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4,19

sur 318 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Si les écrits de Marina et Sergueï Diatchenko sont particulièrement réputés en Europe de l'Est, les deux auteurs originaires d'Ukraine sont, en revanche, presque totalement inconnus en France. Ou du moins était-ce le cas, avant la publication par les éditions L'Atalante du premier tome des « Métamorphoses », une trilogie parue à l'origine en 2007 et dont les deux autres volumes (« Numérique, ou brevis est » et « Migrant, ou brevi finietur ») devraient être édités dans les mois à venir. le roman met en scène une jeune fille originaire d'Europe de l'Est, Alexandra Samokhina (surnommée Sacha), qui, alors qu'elle est en vacances sur la côte avec sa mère, fait la rencontre d'un homme étrange qui lui prête une attention oppressante. Pour une raison qu'elle ignore, ce dernier la terrifie, et elle fait son possible pour s'en tenir éloigner. Mais l'homme aux lunettes noires ne se laisse pas décourager et finit par réussir à aborder la jeune fille à qui il confie une mission simple mais peu banale. Chaque jour, Sacha devra se lever à quatre heure du matin et aller se baigner, nue, dans la mer avant de rentrer chez elle. Nulle perversion là-dedans, la rassure l'homme, seulement un entraînement à la discipline et la ponctualité. Sans qu'aucune véritable menace ne soit verbalisée, Sacha sait que sa mère courra un grave danger en cas de désobéissance, et c'est donc la mort dans l'âme qu'elle accepte. Ce qu'elle ne sait pas, c'est qu'il ne s'agit là que de la première d'une longue série d'épreuves qui la conduiront à l'institut des technologies spéciales, une école d'un genre très particulier situé dans une toute petite ville quasiment absente des cartes : Torpa. Adieu les rêves d'indépendance et de grandes écoles : Sacha n'a pas le choix et doit se résigner à rejoindre cet institut peuplé de professeurs plus étranges les uns que les autres et d'élèves qui semblent tous souffrir de malformation ou de désordres mentaux. Voilà, pour résumer, l'intrigue de départ de ce roman aussi déconcertant que passionnant et pour lequel je ne m'attendais pas à avoir un aussi gros coup de coeur.

« Un Harry Potter pour adulte ». Voilà, en gros, ce qu'on est tenté de penser à la lecture de la quatrième de couverture qui met d'ailleurs volontairement l'accent sur la comparaison avec l'oeuvre de J. K. Rowling. Or, si les deux romans traitent bien de la formation « magique » d'un jeune prodige dans une école spécialisée, la ressemblance s'arrête là. L'institut des technologies spéciales de Torpa n'a, en effet, rien à voir avec Poudlard qui passerait plutôt ici pour une sympathique colonie de vacances. Contrairement à celle d'Harry, la formation de Sacha est brutale, les conditions de vie médiocres, et les conditions d'apprentissage proches de celles qu'on trouverait dans un goulag. Ainsi, les élèves ignorent (presque) tout de ce qu'on leur enseigne, leur première année ne consistant qu'en la mémorisation d'un manuel étrange, le module textuel, dont ils ne comprennent pas un traître mot. On serait en droit de considérer cette incompréhension comme un obstacle majeure à l'apprentissage, mais il n'en est rien. Aussi étrange que cela puisse paraître, les professeurs sont toujours en mesure de distinguer les élèves qui ont « travaillé » sur le texte des autres. Déroutant ? Pour le moins, et dites-vous bien qu'il ne s'agit là que d'une des bizarreries de ce roman qui déstabilise complètement le lecteur. N'allez cependant pas croire que l'ouvrage ne reposerait que sur de l'enfumage et serait difficile à décrypter, c'est tout le contraire. le récit se lit en effet avec une facilité et une fluidité déconcertante tant on est avide d'avoir enfin des réponses à toutes nos interrogations. Qu'étudie exactement Sacha ? Qui sont réellement ses professeurs et quelle est l'étendue de leur pouvoir ? En quoi consiste ces capacités exceptionnelles dont la dotent les enseignants de l'institut et qui l'isolent de ses camarades ? Autant de mystères qui titillent la curiosité du lecteur, quitte à lui faire passer la nuit sur le roman tant le désir de comprendre est impérieux, et l'histoire bien construite (le roman est découpé en trois partie mais il n'y a pas de chapitres, seulement un astérisque pour séparer le texte et indiquer un changement de lieu ou de temps, ce qui encourage à continuer encore et encore la lecture).

A la qualité de l'intrigue et de la plume des auteurs s'ajoute celle des personnages, et notamment de Sacha, une héroïne inoubliable et profondément attachante. Difficile en effet de ne pas se lier d'affection pour cette jeune fille avide d'apprendre et soucieuse de son entourage, qui se retrouve prise malgré elle dans une spirale qui l'entraîne toujours un peu plus loin des siens. La relation qu'elle entretient avec sa mère est particulièrement touchante, et les conflits que son éloignement forcé ne manquent pas de créer nous paraissent d'autant plus douloureux. Les rapports qu'entretient Sacha avec les autres élèves de l'institut se situent également au coeur du récit, et c'est cette importance accordée à l'amitié et aux dépassements de soi qu'elle permet qui contribue à faire à nouveau le lien avec les romans de J. K. Rowling. Les relations sont toutefois beaucoup plus ambiguës et surtout plus adultes, puisqu'on a affaire à des adolescents proches de la majorité et dont davantage concernés par des problématiques comme la sexualité, l'alcool ou la drogue. le paradoxe est d'ailleurs très étonnant entre des scènes qui relèvent de la banalité de la vie étudiante (fêtes, liaisons amoureuses, disputes entre colocataires…), suivies aussitôt après de passages presque glaçants dans lesquels Sacha se voit rappeler à l'ordre. Ainsi, quand bien même certains élèves ou certaines situations parviennent à nous faire oublier l'espace d'un instant l'endroit dans lequel se trouve l'héroïne, l'angoisse et la peur finissent toujours par refaire surface, et souvent de manière inattendue. Les transformations que subit la jeune femmes sont notamment impressionnantes, tant sur le plan physique que psychologique, a tel point qu'on en vient à éprouver une sorte de fascination morbide pour ces mutations tour à tour merveilleuses ou effrayantes (un sentiment que j'avais également éprouvée à la lecture des « Meurtres de Molly Southbourne »). La métamorphose saisissante de l'héroïne n'empêche toutefois pas le lecteur de rester profondément attaché à elle, même si cette affection se teinte désormais d'une touche d'effroi et d'admiration. Les personnages secondaires sont d'ailleurs nombreux à susciter eux aussi des sentiments contradictoires. C'est le cas évidemment des professeurs, qui adoptent un jour des allures de tortionnaires, et le suivant celles d'un pédagogue bienveillant, mais aussi des élèves pour lesquels on alterne là encore entre sympathie, pitié, rancoeur ou dégoût.

Avec « Vita nostra » Marina et Sergueï Diatchenko signent un roman étrange et déroutant mais aussi remarquable, tant par sa construction que par sa manière de se réapproprier des thématiques éculées en fantasy (l'enfant prodige, l'école de magie…). Si le contexte russe n'est évidemment pas étranger à la perte de repères éprouvé par le lecteur, celle-ci tient aussi et surtout à l'habilité avec laquelle les auteurs parviennent à entretenir le mystère concernant la nature de l'enseignement dispensé à cette jeune héroïne touchante et courageuse, tout en prenant garde à préserver la fluidité du récit. Un gros coup de coeur.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Que des avis très élogieux sur ce roman et je comprends pourquoi. Pourtant, moi ce brouillard et ce manque de compréhension m'a empêchée de l'apprécier pleinement...parce que jusqu'à la fin j'ai eu du mal à comprendre ce qu'elle était devenue. Par contre c'est vrai que j'ai apprécié ma lecture, c'est un page turner, très original et avec une ambiance sombre, qui met un peu mal à l'aise . La jeune Alexandra est forcée d'intégrer une université dans un coin perdu où elle rencontre d'étranges étudiants et une matière incompréhensible. Toutes les étudiants de première année sont perdus et doivent travailler dur sans vraiment savoir pourquoi. C'est le début d'une métamorphose pour la jeune fille qui va passer des caps , dans son travail comme dans sa vie personnelle. J'ai particulièrement apprécié les relations avec sa mère et Kostia. Mais elles sont toutes intéressantes, évolutives. C'est un roman à découvrir même si moi je suis restée dubitative sur le but de ses études, ça a plu aux autres lecteurs donc c'est peut-être moi qui n'est pas tout compris.
Challenge Mauvais genres 2021
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Décidément, le peuple slave ne peut que se transformer dans la souffrance, les larmes et la peur. Même dans un monde imaginaire, ce sont elles qui dominent.
Vita Nostra brevis est... notre vie est brève. Sacha, notre héroïne, est contrainte d'intégrer cette notion à la fin de son adolescence, ce moment charnière où l'adulte en devenir commence à se construire. Contre son gré, la voilà propulsée dans une école mystérieuse, dans un bled russe, où l'on ne sait pas, des professeurs ou des étudiants, lesquels sont les plus étranges. L'apprentissage est rude, dur, violent, sadique parfois et l'objectif est inconnu, pour Sacha, comme pour le lecteur.

Ce fut, je pense, la lecture la plus étrange que j'aie pu expérimenter jusqu'à présent. Et j'écris bien expérimenter car je pense avoir vécu une réelle expérience, littéraire sans doute, mais aussi intellectuelle. Il a fallu, comme Sacha, que je m'accroche dans un premier temps tant le sens manquait aux propos et puis, passé un cap, je me suis sentie presque envoûtée par cette histoire. Et un peu à l'image de cet enseignement, je ne parviens pas à trouver les mots pour décrire comment j'ai vécu cette lecture. Ce fut presque hypnotisant. Esprits cartésiens, fuyez tant qu'il est encore temps.

L'écriture des deux auteurs apporte bien entendu une dimension supplémentaire au récit. Elle s'appuie principalement sur un phrasé sec, très factuel, sans fioriture pour tout à coup basculer dans un état proche de l'onirisme et de la poésie. Ils sont parvenus à rendre un monde imaginaire sous la forme d'un concept.

Bref, une lecture qui m'a subjuguée, surtout dans la seconde moitié.
Par contre, je pense qu'on y entre ou qu'on n'y entre pas et certains pourraient vraiment ne pas aimer ce roman. Dans tous les cas, ceux qui croient y retrouver les ingrédients habituels de la fantasy et qui se fient aux quelques comparatifs avec Harry Potter risquent vraiment d'être déçus. Mais si vous êtes curieux et pouvez entrer dans un bouquin sans a priori et prêts à remettre le genre en question, n'hésitez pas !
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Vita Nostra me laisse une impression mitigée.
Je suis entrée facilement dans l'histoire, je n'ai pas éprouvé d'ennui au cours de 500 et quelques pages de ce livre. C'est un roman "parcours initiatique", celui de Sacha jeune femme à l'orée de l'âge adulte.
Le fantastique apparait dans le récit par petites touches et tisse peu à peu une atmosphère spéciale, étrange, énigmatique, plein de questionnement et qui n'est pas exempte de peur.

En vacances avec sa mère au bord de l'océan, le chemin de Sacha croise celui d'un homme mystérieux, effrayant et menaçant par certains aspects.
Cette rencontre induit un grand changement dans sa vie et la perte de son libre-arbitre car le choix de ses études secondaires lui est imposé.
Ce sera l'institut des technologies spéciales où on enseigne... Et bien, on ne le sait pas vraiment.

Pour résumer les points positifs : une atmosphère maîtrisée et une accroche qui pour moi a fonctionné car j'ai eu envie de savoir de quoi il retournait.

Les voiles du mystère se lèvent à la fin de l'ouvrage. les explications sont là et mèlent métaphore et métaphysique dans un ensemble qui n'est pas dénué de charme.
Au moment où je me demandais comment les auteurs allaient s'en sortir avec l'intrigue et le devenir des personnages, on tombe sur une fin très abrupte.
J'ai pensé dans un premier temps que c'était pour mieux inciter le lecteur à poursuivre (Vita Nostra étant le 1er volume d'un triptyque) et là deuxième déception...
Triptyque il y a bien sur le thème des métamorphoses mais les tomes sont indépendants tant au niveau de l'univers, des personnages que des contextes qui sont différents.
Du coup, cette fin me laisse vraiment sur ma faim, je me sens même un peu flouée !
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Notre vie est brève, elle finira bientôt.
Plus qu'un roman, une expérience de lecture !

Sacha, une jeune russe, intègre l'Institut des Technologies Spéciales, une école post bac dont les enseignements sont au moins aussi obscurs que le nom de l'établissement. Qu'apprend-on vraiment dans cette école ? Pourquoi les étudiants de 2ème et 3ème année semblent tous atteints de malformations ou de troubles mentaux ? Qui est l'homme aux lunette noires qui donne à Sacha des défis plus absurdes les uns que les autres ?

Le récit dépeint Sacha dans son avancée au sein d'études à la finalité incompréhensible. L'atmosphère oscille entre l'angoissante pression mise sur les élèves et les moments de fêtes alcoolisées et d'expériences sexuelles propres à la vie étudiante.
C'est parfois un contraste assez saisissant.
Je me suis sentie mal à l'aise plus d'une fois pendant ma lecture.
L'ambiance générale est assez oppressante.
Les changements qui s'opèrent sur Sacha nous interrogent sur la métamorphose de la jeune fille et j'ai trouvé la fin particulièrement réussie.

Il ne faut pas s'attendre à un récit fantastique ou fantasy classique, selon les différentes interprétations que le lecteur sera tenté de faire. Pour ma part, j'ai trouvé que c'était une métaphore intéressante sur le passage à l'âge adulte et sur l'absurdité manifeste de nos méthodes d'apprentissage.

C'est un roman dont on a beaucoup parlé dans la booksphère de l'imaginaire et j'ai passé un bon moment de lecture.
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C'était, euh... bizarre ? Mais dans le bon sens du terme.

C'est vraiment ça, au départ, qui m'a engagée dans la lecture. Au tout début, Sacha, notre héroïne, est la cible d'un homme étrange qui lui demande de faire des choses d'autant plus étranges, qui lui font vomir des pièces d'or et d'argent. Ne pas obéir a de terribles conséquences. Donc ça y est, la curiosité m'a emportée : mais qui est cet homme ? pourquoi est-elle obligée de faire ça ? que sont ces pièces ? La bizarrerie est partout, et les révélations entraînent généralement plus de questions qu'elles n'en ferment.

Pour résumé, c'est vraiment cette tension, cette question primaire, qui m'a fait garder le cap sur toute ma lecture : pourquoi ?

Mais en fait, plutôt que bizarre, c'est surtout que c'est une lecture très différente, même si elle tourne autour de sujets familiers. Par exemple, je ne sais pas si c'est dû au fait que l'histoire est basée sur un canevas slave, donc différent des archétypes occidentaux, ou bien si c'est juste que c'est un très bon livre, mais j'ai aimé découvrir des relations entre personnages différentes de ce que j'ai pris l'habitude de lire. Aucun personnage que j'adore, aucun que je déteste, ils ont tous leur côté adorables et insupportables en même temps. Pleins de contradictions mais réussies, qui les rendent réels et non pas inconsistants.

Et Kostia... oh Kostia !

Un point négatif tout de même, qui m'a un peu déçue, c'est que tous ces personnages secondaires qui m'intriguaient ou du moins dans lesquels je me suis sentie investie... n'ont pas tous un arc terminé à la fin du roman. Il y a donc un sentiment de manque, et j'aurais aimé en savoir plus sur ce qui arrivait à certains personnages.

Un autre regret, mais de mon fait cette fois... c'est que j'ai lu trop vite la seconde partie, dévorée en deux heures (je voulais vraiment terminer le livre et savoir ce qui allait se passer), et j'ai donc l'impression d'avoir raté le cheminement émotionnel de Sacha parfois. Alors que dans la première partie, que j'ai lu sur plusieurs jours, j'ai vraiment subi en même temps qu'elle toutes ses épreuves, ses échecs et ses réussites.

Je crois donc que c'est un livre qui, sans devoir se lire lentement, s'apprécie dans un temps de lecture normal. Ça ne se dévore pas. D'autant plus que le côté ésotérique/fantastique se complexifie vraiment au fur et à mesure.

D'ailleurs... je n'ai pas compris la fin. Je ne sais pas si c'est justement car j'ai lu trop vite (et j'ai lu Vita Nostra en français, donc ce n'est pas à cause de la langue), mais juste... Ma grande question du début demeure : pourquoi ? Et finalement, ce n'est pas forcément un mal.
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Le fait est que j'ai longuement hésité sur la note à donner, si je recommandais l'expérience de lecture de Vita Nostra. le roman a ses défauts : une fin qui a frustré plus d'un lecteur ou lectrice. le traitement de certaines personnages (). Une certaine forme de répétition des enjeux.

Mais, au-delà de cela, Vita Nostra offre une ambiance sombre, dérangeante et prenante, ainsi qu'un système de magie tout à fait singulier, qui se dévoile lentement. Je n'ai pas pu lâcher ce roman durant les quelques jours où je l'ai dévoré, d'une grande originalité dans le monde de l'imaginaire, et qui reste avec vous longtemps après avoir lu les dernières pages.
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Insolite et inclassable. Ce sont les premiers mots qui me viennent à l'esprit quand je pense à ce roman. Est-ce de la fantasy, du fantastique, du réalisme magique ? En tout cas pas dans le sens où on l'entend en premier. Sacha se retrouve malgré elle élève d'un étrange institut dont le cursus reste longtemps un mystère.
Mais de quoi ca parle? Difficile à dire ou plutôt à expliquer, vu que j'ai longtemps été dans l'expectative moi-même de comprendre dans quoi j'avais mis les pieds. On suit 3 années de Sacha dans cette école hyper étrange où on répète dès le début aux élèves (qui se retrouvent tous inscrits plus ou moins forcés par un mentor flippant et mystérieux) que le but de leurs études ne peut pas être expliqué mais doit être découvert par eux-mêmes.
Stress des exams, nuits blanches d'étude, professeurs exigeant et cours séchés : je me suis totalement replongée dans l'ambiance estudiantine et ses vices les plus fous. Et malgré ce contexte familier, l'Institut de Torpa est loin d'être comme les autres. On y pousse les élèves (par la peur notamment) à découvrir ce qu'on pourrait communément appeler "la magie" mais qui n'est jamais nommé comme telle. Ici elle est est torsion de l'esprit, mutation de l'être ou incarnation des Mots. Si vous ne comprenez rien, c'est normal, comme le disent les profs, "ça ne peut pas s'expliquer, ça doit être vécu".

Partez donc à la découverte de ce roman déroutant et hors du commun si cet avis a titillé votre curiosité. Cette lecture ne laisse pas indifférente même si elle ne plaira pas à tout le monde. J'ai d'ailleurs mis un bon moment avant de me mettre vraiment dedans. J'ai rarement trainé un livre imaginaire si longtemps La narration et le cadre sont déboussolant et je ressentais le besoin de faire des pauses régulières et de ne pas m'y replonger tout de suite. J'ai mis un temps incalculable pour en venir à bout même si au final j'ai aimé. Mais il y a une ambiance sous-jacente plutôt glauque.
Les descriptions des personnages sont succinctes, les auteurs vont à l'essentiels et laissent leur lecteur se faire se propre interprétation. Cela ajoute au sentiment de flou général du livre. La peur de l'inconnu surement, qui est ici poussée à son extrême. Bizarre mais honnêtement à découvrir pour sortir des sentiers battus.
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Vita Nostra est le premier volet d'une trilogie articulée autour de la thématique de la métamorphose. de quel genre de métamorphose(s) parlons-nous exactement ? Pour comprendre celles abordées dans Vita Nostra, il vaut mieux le découvrir soi-même. En fait, pour comprendre pleinement tout ce dont je parlerai dans ma chronique, lire le livre soi-même est la seule solution. Car ce roman met en avant des concepts vraiment très particuliers, mais fort intrigants. Personnellement, je ne suis pas sûre d'avoir bien tout assimilé. Cela ne m'a cependant pas empêchée d'apprécier ma lecture, bien que les débuts aient été quelque peu... périlleux. J'avoue m'être sérieusement demandée si je n'allais pas détester ou, pire, abandonner. Heureusement j'ai tenu bon, et je n'ai pas été déçue.

Bon, déjà, oubliez les comparaisons à Harry Potter, cela n'a strictement rien à voir. Je déteste quand les éditeurs sortent des comparaisons de ce genre, comme s'ils avaient besoin de ça pour vendre le livre. Alors oui, c'est un roman initiatique où il est question d'un apprentissage bien particulier, mais ça il y en a à la pelle, et les similitudes s'arrêtent là. Car dans le genre atypique, Vita nostra place la barre assez haut.
Tellement haut que j'ai bien cru que j'allais me casser la figure. Les débuts ont été pour moi assez difficiles, et ce pour un ensemble de raisons qui, prises séparément, ne sont pas forcément dérangeantes.
Tout d'abord, le rythme du roman est assez lent, il n'y a pas de scènes d'action à proprement parler, il n'y a pas de gros événements, pas de méchants à affronter, etc. Il est ici question d'apprentissage, mais d'un apprentissage bien particulier, enfin, plutôt de plusieurs apprentissages. Aussi le roman est-il centré sur la psychologie des personnages et sur leur rapport au monde. Sacha quitte le cocon familial pour vivre dans un internat, au milieu d'inconnus. Au départ, c'est un moyen pour elle de fuir Valentin, venu emménager chez elles, ce qu'elle perçoit comme une invasion au sein de son cocon, abîmant alors leur complicité mère/fille. Elle s'éloigne ainsi de sa mère, à qui elle est sans cesse obligée de mentir pour qu'elle ne découvre pas la vérité sur l'Institut, et apprend à devenir indépendante. Elle va vivre ses premières amours, ses premières peines de coeur, des déceptions et des joies, va nouer des liens plus ou moins forts avec ses camarades, apprendre à s'occuper de soi et des autres, etc. On aborde là le passage à l'âge adulte, et la peur que l'adolescent peut ressentir à l'idée de quitter le foyer familial, de prendre son envol.
Et la peur est le sentiment dominant du livre, décliné sous diverses formes : peur de mûrir, peur de l'amour, peur de la perte, peur de l'échec, etc. C'est un sentiment sur lequel jouent les enseignants pour pousser les élèves à obéir et, surtout, à étudier sérieusement. le problème est qu'il est assez compliqué d'apprendre quelque chose qu'on ne nous explique pas.

C'est ce point-là qui m'a le plus dérangée au début : ne pas savoir, ne pas comprendre. Comme les choses sont assez longues à se mettre en place, le fait que rien ne soit expliqué ne m'a guère aidée à avancer avec enthousiasme dans ma lecture. Heureusement une collègue qui l'avait déjà lu m'a expliqué qu'il fallait passer un certain cap dans le livre pour être gagné par son ambiance si particulière. Alors je me suis accrochée et, passé grosso modo le premier quart (voire le premier tiers) du roman, je suis enfin parvenue à entrer vraiment dans l'histoire. J'ai ainsi fini par m'attacher à cette jeune Sacha qui cherche sa place, à la fois dans sa famille (qui va connaître quelques changements) et dans le monde. Et, au fur et à mesure que les choses se sont éclaircies (même si le brouillard était toujours un peu présent), j'ai eu de plus en plus de plaisir à suivre ce récit si curieux.
Bon, du coup j'explique un peu l'inexpliqué/inexplicable (enfin, je vais essayer d'être compréhensible dans le minimum du possible). Dans cet Institut, les élèves étudient des matières générales (droit, histoire, sport, etc.) et des matières spéciales. En première année, il y a une matière spéciale, mais il n'est jamais précisé ce qu'est exactement cette matière. Les première année sont divisés en deux groupes en fonction de la personne qui les a recrutés : le groupe A (dont fait partie Sacha) sont ceux repérés par Farit Kojennikov, le groupe B sont les autres. Sacha, comme tous les première année, se demande ce qu'elle fait là, trouve les élèves des deuxième et troisième années très étranges (certains s'arrêtent d'un coup sans raison apparente, les yeux dans le vide, d'autres sont estropiés, etc.), et ne comprend pas cette fichue matière spéciale. En quoi consistent les cours et les devoirs ? Leur professeur leur fait lire des paragraphes illisibles et leur demande de les apprendre par coeur. Ensuite, lors de sessions individuelles, il vérifie s'ils ont bien travaillé ou non. Comment lire l'illisible ? Et pourquoi ? Que cela est-il censé apporter ? Sacha, habituellement bonne élève, va avoir beaucoup de mal à comprendre cette étrange matière. Comme tous les élèves. Mais, à force d'acharnement, un déclic se fera et la jeune fille va développer un véritable don pour ces matières spéciales. J'ai trouvé vraiment intéressant que Sacha ne comprenne et ne réussisse pas tout du premier coup : à chaque spécialité (elle en aura une supplémentaire en deuxième année), elle rencontre de grosses difficultés avant de parvenir à intégrer l'enseignement. En revanche, une fois que c'est fait, elle devient très douée et dépasse les attentes de ses professeurs (peut-être même trop).
Elle devient la meilleur élève, aussi les professeurs spéciaux lui donnent-ils souvent plus de devoirs que les autres. le problème est qu'elle est tellement douée qu'elle a tendance à se laisser emporter et en fait beaucoup plus que demandé. Vous me direz, quel mal y a-t-il à cela ? Simplement que ce ne sont pas là des exercices anodins, qu'ils peuvent avoir un impact plus ou moins important sur son corps, son esprit, et sur le monde qui l'entoure. du coup j'ai par moments trouvé Sacha un peu inconsciente : elle fait la bêtise une fois et en voit le résultat catastrophique, ses profs la préviennent qu'elle ne doit pas recommencer, mais elle recommence. Plusieurs fois. Bon, c'est souvent malgré elle, mais pas toujours. Il devient alors de plus en plus important pour elle de gagner en maturité, en maîtrise de soi.

[...]

En bref...
Vita nostra est le premier volet d'une trilogie dont chaque tome sera apparemment indépendant mais qui tournera autour d'une même thématique : la métamorphose. Certains préfèreront alors parler de triptyque, bien que ce soit un terme synonyme plutôt employé en peinture, mais je comprends le désir de différencier une série avec des tomes interdépendants d'une série dont les tomes sont indépendants les uns des autres. Pour ma part, je continuerai d'utiliser le terme de trilogie.
Vita nostra, donc, est un roman que je classerais dans le genre fantastique plutôt que fantasy, mais il s'agit là d'un point de vue purement personnel, car c'est ainsi que je l'ai perçu.
Marina et Sergueï Diatchenko ont travaillé de concert pour nous livrer un récit des plus curieux où sont développés des concepts particuliers et, surtout, particulièrement abstraits mais tout de même très intéressants. S'il peut être difficile d'accrocher au début du roman, en raison de certaines longueurs et quelques incompréhensions, il ne faut surtout pas se décourager, la suite valant largement la peine. La psychologie des personnages est bien travaillée, nous donnant ainsi à voir leurs questionnements et leur évolution de manière tout à fait crédible une fois que l'on a bien pris en compte que ce qu'ils vivent dans cet Institut des Technologies Spéciales n'a rien d'ordinaire et tout de très étrange. L'intrigue est menée avec brio, surtout si l'on considère le travail que cela a dû être de rendre compréhensif et captivant un récit abordant des concepts si abstraits. Ainsi il est question de métamorphose, autant physique que psychologique, à la fois littérale et métaphorique, mais également du pouvoir des mots et de la peur.
Un roman qui sort de l'ordinaire et qui mérite de prendre le risque d'y plonger.
Lien : https://escape-in-books.blog..
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Alors qu'elle profite de vacances avec sa mère, Sacha, 16 ans, est accostée par un homme qui, pendant plusieurs mois, lui imposera des missions pour le moins… bizarres (nager nue jusqu'à une bouée à 4h du matin, puis courir dans un parc et uriner dans un buisson…) Enfin, toujours sous la menace d'un grand malheur, Sacha se verra contrainte d'intégrer l'Institut des Technologies Spéciales, à Torpa, un bourg perdu.

Sacha découvre un établissement étrange, où certains camarades se comportent très bizarrement, et où les professeurs leur demandent de fournir des efforts de plus en plus importants, quitte à perdre contact avec la réalité. Pour apprendre quoi ? Nul ne le sait vraiment…

Rédiger une chronique sur cet ovni littéraire est aussi complexe que sa lecture. Enfin, pas tout à fait. Les auteurs réussissent à captiver le lecteur, tout en le laissant dans le brouillard le plus complet pendant plus de 500 pages. C'est un roman initiatique : on suit le parcours de Sacha, ses peurs, ses doutes, sa fascination pour son travail, son épuisement mais aussi sa mystérieuse transformation…

S'il y a quelques éléments de fantasy, ce roman est bien plus que cela. Dire qu'il s'agit d'une métaphore du passage à l'âge adulte ne me paraît pas suffisant non plus puisqu'on y aborde la Création, la Parole, le Mot : concepts complexes et fascinants. J'avoue être encore dans le flou, je ne suis pas certaine de tout comprendre. Pourtant, j'ai adoré cette lecture !

Je pense qu'il faut vraiment le lire pour se faire une idée. Par contre, oubliez les comparaisons avec Harry Potter : l'école n'a rien à voir avec Poudlard et Sacha est une élève bien plus assidue que le jeune héros à lunettes…
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