Tout a commencé comme ça : par une fissure dans un mur. Une fissure qu'on n'avait pas remarquée , mais qui était là, depuis un certain temps .
Et à partir de ce moment, tout a pris une autre tournure dans la vie de Xavier Barthoux, représentant pour une société chargée de fabriquer des nains de jardin: contre- performances professionnelles …....dont il se contrefout ! Licenciement …..qui l'enchante ! En parallèle, sa vie familiale se lézarde et débouche, sans regret pour lui, sur une séparation .
Accompagné partout par un nain de jardin en ciment nommé Numéro 8, sanglé sur lui dans un porte bébé , et qui tel un double malicieux, l'encourage à trancher le cordon qui le relie à la vie bien ordonnancée d'avant, il se libéré de toute obligation . le pied!!!
Cette première partie du roman, ou plutôt du conte m'a paru savoureuse, avec ses dialogues cocasses, ses situations loufoques .Tel Alexandre le bienheureux interprété par
Philippe Noiret dans un film de 1968 (que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître ….) ,Xavier se la coule douce et lance un pied de nez à la société.
Et puis, voilà que Xavier décide de partir renaître de l'autre côté de la planète, à l'antipode exact du petit patelin des Cévennes où il a élu domicile. Il s'y crée une autre vie, un autre personnage. Numéro 8 lui aussi se transforme, il n'est plus le copain sympa, il a perdu son d'humour et ne cesse de râler.
Cette seconde partie m'a paru longue. Les constantes jérémiades de Numéro 8 :« le gnome » comme l'appelle désormais Xavier alourdissent le conte et en affaiblissent l'impertinence.
Il me reste toutefois le souvenir global d'un très agréable moment de lecture.
J'ai apprécié le regard décapant que l'auteur porte sur le conformisme des existences bien rangées et le portrait de ce personnage sympathique qui ose mettre en oeuvre ce dont certains rêvent tout bas : lâcher prise !
Sous la forme d'un conte bien tourné, à l'écriture concise et aux formules qui font mouche,
Jean-Paul Didierlaurent offre un regard lucide sur l'être humain :
« Les hommes ont tous une fissure quelque part qui les attend, une fissure bien à eux, aussi unique et personnelle que leur ADN. Et si la plupart des gens passent leur vie sans jamais tomber dessus, il arrive que de petits veinards comme toi se retrouvent un beau matin nez à nez avec leur faille et se mettent à gamberger, à remettre tout en cause, à se poser enfin les bonnes questions auxquelles il leur faut soudain trouver des réponses, et peu importe que ces réponses se cachent à l'autre bout de la planète, dans une bicoque posée sur une île battue par les vents au milieu d'un océan démonté. »