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sur 67 notes
Avant, il y avait le printemps, le soleil, l'insouciance et le superflu. Puis, il y eut Enola Game, cette grande lumière et ses nombreuses détonations. Depuis, la mère et la petite vivent recluses dans leur maison, sans savoir ce qui se passe à l'extérieur. Chaque jour, elles écoutent un morceau de musique et font une photo pour le père qui n'est pas là. Dehors, l'armée distribue des rations d'eau et de nourriture que la mère stocke avec appréhension. Elle sent que la pénurie finira par les condamner à la fuite, qu'il faudra quitter la maison, quitter cet univers.

« La mère s'aperçoit qu'elle a toujours considéré l'hygiène et le confort comme définitivement acquis. » (p. 33) le quotidien sans eau, ni électricité est devenu une succession d'économies et de rationalisation. Il ne faut plus rien gâcher, le temps n'est plus au superflu et chaque chose compte puisqu'elle pourrait être la dernière. La mère voudrait tout donner à son enfant, mais c'est par amour qu'elle apprend à compter. « Elle voudrait que sa fille n'ait pas besoin de subir l'épreuve de la prodigalité pour apprendre à suspendre mille fois le temps et choisir de révérer mille choses, que sa fille, d'instinct, ne claque jamais les volets au nez du printemps. » (p. 41) Quand une crêpe cuite au-dessus d'un feu de fortune devient une fête et un cadeau, quand la petite se met à raisonner comme un adulte, la mère sait qu'elle perd le combat contre l'inconnu.

Alors que l'anarchie envahit les rues, la mère veut maintenir une apparence de normalité dans la maison. Pour combattre le froid, la solitude et la peur, elle met en place une organisation salvatrice. « Elle respecte le rituel matinal du maquillage comme les quelques autres habitudes qu'elle a pu conserver. Il s'agit de baliser les journées pour ne pas se perdre dans le néant. Elle refuse de donner à son enfant l'image d'une femme qui se laisse aller. » (p. 50) La survie est aussi un état d'esprit et la mère veut donner à la petite l'illusion d'une réalité normale. Et pour se sauver elle-même, elle s'impose d'écrire un journal, de tenir l'espoir au bout de la plume. Elle raconte le passé et évoque les proches dont elle ne sait plus rien. « Elle se demande comment on en vient à se laisser aller. Au bout de combien de temps. Elle se demande ce qu'il faut de lassitude pour faire pencher la balance du côté du renoncement. » (p. 97)

Petit à petit, les mots deviennent des souvenirs puisqu'ils désignent des réalités disparues. Quand le langage devient relique, la pensée est plus solennelle, mais elle est également plus pratique : il faut dire l'utile, le concret et l'immédiat et ne pas se perdre, ni perdre la raison, à évoquer ce qui n'est plus. « Enola Game l'a débarrassée de sa vanité en lui volant son insouciance. » (p. 51) Enola Game est à la fois l'évènement fondateur et le nom d'une nouvelle époque. Enola Game a créé une nouvelle réalité qui demande de nouveaux mots et une nouvelle façon d'être au monde.

Enola Game a un air de déjà vu et la référence à la première catastrophe nucléaire est explicite. Au-delà de la survie en autarcie d'un petit groupe de survivants, le roman évoque le comportement de l'humanité devant un évènement traumatisant majeur. Cette réflexion alimente les terreurs de la mère. « Elle ne se fait pas d'illusions. Elle sait que chaque époque est capable de générer sa propre barbarie. Il suffit d'un déclic et les pires instincts se réveillent. Depuis plusieurs jours, des hordes sillonnent les rues. » (p. 71) Comme les deux femmes, le lecteur est enfermé dans cette maison qui ne pourra se suffire à elle-même. Dans ce huis clos narratif, le découpage en paragraphes plus ou moins courts évoque des fragments de conscience, des sursauts d'humanité après Armageddon.
Si le sujet n'est pas neuf et si le traitement n'est pas spécialement original, ce roman est toutefois très réussi. Il dégage une atmosphère profondément oppressante et une angoisse palpable. Les rapports duo/duel entre mère et fille, entre intérieur et extérieur, entre passé et présent alimentent une dialectique qui tend à devenir cyclique et à générer la folie. Un roman que je recommande aux amateurs de dystopies et de science-fiction postapocalyptique.

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Sur un sujet qui peut rappeler La route de Cormac McCarthy, versant sombre, ou En un monde parfait de Laura Kaschichke, versant un peu plus léger, Christel Diehl nous fait surtout apprécier la magie de son écriture. Une femme et sa fille restent confinées dans leur maison depuis un événement, qu'elle a nommé Enola game, en référence à la bombe lâchée sur Hiroshima. Nous n'en saurons guère davantage sur ce drame extérieur, si ce n'est que l'électricité et les communications sont coupées. le mari et la fille aînée sont au loin, les services publics recommandent de rester enfermés et distribuent de l'eau potable. Pour ne pas perturber sa fille de quatre ans, et ne pas sombrer, la mère institue des rituels, et dans les moments où la petite dort, trouve refuge dans ses souvenirs et dans l'écriture.
Le roman raconte son quotidien, ses peurs, son organisation, ses occupations. Elle constate très vite le dérisoire de tout ce qui pouvait paraître indispensable ne serait-ce que quelques jours auparavant. Une vie réduite au minimum vital, voilà ce qu'elle doit affronter maintenant, et sans savoir jusqu'à quand…
Je n'ai noté aucune phrase, fait aucun repère dans le livre, tant j'aurais eu du mal à choisir, tant tout sonnait juste à mon oreille, tant l'émotion jaillissait de chaque ligne, de chaque paragraphe. Un texte court, mais fort, à découvrir, assurément !
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Une femme et sa fille de quatre ans vivent confinées dans leur appartement depuis le jour de la grande lumière selon le mot utilisé par l'enfant; la maman l'appelle Enola game en référence à l'avion qui bombarda Hiroshima en août 1944.
Elles réunissent leurs forces, leurs vitalités pour ne pas sombrer sous cette avalanche de cendres. La mise en place des éléments de survie prend tout leur temps et leur énergie. Trouver des solutions pour se nourrir, s'abreuver, se chauffer, s'occuper tout en gardant un oeil sur l'extérieur pour guetter un signe familier et réconfortant ou plus souvent une raison de plus de craindre et d'avoir peur.
Tout comme le lecteur qui avance à vue les personnages sont dans un flou total depuis ce jour apocalyptique. Les autres personnes du foyer sont absentes. La jeune femme a choisi d'obéir aux ordres donnés par les cosmonautes (en référence à ces hommes harnachés de combinaisons et de casques) et de rester dans sa maison plutôt que s'en aller pour essayer de se réfugier chez sa mère. Elle ne veut pas mettre en danger la vie de la petite et lui faire respirer la toxicité de l'extérieur.
Le lecteur profite de pauses, de respirations initiées par cette maman courage. Lorsqu'elle propose des activités à son enfant, une cabane, un découpage, un puzzle ou même la confection d'un gâteau d'anniversaire, c'est pour nous aussi le temps d'un sourire le temps de déchirer ce carcan, cette atmosphère pesante et angoissante.
Ce roman qui fait penser à « La route », m'a aussi rappelé ce film italien où le papa cache la vérité à son fils et imagine un grand jeu dans le camp de concentration : « La vie est belle ».
Une très belle lecture malgré le thème angoissant, une histoire indélébile dans ma mémoire.
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ce livre est une véritable pépite ! malgré le sujet on ne peut plus triste, cette ambiance angoissante, ce huis-clos insoutenable.....l'écrivain nous emmène dans son univers. Elle nous projette dans un avenir qui nous fait sans cesse nous poser des questions toutes bête mais si importante : ai-je su apprécié le goût de ma dernière poire ? quand j'ouvre le robinet : l'eau coule, est-ce que je me rends compte de ma chance ?
pleins de petites choses du quotidien a laquelle nous n'accordons même plus d'importance puisque nous vivons avec depuis toujours....
les personnages sont attachant, l'écriture pleine de poésie, de colère, d'interrogations.
Bref j'ai adoré ce livre et le recommande vivement !
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Une jeune femme tente tant bien que mal de maintenir un semblant de normalité dans la vie de sa petite fille. Mais ce n'est pas facile quand on doit vivre cloîtrée dans sa maison suite à un événement non identifié. Une guerre ? Une catastrophe nucléaire ? Tout ce qu'elle sait, c'est qu'une grande lumière accompagnée de bruits d'explosions les a réveillées et que depuis c'est le chaos. L'électricité est coupée, il n'y a plus de chauffage, plus de téléphone et pas moyen de savoir ce qu'il est advenu de son compagnon parti travailler, ni de sa fille aînée en vacances chez son père sur un autre continent. Des chars sillonnent la rue, avec des soldats qui crient de ne pas sortir pour éviter toute contamination et qui déposent des vivres tous les trois jours.
La jeune femme surnomme l'événement Enola Game, en souvenir de cet avion qui avait largué la bombe atomique sur Hiroshima et parce qu'elle essaie d'en faire un jeu pour sa fille et pour s'empêcher de paniquer.

J'ai accepté de recevoir ce roman proposé par les éditions dialogues, car je n'avais encore jamais lu de roman post-apocalyptique et que le résumé, pour une fois, me tentait. Je ne le regrette pas car, en peu de pages, la romancière réussit à nous plonger dans une ambiance angoissante et terrible. Bien que la mère tente de maintenir une certaine stabilité au sein du foyer, la situation extérieure s'insinue avec tout ce qu'elle comporte d'incompréhensible et de stressant. le lecteur ignore ce qui s'est passé mais il voit par l'oeil de la jeune femme et l'angle limité de la fenêtre de l'étage les différentes étapes du chaos qui s'installe : les chars de l'armée qui vont viennent avant de faire place aux pillards pour finalement voir arriver des rafles. Et toujours, cette mère qui lutte pour le bonheur et la survie de son enfant.

Un roman poignant qui ne peut laisser indifférent en ces périodes où l'on parle beaucoup de fin du monde, de guerres et autres pénuries des ressources. Mais ce récit aborde aussi la surconsommation et les problèmes qui se posent à notre société sans cesse en train de vouloir plus et qui passe à côté des petits bonheurs. L'écriture de Christel Diehl est raffinée et érudite, rendant le récit plus intense encore.
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L'histoire se déroule dans notre société mais en anticipant / imaginant une catastrophe (nucléaire? Enola Game fait allusion au nom d'une bombe atomique Enola Gay) obligeant la population à rester cloîtrée à domicile ; des patrouilles déposant des vivres en conserve et de l'eau en bouteilles chaque jour à leur porte.

L'héroïne de ce roman est une jeune femme qui se retrouve ainsi seule chez elle avec sa petite fille de 4 ans. L'électricité est coupée, elle fait du feu dans la cheminée comme principale source d'énergie et de chaleur (c'est l'hiver) et bénéficie de pas mal de réserves dans son cellier, ayant un compagnon prévoyant (mais actuellement en mission ; elle n'en a pas de nouvelles, pas plus que de sa fille aînée). Les communications et les médias sont également coupés.
Commence alors une organisation de leur vie domestique à deux, trouver des occupations pour la petite et replonger dans ses souvenirs pour la mère. Toute une réflexion sur le superflu et le nécessaire aussi, ce que la société de consommation nous a habitués à posséder qui ne se révèlent d'aucune utilité face à l'urgence de vivres peut-être ses derniers instants... « être ou avoir »...
Le thème fait évidemment penser à « La route » et côté jeunesse « La survivante » mais l'originalité est ici dans le huis-clos et le fait de ne pas savoir ce qui se passe à l'extérieur, à part les suppositions que peut tirer la mère de ce qu'elle voit par la fenêtre. Nous sommes dans la tête de cette jeune femme avec toutes ses interrogations, ses inquiétudes, ses pensées.
J'ai trouvé ce roman très fort, son écriture est belle et précise, la fin inéluctable est dure pour moi mais elle sonne juste et plus réaliste que ce qui aurait été possible dans un roman de littérature jeunesse par exemple. Un coup de coeur donc pour ce titre que je ne peux que recommander.
Lien : http://toutzazimuth.eklablog..
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Une mère et sa petite fille vivent enfermées dans leur maison depuis une catastrophe. Les ordres donnés par une patrouille sont clairs : rester chez soi, ne pas s‘aventurer à l'extérieur. Les moyens de communication et l'électricité sont coupés. Sans aucune nouvelle de son compagnon et de sa fille aînée, la jeune femme lutte contre l'angoisse grandissante.

Dans un décor apocalyptique où l'on ne sait pas ce qui s'est passé, cette mère a décidé de nommer le jour de la catastrophe Enola Game. En proie à de nombreuses questions, il lui faut occuper sa fille de quatre ans, établir un rythme au cours de ces journées longues et semblables les unes aux autres. Régulièrement, un char sillonne les rues en déposant devant les portes quelques vivres. Tiraillée par la peur, elle écrit. Puise dans ses souvenirs et ses anciennes lectures pour compenser l'inacceptable.

La suite sur :
http://fibromaman.blogspot.com/2012/02/christel-diehl-enola-game.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.c..
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Catastrophe naturelle ? Accident nucléaire ? Guerre chimique ? le ciel est gris, le soleil semble avoir disparu. Cette prof d'université se retrouve cloîtrée chez elle avec sa petite fille de quatre ans. Comme leurs voisins, elles sont sommées de ne sortir sous aucun prétexte, de ne pas consommer l'eau du robinet. Une patrouille sillonne les rues et les approvisionne.

Cette lecture m'a fait penser à 'La route' (McCarthy) et 'En un monde parfait' (Laura Kasischke), pour l'ambiance post-apocalyptique, ainsi qu'à 'Room' (Emma Donoghue) pour le côté séquestration, isolement. J'ai donc été stressée, prise de sentiments croissants de claustrophobie et de peur (= de manquer de l'essentiel, de mourir de faim ou de soif, d'être violée, tuée).

Mais comme dans 'Room', il y a une femme, une mère qui sait rassurer son enfant, remplir leurs journées à partir de trois fois rien, raconter le passé pour faire rêver d'un avenir... Et c'est déjà énorme.

Une écriture très "efficace", donc, selon l'expression consacrée, pour un petit livre aussi émouvant qu'angoissant, à lire d'une traite.
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Avec Enola Game, Christel Diehl nous offre un jeu apocalyptique qui amène une oppression indéniable du lecteur. Un huis clos imposé à cette mère et sa fille alors qu'une attaque soudaine de type nucléaire, leur impose de rester cloitrées dans leur maison. le mari et la fille ainée étaient absents avant l'attaque. Elles doivent donc affronter seules l'isolement.

Sans échange avec l'extérieur, ni contact téléphonique, elles s'occupent car il le faut, surtout avec une petite fille de quatre ans.

Ce roman est celui de regret du temps passé, des bons moments, des choses du quotidien qui nous manquent et à qui nous n'avons pas donné l'importance qu'elles méritaient. C'est le regret des amours, les bons, les beaux mais aussi les ratés. C'est le regret de l'insouciance. Ce livre date de 2012, alors quand on a vécu le confinement, on peut comprendre ces sentiments.

C'est aussi, un livre où l'inquiétude dans l'avenir s'installe, l'angoisse submerge la mère vis-à-vis de sa fille et de ceux qu'elle aime. Elle veut se rassurer. Alors arrive un moment où , la raison affronte la folie et l'espoir doit résister.

Lecture courte mais suffisante. Ecriture dans laquelle l'auteure a mis beaucoup d'elle-même. Un roman qui peut valoir le détour dans vos lectures.
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Voici un court roman bouleversant. Un récit post apocalyptique sans artifice, sans recours à l'artillerie lourde, à la violence gratuite… Pas de héros en quête d'une deuxième chance ou en lutte contre les forces du mal. Juste une mère isolée et sa petite fille de 4 ans. Séparée de son mari et de sa fille aînée lors de « la grande lumière », elle luttera heure par heure pour résister – à l'engourdissement, la folie, la peur, la rage, le désespoir… - et proposer à la fillette un semblant de vie « normale », ponctuée de règles et d'habitudes. Recherche de stabilité et volonté de pouvoir retrouver ensuite la vraie vie en douceur.

Passant d'une vie de confort matériel, à un manque total de choses essentielles, comme l'électricité, le chauffage puis l'eau, cette mère trouvera la force de résister dans l'amour qu'elle éprouve pour les siens et dans l'écriture : les souvenirs heureux qu'elle couche sur le papier, au côté de ses pensées du moment. L'écriture comme rédemption, comme force vitale pour surmonter l'incompréhensible.

La force de ce récit est l'atmosphère de peur qui y règne du début à la fin ; cette tension permanente venant de l'inconnu : que s'est-il vraiment passé ? y a-t-il des survivants et où sont-ils ? quand cela finira-t-il ? Toutes ces questions sans réponse qui taraudent cette mère jour après jour. Quelques éléments extérieurs s'insinueront aussi au sein du foyer mais aucun ne sera de nature réconfortante.
L'intrigue est soutenue par une écriture raffinée et dense qui la rend encore plus intense. le rythme des phrases et les figures de style concourent à la beauté du texte. Tout ce que j'aime.

Christel Diehl est professeur à l'Université de Nancy. « Enola Game » est son premier roman, paru en février 2012 aux éditions Dialogues.


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