Citations sur Amazonia (73)
… l’autre grande escroquerie, mais davantage locale, étant le redoutable système concurrentiel et violent des multiples églises évangélistes comme celles qui soutenaient la candidature de Javier Bolsonaro au Brésil, se disputant l’âme et l’argent des fidèles pratiquant la spéculation immobilière jusqu’au meurtre.
Que peut-on demander de plus à un fils que d’être un jour pardonné, ne serait-ce que de lui avoir infligé l’existence sans le consulter ?
Certains Indiens voient dans les étoiles les feux allumés par les hommes restés prisonniers là-haut, quand eux sont bien à l’abri en bas, chez Pachamama, la Terre mère.
Les Indiens étaient torse nu, colorés et emplumés, le visage peint au rocou. Les Indiennes aussi, mais elles portaient des soutiens-gorge blancs, résultat d’une honte inculquée par l’Église peut-être, plutôt que par décence, ou volonté de ne pas trop exciter les soldats, et je songeais que l’effet était inverse, de les voir ainsi en petite tenue.
… les ethnologues ne sauront jamais comment vivent les Indiens quand ils ne doivent pas subir la présence de l’un d’eux pendant des semaines dans leur village, assis devant sa hutte à remplir sans cesse ses carnets, alors qu’ils ignorent l’existence même de l’écriture.
L’idée peu à peu se répandait que ces animaux non-humains étaient des « êtres vivants doués de sensibilité », léger progrès que les éleveurs de bétail, et peut-être même les paisibles pêcheurs à la ligne, voyaient déjà, cependant, d’un œil suspicieux
Pourtant, selon la théorie darwinienne, l’évolution des espèces n’a pas de but, l’homme n’est pas un aboutissement, n’existe aucune suite d’échelons dont nous occuperions le sommet, l’extinction est le futur de toutes les espèces, la plupart du temps provoquées par les bouleversements climatiques, et la concurrence d’autres formes de vie mieux adaptées.
Ces contrées amazoniennes depuis l’époque du caoutchouc, avaient reçu le pire de l’Europe, et sans son humanisme en contrepartie. La disparition des peuples, du paysage et des animaux, l’enlaidissement, avilissent. La laideur induit la soumission et la veulerie, facilite une parodie de démocratie : partout sur les murs d’Iquitos, se voyaient les pictogrammes peints appelant les analphabètes à voter en cochant sur le bulletin un cheval ou un coq.
Le sol fertile de l’Amazonie est fragile car peu épais, de grands arbres culbutés par les vents montraient leur couronne de racines qu’on appelle ici des soleils.
Le Libertador (Simón Bolivar) qui crache le sang quitte Bogotá pour Santa Marta sur la côte. Celui qui a coupé en deux l’histoire de l’Amérique latine, celui qui a choisi le nom de la Colombie, celui en l’honneur duquel on a rebaptisé le Haut-Pérou la Bolivie, se prépare comme avant lui San Martín à un nouvel exil, livre un dernier combat épistolaire.