Oui, l'attitude du primitif est celle d'un enfant, et c'est pourquoi elle est profondément religieuse. Il voit la nature avec des yeux d'enfant, tandis qu'un moderne la voit avec des yeux de peintre. L'observation d'un primitif, de Giotto par exemple, ne porte pas seulement sur les apparences mais sur les qualités usuelles des objets. Il les regarde avec une âme neuve, et sa curiosité est autant d'un savant que d'un artiste. Il tient à nous définir et à nous expliquer ce qu'il voit et ce qu'il sait des objets. Sa gaucherie est donc le témoignage de sa sincérité.
Remarquez que moi qui vous parle, j'admire autant que quiconque notre grand Poussin, et même le Dominiquin et même l'Aurore du Guide et la Galerie des Carraches au palais Farnèse, et la Farnésine, et le palais du Té à Mantoue, et Lebrun à Versailles.
Mais il est question d'art religieux. Lorsque je suis touché par un Rembrandt ou par un Primitif, je constate que ce maître-là n'a pas cherché la beauté dans l'idéal classique, dans une forme séparée de la matière, comme dit saint Thomas, mais dans un contact respectueux et tendre avec la nature concrète. Il n'y a rien de païen, rien de platonicien, rien d'idéaliste dans son esthétique ni dans son art. Il aime, avec tout son cœur, la réalité du bon Dieu.
Que survivait-il de l'ancienne Académie ?
L'enseignement dit officiel était à peu près nul. Son éclectisme, son empirisme datent de loin. Il en faut faire remonter l'origine aux méthodes qui ont substitué à l'atelier, à la boutique (bottega) des maîtres d'autrefois, — où le métier était pratiqué d'abord comme un apprentissage, puis comme une collaboration, — des écoles ou trop ouvertes ou trop fermées, des académies où les professeurs corrigent et n'enseignent pas. Le mode de nomination de ces professeurs, le peu de crédit de ceux qui veulent imposer une doctrine, le scepticisme des autres, les programmes abstraits où la pratique du métier est laissée à l'initiative de l'élève ont introduit un perpétuel flottement dans les ateliers.
Une guerre qui met aux prises tant d'hommes et tant d'idées ne saurait se terminer sans laisser, dans tous les domaines de l'activité humaine, des traces profondes. On l'a senti dès le début du gigantesque conflit, et ce fut la préoccupation de tous ceux à qui le devoir présent laissait des loisirs, de discerner par avance quelles seraient les répercussions de la guerre, de prévoir et de prédire les révolutions et les renaissances futures. Les artistes, les amateurs, les critiques s'inquiétaient de résoudre, à propos de l'art, la même question que par ailleurs les philosophes, les moralistes, les savants, les économistes, les politiques avaient posée.
A la fin des années 1880, en réaction contre l?académisme et l?imitation illusionniste du réel, un groupe d?artistes se faisant appeler « les Nabis » veut abattre la frontière entre beaux-arts et arts appliqués. Les plus connus sont Bonnard, Vuillard et Maurice Denis. Isabelle Cahn, co-commissaire de l?exposition « Les Nabis et le décor », revient sur le parcours de cette exposition exceptionnelle qui réunit une centaine de peintures, dessins, estampes et objets d?art et présente aux visiteurs des ensembles décoratifs aujourd?hui dispersés.
« Les Nabis et le décor. Bonnard, Vuillard, Maurice Denis, ? » du 13 mars au 30 juin 2019 au Musée du Luxembourg.
Cette exposition est organisée par la Réunion des musées nationaux - Grand Palais et les musées d?Orsay et de l?Orangerie, Paris.
« Les Nabis et le décor. Bonnard, Vuillard, Maurice Denis, ? » du 13 mars au 30 juin 2019 au Musée du Luxembourg.
#ExpoNabis
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