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Citations sur Dans la nuit brune (113)

"Que peut-on contre la peine, si ce n'est lui opposer la compréhension ?
[...]
Il se concentre pour ne pas oublier cette formule : la compréhension contre la peine. L'équation de sa vie."
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Marina est une jeune fille discrète. Elle n'avait jamais fait venir personne à la maison. Et puis un pour, six mois plus tôt, elle lui a dit qu'elle voulait inviter quelqu'un à dîner.
- Je ferai à manger, lui a-t-elle proposé. Je ferai un rôti.
Et dans le rouge de ses joues et dans le "ô" du rôti, Jérôme a compris. Il a compris sans comprendre. Il ne s'est pas dit ma fille a un amant, il ne s'est pas dit elle veut me présenter le garçon qu'elle aime. Il ne s'est rien dit. Sa pensée ne produit pas de phrases. Elle s'arrête juste avant.
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Elle est entrée dans l'agence, à la descente du car, parce qu'elle a toujours détesté les hôtels et que, contrairement à ce qu'elle a annoncé à Jérôme, elle avait les moyens d'acheter. Elle s'est assise face à lui et, sans qu'elle y prenne garde, quelque chose a cédé. Ses ligaments ont fondu d'un coup. Ses genoux se sont écartés subitement, comme si son corps avait été privé de son tonus élémentaire. Elle a posé le menton dans ses mains, coudes sur le bureau, car, sans cela, elle serait tombée à la renverse. C'est physique, se dit-elle, quand elle cherche à s'expliquer ce qui lui est arrivé. La pente des yeux, la couleur de la peau, l'orientation des sourcils, l'implantation du nez, le dessin des lèvres. Parfois, un visage vous bouleverse. Le contempler vous blesse et vous console. Elle ne se souvient pas d'avoir éprouvé pareil choc, elle manque de mots pour décrire l'exacte nature de l'impact.
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Jérôme se rend compte que « Je marche dans la forêt » n'est toujours pas une réponse satisfaisante. C'est pourtant la vérité. Il marche dans la forêt. Parfois il croise un coq de bruyère, un blaireau, un renard. Les animaux ne le fuient pas. Ils s'arrêtent, s'approchent, le reniflent. S'il est vraiment certain de ne rencontrer personne, il marche à quatre pattes à côté d'eux, en grognant très légèrement. Cela ne dure jamais. Il ne veut prendre aucun risque. Il sait que, si qui que ce soit le surprenait, il en mourrait. Il ne pense jamais à ces promenades, ne les prémédite pas, s'en souvient à peine.
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C'est le problème avec les mots, songe Jérôme. Les gens sont terriblement bavards, sans parler des journaux et de la télévision. Partout, sans arrêt, des mots, des phrases, les mêmes phrases : « Je t'aime », « C'est génial », « C'est la vie ». Ne pourrait-on, un instant, revenir à une préhistoire du langage, à sa découverte, à son enfance, à l'époque où chaque vocable s'ancrait profondément dans ses racines, les traînait à sa suite, où l'on parlait si peu que chaque déclaration provoquait un effarement.
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 Avant, pense-t-il, les gens ne me parlaient pas. (…) Serait-ce l'effet du chagrin ? Les endeuillés bénéficient-ils d'un statut particulier ? Comme si, parce que la mort nous a effleurés, nous avions quitté pour un moment l'univers commun, le monde des vivants.
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Jérôme reconnaît le mélange de lâcheté et de subtile indifférence qui l’a toujours fasciné chez Paula. Une désinvolture qu’il ne connaîtra jamais. Lui, son truc, c’est l’imbécillité, l’esprit d’escalier, la lenteur.
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A quoi servent les parents d'enfants devenus grands?
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Je vais mal, a pensé Jérôme. Je vais comme un homme abandonné. Je vais comme un coureur de marathon qui se fait souffler la victoire à deux cents mètres de l'arrivée.
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Attendre un enfant. Attendre quelqu'un que l'on ne connaît pas. Mais alors, pourquoi l'attendre ? On ne l'attend pas, et il vient. Ou pas. Une fois qu'il est là, c'est pour toujours. Même s'il meurt c'est pour toujours. [...] Comment ne pas avoir peur ? On a peu d'occasions, au cours d'une vie, de s'administrer des sentences aussi lourdes. On s'habitue à l'éphémère, on est à l'aise avec l'intermittence, le renouvellement.
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