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4,19

sur 319 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Cette fin d'année des littératures de l'imaginaire n'en finit pas de réjouir.
Après la fantasy proto-historico-mythologique de Vorrh de Brian Catling et la philosophie-SF à l'audace narrative incroyable de Trop Semblable à l'éclair d'Ada Palmer, c'est un troisième pavé qui vient retourner le lecteur par surprise : Vita Nostra de Marina et Sergueï Diatchenko.
Si les deux auteurs ne sont pas inconnus en France, aucune traduction n'était parue depuis celle du Messager du Feu en 2012.
Avec Vita Nostra, roman écrit en 2007, les éditions L'Atalante entendent bien changer les choses pour redonner quelques lettres de noblesse au genre délaissé de la fantasy russe (ou ukrainienne puisque les deux auteurs sont ukrainiens mais écrivent en russe).

Harry Potter au goulag
Vita Nostra est-il d’ailleurs un roman de fantasy ? Pas vraiment.
Il présente pourtant bien des similitudes avec l’un des canons du genre, le fameux Harry Potter de l’anglaise J.K. Rowling.
Tout commence avec Alexandra Samokhina surnommée Sacha, une jeune fille russe de seize ans qui se réjouit tout particulièrement de ses vacances dans une petite ville balnéaire avec sa mère.
En empruntant la rue « Qui-mène-à-la-mer », Sacha s’aperçoit qu’un homme vêtu de noir et retranché derrière des lunettes toutes aussi noires l’observe avec insistance. Apeurée, elle cherche à l’éviter mais celui-ci s’entête.
Craignant pour sa vie, elle finit par le confronter et celui-ci lui formule une étrange demande : elle devra se rendre tous les jours à quatre heures du matin à la plage, se dévêtir complètement et nager jusqu’à la bouée de signalisation avant de revenir. Perplexe, Sacha refuse d’abord mais Farit Kojennikov s’entête. Si elle ne fait pas ce que lui demande l’inconnu, des conséquences fâcheuses pourraient bien survenir…
De peur, Sacha s’exécute. Lorsqu’elle reprend pied sur le sable, la voilà prise de nausées recrachant plusieurs pièces d’or aux ornements incompréhensibles.
Lorsque le réveil ne sonne pas quelques jours plus tard, un terrible drame menace la famille de Sacha et celle-ci comprend que l’homme en noir ne plaisantait pas. Après d’autres défis tout aussi dénués de sens, Farit Kojennikov explique à Sacha qu’elle doit désormais s’embarquer pour une petite ville reculée du nom de Torpa pour entrer à l’Institut des Technologies spéciales. Et si Sacha n’a rigoureusement aucune envie d’y aller, Farit lui rappelle qu’elle n’a pas le choix…
En arrivant à l’Institut, Sacha s’aperçoit vite que les autres premières années sont aussi là contraints et forcés et que les étudiants de seconde année se comportent d’une façon étrange et inquiétante, comme des automates détraqués et hors du temps. Que se passe-t-il à l’Institut ? Qui est Farit Kojennikov ? Et que deviendra Sacha si elle échoue à l’examen de « spécialité » ?
Voilà, sans trop en dire, les bases de l’intrigue développée par les Diatchenko dans ce premier volume de Vita Nostra. Sacha est une proto-Harry Potter qui n’a jamais voulu entrer dans une école de magie, qui est terrorisée par ce qu’il se passe et qui pressent que des choses terribles se trament à l’orée de sa vision. Bienvenue dans une version angoissante et tendue d’une internat où réussite rime avec souffrance(s).

Hypertension narrative
Si Vita Nostra partage l'environnement scolaire avec Harry Potter et le côté adolescent avec Les Magiciens de Lev Grossman, nul doute que le roman trouve très rapidement une autre voie, plus sombre, plus énigmatique, plus dangereuse. On vous a dit plus haut que Vita Nostra était une histoire fantasy…mais on aurait tout aussi bien pu dire qu'il s'agissait de fantastique ou de réalisme magique ou même d'horreur.
Refusant de se laisser piéger dans une petite case, le roman des Diatchenko est une épreuve dans tous les sens du terme.
Pour ses personnages d'abord, sorte d'élèves-bagnards qui apprennent dans une tension constante et où le danger vient des « professeurs » eux-mêmes et non d'un élément extérieur.
Pour le lecteur ensuite car, soyons honnêtes, il faut s'accrocher à la lecture de Vita Nostra. Nageant dans un épais brouillard narratif, l'intrigue suit les découvertes cryptiques de Sacha quant à l'Institut et se sobjectifs.
Les disciplines sont obscures, les enjeux pas bien nets…bref, où veut en venir Vita Nostra ?
C'est précisément là que se terre le premier aspect remarquable du roman : Vita Nostra parvient à captiver totalement en nous laissant dans un brouillard épais et assumé. La tension qui écrase Sacha se reporte sur le lecteur et le moindre petit accroc dans le parcours de l'étudiante devient un élément savoureux pour nous accrocher toujours davantage. Les auteurs parviennent de façon prodigieuse à maintenir un récit tendu qui force le lecteur à continuer encore et encore afin de rassembler les pièces du puzzle et de se forger sa propre réalité quant à cette histoire entre apprentissage sadique, expérience humaine et sens du sacrifice.

Des ombres sur les murs
Vita nostra brevis est, brevi finietur…
« Notre vie est brève, elle finira bientôt… », c'est la devise de l'établissement de Torpa où les professeurs semblent inhumains (et pas seulement dans le traitement de leurs élèves) et où personne ne semble vouloir dire à quoi l'établissement forme ses jeunes apprentis.
Vita Nostra utilise le concept de la réalité pour y marier une composante Biblique, le tout planqué derrière le concept Platonicien de la Caverne.
Et si vous n'avez pas compris cette dernière phrase, c'est normal puisque, comme Sacha lorsqu'elle débute, vous n'avez pas encore les mots pour comprendre.
L'entreprise de métamorphose(s) à la fois humaine et textuelle de Vita Nostra relève purement et simplement du génie, les Diatchenko utilisant la force du Mot et du Verbe pour transformer une banale histoire d'apprentissage magique en voyage vers l'age adulte à marche forcée. Les multiples épreuves que vont affronter Sacha et ses amis sont autant de puissantes métaphores des obstacles encombrant le chemin de l'adolescent vers l'âge adulte.
La relation entre Sacha et sa mère évoque ce changement brutal dans la vie d'une personne, où la jeune fille devient un monstre quasi-inconnu pour sa propre famille avant de trouver véritablement qui elle est.
Plus dérageant encore, Vita Nostra insinue que le succès et le dépassement de soi passent, forcément, par la souffrance et la peur, deux émotions extrêmes qui sont celles qui vont déterminer la course de notre existence.
C'est notre résistance à ces deux phénomènes qui façonne notre être futur.

Un roman russe
Ce qui importe ici aussi, c'est la narration très brute, presque rude, des deux auteurs russes avec ce ton et cette cadence froide des pays slaves.
Les émotions arrivent par paquets, entrecoupant des périodes cliniques où l'on dissèque des idées et des concepts.
Sacha, extraordinaire personnage adolescent, à la fois rebelle et humaine, faillible et héroïque, incontrôlable et entêtée, n'a rien à envier à Harry Potter, bien au contraire. Tout ici est plus crédible, plus froidement réaliste, avec la peine et les larmes que cela implique, avec les complications amoureuses vues par le prisme d'un adulte et pas par les atermoiements faciles d'un adolescent.
Vita Nostra consacre l'effort et le changement, le cycle de la vie en somme qui rencontre la marche du temps.
C'est extrêmement fort et incroyablement prenant.
On en ressort transformé, tout simplement.

Votre vie est brève, lecteur, et Vita Nostra est long.
Hâtez-vous de plonger dans l'histoire de Sacha et de découvrir le génial concept qui se cache derrière le roman de Marina et Sergueï Diatchenko, un roman protéiforme et transfictionnel qui ouvre l'adolescence comme une chrysalide pour en tirer un papillon magnifique et dangereux aux couleurs glacées.
Lien : https://justaword.fr/vita-no..
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Vita nostra de Marina & Sergueï Diatchenko

Tome 1 de la trilogie: Les métamorphoses.
Intrigant, étranges, addictif, étranges, jouissif, étrange, captivant... ce roman fut une belle découverte et je n'ai qu'une hâte, découvrir le tome 2.
Oppressant par son ambiance, ses personnages aussi bien froid, qu'étrange, M'ont laissé parfois perplexe sur la suite des chapitres. Ce qui me donnai encore plus envie de lire la suite.
On suis une jeune étudiante Sacha durant son parcours universitaire, plus que spécial, dans une université, « étrange ». le livres est découpé en 3 parties ce qui permet de distinguer les différentes années d'études. Roman fantastique qui nous laisse sans voix. J ai eu parfois l'impression d'une transposition des changements adolescents, ou pour rester dans le fantastique, d'une histoire à la Harry Potter russe , en un peu plus Dark.
Une fin qui laisse dubitatif et nous amène à nous poser des questions.

Depuis quelques jours Sacha n'a qu'une hâte quitter son lieu de vacances. Depuis quelques jours, celle-ci se sent espionné par un homme vêtu de noir, de lunettes noires et d' un chapeau noir. Tous les jours elle a l'impression que celui-ci L'observe, que chaque jour se ressemblent. Lorsque celui-ci se décide à l'aborder, il donne une mission à Sacha. « nager nus jusqu'à la bouée avant 4h du matin ». Celui-ci promet des représailles très grave si la jeune fille ne s'exécute pas. Par peur, la jeune fille ne manque pas à l'appel. Chaque fois, après avoir fait sa longueur, celle-ci vomit des pièces d'or. Ensuite, l'homme en noir lui donne une autre mission dans le même genre. « Mais jamais rien impossible ». Et comme dans les missions précédente, Sacha vomit encore.
Quelques temps après, l'étranger vient réclamer les pièces, et la félicite pour son admission à l'institut de technologie spéciale. de la l'étudiante ne s'imagine pas la porte qui lui a été ouverte. Celle ci retissante n'aura d'autre choix que d'entrer à l'institut de Torpa, afin de préserver sa famille des griffes de son tuteur. Un monde nouveau s'offre à elle et Ouvre de nouvelle porte bien difficile à fermer. Une nouvelle soif d'apprendre rapprochera Sacha de bien des dangers. de nouveau changement sont à venir.
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J'ai mis le temps avant de faire cette chronique et très honnêtement je la fais juste pour ajouter ma voix au concert qui enjoint les lecteurs à se procurer cet ouvrage. Plus nous seront nombreux plus nous serons sûr d'avoir les deux autres livres de cette trilogie.
Parce que oui j'ai adoré ce bouquin, mais j'ai un mal fou à mettre des mots sur mes sentiments et mon ressenti. Pendant une grande partie du livre, et pour tout dire presque jusqu'à la fin, je suis resté dans un flou artistique quand aux enjeux et à la direction du récit. Je me laissais porté par l'ambiance, les mots, les mystères, enveloppé dans une sorte de brume mais tournant les pages avec un vrai plaisir addictif.
Suivre Sacha pendant ses vacances avec sa mère, sa rencontre avec Farit, les premières épreuves endurées, jusqu'à son entrée à l'Institut des technologies spéciales de Torpa cela nous met dans l'ambiance mais est assez clair bien que mystérieux. Mais tout ce qui suit (je n'en dirais rien car la découverte fait vraiment partie du plaisir) est incroyablement dépaysant, surprenant et tout ça dans un cadre presque banal, une petite ville de province et une école. Tout est magique dans ce récit, même si je me suis retrouvé parfois avec un sentiment d'angoisse ou de gêne, les personnages, les événements, l'atmosphère.
Je pense ne jamais avoir autant aimé un livre dans lequel je ne suis pas certain d'avoir tout compris et ça pour moi c'est un vrai tour de force des Diatchenko.
Alors si vous n'avez pas peur d'avancer à tâtons dans un épais brouillard foncez c'est une expérience unique.
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Une très bonne découverte que ce roman fantastique : quelque fois déroutant, on entre dans le récit et l'univers en même temps que le personnage principal, Sacha, une adolescente de 16 ans. Elle est abordée par un homme étrange aux lunettes noires alors qu'elle est en vacances au bord de la mer avec sa mère. Il lui propose (ou impose …) une mission : nager tous les matins à 4h jusqu'à la bouée, nue, et rentrer chez elle. Cet individu arrive à créer une telle anxiété chez Sacha qu'elle s'exécute et c'est le premier pas vers l'institut !
Sacha réussit les différents tests et est admise à l'institut des technologies spéciales de Torpa … Que va-t-elle y apprendre ? Pourquoi cette discipline de fer et cette absence de réponses à ses questions ? Et pourquoi a-t-elle si peur pour sa mère ?
On pense au premier abord à Harry Potter bien sûr mais on en est bien loin : un contexte plus adulte, plus torturé et torturant, des dilemmes aussi.
J'attends maintenant le deuxième tome prévu pour mai avec impatience !
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Une très bonne lecture. La plus étrange à mon actif.

Voilà une lecture dont il est délicat de parler, je vais donc commencer en reprenant la 4e de couverture, qui décrit « un roman d'initiation ». Oui, on suit une adolescente dans son passage à l'age adulte .

Elle dit aussi « On évoque irrésistiblement la saga d'Harry Potter ». PAS DU TOUUUUT ! Surtout, ne vous attendez pas à un Poudlard et sa magie merveilleuse, parce que ça n'a RIEN à voir !

C'est mon premier roman de « dark academia », et c'était malaisant, oppressant, bizarre ! Donc, parfait pour le mois d'Halloween.

Tout le roman tourne autour d'une question fondamentale : Pourquoi ? On oblige de jeunes adultes à rejoindre une école, pas des moyens pas nets du tout, et à étudier des matières tirées par les cheveux. Dans quel but ? Que va-t-il leur arriver ? Est-on face à une secte ?

Les élèves n'en savent rien, le lecteur non plus, et on tourne les pages en espérant saisir des indices et à la fin, une réponse. Ils ont peur, nous aussi, ils désespèrent, nous aussi.

En plus, je ne suis pas familière avec le cadre slave : j'étais donc d'autant déstabilisée, par exemple avec les noms et prénoms, ou les moyens de communication qui se font assez rares. Et quand il y en a, ce n'est pas forcément une bonne nouvelle… Et puis, il y a le froid : les personnages ont froid dans ce vieil internat pas isolé, à tel point que je me frottais les mains pour me réchauffer.

Ce livre était une sacrée expérience. Je n'ai pas tout compris aux discussions philosophiques et métaphysiques. J'ai essayé de suivre, de prendre mon temps, mais au bout d'un moment j'ai admis.

Pour reprendre une dernière fois la 4e de couverture, « les lecteurs de fantasy occidentale en seront tourneboulés » : je confirme, je suis toute retournée, et si quelqu'un avait la bonté de me donner son interprétation de la fin, j'en dormirais peut être mieux la nuit !

Je ne suis pas fan des fins ouvertes, et celle-ci est particulièrement frustrante. J'ai une impression en ce qui concerne Sacha (que j'espère fausse), mais comme j'aurais voulu savoir ce qui arrive à ses camardes de promo ! J'attendais vraiment une réponse à toutes mes questions, et au final, je n'en ai pas. Je me doute que les auteurs attendent une réflexion personnelle de la part des lecteurs : après tout c'est une lecture qui exige un certain investissement. Mais roooh, je suis frustrée !

Je suis aussi un peu déçue en ce qui concerne les fameux camarades. J'aurais vraiment voulu qu'on développe plus les personnages secondaires. Notamment Lisa Pavlenko et Denis Miaskovski. On sait qu'il leur arrive des choses, mais on reste cloîtré du point de vue de Sacha, qui malheureusement, est assez renfermée sur elle même.

Globalement, c'est une très bonne lecture que je recommande. Enfin pas pour Noël.

Le titre de la série est très bien trouvé. Merci Ovide !
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Ce roman est une expérience frénétique.

J'ai vu passer un commentaire sur Babelio qui le décrivait comme « un roman de Dark académie qui aurait été écrit par Kafka », et je crois que ça résume parfaitement cet OVNI. D'un côté, je suis rentrée dans le livre avec passion, je tournais les pages et je ne pouvais pas m'arrêter, et de l'autre, je ne suis toujours pas sûre d'avoir compris le propos. Mais j'étais fascinée, complètement happée, un peu comme l'héroïne est elle-même happée par ses études dans l'institut mystérieux où elle atterrit.

Je ne sais pas trop si j'ai aimé le livre (vu que je suis pas sûre d'avoir compris xD) mais j'ai aimé l'expérience, c'est vraiment déstabilisant et bizarre. Je crois que ça va me rester très longtemps cette impression de fascination vertigineuse ! Rien que pour ça, vraiment, je recommande de vous faire votre propre avis ! (mais par contre, je garantis pas que ça va vous plaire hein. C'est vraiment bizarre xD)
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Dès les premières apparitions de ce roman, j'ai été attirée par lui. Il se dégageait un je ne sais quoi de singulier de la couverture avec cette jeune femme en mouvement qui se décompose recompose. La vidéo de présentation de l'éditeur (lien) était également étrange tout comme le résumé, j'ai donc hésité un certain temps. Puis en voyant que le roman avait remporté le prix du "meilleur roman étranger" aux Imaginales de 2020, j'ai craqué.

Vita Nostra est le premier tome d'un triptyque sur les Métamorphoses qui sera d'ailleurs le seul fil conducteur, chacun pouvant se lire indépendamment. Ils sont l'oeuvre de deux auteurs de SFFF reconnus en Ukraine, en Russie et en Pologne qui écrivent depuis 1994 et ont déjà reçu le prix du "meilleur auteur" à l'Eurocon de Glasgow en 2005. Marina et Sergueï Diatchenko ont déjà écrit une trentaine de romans et une centaine de nouvelles et récits. Ce ne sont pas n'importe qui.

Ce professionnalisme, je l'ai ressenti dès les premières lignes où la plume simple et affutée qui est la leur m'a d'emblée transportée. Pourtant, il ne se passait rien d'extraordinaire aux côtés de l'héroïne, Sacha, qui avait une vie assez monotone auprès de sa mère célibataire et qui laissait les derniers jours de son adolescence défiler. Mais quelque chose dans l'écriture m'a de suite plu. La simplicité peut-être, la poésie des mots et des phrases, en tout cas, j'ai enchaîné et enchaîné les pages de ce roman singulier qui ne comporte aucun chapitre mais juste de très vastes parties et au cours duquel je me suis souvent demandée où les auteurs voulaient nous emmener.

Car si je parle de récit singulier, c'est vraiment parce que je n'avais jamais lu une telle histoire avant, une histoire à l'univers aussi classique et opaque en même temps, une histoire empreinte de fantastique ou on se demande longtemps si c'est vraiment de la magie ou si c'est autre chose. C'est très déroutant et c'est aussi ce qui fait clairement la force de ce livre et le détache des autres. On a d'un côté la vie assez terne et morne de Sacha, elle même assez banale au début, et de l'autre la rencontre étrange qu'elle fait et qui va petit à petit la faire basculer dans un univers étrange et pourtant familier. Pendant des vacances, Sacha va rencontrer un drôle d'homme qui va l'obliger à faire ce qu'il souhaite, des sortes de défis qui ne prêtent pas à conséquence a priori mais qui vont bouleverser sa vie. Car est-ce normal de devoir aller nager en pleine nuit et de recracher ensuite non de l'eau, mais des pièces ? Ce ne sera que le début de l'aventure.

Si le récit peut paraitre assez plat et linéaire, il ne l'est pas du tout en fait. Les aventures que va vivre Sacha sont très riches et c'est une vraie initiation qu'elle va connaître. A quoi ? C'est toute la question, dont je n'ai pas forcément la réponse même après avoir terminé le roman et ça ne me dérange pas pour autant tant j'ai aimé le voyage. Suivre Sacha qui va s'émanciper de sa mère, se plonger à coeur perdu dans les études, découvrir et perdre l'amour, découvrir l'amitié et la sororité, etc, fut très plaisant.

J'ai beaucoup aimé que telles des paraboles nous suivions le passage de l'enfance à l'âge adulte de Sacha. La critique qui est faite également de la pression que l'on met sur les étudiants est intéressante dans le fond et la forme. Pourquoi dis-je cela ? Parce que les auteurs nous laissent libre de penser ce qu'on veut. Ils nous présentent les bons et les mauvais côtés, libre à nous ensuite d'en tirer les conclusions que l'on souhaite. En plus, vu que le décor est un pays à la culture slave, il est intéressant de voir l'importance du choix de l'université où l'on fait ses études là-bas et en allant plus loin, j'ai aimé voir la dynamique des liens familiaux et des interactions sociales propres à cette culture si différente de nous. C'était dépaysant et je dis ça à nouveau sans le moindre jugement puisqu'il n'en est pas question ici. Vita Nostra est un roman tout en nuances.

En tout cas, c'est un univers très singulier que l'Ecole des sciences techniques où va se retrouver Sacha où on manie avec une complexité inégalée le langage en tant que concept. A l'image de ce dernier point, tout y est étrange, mais un étrange plaisant pour moi, pas aussi flamboyant que dans Les Magiciens de Lev Grossman, mais qui pose autant de questions. le ton est lent et contemplatif. Les professeurs qui donnent les cours ne sortent d'aucun moule et frappent par leur attitude de tortionnaires. Les étudiants croisés sont des archétypes mais leurs interactions avec l'héroïne leur donne un tout autre relief. Et surtout celle-ci sort du lot et fait porter un autre regard sur ce qui se passe et qui ne correspond pas à ce à quoi je m'attendais après les premières descriptions d'étudiants-zombies croisés dans les premiers temps. C'est singulier, je n'ai pas d'autres mots pour décrire ça, mais la vie estudiantine vécue et racontée par Sacha a eu un effet envoûtant sur moi. J'ai tourné les pages sans m'en rendre compte, curieuse de voir ce qui allait lui arriver d'encore plus étrange et dangereux, et surtout curieuse de voir comment elle allait affronter ça.

Sacha est d'ailleurs un personnage lui aussi très singulier et marquant. Elle a soif d'apprendre et de comprendre son environnement à la fois ordinaire, avec les cours comme au lycée et la vie à l'internat, et surréaliste avec sa part d'inconnu et de magie, si je puis dire, avec les cours de spécialités, les étranges étudiants plus âgés, les profs qui tiennent plus de tortionnaires que de pédagogues et cette ville qui semble hors du temps. Pourtant Sacha lutte au milieu de tout ça et fera tout pour essayer de comprendre comment cela fonctionne. du coup, comme elle, on se retrouve prit d'une frénésie et les pages défilent.

Je ne sais pas si un tel récit pourra plaire à tout le monde car c'est très différent de ce qu'on peut lire de part ailleurs. Il n'y a pas d'aventures au sens propre. C'est assez terne et morne à première vue, mais moi j'ai trouvé ça puissant, poétique et surtout philosophique. Ça pousse à réfléchir, à imaginer plein de pistes, et la fin ouverte en rajoute une couche. Alors oui, il y a une légère frustration quand même de ne pas avoir de suite a priori mais je pense que je relirai ce titre un jour pour voir si je n'ai pas manqué des messages cachés à la première lecture.

Je ressors pour ma part marquée par cette lecture puissante qui pousse à la réflexion. Nous sommes en présence d'un objet singulier où la culture slave des auteurs transpirent de chaque page avec cette ambiance floue et angoissante qui nous entoure en permanence. On ne peut rester indifférent au parcours initiatique de l'héroïne.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Il y a parfois des livre que l'on adore et qui nous rendent bavard et puis il y a ceux qui vous marquent tout autant mais que vous êtes bien en peine de décrire : Vita Nostra fut de ceux-là pour moi. Premier tome indépendant d'une trilogie : Les métamorphoses, écrite par Marina et Sergueï Diatchenko, auteurs ukrainiens, Vita Nostra est un petit bijou Fantastique, difficilement descriptible mais assurément réussi. Avant de vous parler du roman en lui-même, je voudrais déjà saluer le beau travail d'éditeur des éditions l'Atalante ainsi que l'excellente traduction de Denis E. Savine.Il est particulièrement difficile pour moi de vous parler de ce roman. J'ai l'impression que peu importe les mots employés, ils ne seront jamais assez justes pour vous retranscrire mon expérience de lecture et les sentiments qui l'ont accompagné. Je ne veux pas trop vous parler de l'histoire non plus pour ne pas vous givulgacher ce livre. Bref, écrire cette chronique s'avère être un parcours du combattant... mais j'aimerai au moins vous donner envie de découvrir ce livre.


Vita Nostra est un récit qui nous emmène sur les pas de Sacha, jeune étudiante venant d'intégrer l'Institut des technologies spéciales de Torpa. Un choix d'étude pas vraiment fait de son plein gré puisqu'en arrivant à l'Institut elle ne sait même pas ce qu'elle va étudier. Et Sacha va se rendre compte qu'à l'Institut elle n'est pas la seule dans ce cas.

Ce roman est avant tout le récit brillant du passage de l'adolescence à l'âge adulte, cette métamorphose que vont nous décrire les auteurs en jouant aussi bien sur les mots, les concepts que sur les attentes de cet âge où tout est encore à découvrir. Composé de trois parties, chaque partie correspondant à une année passée à l'Institut, ce roman est emplit d'une atmosphère de mystère d'un bout à l'autre, une atmosphère qui perdure même après la fin de la lecture. Car Vita Nostra est un roman d'apprentissage aussi bien pour les étudiants de l'Institut que pour les lecteurs. J'ai presque eu l'impression moi aussi de réapprendre les mots en parcourant ce texte tout comme Sacha en lisant son module textuel.

Je vais être claire, la lecture de ce roman ne peut pas laisser indifférent et arrive à toucher le lecteur a tel point que plus l'histoire avance, plus une frénésie de lecture s'empare de lui. Car le lecteur, comme Sacha, a soif d'apprendre et de comprendre cet environnement à la fois banal (internat, cours de sport, d'anglais et de mathématiques) et emplit d'inconnu et d'une part de magie ? Un roman qui nous parle d'obéissance et de connaissance de soi, d'expérience et de compréhension. Une perle qui manie le langage et les concepts qui y sont liés avec virtuosité pour nous proposer une expérience de lecture entre le classique : un roman d'apprentissage et l'exceptionnel : un roman qui transcende les mots.
Vita Nostra est également un récit fait de gris, le bien, le mal, qu'est-ce vraiment ? Tout est question de point de vue et de motivation. En plus du récit en lui même j'ai aimé le contexte dans lequel il est placé. Dans un pays à la culture russe, il est intéressant de voir l'importance de l'université où l'on fait ses études, la dynamique des liens familiaux et les interactions sociales. Cela en fait un roman qui navigue entre moments de ravissement et dures réalités de la vie... Au final, ce roman est une perle et une énorme coup de coeur pour moi. Au moment où je finis d'écrire cette chronique, il vient de recevoir le prix Imaginales 2020 du meilleur roman étrangers. Alors pour être clair et sur les conseils d'un blogopote, je vous dirais : lisez ce roman, il y a de bonnes chances que ce soit votre meilleure lecture de l'année !
Lien : http://chutmamanlit.blogspot..
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« Harry Potter » de JK Rowling et « Les magiciens » de Lev Grossman. Deux références indiquées sur la quatrième de couv'. « Vita Nostra » partage bien avec ces deux sagas littéraires les caractéristiques du roman d'apprentissage, le genre fantastique et un contexte étudiant. Pour le reste, ce livre russe est finalement bien éloigné de ses équivalents américains.


Je crie rarement au « chef d'oeuvre » mais je ne trouve pas d'autres qualificatifs pour désigner ce petit bijou slave. « Vita Nostra » allie l'originalité avec une qualité d'écriture et une immersion relativement rares. Ce roman m'a bousculé, surpris et passionné. Une histoire simple de prime abord mais qui s'avère assez complexe à mesure de son avancée, notamment avec ce concept magique abstrait et l'intelligence de son traitement. Et même si de nombreuses subtilités et une compréhension totale de cet univers m'ont échappé, cela ne m'a pas empêché d'adorer ce roman et de suivre la jeune Sacha dans ses études mouvementées durant lesquelles se mêlent l'amour, la peur, la colère,…


Un sans-faute pour ma part. L'impression d'avoir lu un livre unique en son genre, une véritable expérience littéraire comme on les aime. Je recommande vivement.
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J'ai lu #vitanostra de @marinadiatchenko @sdicha
Je n'ai pas compris la relation avec Harry Potter, c'est complètement différent. Pas le même style ni la même histoire
Un roman dérangeant, intriguant et merveilleusement bien écrit. Un page Turner dont on e envie de connaître la suite
Roman Ukrainien fantastique noir ( pourtant je n'accroche pas des plus au fantastique)

Alexandra (Sasha) est une ado terminant son lycée. Elle profite de vacances à la mer avec sa mère célibataire. Elle remarque qu'un homme bizarre la regarde et la suit avec insistance, quotidienneme. Elle a peur, mais l'homme s'enhardit et lui fait une proposition bizarre : nager toutes les nuits à 4h du matin, nue, jusqu'à une bouée, et revenir sur le rivage. Sinon de graves conséquences arriveront. Terrifiée, elle le fait.

Après d'autres défis tout aussi dénués de sens, Farit Kojennikov explique à Sacha qu'elle doit désormais s'embarquer pour une petite ville reculée du nom de Torpa pour entrer à l'Institut des Technologies spéciales. Et si Sacha n'a rigoureusement aucune envie d'y aller, Farit lui rappelle qu'elle n'a pas le choix…
On immerge dans le bizarre, l'excitation
C'est fin de l'adolescence et le passage dans le monde adulte.
Ce roman est une réussite magistrale, une oeuvre surprenante. #romanfantastique #oeuvrelitteraire #installvre #booksta #bookstagram #lectureaddictive @edlatalante #pilealire
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