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Pour les vrais amateurs de SF Dick est indispensable
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Dernier volume de la trilogie divine de l'auteur, la transmigration… est publiée de façon posthume. En effet, Dick est victime d'un AVC au début de l'année 1982 et décède le 2 mars, sans avoir eu le temps d'effectuer les dernières corrections. Dans cet ouvrage inclassable, l'auteur mélange la science fiction, les considérations religieuses et métaphysiques, les délires psychiatriques, en racontant l'histoire de Timothy Archer, un évêque qui remet en question ses propres croyances sur Jésus et Dieu. La découverte de manuscrits très anciens, dont les bases même sont antérieures à la bible et semblent faire de Jésus un simple rapporteur, le pousse à aller plus loin dans ses recherches. le tout sous le regard de la narratrice, sa propre belle-fille Angel Archer, dont le mari s'est suicidé sans réelle explication.
Ouvrage inclassable, parce compliqué. En 1982, Dick n'a que 53 ans, mais le corps usé par la consommation d'amphétamines, les multiples divorces, les délires paranoïaques que rapporte sa biographie avec sans cesse cette peur d'être surveillé, manipulé par le FBI ou le KGB. le roman intègre nombre de traits de caractères du Dick lui-même, la consommation d'herbe, le magasin de disques que tient Angel Archer à Berkeley, emploi qu'il occupera lui-même jeune. Il va jusqu'à donner à la narratrice un nom proche de sa première fille, née en 1960 d'un troisième mariage: Laura Archer. L'évêque est inspiré de son beau-père. Quant à cette transmigration, elle est le questionnement de la vie après la mort, de la possibilité pour une âme d'intégrer une autre enveloppe charnelle après la perte de la première. Un roman déroutant et nébuleux, sans doute trop verbeux, et qui ne constitue pas la porte d'entrée idéale pour celui qui désirerait découvrir l'oeuvre de l'auteur.
Je remercie les éditions Folio pour leur confiance.
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Je vais seulement te donner trois éléments remarquables de ce livre. le reste, ce sera à toi de le découvrir.
Premier élément: ce n'est pas un roman de science-fiction, mais le testament philosophique de l'un des maîtres de la SF du vingtième siècle. Certains pourraient décrire ce livre comme un roman psychologique, je préfère le définir comme une amusette philosophique.
Deuxième élément: c'est une voix féminine qui parle. La narratrice est une femme, Angel, la belle-fille du révérend Timothy Archer. Et je considère l'irruption de cette voix féminine et attachante, sous la plume de Philip K. Dick, comme la réconciliation de celui-ci avec le fantôme de sa soeur jumelle, Jane, décédée dans les semaines qui suivirent leur naissance parce que sa mère, paraît-il, n'avait pas assez de lait pour nourrir les deux nourrissons. Il me semble que ce livre est une tentative réussie d'expiation: en laissant parler cet « ange », cette soeur décédée qu'il n'a pas connue, mais dont le fantôme au royaume des anges l'a hanté toute sa vie, Philip K. Dick se dépouille de sa propre culpabilité et se réconcilie avec sa soeur défunte, c'est-à-dire avec lui-même.
Troisième élément: il s'agit du dernier volet de la « Trilogie divine », le livre qui l'achève et l'illumine. Certains lecteurs remettent en question cette appartenance à la Trilogie en prétextant que le lien avec les deux premiers livres est ténu, voire inexistant, si ce n'est l'affirmation de l'écrivain que les trois livres ont le Christ pour objet. Or, c'est bien de cela dont il s'agit: la Trilogie est un chemin qui mène son écrivain au Christ… Écoute ce que le personnage du révérend dit à Angel, lorsque celle-ci lui déconseille de publier un livre inepte qui détruira sa réputation: « Non, il faut le laisser sortir. J'ai des années d'expérience dans ce domaine, on doit affronter sa propre folie — je parle bien entendu de la mienne — et ensuite, ensuite seulement, entreprendre de la rectifier. Cette rectification sera mon prochain livre. » Est-ce que tu saisis cette mise en abîme? « On doit affronter sa propre folie — je parle bien entendu de la mienne »: c'est évidemment l'écrivain qui parle, l'écrivain qui a sombré dans la folie; qui a produit de cette folie une « Exégèse »; qui a publié un premier livre de convalescence touchante, « VALIS », traitant de cette exégèse, puis qui écrit un second livre, « L'Invasion divine », une sorte de purgatoire, avant de « rectifier cette folie », dans ce « prochain livre » qui est, de fait, « La Transmigration de Timothy Archer ». « La Transmigration de Thimothy Archer » est oeuvre de rectification, oeuvre de réconciliation, oeuvre d'intégration: Philip K. Dick meurt guéri, et quel meilleur titre pour annoncer cette guérison que celui de la transmigration? Notre âme n'est-elle pas immortelle et inaltérable, nous rappelle l'écrivain? Ne fait-il pas écho à Socrate qui au soir de sa vie, après avoir bu la ciguë, demande un sacrifice à Asclépios, puisque la mort, en libérant son âme du corps, couronne l'oeuvre de sa vie qui a été de se libérer de la corruption et de l'illusion de la dualité? La Trilogie divine n'est pas une oeuvre de science-­fiction: c'est le récit d'une guérison, le récit d'un écrivain de science-fiction partageant son expérience de la folie et de la guérison. Et que nous enseigne-t-il, fondamentalement, cet écrivain? Que sa folie résultait d'une recherche biaisée de la Sagesse, qu'il s'était perdu dans la recherche naïve d'une illumination totalisante, d'une connaissance toute-puissante, et que sa guérison, c'est là, note bien, la révélation importante, résulte de la découverte de la compassion. Compassion que l'écrivain s'autorise d'abord pour lui-même, à travers ses personnages, mais compassion qui le réconcilie aussi avec le genre humain, grâce notamment à cette corde de salut qui a été la sienne tout le long de son oeuvre: l'humour, humour encore à l'oeuvre dans la chute typiquement « phildickienne » du livre. Et je te laisserai ici, futur lecteur, découvrir de toi-même vers quel corps l'âme du pasteur a transmigré, en te proposant néanmoins de répondre à cette question: s'agit-il d'une chute pessimiste et effrayante, fidèle aux tendances gnostiques de l'oeuvre de K. Dick? Ou bien s'agit-il d'une chute revigorante, car emplie de compassion et d'amour? Je vois que tu hésites. Tu me demandes un indice ? Eh bien, soit, ce vers du « Paradis » de Dante, que cite Philip K. Dick pour que nous puissions mieux l'accompagner dans son cheminement: “Au feu profond je pus voir enfouis, reliés par l'amour en un seul livre, tous les feuillets épars de l'Univers.”
L'amour est le grand liant de l'Univers: ce qui réconcilie et qui rassemble, ce qui signifie et qui justifie. le leg ultime de P. K. Dick.

©Cendre-Bleue
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La transmigration de Timothy Archer est un Philip K Dick déroutant car d'une certaine manière, il ne dérape pas. Ce n'est presque pas un roman fantastique à cause de sa narratrice -cela aussi m'a surprise -. Pas de narrateur omniscient ici.
Elle est très proche de l'auteur : la même formation culturelle -, études littéraires à Berkeley-, le même métier refuge -, disquaire-. Elle est notre ancre dans le réel, la gardienne du sens commun. Elle est confrontée à des personnages qui vivent des expériences paranormales mais, elle, elle se contente d'observer puis rejeter tout ce qui ne cadre pas avec la réalité consensuelle.
Ce livre est un précipité de la réflexion dickienne sur la réalité, la folie. le lecteur est laissé libre de choisir en quelle facette ou dimension de la réalité du roman il croit. Fous officiels, autorités ou personnages du quotidien, tous sont embullés par leur obsessions, leur croyances. Aucun des personnages n'apporte de "preuve" au lecteur que la compréhension qu'il a du réel en est la bonne interprétation.
Enracinée dans la réalité de l'auteur donc dans la notre, abordable, je trouve que cette ultime fiction est la plus pédagogue. Elle est truffée de références littéraires, bibliques et même musicales.
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Vous aimez la science fiction qui ressemble à quelque chose ou vous voulez découvrir la science fiction ? Alors lisez Philip K.Dick. de façon générale et cette trilogie en particulier.

Chaque livre est une oeuvre en soi. « Siva » accompagne la perception humaine et la croyance, « l'invasion divine » donne la parole aux Dieux, « la transmigration de Timothy Archer » vous parlera de conversion.

Et tout cela est traité avec une telle érudition, que cela en est frustrant. Mais il y dans chaque chapitre tant de réflexions sur la Terre, Dieu, les Dieux, les hommes, le monde, que notre propre réflexion s'affine, page après page.

Ces livres sont des guides, des encyclopédies pour nous aider à voir ou à discerner notre perception de ce que nous sommes et de ce que nous faisons ici-bas. « La Trilogie divine » : un monument.
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Le ton de ce dernier tome se veut cynique, détaché, désabusé et paranoïaque. Angel, la narratrice, une femme ordinaire de Berkeley à cette époque, intéressée par la littérature et la musique, n'y touche rien en religion ni en mystique. Mais après avoir fini par tout perdre, toutes les relations auxquelles elle s'accrochait et qui rythmaient sa vie tout autant que la foi et l'envie de vérité rythmait celle de Tim Archer, elle commence à se poser certaines questions.

On ne retrouve pas aussi particulièrement l'auteur dans ce livre, mis à part au moment où Angel devient vendeuse de disques, mais on y retrouve une personne réelle qui lui a été très chère à un moment donné de sa vie, le vrai Timothy Archer, qui est dépeint ici sûrement d'une façon assez similaire et proche, constituant donc un hommage à un homme qu'il considérait comme grand, puissant, révolutionnaire, charismatique, visionnaire, mais aussi un peu perdu.

On ne retrouve pas non plus l'idée de réalité parallèle ou distordue, et peu d'éléments sortent de l'ordinaire, si ce n'est la présence d'un certain au-delà, de façon vague et tiède, seulement pour appuyer l'intrigue. Les références musicales, elles, sont très présentes, comme dans L'invasion divine, avec un amour certain pour la musique classique, les orchestres majestueux, mais aussi une grande part d'humour lorsque Tim Archer essaye de trouver un groupe rock à faire passer lors d'une messe.

La boucle est-elle bouclée ici ? Nous revenons dans un espace-temps qui était celui de Philip K. Dick à l'époque, une réalité tangible où la science-fiction a moins sa place que l'élan christique. Ici, beaucoup de remises en cause concernant le christianisme puisque l'essence même de Jésus se voit bouleversée, et que les origines remontent à plus loin, dans ce qui pourrait bien être... un champignon. On peut donc dire que plutôt que d'avoir fini par trouver une réponse à ses questionnements, l'auteur a délibérément construit un labyrinthe en plusieurs dimensions spatio-temporelles pour exposer chacun de ses raisonnements, parcours de foi et théories théologiques. Est-ce qu'on peut dire qu'il a noyé le poisson ? Disons plutôt que cela forme un tout complet et étalé et que ça aura posé un nouveau genre de la science-fiction.

(voir la critique intégrale sur le blog)
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
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Le meilleur volume de la Trilogie ? le meilleur livre de Philip K. Dick ? Peut-être bien. Un chef d'oeuvre en tout cas que l'on peut lire séparément du rester de la trilogie en gardant bien à l'esprit qu'il s'agit d'une histoire "vraie" au sens où la folie décrite fut réelle. La fin aussi... A réserver aux gens ouverts d'esprits et attirés par... les autres réalités ;-)
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L'idée fixe peut également se présenter, non comme un problème ou un problème imaginaire, mais comme une solution.
Si elle survient sous forme de problème, votre esprit la repoussera, car personne n'a envie des problèmes ou ne les aime ; mais si elle survient sous forme de solution, une solution fausse, bien sûr, alors vous ne la rejetterez pas car elle aura une grande valeur utilitaire : c'est quelque chose dont vous avez besoin et que vous avez fait surgir pour résoudre à ce besoin.
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Tous les amis sont morts, emportés par leur folie ; John Lennon aussi est mort, assassiné par la folie du monde ; il ne reste à l'histoire qu'à broyer de larmes ceux qui se souviennent. Telles sont les affres d'Angel Archer dont les souvenirs emmêlés, tantôt limpides ou bien évanescents, sont l'étoffe dont est tissé le roman de Philip K. Dick. Perdue d'abstruses métaphores et de futiles savoirs livresques, elle vient à comprendre qu'elle ne comprend rien et que la libido sciendi n'apporte guère que le malheur. Car si quelque chose reste à sauver du néant, l'intelligence n'y fera rien : c'est dans la pratique de l'empathie qu'est accessible l'éternité, loin des tourments qu'apporte (sans les remporter, hélas !) le temps.
Lien : https://www.senscritique.com..
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