Nous avons toutes raisons de penser qu’il a pu disparaître – l’enquêteur ne voulut pas utiliser le terme de kidnapping ni d’enlèvement – dans un véhicule, peut-être un utilitaire qui aurait pu s’approcher des bâtiments. Il aura pu profiter de la présence de certains d’entre vous en train de décharger ou de charger leurs véhicules pour passer inaperçu. Quelqu’un a-t-il vu quelque chose d’anormal ?
Tous les témoins se jaugèrent du regard et les conversations s’engagèrent. Si de nombreux commerçants et employés se connaissaient, pour certains c’était leur première participation à Viavino.
Elle devait exploiter le fait de s’être trouvée, par le plus pur hasard, sur les lieux d’un crime très peu de temps avant qu’il se produise. Coïncidence ou pas, un étrange pressentiment l’incitait à explorer le sujet. Par ailleurs, le vin,une spécialité de la région, faisait régulièrement la une de tous les journaux. Il ne se passait pas un jour sans qu’un village, une commune, jusqu’à la ville de Montpellier qui organisait des Estivales, voire des Hivernales, autour du vin, ne l’évoque.
Ce pouvoir, celui de retrancher un individu de la communauté des fidèles en lui interdisant l’accès aux églises, aux offices, en le privant de sacrements et lui refusant une sépulture chrétienne était très important. D’autant plus important que ceux de l’Ordre bénéficiaient dans ce domaine, une fois encore, d’une exemption. L’évêque était privé du droit d’excommunier un frère de l’Hôpital et de mettre l’église des frères en interdit. Seul le pape le pouvait.
L’agresseur avait prévu son coup sachant qu’il n’était pas certain d’avoir le dessus en cas de corps à corps avec quelqu’un décrit comme athlétique. Préméditation donc. Conclusion : peu de chance qu’il s’agisse du crime d’un rôdeur ou d’un voleur qui aurait laissé le corps sur place. Plus embêtant, n’importe qui, même une femme,pouvait neutraliser quelqu’un, quelle que soit sa force ou sa corpulence, à l’aide d’un Taser.
Il ne rêvait que d’une chose : créer sa propre boite. Aussi costaud que son frère à l’origine, il avait littéralement fondu en pratiquant de façon intensive la course à pied. La légère barbe qui lui couvrait le visage peinait à dissimuler un sempiternel petit sourire. Il se dégageait de sa personne une impression de professionnalisme et de confiance qui contribuait à son succès.