AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782960210491
64 pages
Anspach (28/05/2020)
3.94/5   36 notes
Résumé :
Bruxelles, 1960 Kathleen aide sa mère à ranger son grenier. Elle y découvre de nombreuses planches de bande-dessinée, destinées à la presse clandestine durant la seconde guerre mondiale.Kathleen replonge alors dans son passé.1943, Kathleen avait 12 ans. La jeune fille ne comprend pas grand-chose à la guerre. Son père, Fernand, tient un kiosque à journaux, Place de Brouckère.Un dimanche, Bob, un dessinateur, ami de Fernand, lui montre ses strips de BD. Des histoires ... >Voir plus
Que lire après Bruxelles 43Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
3,94

sur 36 notes
5
7 avis
4
9 avis
3
1 avis
2
1 avis
1
0 avis
Une bonne pinte de zwanze
-
Ce tome fait suite à Léopoldville 60 (paru en 2019) pour la chronologie de la parution des albums. En revanche, il s'agit du premier, à ce jour, pour la chronologie de la vie de l'héroïne. Sa première édition date de 2020. Il a été réalisé par Patrick Weber pour le scénario, Baudouin Deville pour les dessins et l'encrage, Bérengère Marquebreucq pour la mise en lumière, c'est-à-dire la même équipe que celle des quatre autres albums de la série : Sourire 58 (paru en 2018), Léopoldville 60 (paru en 2019), Berlin 61 (paru en 2023), Innovation 67 (paru en 2021). Philippe Wurm est remercié pour son travail de monitoring sur la couverture. Ce tome comporte cinquante-deux pages de bande dessinée. Il se termine avec un dossier de huit pages, agrémenté de photographies, intitulé Bruxelles une vie très occupée : Sous la botte nazie, On trouve tout au marché noir, Ça s'est passé en 1943, BD ça bulle pendant la guerre, Le Soir volé zwanze et courage, Bruxelles sous les bombes, un entretien avec Pierre Gérard (J'avais treize à Bruxelles en 1943). Viennent enfin deux pages sur lesquelles sont listés les centaines de personnes ayant contribué à la campagne de financement participatif.

1960 un quartier au sud de Bruxelles par une belle matinée d'automne. Dans une grande maison, Kathleen van Overstraeten appelle à haute voix sa mère Guillemette. Elle tient une petite réplique de l'Atomium dans la main droite, et une autre d'un masque africain dans la main gauche. Elle ne peut pas croire que sa mère veuille jeter ça, des cadeaux qu'elle lui a faits ! Sa mère lui redit qu'elle ne jette rien, elle va les donner à une oeuvre, Les petits riens, de l'abbé Froidure. En outre, cette maison est devenue trop grande pour elle et comme elle va vivre en appartement, elle doit faire des choix. Elle demande à Kathleen de l'aider au lieu de jacasser. Qu'elle file dans le grenier et qu'elle fasse le tri. Il y a encore plein d'affaires à elle. Un peu agacée, Kathleen s'exécute et commence à farfouiller dans un coffre, où elle trouve un vieil appareil à visionner en stéréoscopie, un View-Master. Elle continue de fourrager dans ce coffre.

Kathleen en sort un lot de planches de bande dessinée, enserrées dans une bande de papier kraft, avec un message inscrit dessus : Fernand, je te confie mon travail. Tu es la seule personne en qui j'ai confiance. Je sais que tu en prendras grand soin. Merci à toi. Kathleen jette un coup d'oeil sur les planches : des gags mettant en scène Adolf et Herman, son berger allemand. Ça fait remonter en elle des souvenirs de la seconde guerre mondiale à Bruxelles. 1943. Elle avait douze ans. Et sa ville était occupée par les Allemands, avec les soldats qui marchaient au pas de l'oie dans la rue. Ils l'appelaient Brüssel ! Elle ne comprenait pas grand-chose à la guerre, par exemple cette affiche d'une maman enserrant sa fille avec le slogan : Papa gagne de l'argent en Allemagne ! Sauf qu'elle ne devait pas répéter à l'extérieur ce qu'ils disaient à la maison. Et surtout pas à l'école. Elle était au lycée Dachsbeck, tout près du Sablon et même-là on ne savait jamais qui pensait quoi. Guillemette, sa mère, travaillait à l'Innovation, rue Neuve. Elle était vendeuse au rayon chapeaux pour dames.

Une couverture avec une illustration de type ligne claire, une mise en couleurs sophistiquée, et un titre explicite : la vie à Bruxelles en 1943, pendant l'occupation allemande, comme en atteste la croix gammée sur la façade de l'hôtel Continental en vis-à-vis de la fontaine Anspach sur la place de Brouckère. Les deux auteurs réalisent une bande dessinée de nature historique avec une solide reconstitution de l'occupation et de sa représentation. Au fil du tome, le scénariste évoque les troupes de soldats qui patrouillent dans la capitale belge, le risque de la délation et la méfiance de chaque instant dans les lieux publics, le rationnement et ses tickets, le parti rexiste et les collaborateurs, le salut nazi entre dignitaires et militaires allemands dans la rue, l'arrestation arbitraire de Juifs dans la rue en public, les contrôles de papiers d'identité à tout bout de champ, la censure de la presse et les restrictions de papier, la Sturmbrigade Wallonie (ex-légion wallonne passée en juin 1943 sous le giron de la Waffen-SS), le Front de l'Indépendance (réseau de résistance intérieure fondé en 1941), le marché noir (en particulier la bien-nommée rue du Radis située dans les Marolles), jusqu'au camp de prisonniers d'Esterwegen dans l'Emsland en Allemagne, et l'exil de Léon Degrelle en Espagne.

La reconstitution historique passe également par les dessins. Ceux-ci s'inscrivent dans le registre de la ligne claire avec un niveau impressionnant de détails. le lecteur est tout de suite projeté ailleurs, dans le quartier résidentiel du sud de Bruxelles, dans un dessin en élévation. Il est fortement impressionné par les descriptions et les scènes de vie à Bruxelles en 1943. Il est visible que le dessinateur s'est solidement documenté aussi bien pour les uniformes et les armes des soldats et des officiers allemands, que pour les tenues vestimentaires des civils, afin d'assurer l'authenticité par rapport à l'époque. Il applique le même soin rigoureux et patient pour décrire les différents quartiers de la ville. Les auteurs tiennent toutes les promesses contenues dans le titre : immerger le lecteur dans cette capitale à cette année-là. le lecteur ouvre grand les yeux et prend le temps de détailler chaque planche à son tour : les façades des immeubles bruxellois, les voitures garées dans les rues, le tramway, l'intérieur du magnifique café le Cirio à deux pas de la Bourse, la place de Brouckère et son monument, la ferme des grands-parents maternels de Kathleen avec ses poules et son cochon, les alentours du château de Karreveld, les trafiquants assis à même le trottoir rue du Radis pour le marché noir, le Parc royal de Bruxelles, les statues du square du petit Sablon, la place du Jeu de Salle avec la caserne des pompiers, la gare du Midi, les chars de la deuxième armée britannique entrant dans la ville le 3 septembre 1944, etc.

L'immersion dans cette capitale gagne encore en intensité avec de nombreuses références ayant une saveur typique pour un touriste, présente tout du long du tome. le scénariste fait preuve de la délicate attention de les expliciter dans la gouttière sous la case correspondante. Dans l'ordre où elles sont mentionnées : Abbé Froidure (prêtre catholique belge, fondateur d'oeuvres sociales, dont Les Petits Riens), une aubette (un kiosque à journaux), du peket (nom donné au genièvre dans la région wallonne), le Rexisme (mouvement politique belge d'extrême droite nationaliste et antibolchévique, 1930-1945), ADS (les Amis de Spirou, un mouvement de jeunesse du journal Spirou créé en 1938), Schieve (fou), plusieurs des dix-neuf communes de Bruxelles (Saint-Josse-Ten-Noode, Boitsfort), Half en half (apéritif bruxellois, mélangeant à part égale du mousseux et du vin blanc sec), le zwanze (humour gouailleur associé à Bruxelles), etc. Chaque élément physique est dessiné avec le même souci de montrer précisément ce dont il s'agit. La mise en couleur de Bérengère Marquebreucq est qualifiée de mise en lumière. L'expression trouve tout son sens avec une sensibilité artistique sachant équilibrer une approche naturaliste, une lisibilité renforcée et une installation discrète d'ambiance.

Comme pour les autres albums, les auteurs ont choisi de raconter une histoire, pour rendre la reconstitution historique plus vivante. le lecteur suit ainsi la jeune Kathleen, douze ans en 1943, et plusieurs des adultes qui croisent son chemin, comme ses parents, plus particulièrement son père Fernand, Bob Mertens, un ami dessinateur de son père, Alfred Mommens, un jeune adulte fils de rexiste, et quelques autres. Les personnages disposent d'assez d'épaisseur et de caractère pour ne pas être réduits à des artifices narratifs. le lecteur croit en la conviction rexiste du père d'Alfred, à la conviction de Bob qui en fait un résistant, à la normalité des époux Guillemette et Fernand van Overstraeten, essayant de conserver une forme de vie digne sous le joug de l'occupation par l'envahisseur. En tant que bédéistes belges, les auteurs font intervenir les deux auteurs les plus en vue de l'époque, Georges Rémi (1907-1983) étant un client régulier de l'aubette tenue par le père de Kathleen, venant parfois accompagné par Edgar-Pierre Jacobs (1904-1987), les deux travaillant sur le trésor de Rackham le rouge, histoire publiée quotidiennement en noir et blanc dans le journal Le Soir, du 19 février au 23 septembre 1943.

Le lecteur savoure cette reconstitution historique au goût authentique de belgitude quand son attention gagne en intensité et en implication en page vingt-sept : le 7 septembre 1943 à 09h51. Les auteurs n'en font pas des tonnes : trois pages factuelles sans dramatisation tire-larme. le lecteur ressort sonné du bombardement du quartier d'Ixelles à Bruxelles par les alliés. La bande dessinée vient de passer dans un registre plus personnel, plus bouleversant. La guerre s'est déchaînée au coeur de la cité, les civils sont impliqués, la réalité de l'occupation et du temps de guerre se fait palpable pour le lecteur. Parmi les événements relatés, les auteurs racontent avec la même justesse de sensibilité la réalisation du faux Soir et sa distribution le 4 novembre 1943. Les conséquences ne se font pas attendre pour l'imprimeur, le complice au sein du Soir volé, le linotypiste et le rotativiste. Même si dans le même temps, l‘exploit et le courage de ses promoteurs furent salués à travers toute l'Europe et Londres attribua une aide au Front de l'Indépendance.

Une grande réussite : les auteurs emmènent le lecteur dans Bruxelles occupée, par une reconstitution historique impeccable, à la fois par le choix des événements évoqués, et par leur mise en image et en couleur. Même le plus blasé des lecteurs par les évocations de la seconde guerre mondiale se retrouve parmi quelques individus de la population et sent le souffle des bombes qui tombent, le danger à faire acte de résistance. Il continue avec plaisir en se lançant dans la lecture du dossier en fin de tome.
Commenter  J’apprécie          350
Bruxelles. 1960.

La maman de Kathleen se prépare à quitter sa maison devenue trop grande pour elle seule afin d'aller vivre en appartement. C'est l'heure du grand débarras ! Lorsque Kathleen débarque, elle s'aperçoit que sa maman s'apprête à liquider beaucoup de ses cadeaux à elle. Elle en est scandalisée ! Comment sa mère ose-t-elle se défaire des souvenirs qui appartiennent à Kathleen ? Sa mère l'envoie alors dans le grenier faire le tri dans ce qui lui appartient. Ce qu'elle va y découvrir va la bouleverser…

Bruxelles. 1943.

Les Allemands sont présents partout dans la ville ! Kathleen est écolière. Elle ne comprend pas trop ce qu'il se passe. le principal souci de la population, au jour le jour, c'est de trouver de quoi s'alimenter. Mais ce n'est pas le seul souci ! Ses parents lui ont appris à se méfier de tout le monde. Il n'y a pas que des Allemands dont il faut se méfier… Il y a aussi ces s… de collabos !

Critique :

Voilà une bande dessinée qui permet de se rendre compte de ce que pouvait être la vie dans une ville occupée par les boches (terme péjoratif utilisé par les Belges pour désigner les Allemands). Il ne s'agit pas ici d'une ville imaginaire, mais bien de Bruxelles, très reconnaissable grâces aux très nombreux dessins qui reprennent les monuments autant que des rues et des intérieurs typiquement bruxellois. D'ailleurs, les personnages s'expriment parfois en dialecte bruxellois, ce qui était vraiment chose courante à l'époque, même dans les meilleures écoles.
Dans cet album qui mêle fiction et histoire véridique, Patrick Weber intègre des éléments bien réels tels que le bombardement de Bruxelles par l'Air Force qui se serait trompée de cible. A priori, elle aurait confondu l'aérodrome d'Evère (commune de Bruxelles) avec la Plaine des Manoeuvres (à Ixelles) causant d'énormes dégâts à Etterbeek et Ixelles (deux communes de Bruxelles). L'auteur met en évidence l'histoire du faux journal « LE SOIR ». En 1940, les nazis avaient mis la main sur le plus important journal francophone du pays pour le confier à des collaborateurs zélés. Les Belges l'ont dès lors appelé « LE SOIR volé ». le Front de l'Indépendance, l'un des grands réseaux de résistance belge, à l'origine d'obédience communiste même s'il était ouvert à tous, va frapper un grand coup avec la publication du Faux Soir. Un cas unique dans toute l'histoire de l'occupation durant la Seconde Guerre mondiale puisque par un tour de passe-passe extraordinairement bien orchestré, le journal va se retrouver en kioske le 9 novembre 1943 à la place du journal officiel entre les mains des collaborateurs. le journal se moque évidemment des nazis et dans le style propre aux articles du SOIR volé, il cause éclats de rire et moqueries. L'histoire fera grand bruit et amusera énormément les Belges leur redonnant espoir dans la défaite nazie, mais il se soldera par l'arrestation d'une quinzaine de participants à l'opération, dont deux mourront en déportation. La BD ne fait pas l'impasse sur les collabos, essentiellement les rexistes du côté francophone.

Les dessins de Baudouin Deville reproduisent fidèlement Bruxelles à cette époque, grâce à une ligne claire très franco-belge. Et la « mise en lumière » (en couleur) de Bérengère Marquebreucq est fidèle aux couleurs de l'époque.

Cet album financé par l'édition participative est vraiment de très grande qualité et répond aux meilleurs standards actuels. Même si vous n'êtes pas Belge, n'hésitez pas à vous le procurer car l'histoire est construite comme un thriller historique.
Commenter  J’apprécie          283
La mère de Kathleen va vivre en appartement. Il faut donc qu'elle se sépare d'objets inutiles ou encombrants. Sa fille s'offusque. Quoi ? Elle pense jeter ses cadeaux ? La vieille dame l'envoie alors au grenier faire du tri.
D'une malle, Kathleen exhume un paquet de feuilles. Il s'agit d'une bande dessinée satirique dirigée contre Hitler. Soudain, Kathleen remonte le temps. Elle se retrouve en 1943, elle avait douze ans et ne s'intéressait pas trop à la guerre.
Les éditions Anspach publient une série d'albums consacrés à des épisodes marquants de l'histoire De Belgique. le personnage central de celui-ci apparaîtra à d'autres moments que j'ai bien envie de découvrir.
Dans ce volume, le père de Kathleen est marchand de journaux à la Place de Brouckère, représentée en couverture telle qu'elle était à l'époque. Il est passionné de bandes dessinées et ses héros sont Hergé et Edgar-Pierre Jacobs. Sa femme se moque de lui. Ce ne sont pas des lectures sérieuses. Ce qui me rappelle la réaction de ma propre mère et me fait sourire en pensant que, des années plus tard, je consacrerais une partie de mon cours de français au neuvième art.
Ce qui me frappe surtout et me plaît beaucoup, c'est de retrouver des endroits de la ville que je connais bien, tels qu'ils étaient il y a quatre-vingts ans. le dessinateur, Baudouin Deville s'est bien documenté. Certains lieux n'ont pas beaucoup changé. On reconnaît bien la Grand Place ou le café Cirio. On est étonné de voir des gens bêcher les parterres du Cinquantenaire pour y faire pousser des légumes et on peut encore aujourd'hui faire un tour dans un tram, tel qu'il apparaît dans ces pages, puisqu'ils sortent régulièrement du musée. On croise des personnes qui ont réellement existé, comme Hergé, Jacobs ou Degrelle. On voit des jeunes qui rêvent de revêtir l'uniforme des SS, ou d'autres qui passent tout leur temps à traquer les juifs et les dénoncer.
Kathleen a une amie, enfin, c'est ce qu'elle croit, qui est accueillie à bras ouverts dans cette famille et va pourtant causer leur malheur.
Une grande partie de l'histoire est dédiée à l'épisode du « faux Soir » : des résistants vont pasticher le « Soir volé », journal annexé par l'occupant, et ainsi faire rire les Belges. Mais, ce qui paraît, à première vue, une blague un peu potache, est, en réalité, un acte de courage qui coûtera la vie ou la liberté à plusieurs d'entre eux.
Le texte est émaillé de mots ou expressions typiquement bruxellois (zwanze, stoeffer, potferdeke...) et des explications apparaissent en caractères microscopiques entre deux vignettes.
A la fin du volume, un dossier très sérieux apporte des compléments historiques. On peut ainsi découvrir comment le dessinateur a adapté des documents anciens, le marché noir, le bombardement de la capitale ou encore des magazines belges qui publiaient des « comics » américains, tels « Flash Gordon », et ont dû s'adapter suite à la censure. C'est ainsi qu'Edgar-Pierre Jacobs fera ses premières armes.
Bérengère Marquebreucq se charge des couleurs et, vu l'époque, elles sont plutôt ternes et sombres.
Cet ouvrage m'a beaucoup plu. Je poursuivrai ma lecture de cette série.
Commenter  J’apprécie          70
Avec ce Bruxelles 43, le trio Deville-Weber-Marquebreucq produit un produit de très bonne qualité, même s'il se révèle fort scolaire, tant dans son déroulement que dans son graphisme. Concernant ce dernier, on est dans la ligne claire belgo-belge la plus traditionnelle. Vu qu'on rencontre E.P. Jacobs et Georges Rémi au fil des plaches, on ne pourrait faire autrement que de se couler dans ce graphisme aisément reconnaissable.

Bruxelles est magnifiquement rendue, les rues, les places, les bâtiments... il y a un travail d'archives et de rendu historique indéniable. La mise en couleur ajoute une petite touche à l'ensemble. C'est très agréable à feuilleter.

C'est également fort bien documenté. Les anecdotes se suivent et apportent à l'ensemble un parfum "vrai" tout à fait intéressant. Les termes typiquement belges ou bruxellois sont expliqués directement.

On démarre en 1960 quand Kathleen aide sa mère à faire du rangement. Elle tombe sur quelques planches d'une bande dessinée satyrique qu'un ami de son père avait produite. Elle mettait en scène Hitler et son chien Herman. Kathleen dérve alors dans de sombres heures de la capitale occupée. On suit un trio d'amies, Kathleen, Suzanne (la fille du dessinateur) et Yvonne (fille d'un partisan de Léon Degrelle, fondateur du parti rexiste). Tout oppose ces trois jeunes filles. Entre dénonciation, collaboration, marché noir, fuite, cache... les auteurs nous font découvrir l'année 1943, point culminant des déportations et -surtout- l'année où la résistance va produire un faux Soir, pour faire la nique à l'occupant nazi. Le Soir, quotidien incontournable de la presse belge avait été volé par les Allemands. Il servait d'outil de propagande. La résistance va imaginer de remplacer ce Soir par un faux Soir, humoristique et diffusant de vraies informations.

La fin est à la fois tragique et pleine d'espoir. Comme les années de guerre. Un petit dossier historique clôt le tout.

Je retiens les bons sentiments du trio d'auteurs. L'engagement. L'amour. Cela se sent à chaque page. Il y a de la ferveur, une forme d'exaltation, de la passion aussi dans cet ouvrage. On pardonne alors aisément les petites imperfections, les maladresses.
Commenter  J’apprécie          61
C'est la troisième aventure de Kathleen que nous propose ce trio gagnant ; Patrick Weber au scénario, Baudouin Deville au graphisme ligne claire que j'adore et une mise en lumière grâce aux couleurs de Bérengère Marquebreucq.

La maman de Kathleen va déménager. En rangeant le grenier, Kathleen découvre dans un coffre de vieilles planches de BD. Ses souvenirs d'enfance lui reviennent en mémoire, c'est la période de l'occupation allemande à Bruxelles et de l'émergence du Rexisme.

Elle avait 12 ans en 43, sa maman travaillait à l'Innovation, son papa tenait une aubette à journaux pendant la période de l'occupation. Il aimait la BD, "Tintin", "Spirou". Hergé dessinait à l'époque dans "Le soir volé", le journal de la capitale occupé par les allemands.

Dans cet album on y parle beaucoup du "9ème art" - celui de la bande dessinnée - on y rencontre Edgard Pierre Jacobs, Hergé mais aussi Bob Mertens, le papa de Suzane l'amie de Kathleen. Il dessine, a du talent mais prend des risques énormes avec une série ironique sur Hitler, c'est sa façon de résister.

On ne se moque pas de l'ennemi à l'époque, cela peut vous coûter la vie et la déportation, mais Bob Mertens est déterminé et veut à sa façon lutter par ses dessins.

C'est une période difficile où il faut se méfier de chacun, la délation existe, les collabos aussi, les boches sont dangereux tout autant que les rexistes...

Un album comme à chaque fois très bien documenté qui nous fait revivre des petits bouts d'Histoire de notre pays : le bombardement erronné de la Air Force sur Bruxelles, le numéro du journal "Le faux Soir" le 9 novembre 1943 , un acte de résistance souvent oublié.

Le plaisir de cet album c'est de déambuler dans le Bruxelles de l'époque que l'on reconnaît aisément. C'est comme à chaque fois magnifique, j'adore cette ligne claire. Un album de grande qualité que je vous recommande comme les deux premiers.
Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
Commenter  J’apprécie          90


critiques presse (5)
BDGest
20 octobre 2020
Au-delà des innombrables contributeurs à son financement participatif, Bruxelles 43 s’adresse à un public féru de la petite fable qui se cache derrière les atroces manœuvres des années sombres. Complémenté d’un savoureux dossier didactique, ce volet détient tous les atouts pour devenir un succès d’édition.
Lire la critique sur le site : BDGest
ActuaBD
13 octobre 2020
Ce troisième opus de la saga de Kathleen nous ramène dans les temps troublés de l'Occupation : collabos, partisans, rexistes, résistants, juifs, comment savoir qui est qui ?
Lire la critique sur le site : ActuaBD
LigneClaire
12 octobre 2020
Avec Bruxelles 43 de Patrick Weber et Baudouin Deville, on va en découvrir les détails à travers leur héroïne Kathleen revenue du Congo après Sourire 58 qui découvre au grenier de bien curieuses BD anti-allemandes.
Lire la critique sur le site : LigneClaire
Auracan
08 octobre 2020
Séduits par Sourire 58 et Léopoldville 60, on pouvait attendre beaucoup de ce troisième opus... Une attente largement comblée puisque Bruxelles 43 leur est encore supérieur !
Lire la critique sur le site : Auracan
Sceneario
28 septembre 2020
Avec ce troisième volume, Patrick Weber et Baudouin Deville continuent d’observer la Belgique dans toute sa complexité et ses paradoxes, une Histoire pleine de contrastes, de courage et de lâcheté !
Lire la critique sur le site : Sceneario
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
1943 : j’avais douze ans. Et ma ville était occupée par les Allemands ! Ils l’appelaient Brüssel ! Je ne comprenais pas grand-chose à la guerre, sauf que je ne devais pas répéter à l’extérieur ce que l’on disait à la maison. Et surtout pas à l’école. J’étais au lycée Dachsbeck, tout près du Sablon et même là, on ne savait jamais qui pensait quoi. Guillemette, ma mère, travaillait à l’Innovation, rue Neuve. Elle était vendeuse, au rayon chapeaux pour dames. Elle travaillait dur et déployait beaucoup d’efforts pour rester élégante malgré les restrictions. Parfois je l’accompagnais au travail. Ce grand magasin ressemblait à un palais et le plafond semblait toucher le ciel. Mon père, Fernand, tenait une aubette à journaux place Brouckère. J’étais très fière de lui, parce qu’il savait tout ce qui passait dans le monde. Entre deux clients, il lisait toutes les gazettes. Même celles des collabos, comme il disait. Il vaut mieux toujours connaitre ses ennemis, me disait-il, en faisant un clin d’œil. Mais ce qu’il préférait, c’était les histoires dessinées. Il lisait chaque semaine Spirou et Bravo ! et il dévorait les aventures de Tintin dans Le petit vingtième. Il était fan d’Hergé. Il avait même assisté au mythique faux retour de Tintin du pays des Soviets organisé en 1930 à la gare du Nord. Mon père était incollable sur les héros de bande dessinée et passait des heures à me raconter leurs histoires. J’adorais ça ! Ma mère était moins enthousiaste. Elle se moquait souvent de son mari en disant qu’il n’était qu’un grand enfant et que toutes ces bandes dessinées n’étaient plus de son âge. Moi j’étais du côté de mon père, d’autant plus qu’il me ramenait souvent des illustrés à la maison. Je crois que je connaissais toutes les histoires de Tif et Tondu, de Valhardi et de L’épervier bleu par cœur. Je me rappelle aussi de ce dimanche du mois de juin où mon père avait invité son ami Bob Mertens et sa fille Suzanne à la maison.
Commenter  J’apprécie          50
Chaque soir, malgré le brouillage, mes parents écoutaient la radio. Moi je n’y comprenais rien. En allant me coucher, je ne me doutais pas de ce qui m’attendait le lendemain. Et cette journée, je ne l’oublierai jamais. En ce 7 septembre 1943, à 9 heures 45, je retrouvais Yvonne et Suzanne avenue de la Couronne. Nous allions chez mademoiselle Janssens, notre professeur de piano, quand soudain…À 9 heures 51 minutes, soit très précisément six minutes plus tard… L’enfer commençait. Des dizaines de bombardiers alliés commencèrent à larguer leurs bombes. Des bombes qui tombèrent par erreur sur le quartier des casernes à Ixelles alors qu’elles étaient destinées à l’aérodrome d’Evere occupé par les forces allemandes. Nous n’avons pas réfléchi et avons couru sans savoir où aller. Je me rappelle avoir trébuché et m’être entaillé le genou. Et alors que Suzanne m’aidait à me relever, Yvonne pleurait. Nous étions complètement affolées. Nous nous sommes cachés sous le porche d’une maison en espérant qu’elle ne soit pas prise pour cible… Le quartier était dévasté ! Au total, ce sont 130 bombes de 200 kilos chacune qui furent larguées. Les Anglais bombardaient notre ville ? Les mêmes que papa écoutaient à la maison ? Ceux qui devaient venir nous délivrer ? J’étais encore trop jeune pour comprendre. Au total, on dénombra des centaines de victimes. Des Allemands dans les casernes, mais aussi beaucoup de civils et des prisonniers belges détenus par l’occupant. Deux trams furent éventrés, faisant une vingtaine de morts sans compter la gare d’Etterbeek qui fut gravement touchée. Nous avions survécu contrairement à la pauvre madame Janssens dont nous avons appris plus tard que sa maison avait été bombardée. Le vacarme cessa. Les flammes continuèrent à s’élever vers le ciel. Tout cela n’avait duré que trente secondes mais elles avaient pris des allures d’éternité.
Commenter  J’apprécie          40
Pendant la deuxième guerre mondiale, la Belgique est placée sous une administration militaire sous le commandement d’Alexander von Falkenhausen. La capitale du Royaume est donc sous la botte nazie et soumise aux lois allemandes. Ses habitants doivent payer le coût de l’occupation à travers de nouvelles taxes et affronter les rigueurs d’un rationnement draconien. Comme dans toutes les villes, l’approvisionnement y est beaucoup plus difficile que dans les campagnes. La censure est omniprésente et l’occupant contrôle avec soin toutes les publications dans toutes les langues nationales. Les pénuries de papier rendent encore plus difficile toute initiative en matière de presse. Étroitement surveillée par l’envahisseur, la ville est aussi sujette à des bombardements alliés. Contrairement à la France, la Belgique est totalement occupée et n’est pas placée sous l’autorité d’un gouvernement collaborationniste comme ce fut avec le maréchal Pétain et de son état français. Pour autant, divers partis et mouvements partisans de la collaboration se rangent sous la bannière de la croix gammée.
Commenter  J’apprécie          60
Je connais les hommes. Ils sont doués pour parler mais quand il s'agit d'agir, c'est autre chose!
Commenter  J’apprécie          50
On va leur en foutre une bonne pinte de zwanze à ces chleus !
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Baudouin Deville (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Baudouin Deville
Berlin 61
Les plus populaires : Bande dessinée Voir plus
Livres les plus populaires de la semaine Voir plus


Lecteurs (66) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5232 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..