AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,77

sur 106 notes
5
4 avis
4
3 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je vais seulement te donner trois éléments remarquables de ce livre. le reste, ce sera à toi de le découvrir.
Premier élément: ce n'est pas un roman de science-fiction, mais le testament philosophique de l'un des maîtres de la SF du vingtième siècle. Certains pourraient décrire ce livre comme un roman psychologique, je préfère le définir comme une amusette philosophique.
Deuxième élément: c'est une voix féminine qui parle. La narratrice est une femme, Angel, la belle-fille du révérend Timothy Archer. Et je considère l'irruption de cette voix féminine et attachante, sous la plume de Philip K. Dick, comme la réconciliation de celui-ci avec le fantôme de sa soeur jumelle, Jane, décédée dans les semaines qui suivirent leur naissance parce que sa mère, paraît-il, n'avait pas assez de lait pour nourrir les deux nourrissons. Il me semble que ce livre est une tentative réussie d'expiation: en laissant parler cet « ange », cette soeur décédée qu'il n'a pas connue, mais dont le fantôme au royaume des anges l'a hanté toute sa vie, Philip K. Dick se dépouille de sa propre culpabilité et se réconcilie avec sa soeur défunte, c'est-à-dire avec lui-même.
Troisième élément: il s'agit du dernier volet de la « Trilogie divine », le livre qui l'achève et l'illumine. Certains lecteurs remettent en question cette appartenance à la Trilogie en prétextant que le lien avec les deux premiers livres est ténu, voire inexistant, si ce n'est l'affirmation de l'écrivain que les trois livres ont le Christ pour objet. Or, c'est bien de cela dont il s'agit: la Trilogie est un chemin qui mène son écrivain au Christ… Écoute ce que le personnage du révérend dit à Angel, lorsque celle-ci lui déconseille de publier un livre inepte qui détruira sa réputation: « Non, il faut le laisser sortir. J'ai des années d'expérience dans ce domaine, on doit affronter sa propre folie — je parle bien entendu de la mienne — et ensuite, ensuite seulement, entreprendre de la rectifier. Cette rectification sera mon prochain livre. » Est-ce que tu saisis cette mise en abîme? « On doit affronter sa propre folie — je parle bien entendu de la mienne »: c'est évidemment l'écrivain qui parle, l'écrivain qui a sombré dans la folie; qui a produit de cette folie une « Exégèse »; qui a publié un premier livre de convalescence touchante, « VALIS », traitant de cette exégèse, puis qui écrit un second livre, « L'Invasion divine », une sorte de purgatoire, avant de « rectifier cette folie », dans ce « prochain livre » qui est, de fait, « La Transmigration de Timothy Archer ». « La Transmigration de Thimothy Archer » est oeuvre de rectification, oeuvre de réconciliation, oeuvre d'intégration: Philip K. Dick meurt guéri, et quel meilleur titre pour annoncer cette guérison que celui de la transmigration? Notre âme n'est-elle pas immortelle et inaltérable, nous rappelle l'écrivain? Ne fait-il pas écho à Socrate qui au soir de sa vie, après avoir bu la ciguë, demande un sacrifice à Asclépios, puisque la mort, en libérant son âme du corps, couronne l'oeuvre de sa vie qui a été de se libérer de la corruption et de l'illusion de la dualité? La Trilogie divine n'est pas une oeuvre de science-­fiction: c'est le récit d'une guérison, le récit d'un écrivain de science-fiction partageant son expérience de la folie et de la guérison. Et que nous enseigne-t-il, fondamentalement, cet écrivain? Que sa folie résultait d'une recherche biaisée de la Sagesse, qu'il s'était perdu dans la recherche naïve d'une illumination totalisante, d'une connaissance toute-puissante, et que sa guérison, c'est là, note bien, la révélation importante, résulte de la découverte de la compassion. Compassion que l'écrivain s'autorise d'abord pour lui-même, à travers ses personnages, mais compassion qui le réconcilie aussi avec le genre humain, grâce notamment à cette corde de salut qui a été la sienne tout le long de son oeuvre: l'humour, humour encore à l'oeuvre dans la chute typiquement « phildickienne » du livre. Et je te laisserai ici, futur lecteur, découvrir de toi-même vers quel corps l'âme du pasteur a transmigré, en te proposant néanmoins de répondre à cette question: s'agit-il d'une chute pessimiste et effrayante, fidèle aux tendances gnostiques de l'oeuvre de K. Dick? Ou bien s'agit-il d'une chute revigorante, car emplie de compassion et d'amour? Je vois que tu hésites. Tu me demandes un indice ? Eh bien, soit, ce vers du « Paradis » de Dante, que cite Philip K. Dick pour que nous puissions mieux l'accompagner dans son cheminement: “Au feu profond je pus voir enfouis, reliés par l'amour en un seul livre, tous les feuillets épars de l'Univers.”
L'amour est le grand liant de l'Univers: ce qui réconcilie et qui rassemble, ce qui signifie et qui justifie. le leg ultime de P. K. Dick.

©Cendre-Bleue
Commenter  J’apprécie          40
La transmigration de Timothy Archer est un Philip K Dick déroutant car d'une certaine manière, il ne dérape pas. Ce n'est presque pas un roman fantastique à cause de sa narratrice -cela aussi m'a surprise -. Pas de narrateur omniscient ici.
Elle est très proche de l'auteur : la même formation culturelle -, études littéraires à Berkeley-, le même métier refuge -, disquaire-. Elle est notre ancre dans le réel, la gardienne du sens commun. Elle est confrontée à des personnages qui vivent des expériences paranormales mais, elle, elle se contente d'observer puis rejeter tout ce qui ne cadre pas avec la réalité consensuelle.
Ce livre est un précipité de la réflexion dickienne sur la réalité, la folie. le lecteur est laissé libre de choisir en quelle facette ou dimension de la réalité du roman il croit. Fous officiels, autorités ou personnages du quotidien, tous sont embullés par leur obsessions, leur croyances. Aucun des personnages n'apporte de "preuve" au lecteur que la compréhension qu'il a du réel en est la bonne interprétation.
Enracinée dans la réalité de l'auteur donc dans la notre, abordable, je trouve que cette ultime fiction est la plus pédagogue. Elle est truffée de références littéraires, bibliques et même musicales.
Commenter  J’apprécie          40
Vous aimez la science fiction qui ressemble à quelque chose ou vous voulez découvrir la science fiction ? Alors lisez Philip K.Dick. de façon générale et cette trilogie en particulier.

Chaque livre est une oeuvre en soi. « Siva » accompagne la perception humaine et la croyance, « l'invasion divine » donne la parole aux Dieux, « la transmigration de Timothy Archer » vous parlera de conversion.

Et tout cela est traité avec une telle érudition, que cela en est frustrant. Mais il y dans chaque chapitre tant de réflexions sur la Terre, Dieu, les Dieux, les hommes, le monde, que notre propre réflexion s'affine, page après page.

Ces livres sont des guides, des encyclopédies pour nous aider à voir ou à discerner notre perception de ce que nous sommes et de ce que nous faisons ici-bas. « La Trilogie divine » : un monument.
Commenter  J’apprécie          40
Le meilleur volume de la Trilogie ? le meilleur livre de Philip K. Dick ? Peut-être bien. Un chef d'oeuvre en tout cas que l'on peut lire séparément du rester de la trilogie en gardant bien à l'esprit qu'il s'agit d'une histoire "vraie" au sens où la folie décrite fut réelle. La fin aussi... A réserver aux gens ouverts d'esprits et attirés par... les autres réalités ;-)
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (337) Voir plus



Quiz Voir plus

Test Voight-Kampff

Un collègue de travail vous apprend qu'il a malencontreusement écrasé un petit insecte. Quelle est votre réaction ?

Vous êtes infiniment triste
Bof,ce n'était qu'un insecte
Vous compatissez, mais au fond, vous vous en fichez un peu
Tant mieux ! Vous detestez ces petites bêtes

6 questions
583 lecteurs ont répondu
Thème : Blade Runner (Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?) de Philip K. DickCréer un quiz sur ce livre

{* *}