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Denis E. Savine (Traducteur)
EAN : 9791036000768
416 pages
L’Atalante (27/05/2021)
3.77/5   82 notes
Résumé :
Vita nostra brevis est, brevi finietur...
« Notre vie est brève, elle finira bientôt... »

Testeur de jeux vidéo d’une nouvelle génération ? Une aubaine pour Arsène, ce gamer surdoué d’à peine quinze ans. Mais, ce job en or, il n’est pas le seul à y postuler et la compétition sera rude.
Tout cela pour le compte de l’insaisissable Maxime, dont les desseins sont ambigus. Pur charlatan ? Aimable manipulateur ? Visionnaire d’un monde virtue... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Livre évènement de l'année 2019, Vita Nostra marquait à la fois le grand retour de Marina et Sergueï Diatchenko en France mais également celui d'un imaginaire redoutablement intelligent et exigeant.
Succès critique colossal couronné par le Grand Prix de l'Imaginaire, Vita Nostra n'était que la première pierre de la trilogie des Métamorphoses, une trilogie thématique à l'instar de celle de K.W Jeter avec son Jeune homme qui vient en ville (et où l'on retrouve Dr Adder, le Marteau de Verre et Instruments de mort).
Ce qui signifie que vous pouvez oublier Sacha et le mystérieux Institut des Technologies Spéciales.
Numérique n'a à la fois rien à voir avec son prédécesseur….et tout à voir !

Player One, Ready
Quelque part en Russie, Arsène a quatorze ans.
Et comme tous les garçons de son âge, Arsène va à l'école tous les jours, doit composer avec les humeurs tumultueuses de ses camarades et se dépêtrer d'histoire d'amours adolescentes aussi intenses que futiles.
> Faux
|| Error system-//
Pardon, mauvaise version.
Arsène, quatorze ans, est un hardcore gamer. Il sèche les cours depuis des semaines sans que ses parents ne le sachent pour s'immerger dans un jeu online type RPG-Stratégie appelé « Bal Royal ».
Arsène n'a qu'une très vague idée des autres filles et du concept d'amour et n'a rien à faire de camarades de classe qu'il n'a jamais vraiment rencontré.
Arsène vit à travers l'internet, partageant son temps entre son personnage de Ministre et l'élevage de chiots virtuels qu'il revend à prix d'or à d'autres amateurs en quête d'un compagnon fidèle (et immortel).
> Vrai
Alors que l'on menace sa position dominante dans le jeu et qu'il risque gros en manipulant ses adversaires politiques, le jeune homme doit se résoudre à jouer depuis un cybercafé suite à une crise parentale qui lui coûte son ordinateur et son accès internet.
C'est dans ce cybercafé qu'il rencontre un étrange garçon habillé d'un blouson jaune qui le met en garde contre la duperie du gérant qui tente de lui voler ses mot de passe et son compte en ligne. Son nom : Maxime.
Maxime est une sorte de justicier, un défenseur de l'humanité qui opère en secret.
> Faux
Bientôt menacé dans la vie réelle par ses ennemis de « Bal Royal », Arsène accepte l'offre du mystérieux Maxime pour devenir testeur de jeux-vidéo dans une entreprise appelée « Les Nouveaux Jouets ».
À ses côtés, Tolik et Anya, deux autres prodiges qui vont devoir tout donner pour passer les étranges (et inquiétants) jeux imaginés par Maxime et ses développeurs. Seulement voilà, lorsqu'Arsène comprend que les jeux qu'il teste vont bien plus loin que la simple satisfaction de vaincre l'adversaire, les choses prennent une tournure plus lugubre.
Qui est Maxime ? Que veut-il ? Et surtout… pourquoi ces tests ?
Marina et Sergueï Diatchenko semblent donc faire table rase de leur précédent ouvrage (qui fait même un caméo en début d'histoire) pour construire une toute nouvelle histoire. Et si Numérique donne la sensation d'un renouvellement complet, il laisse vite apparaître des similitudes thématiques troublantes avec son illustre aîné.

Dépendance
La question centrale de Numérique, c'est notre rapport à la technologie et, plus spécifiquement, notre addiction à la technologie…et à l'information en général !
Arsène n'est rien de plus à la base qu'un drogué d'une autre sorte, un drogué du jeu vidéo, un drogué du virtuel. Sa mère, elle, ne jure que par les blogs et les Live Journal où elle scrute et dissèque la vie d'amis qu'elle n'a jamais rencontré. Son père ne décolle jamais du téléviseur ou presque, rivé devant un flux d'informations constant où le drame impersonnel devient une composante intime.
Le jeu vidéo sert à illustrer une variante ultra-impliquante, celle où l'information devient quasiment un mode de vie à part entière, et risque à tout moment de prendre le pas sur le réel.
Dans un sens plus large, Numérique parle du virtuel et des nombreux moyens d'accès dont nous jouissons à l'heure actuelle pour en profiter, du réseau social au jeu en ligne en passant par la télévision.
Le virtuel permet à Arsène d'être une autre personne, une personne puissante, retorse, immorale. Une personne qu'il ne pourrait pas (ou n'oserait pas) être dans la vraie vie. C'est là le premier pas vers une chute inéluctable.
Dès lors, ce second opus va accumuler les ressemblances avec Vita Nostra : Arsène a un don, il rencontre un individu étrange pour qui la morale semble une chose tout à fait fluctuante et pour laquelle la fin justifie les moyens, il s'embarque dans une formation où les objectifs sont peu clairs et dont la finalité reste obscure. Au fur et à mesure des tests, Arsène souffre et se fait plus mature, il comprend de mieux en mieux les choses et perçoit, petit à petit, que tous ces concours et ces défis vont bien plus loin que le simple jeu.
En parsemant le récit d'autres évènements/drames issus du réel sans expliquer totalement le lien entretenu avec ce qu'il se passe au premier plan, les auteurs nous tiennent en haleine tout du long. Moins cryptique que Vita Nostra mais certainement plus abouti sur le plan de la réflexion philosophique et sociale, Numérique cherche dans les creux, déterre les réflexes primaires, décrypte le code pour nous offrir la clé.
« Pour manipuler quelqu'un, il faut soit l'accrocher émotionnellement, soit saisir le moment où il est émotionnellement instable. Les diseuses de bonne aventure, les charlatans, les politiciens… surtout les politiciens. »
L'art de la manipulation
D'une façon plus évidente que dans Vita Nostra, Numérique manipule son lecteur et son personnage principal. Ici, la manipulation se taille la part du lion, grâce justement au jeu vidéo et à ses mécanismes, aux moyens de communications modernes et aux réseaux sociaux.
Maxime, fabuleux personnage qui terrifie autant qu'il fascine, se fait le chantre de cette art immoral, celui de manipuler l'autre pour en faire autre chose : un outil, un accessoire, un trophée, un partenaire, une victime.
En explorant les possibilités offertes par les technologies modernes, les Diatchenko lèvent le voile sur notre humanité faible et malléable.
En expliquant les principes sociologiques qui sous-tendent les réactions humains à travers le jeu vidéo, Numérique fait mouche et secoue durablement le lecteur. Dans le prolongement de Vita Nostra, Maxime manipule Arsène par le Verbe pour qu'il manipule les autres à son tour par le numérique et le virtuel.
En réécrivant l'existence comme un programme informatique, en repensant l'être humain comme un ordinateur ou un logiciel, le roman offre des trouvailles formidables qui rappellent autant les plasmides de Bioshock que les upgrades/applis de nos smartphones actuels.
Pourtant, ici, rien n'est gratuit, tout a un sens et une sinistre finalité. En se tournant vers le virtuel, en vivant en dehors des autres et du monde, Arsène se déconnecte de son propre monde, en oublie les codes, commet des actes égoïstes et écoeurants ou au contraire d'une bonté qui confine à la candeur absolue.
Le propos de Numérique démonte pierre par pierre ce que l'on croit savoir et transforme encore et encore son personnage principal comme son lecteur.

Jusqu'au bout
Ce qui laisse pantois dans Numérique, c'est la capacité surnaturelle de Marina et Serguëi Diatchenko à développer des thématiques complexes et à filer la métaphore jusqu'au bout du bout, ne reculant devant aucun défi pour montrer que l'homme, le monde, l'humanité sont une matrice pour l'information. Rien n'est laissé au hasard et la complexité du raisonnement passe comme une lettre à la poste parce que les auteurs sont capables de vulgariser leur pensée avec une facilité déconcertante.
Les implications morales des pouvoirs que va acquérir Arsène s'avèrent bien plus importantes encore que ce que découvre Sacha dans Vita Nostra. Mais la comparaison s'arrête là car Sacha et Arsène sont deux personnages très dissemblables.
Arsène est un jeune adolescent égoïste et trop intelligent pour son propre bien, incapable ou presque de placer son empathie avant son ambition. En niveaux de gris, le personnage d'Arsène va tour à tour émouvoir, choquer, dégoûter, attrister. C'est aussi l'une des méthodes des deux auteurs pour nous manipuler nous, lecteurs pris dans la toile de leur histoire machiavélique.
Au fond, c'est la (très) lente prise de conscience du mal qu'il fait autour de lui qui va humaniser Arsène, un être faillible et qui suit un parcours initiatique atypique. Pas de position sociale privilégiée ou de quête grandiose à l'arrivée, mais une transformation totale et fondamentale…une métamorphose !
Gare cependant à la chute, car ce récit, finalement très noir derrière ses inventions éblouissantes, dit des choses très désagréables sur l'humanité et verse souvent dans un nihilisme quasi-total. Il dit la solitude de l'être humain, sa tristesse et son besoin d'aimer même un chiot qui n'existe pas, son besoin de groupe et de bases simples et rationnelles, il dit l'étiolement des relations à l'ère du binaire, il dit le clivage et l'extrémisme.
Numérique ne vous veut pas du bien.

Le Verbe vous manipule, l'Information vous fragmente, le Jeu vous égare mais Numérique reste. le roman de Marina et Sergueï Diatchenko accumule les prouesses, fait montre d'une imagination et d'une intelligence qui forcent le respect, construit des personnages redoutables et vous jette au milieu du Bal avant de vous transformer en chiots perdus dans les ténèbres.
Un chef d'oeuvre, un grand chef d'oeuvre, un immense chef d'oeuvre de 0 et de 1, de chiffre et de viande, d'humanité et de cruauté !
Lien : https://justaword.fr/les-m%C..
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Deuxième volet de la trilogie « Métamorphoses » écrite par Marina et Sergueï Diatchenko, « Brevis est » (ou « Numérique ») peut néanmoins se lire de façon indépendante puisque rien ne fait ici référence à l'intrigue ou aux personnages de « Vita Nostra ». Ce dernier ayant reçu un accueil enthousiaste de la part du public,il va s'en dire que la suite était particulièrement attendue, d'autant plus que sa sortie a été repoussée en raison de la pandémie. Alors, ce nouvel opus est-il à la hauteur du précédent, qui avait placé la barre relativement haut ? Pas tout à fait, en ce qui me concerne, même si on a tout de même affaire à un très bon roman, tant sur le fond que sur la forme. Après s'être amusés à mêler fantasy et fantastique, les auteurs s'intéressent cette fois à un mélange SF/fantastique, et le résultat est remarquable. Un roman écrit il y a plus de dix ans et consacré aux jeux vidéos aurait pourtant pu très vite paraître dépassé (la sortie en VO date de 2009). Or le propos et les innovations mises en scène n'ont rien de démodé et la réflexion de fond demeure tout à fait pertinente. le roman met en scène un adolescent slave de quatorze ans, Arsène, grand amateur de jeux vidéo et notamment de « Bal royal », un jeu de stratégie politique en ligne dans lequel il est parvenu à acquérir une position dominante que beaucoup d'autres joueurs lui envient. L'addiction du garçon est toutefois de plus en plus manifeste, au point d'inquiéter ses parents et de mettre en péril sa scolarité. le salut va venir d'un certain Maxime, un homme a priori tout à fait banal mais qui va proposer à notre héros de concourir pour accéder à un poste dans son entreprise. le travail en question ? Testeur de jeux vidéo d'une toute nouvelle catégorie. Une aubaine pour Arsène qui va toutefois se retrouver confronté à des concurrents bien plus âgés et chevronnés, ainsi qu'à des dilemmes moraux qui vont peu à peu transformer sa vision du monde, réel comme numérique.

Comme dans « Vita Nostra », la première impression qui frappe à la lecture du roman est celle d'être entraîné dans une véritable spirale dont on oscille au fil des pages entre tentation de se laisser porter ou envie de lutter pour en sortir. La construction est, une fois encore, très habile, puisqu'on ne sait pas vraiment où nous entraînent les auteurs sans que cette incertitude ne soit à aucun moment source de désagrément. On se laisse au contraire facilement porter par le souffle du récit tout en étant sans cesse surpris par des rebondissements inattendus. Car l'intrigue est loin de se limiter à une classique compétition du genre « il n'en restera qu'un » et s'écarte au contraire rapidement des sentiers battus. le roman se partage entre les sensations et expériences d'Arsène dans les différents jeux vidéos qu'on va lui proposer de tester et le récit de sa vie réelle qui s'effiloche de plus en plus au fil des pages. Les interactions sociales du héros sont assez limitées en dehors de son mentor et de ses concurrents (ses parents, une camarade de classe...) mais c'est malgré tout suffisant pour cerner la psychologie du personnage. Cela permet également de créer un contraste intéressant entre la toute-puissance qu'il parvient à acquérir dans les jeux dans lesquels il fait preuve d'un véritable talent pour la manipulation, et la vulnérabilité qu'il laisse transparaître lorsqu'il ne redevient qu'Arsène, un adolescent de quatorze ans en pleine construction et qui peine à démêler ses sentiments. le thème de la métamorphose est bien présent tout au long du roman mais prend vraiment tout son sens dans le dernier tiers (exactement comme dans « Vita Nostra ») à mesure qu'Arsène se voit altéré par les « utilitaires » qui l'éloignent peu à peu de l'humanité. Les jeux vidéos proposés sont pour leur part intéressants et reposent sur des dynamiques classiques (combat, opposition entre clans, survie en territoire hostile…) qui pourraient aujourd'hui les faire paraître obsolètes si la réflexion des auteurs sur la manipulation (ce qu'on appelle aujourd'hui le « neuro-marketing ») n'étaient pas aussi actuelle.

Les personnages sont pour leur part très réussis, à commencer par Arsène qui possède évidemment des côtés agaçants liés à la fois à son âge et à son addiction (hypersensibilité, irritabilité, arrogance parfois) mais dont la vulnérabilité émeut. Les choix moralement condamnables qu'il est amené à prendre durant sa métamorphose permettent de complexifier davantage le protagoniste qui garde malgré tout tout du long une certaine candeur. La réprobation qu'on peut parfois ressentir à l'égard d'Arsène est d'ailleurs souvent contrebalancée par un événement qui vient cruellement rappeler au personnage comme au lecteur que le héros est encore à peine plus qu'un enfant, noyé dans un monde d'adultes dont il ne possède pas encore tous les codes. Maxime, son mentor, dégage pour sa part la même aura de fascination et de répulsion que les professeurs de Sacha dans « Vita Nostra ». Malgré son aspect débonnaire, on ne peut s'empêcher de ressentir un certain malaise face au personnage que l'on devine instinctivement bien plus dangereux qu'il n'y paraît. Les collègues d'Arsène sont quant à eux très ambigus et difficiles à cerner, ce qui ne les rend là aussi que plus inquiétants. Même les personnages « ordinaires » qui entourent Arsène finissent par susciter le malaise du lecteur, que ce soit à cause de révélations sur leur comportement ou de la prise de conscience de la nocivité de leurs propres passions. La conclusion proposée est pour sa part brutale mais satisfaisante puisqu'elle reflète à merveille la complexité du roman tout en provoquant des réactions ambivalentes chez le lecteur, mélange d'effroi et d'admiration.

« Brevis est » est un bon roman qui, s'il ne se hisse pas tout à fait à la hauteur de « Vita Nostra » n'en demeure pas moins passionnant. Bien construit et plein de surprises, l'ouvrage de Marina et Sergueï Diatchenko nous entraîne dans un monde où la frontière entre le jeu et la manipulation a disparu et nous pousse à nous interroger sur notre rapport au numérique. A lire !
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Alors que Vita Nostra a raflé tous les prix en 2020 (Grand Prix de l'Imaginaire, prix Imaginales, prix Elbakin et prix Planète SF des blogueurs), les éditions L'Atalante viennent tout juste d'éditer le second volet de ce triptyque. Une sortie très attendue qui devrait également fortement marquer le paysage littéraire de 2021.

Dans Numérique, Marina & Sergueï Diatchenko nous attachent à un certain Arsène Snegov, un adolescent âgé de 14 ans qui, à l'image de sa génération, ne vibre que par les jeux vidéo. Complètement obnubilé par son monde virtuel, il délaisse les cours pour se consacrer exclusivement à sa passion. Tout bascule le jour où ses parents décident brutalement de le couper de son addiction. Privé d'ordinateur, il s'enfuit pour aller jouer en réseau ailleurs. C'est à ce moment qu'il fait la connaissance d'un certain Maxime qui lui fait l'incroyable proposition de l'engager pour devenir testeur de jeux vidéo. L'aubaine est trop belle pour refuser mais il aurait dû savoir qu'il y a un prix à payer à toute chose. Alors sera-t-il capable d'assumer toutes les conséquences de son choix ?

Avec Numérique, les auteurs poursuivent leurs explorations de cette thématique des métamorphoses initiée dans Vita Nostra. Aussi, ce volet n'est donc pas une suite directe mais une nouvelle interprétation du roman d'apprentissage. Ainsi, ils mettent en scène ici un jeune homme en pleine quête d'identité comme l'était Sacha dans le premier volet. En revanche, cette quête ne se déroule pas dans l'enceinte d'une école car Arsène est un électron libre, déscolarisé qui s'enferme dans les jeux vidéo pour se forger une identité et une personnalité toute autre. Encadré par l'étrange Maxime qui lui sert à la fois de mentor, de protecteur et de grand frère, Arsène va doucement se métamorphoser en naviguant en eaux troubles où le réel se confond bien souvent avec le rêve.

Numérique s'inscrit dans un Saint-Pétersbourg dystopique où la technologie s'est fortement développée, à l'insu de tous, excepté pour une poignée d'initiés. Par l'intermédiaire de leur récit, Sergueï & Marina Diatchenko pointent du doigt notre société moderne hyper-connectée et hautement surveillée dans laquelle les humains sont vissés à leur écran. Ils en sortent complètement déconnectés du réel et vivent dans un monde finalement très artificiel. Les interactions sociales disparaissent ou ne se font plus que par écran interposé. Pour preuve, quand on s'intéresse de près au fonctionnement du noyau familial d'Arsène. Au début du roman, on découvre des parents inquiets de voir leur fils accro aux jeux au point de sécher les cours. Mais parallèlement, ils n'ont aucun recul sur leurs propres agissements puisque l'on a d'un côté, la mère accrochée à sa tablette pour mater en boucle des blogs et de l'autre côté, le père qui lui, a, les yeux rivés sur l'écran de la télévision pour suivre les informations en continu. Ils ne perçoivent donc pas l'image qu'ils renvoient à leur fils ainsi que leur part de responsabilités dans les actes de ce dernier. Englués dans ce flux d'informations, ils perdent peu à peu le sens des priorités. Ainsi, les relations intrafamiliales se dégradent, les parents s'éloignent, des conflits éclatent et un inéluctable détachement s'installe progressivement.

L'addiction prend bien des formes et n'épargne personne. En s'imposant dans notre quotidien comme indispensables, les outils modernes prennent finalement peu à peu le contrôle de notre vie et sur notre manière de penser.

Justement dans ce roman, les auteurs questionnent beaucoup sur la place de la manipulation et de l'influence dans la société. Ce sont d'ailleurs des techniques très utilisées en marketing publicitaire pour donner l'envie et créer le besoin chez le consommateur afin d'augmenter les ventes de tel ou tel produit. Mais qu'en est-il quand ces mêmes procédés sont utilisés pour influencer l'opinion publique sur des sujets fondamentaux ?

A travers leurs deux personnages principaux, les auteurs abordent cette question de la manipulation en commençant par celle utilisée consciemment ou inconsciemment par Arsène qui en use notamment dans le jeu. C'est la raison pour laquelle il est remarqué et approché par Maxime qui voit en lui un parfait sujet d'étude et un outil-clé pour accomplir ses desseins. En outre, il lui fait ainsi prendre conscience de l'omniprésence de l'influence car elle est utilisée partout et par tous.

A travers ce nouveau regard qu'il pose sur son environnement, on découvre le monde de faux-semblants qui nous entoure. A force de se plonger dans le virtuel, l'humanité perd pied et de fait, se coupe de ce qui fait son essence. Avec Numérique, Marina & Sergueï Diatchenko signent un roman noir glaçant qui nous fait très vite perdre pied pour nous projeter dans une réalité loin d'être absurde. En effet, avec le numérique qui dicte progressivement notre quotidien, les auteurs s'interrogent finalement dans ce roman sur la place actuelle de l'humanité. A l'heure où l'on parle beaucoup de transhumanisme, est ce que celui-ci ne passerait justement pas par ce que ce livre énonce ?

Numérique est donc un récit aussi intrigant qu'il est dérangeant pour le questionnement qu'il pose et l'avenir qu'il suggère.

Le duo formé par Arsène et Maxime contribue à nous ancrer davantage dans l'histoire. Que ce soit l'adolescent rebelle ou l'énigmatique et secret adulte, leur relation conflictuelle et chaotique émaille ce texte d'un intérêt sans cesse renouvelé. Tout au long de ce livre, on reste captivés par leur personnalité qui s'entrechoquent régulièrement. Que ce soient les réactions ou les découvertes d'Arsène ou bien les non-dits et les mensonges de Maxime, on ne sait pas exactement où l'on va et on s'attend même au pire au prochain chapitre.

Les auteurs se sont beaucoup amusés à brouiller les pistes avec ces personnages pour nous laisser volontairement dans le flou et nous tenir en haleine jusqu'au bout.

Personnellement, je trouve que ce tome 2 est plus facile d'accès que le premier. L'histoire est prenante et est écrit avec une grande fluidité. Les plumes de Marina & Sergueï Diatchenko se mêlent encore une fois très harmonieusement pour nous écrire une récit bien ficelé... suite sur Fantasy à la Carte.
Lien : https://fantasyalacarte.blog..
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Après Vista Nostra, le duo d'auteurs nous surprend encore une fois avec son nouveau roman, Brevis est, publié sous le titre de numérique

Marina et Sergueï Diatchenko, nous plonge dans un univers numérique, semi vituel, ou le jeu à une grand place. Manipulation, cynisme et sombre, l'univers et les personnages sont quelques peut déstabilisant. 

 Dans la même ligné que le 1er tome de la trilogie des Métamorphose, aussi plaisant que dérangeant à la lecture, mais un cran en dessous. 


Arsène, jeune geek, passe son temps sur Bal Royal,  jeu en ligne de type Rpg. Il évolue, à une bonne situation , jusqu'au jour où il rencontre Maxime. Un homme mystérieux, manipuleur travaillant dans le milieu des jeux vidéo. 

La vie du jeune homme changera, mais pas que. Des défauts plus marqués, des capacités grandissante..... une vie de plus en plus virtuelle, de  plus en plus dépendante.


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Plongée au coeur d'un monde virtuel... à moins que ce ne soit notre monde au final.


Arsène est un jeune garçon qui passe beaucoup (trop?) de temps sur son ordinateur et son jeu en ligne.
Il ne va plus à l'école sans que ses parents ne s'en rendent compte. Ses parents sont arrivés à un point qu'ils ont décidé de vendre son équipement et quand il s'en rends compte, Arsène prends la décision d'aller dans un cyber-café.
Il ne s'en rends pas compte mais il dépends entièrement de cette vie virtuelle. Mais quand Maxime, un homme assez bizarre lui demande de venir intégrer son équipe de testeur de jeux vidéo, Arsène voit là une opportunité du tonnerre.
Il ne se rends pas compte qu'il est prêt à tout perdre pour pouvoir continuer cette vie virtuelle qui lui plaît tant.


Ce roman reste dans la continuité du premier tome même si le sujet de celui-ci me parle plus.
En effet, nous sommes ici dans le monde du virtuel dans lequel les gens cherchent un échappatoire à leur vie qu'ils jugent sans fond.
Nous sommes toujours dans le même type de manipulation que dans Vita Nostra, il faut comprendre que dans cette saga il s'agit d'entité supérieure qui s'amuse avec nous. Je trouve que ce tome-ci se rapproche plus de ce que l'on vit, par moment, j'ai moi-même l'impression que des entités s'amusent à jouer avec nous un peu comme avec la saga de jeux vidéos culte, Les Sims.
Personnellement par moment je n'ai plus su différencier la réalité du virtuel, mais cela ne m'a pas plus dérangé que cela, et à partir de la partie 4 j'ai enchaîné les pages tellement l'intrigue m'a happée. Au fur et à mesure de notre lecture, on se rends compte que l'intrigue reflète notre monde actuel, à savoir, une soif d'évasion de par le virtuel.
Nous ne savons plus vivre à les outils de dernière génération, nous ne savons plus faire de rencontre physique, nous ne savons plus parler vocalement et en face à face il nous faut un écran pour tout faire.
La plume de nos auteurs est toujours la même, énigmatique par moment mais aussi poétique et surtout elle est en recherche
permanente d'une perfection.
Ici les parties sont clairement plus courtes et de ce fait nous avons plusieurs "intrigues" dans l'intrigue, du coup on se prends au jeu de savoir quand et comment Arsène va s'en sortir et surtout s'il va réussir à échapper à la manipulation mise en place.
Dans le premier tome nous avions le fil conducteur de la métamorphose, ici nous la version évoluée de l'être humain maintenant place au troisième tome que j'attends de pied ferme.
Les personnages secondaires ici apportent clairement un plus dans l'intrigue qui est déjà complexe, mais surtout ils permettent à Arsène d'être toujours ancré dans la réalité.


En bref, un second roman qui m'a plus parlé de par son sujet mais qui laisse tout de même perplexe face à la fin donnée.
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critiques presse (1)
Elbakin.net
09 juin 2021
Il ne révolutionne pas le genre en 2021 mais propose une pensée intéressante sur la manière dont on voulait penser et se réapproprier le monde il y a plus de dix ans en refusant la fatalité d’alphabets et de codes numériques lorsque les anciens héros avaient à s’extraire, eux, d’obscures prophéties.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
On les a soumis à une influence… Mais ces gamins sont quotidiennement soumis à une influence cent fois plus forte ! Ils regardent la télé, ils vont à l'école, ils échangent des textos, ce n'est plus un cerveau qu'ils ont dans la tête, mais un cimetière de virus ! Chacun se sent seul, chacun veut être aimé, tout en étant incapable d'aimer en retour…
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Celui qui peut tout ne veut plus rien. Celui qui peut presque tout ne veut presque rien. Celui qui ne peut rien veut tout avec une extrême intensité, mais c'est hors de sa portée, tu comprends ?
- Le pauvre.
- Au contraire, il a une marge de progression, la place pour grandir... Le tout-puissant est moins bien loti. Sa toute-puissance a chassé le désir, il ne veut plus rien et bascule dans la dépression.
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Ça demande beaucoup de travail et d'énergie de numériser un être humain. Une individualité. Numériser l'humanité, cela équivaudrait à munir toutes les pelles d'un moteur nucléaire.
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Chacun sentait bien qu’il faisait quelque chose de travers ; chacun avait grandi dans une famille normale, où l’on passait des soirées ensemble, où il y avait des livres, des amis, des pique-niques en forêt. Pourtant, sa mère était désormais bien plus intéressée par le quotidien de ses amies ; et son père était accro au flux ininterrompu d’informations que la télé lui déversait en intraveineuse. Peu importait s’il était question d’une crise mondiale ou d’un gamin fauché par un chauffard ivre — c’était de l’information, celle qu’il fallait absorber, celle qui vous excitait.
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Perdre en un jour son statut, son entreprise et toute sa fortune. C'était probablement ce qui arrivait aux gens pendant les révolutions. Et pas seulement pendant les révolutions, d'ailleurs ; un certain Joffrey de Peyrac - noble toulousain et personnage littéraire - avait été dépossédé de tous ses titres, biens et propriétés puis brûlé vif pour la seule raison que le roi l'enviait. Cependant, il s'avérait plus tard que Peyrac avait échappé au bûcher et pu refaire carrière. Arsène espérait ardemment que sa vie non plus n'était pas sur le point de s'achever.
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Video de Marina Diatchenko (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marina Diatchenko
DRAGON INSIDE ME Bande Annonce VF (2017) Romance, Fantastique
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