencontre entre Philippe II et Louis XIV, le premier étant mort avant la naissance du second. Il confond avec Philippe IV.
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Au cours d'une existence incroyablement remplie, Jean-François Deniau fut chargé par plusieurs hauts dirigeants français ou étrangers des missions les plus diverses et les plus périlleuses. Il fut entre autres négociateur pour la Commission Européenne, homme des missions les plus secrètes et les plus délicates comme (par exemple) libérateur d'otages en Bosnie pour des pilotes capturés ou en Afrique noire pour une religieuse embastillée par les soins des sbires de Bokassa. Tour à tour marin, ministre, diplomate, baroudeur (il a passé clandestinement d'innombrables frontières pour rejoindre des maquis), envoyé spécial, écrivain ou académicien, il se retrouva défenseur du Liban, spécialiste de la Yougoslavie et expert de la politique agricole commune à Bruxelles. Véritable homme-orchestre qu'aucune détresse ne laissait indifférent, on le retrouva sur tous les théâtres d'opérations du Liban à l'Afghanistan, en passant par la Tchétchénie, la Bosnie et tant d'autres…
Avec pudeur et élégance, il nous livre une deuxième fournée de ses Mémoires, faites de rencontres exceptionnelles, de combats toujours pour la bonne cause, de réflexions politiques aussi élevées que désabusées, de rêveries et autres réflexions plus ou moins philosophiques. Personnage extraordinaire de courage et de générosité, chevalier des temps modernes, Deniau devait peut-être à sa foi et à ses lointaines origines irlandaises et serbes, ce goût de l'aventure sous toutes ses formes, cette passion dévorante d'aider les plus démunis et cette volonté de s'intéresser à tout. Rien ne l'arrêta, ni la maladie qui le frappa cruellement à de très nombreuses reprises, ni l'incompréhension de ses pairs, ni les basses manoeuvres de la politique politicienne. Il voulut réaliser son rêve d'enfant : aller au bout de ses sept vies. Une magnifique leçon de courage, de volonté, d'altruisme et d'abnégation. Un ouvrage intéressant pour les amateurs d'histoire et de géopolitique contemporaine (sur la période 1945-1995), écrit au fil de la plume, sans souci d'ordre chronologique et sans jamais tomber dans les travers de l'effet facile ou de l'indiscrétion.
Lien : http://www.bernardviallet.fr
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Comment avoir été si désordonné pour à la fois en faire trop et si peu ? Si peu que de ne pouvoir laisser en testament que pêle-mêle tout ce que j’ai désiré, voulu, cherché, cru et parfois osé. J’aurai pu, j’aurais pu, le voilà le mode du malheur. Pardonnez-moi ce que j’ai aimé trop, mal, pas assez, jamais assez. Oubliez-moi, amis déçus, essais abandonnés, espoirs sans suite. Que vive ce monde immense et les autres plus grands encore, forêts magiques, océans étoilés, horizons plus lointains, nuits sans frontières, monstres des profondeurs. À vous peuples sans nom de la chaîne des temps, fantômes de nos pères et rire de nos petits fils, passants de notre histoire, vagabonds de nos rencontres, inconnus de nos songes, salut. Dans un point serré peut-on enfermer le vent ? Salut le vent. Il reste un peu de sable sous les ongles. Salut le sable. Un peu de sel sur les lèvres. Salut la mer. Je lègue tous les souvenirs dont j’ai rêvé et que je n’aurai jamais. Saluez les enfants pour moi.
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Je ne me plains pas d’avoir vécu en ce siècle. Tous les autres ont aussi connu des meurtres, des exils, des famines, des massacres. Voilà près de cent cinquante ans l’Irlande a perdu les trois quarts de sa population. Mais à Pâques 1916, une poignée de patriotes occupa par la force la grande poste de Dublin, sachant qu’à un contre dix avec des fusils de chasse contre des canons, et alors que l’opinion-publique leur était hostile, ils n’avaient aucune chance de gagner contre l’armée anglaise ! Peu importe. Nous sommes des voyageurs et des témoins. Les volontaires se levaient pour prendre l’arme d’un mort alors même que tout était perdu. Pour l’honneur ? Pour la mémoire. Pour l’espérance. Pour qu’on sache partout, dans tous les cœurs, qu’il était possible de se soulever.
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Afghanistan, Cambodge, Angola, Liban, Bosnie… Que de ruines, sans même l’espoir d’une cité du soleil. Dans le silence de l’Europe. Je ne peux que répéter ce que je dis depuis quarante ans : sa mission, doit être de défendre un type de civilisation et de démocratie. Le reste, droits de douane ou monnaie unique, n’est qu’instrument, outil. Si l’Europe n’apporte pas cet espoir d’une civilisation qui lui soit propre, elle n’a ni justification ni sens. La mauvaise humeur à l’égard de l’Amérique, seule superpuissance, n’est pas une politique suffisante. La meilleure critique des œuvres des autres, en fait l’unique critique admissible, est de composer une autre œuvre.
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Huit jours avant la signature [du traité de Rome], quelqu'un s'aperçoit qu'on a oublié le préambule du traité officiellement appelé Communauté économique européenne ! Je suis chargé de l'écrire (...) Le plus surprenant est que ce texte, écrit au fil de la plume, très littéraire et pas du tout juridique, sera utilisé dans les interprétations les plus fondamentales de la Cour européenne (...) Les gouvernements ne sont pas cités. Mais, trois fois, revient le mot peuples ! Et dans un traité économique, apparaissent les mots de liberté et de paix. Et le mot emploi. Et le mot idéal. Aujourd'hui, après quarante ans, je n'ai pas une ligne à changer.
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Le mensonge du pouvoir le plus fréquent est celui par omission. Certains n’ont pas dit la vérité sur leur santé. Aucun n’a dit la vérité sur l’état de la France et du monde. Aucun n’a eu le courage de rappeler que dans vingt ans, toute l’Europe aura moins d’habitants que le seul Nigeria, en Afrique noire, et que la France représentera à peu près le quart de la population du Bangladesh. Que le vocabulaire officiel français est celui du suicide. Que nos promesses de campagnes électorales sur la qualité du service public, la sauvegarde de l’éducation nationale, la priorité à l’emploi ne veulent plus rien dire, à gauche comme à droite.
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Video de Jean-François Deniau (70) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-François Deniau
"Un héros très discret" adapté du livre homonyme de Jean-François Deniau (bande-annonce) 1996
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