Un écrit dense et nourri sur l'évolution du paysage et de sa représentation du 18ème au 20ème siècle.
L'essai revient sur la création et le contrôle des routes entre expériences techniques (bitumage, trottoir...), stratégie commerciale et développement des hippomobiles de prêts jusqu'à la création des automobiles et leur commercialisation à grande échelle.
L'ouvrage s'ouvre également sur l'arrivée du transport ferroviaire et la naissance des autoroutes impactant à la fois la géographie et notre mobilité. Cartes, plans, signalétiques, paysage vu en mouvement, fragmenté, saisi en pleine vitesse, densification de la circulation, tourisme, toutes ces nouvelles sensations, pratiques et représentations participent à l'évolution du regard porté sur ce sujet créé par l'homme, car le paysage n'est qu'une vision agencée issue du principe de nature sauvage. Proust, Rousseau, Musil, Dos Passos (entre autre) sont régulièrement cités donnant envie de remettre le nez dans ses classiques.
Enfin, les éléments techniques de déplacements et de transports sont mis en regard avec les inventions de représentations comme la photographie ou encore le cinéma. Très éclairant.
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En regard de chacun de ses traits, le paysage ferroviaire est original : c'est un paysage vu et seulement vu, les autres sens étant empêchés ; c'est un paysage traversé selon une translation mécanique et non abordé selon un mouvement propre ; c'est enfin un spectacle ayant peu de pouvoir évocateur sur un voyageur toujours tenté de se replier sur lui-même.
La route nouvelle est ainsi porteuse d'une sorte de tension entre la fidélité au lieu et la réflexion abstraite, entre la construction "au plus près" du terrain et la prise en compte de considérations plus vastes, liées à l'édification des ponts, à l'embellissement des villes ou encore à l'organisation des flux commerciaux.
Le paysage naît d'une distanciation. De soi à l'espace.
Aux yeux des contemporains, la ligne droite illustre la raison du plus court chemin.
Le jardin est le lieu où est célébrée la terre, qu'elle soit noble ou roturière, héritée ou acquise, cultivée ou ornée.