J'avais apprécié "
Dans la nuit brune " et "
Cinq photos de ma femme" .Après lecture de ce dernier roman de l'auteur , je suis...comment dire ?...décontenancée, séduite par certains aspects du livre, agacée, voire contrariée par d'autres.Vous l'aurez compris, mon avis est très mitigé...
Commençons par le positif.Un vent romanesque souffle sur ce texte et l'auteur s'est amusée à utiliser toutes les caractéristiques du genre, pour notre plus grand plaisir:héroïne malmenée par le destin, aventures en des endroits variés ( le Danemark, l'Afrique, Paris ), rebondissements multiples.
Il y a aussi une très bonne restitution de la fin de la première guerre mondiale et des Années Folles, l'essentiel de l'histoire se déroulant entre 1909 et 1931, à Paris.On trouve des allusions à des faits ou des personnes typiques de cette période:évocation d'
Apollinaire ( le titre est d'ailleurs tiré d'un de ses
poèmes), vie de bohème, couples de femmes qui s'affichent et nous font penser par exemple à Colette et Missy, avec qui elle a vécu. Enfin et surtout ,
il y a Rose, naïve désarmante, qui nous charme et dont on suit avec intérêt l'évolution, les hauts et les bas, depuis son arrivée à Paris jusqu'à son retour au château de Soro, au Danemark.
le négatif, maintenant: l'écriture m'a souvent semblé maniérée, précieuse,certaines métaphores sont vraiment artificielles, sonnent faux: " un torchis d'historiettes glanées elle ne savait où" ou " Ceci est mon corps, susurraient les animaux cloués au mur" .Je n'ai pas apprécié non plus la dimension hyperbolique des personnages, engoncés dans des stéréotypes: la mère et ses crises d'hystérie, le père et le non-sens de sa vie, Mama Trude, monstre tutélaire qui n'en finit pas de mourir.Certaines scènes sont par ailleurs peu crédibles, frôlant même le grotesque et du coup ne m'ont pas émue: Rose, misérable, qui se terre avec Ida, l'enfant adoptée, dans un cagibi; les lettres mensongères envoyées au père.
Que reste -t-il alors? L'attrait pour le personnage principal et une lecture agréable, mais gâchée par les partis-pris et le trait forcé de l'auteur, auxquels je n'ai pas adhéré.