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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ils sont très rares, les romans d'une telle densité, où l'auteur crée autant de personnages d'égale importance, en dresse autant de portraits aussi fouillés, aussi approfondis, aussi proches du lecteur que l'on peut l'être. Il réussit ce tour de force où chacun s'y retrouve. Quant à savoir qui est le héros du roman ... je ne saurais le dire tant chaque personnage est un rouage essentiel et porte sa prpre énigme. Kirilov ? Stavroguine ? Stepane Trophimovitch ? Varvara Petrovna ? Quel que soit le lecteur, il porte en lui un peu de chacun d'entre eux.
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Commençons — pour pouvoir ensuite passer à autre chose de plus intéressant — par ce que j'ai détesté. L'intrigue. Qu'est-ce que c'était long et ennuyeux !
Au début de la première partie, j'étais ravie de découvrir cette galerie de personnages hauts en couleurs. Des enjeux ont vite commencé à se dessiner : quelle est la raison pour laquelle Nicolaï, le fils de la générale Stavroguine, agisse aussi étrangement en public ? On a des échos sur Piotr, fils de Stepan l'ami de la générale, qui semble lui aussi mal tourner. Et on nous parle d'affaires de réputation et d'un arrangement de mariage entre Stepan et son ancienne élève, avec leurs trente ans de différence. Et surtout, on s'interroge : quel est ce danger progressiste qui semble être la thèse du livre, jusqu'ici seulement en filigrane ?
Mais dès le chapitre 3, on en reste à ces questions et pour longtemps. On s'enlise dans une attente de ce qu'il se passe quelque chose, et les personnages aussi. Ils ont tous des tourments ridicules et exagérés, ils crient à tout bout de champ. Ils sont toujours sur le fil de la folie, au point que je ne compte plus le nombre de personnages victimes de « Delirium tremens ».

Je n'ai jamais réussi à me sentir investie dans l'intrigue. Mais l'intérêt que j'ai trouvé dans ce livre ne réside pas dans son histoire, mais dans ce qu'il dit sur L Histoire. le contexte est celui des révolutions européennes, la Commune en premier lieu. On prend le pouls de l'époque en assistant à la montée du communisme révolutionnaire et du nihilisme à travers les yeux de ce qui y participent, la craignent, ou se croient capables de l'endiguer.
Au passage, un fait surprenant : on nous dit qu'un des personnages est né serf. Ce livre est en effet paru en 1872, soit seulement onze ans après l'abolition du servage en Russie.

Dostoïevski développe une dure critique du progressisme. Il s'agirait d'une lubie de jeunes, ces derniers adoptant n'importe quelle nouvelle tendance sans se poser de questions, et ils ont des comportements incompréhensibles qui mettent en danger l'ordre social. Et ces idées corrompraient la jeunesse.
Même Stepan, pourtant modéré et de la vieille génération, porte un élément distinctif jugé ridicule (une cravate rouge), et surtout il adore et recherche la position de victime...
Les communistes sont soi-disant plus avares que les autres. Sur l'un d'eux, on nous dit par exemple : « Qu'un petit employé provincial, un tyran domestique, un usurier de bas étage, un ladre enfermant sous clef les restes du dîner et les bouts de chandelle, qu'un Lipoutine enfin rêvât Dieu sait quelle future république sociale et quelle harmonie cosmopolite, — décidément cela passait la compréhension de Nicolaï. »
C'est amusant de voir qu'en son époque et son pays, très éloigné des nôtres, les critiques générales de Dostoïevski envers le progressisme reposent sur les mêmes arguments que celles que nous entendons encore de nos jours !
Cela apporte un sacré recul sur les débats actuels entre progressisme et conservatisme. Plutôt que de ne voir que les émotions engendrée par les sujets polémiques du moment — la colère du premier et la peur du second — le siècle et demi de ce livre aide à se rendre compte des dynamiques plus globales. Certes le progrès est profitable à la majorité, mais à le vouloir trop vite cela peut mal finir. Certes le respect des traditions apportent une stabilité nécessaire, mais il cristallise les souffrances de ceux qui ne s'y retrouvent pas.

Cependant, plusieurs de ces critiques apportent plutôt du crédit au progressisme, car de nombreuses choses qui paraissaient acceptables à leur époque nous dérange aujourd'hui. Déjà, heureusement qu'il n'y a plus de servage dans nos sociétés ! Et de mariages arrangés, de couples avec trente ans d'écart, d'enfants de riches placés jamais éduqués par leurs parents, d'aristocratie vivant au dessus des lois, de frontières très marquées entre les classes sociales (ces deux derniers points, on y travaille encore !).
On remarque même une inversion des moeurs : lorsque Nicolaï tire le bout du nez du gouverneur, c'est vu comme quelque chose d'absolument abominable et il se fait rejeter de tous ses cercles sociaux. Mais lorsqu'il embrasse de force une femme en public, et c'est décrit comme une « histoire au fond relativement innocente ».

L'auteur s'attaque plus précisément aux idéologies révolutionnaires. Celles que ses personnages exposent sont délirantes.
Je pensais que le communisme était dans la théorie un idéal magnifique, mais dont la mise en pratique amène de dangereuses dérives. Mais avec le groupe révolutionnaire que l'on suit, leur idéologie même, le « chigalévisme », repose sur des principes déjà horribles.
Piotr explique au cours de ses réunions que « la délation est un devoir. Chacun appartient à tous, et tous à chacun. Tous sont esclaves et égaux dans l'esclavage. ». Pour atteindre l'égalité parfaite, il compte abolir les sciences car « la soif de l'étude est une soif aristocratique » et « un niveau scientifique élevé n'est accessible qu'aux intelligences supérieures, et il ne faut pas d'intelligences supérieures ! » À l'inverse, il veut favoriser « l'ivrognerie, les cancans, la délation, [...] débauche », car c'est avec ce même « dénominateur commun » qu'il atteindra l'égalité parfaite.
Enfin, égalité parfaite, sauf pour eux futurs gouvernants : « Les esclaves doivent avoir des chefs. Obéissance complète, impersonnalité complète, mais, une fois tous les trente ans, Chigaleff donnera le signal des convulsions, et tous se mettront subitement à se manger les uns les autres, jusqu'à un certain point toutefois, à seule fin de ne pas s'ennuyer. »
Voir décrites en 1872 certaines dérives idéologiques qui se sont produites après la Révolution de 1917, c'est assez impressionnant. J'ai découvert après ma lecture que toute cette intrigue est très inspirée d'un véritable fait divers, dite affaire Netchaiev, avec cet assassinat par un groupe révolutionnaire nihiliste de l'un de ses propres membres désigné traître.

Enfin, si les jeunes de l'époque aspiraient à un changement de société, c'est qu'il existait de réelles problématiques sociales. Cela concerne aussi bien les riches, vivant dans une religion (orthodoxe) trop étouffante ; que les ouvriers, voulant améliorer leurs conditions de travail. Ces divers courants subissent la réutilisation politique insidueuse qu'en fait Piotr, les orientant peu à peu vers les pires violences.
Un faussé d'incompréhension sépare ces volontés progressistes et la vieille génération conservatrice. Cela est illustré de manière flagrante lorsque l'aristocrate Barbara Stavroguine dit placer l'art au-dessus des avancées sociales, en termes de préoccupations que devraient avoir selon elle les humains.
Je comprends son point de vue, car je suis aussi persuadée que la science et l'art est ce que l'humanité produit de plus grand. Mais cela n'est possible qu'avec un minimum de confort matériel, que nombre des congénères de Barbara Stavroguine n'ont pas.
Avec une telle mentalité, les changements salutaires se font attendre. Et ceux qui y aspirent se retrouvent alors utilisés par des personnes dangereuses.

En conclusion, il s'agit d'un excellent livre de par l'intemporalité de ses critiques du progressisme. Les voir transposées en des époque et lieu complètement différents montre une peur ancrée chez l'humaine pour le changement, qui peut amener aussi bien progrès, ou déchéance et chaos.
Mais le rythme et la construction de l'intrigue m'ont rebutée car c'était vraiment trop long et trop fouilli. Après avoir lu le livre, je reconnais la démarche de l'auteur de « laisser vivre ses personnages » , mais lorsque j'étais plongée dedans, je ne passais pas un bon moment de lecture.
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De nombreuses heures d'écoute pour ce monument de la littérature russe. Une atmosphère comme je les aime, tout particulièrement dans ce roman où les personnages sont tous un peu perturbés et sont en effet possédés par un brin de folie. Même s'il est bien difficile de les suivre dans cette histoire, cette lecture qui demande un peu d'approfondissement fut un plaisir.
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Dostoïevski est décidemment un écrivain exceptionnel dans la finesse de la description psychologique de ses personnages et dans leur évolution au fil du roman.
Le livre n'est pas aisé à lire en termes de longueur de texte, de complexité à suivre les dénominations des personnages et à cerner leurs motivations. C'est dense et intriguant mais il faut néanmoins s'accrocher.
J'avais lu que le livre prédisait en quelque sorte les tourments totalitaires du 20ème siècle. Je ne les ai pas retrouvés personnellement. Par contre, on sent chez tous les personnages (à l'exception de Stravoguine et de Piotr et encore) une perte de repères dans une Russie qui sombrera effectivement dans une fièvre révolutionnaire quelques décennies plus tard.
Le livre se découpe en trois parties. La première plante le décor d'une Russie au lendemain de la fin du servage et présente les principaux protagonistes et m'a paru un peu longue. La deuxième fait monter progressivement une intensité dramatique sur les résultats potentiels d'un groupe révolutionnaire dont on a du mal à saisir la teneur de la grande idée. La troisième partie voit se jouer différents drames et destinées des principaux acteurs et actrices.
Sans connaître le contexte d'écriture, j'ai trouvé par rapport aux autres romans de Dostoïevski une touche plus personnelle de l'auteur. Comme s'il avait eu un plaisir à présenter ces personnages, ces Chatov, Petrova, Stravoguine,... à les faire philosopher, à la faire vivre pour certains la Grande Idée sans savoir s'ils sont 5 ou 50.000 à la suivre. Il y a presque du burlesque dans ce groupe de terroristes illusionnés par Piotr.

La lecture fut longue et par moment fastidieuse mais étonnamment lorsque j'en suis arrivé à la fin j'ai eu envie de m'y replonger pour renouer les fils qui m'avaient échappé. Je le ferai sans doute mais pas tout de suite car le temps mis à cette lecture a augmenté ma PAL.
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Une formidable méditation sur la mort et le suicide qui a sans doute hanté l'auteur une bonne partie de sa vie mais qui en a fait un livre splendide et inclassable : Je me suis regalé à la lecture de cet ouvrage qui est pour moi un pilier de l'oeuvre de l'auteur !
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Insoumissions, révoltes et assassinats créent leur siècle.

Les âmes s'emportent et s'insurgent, tels des démons.

Démons qui nous possèdent et qui nous dominent.

Conservatisme et libéralisme s'échafauderont l'un à l'autre de discours en confessions.

Chapitres de vie s'écrivant à la volonté et à la liberté d'un peuple, celui d'une Russie ; celle d'un dix neuvième siècle s'en allant.

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Ce livre est bouleversant.
L'intrigue est surprenante, les personnes sont tous uniques en leur genre et apportent quelque chose à l'histoire qui rend ce roman fascinant.
Bien qu'assez long et parfois apathique, les rebondissements nous font vivre cette histoire à son plus haut degré.
Les réflexions apportées par cet auteur, réflexions théologiques, mais également sur la mort, la morale, font de ce livre plus qu'un simple roman.
C'est également une lumière qui vient éveiller notre conscience, en réveillant en nous certaines interrogations.
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Dans sa jeunesse Dostoyevsky a été arêtte pour avoir partcipe dans un complot d'attentat contre le Tsar et a du purgé un peine de cinq ans dans un prison en Siberie. Pour le reste de sa vie, Dostoyevsky a été convaincu de l'enormité de son peché et a été plein de reconnaissance envers le Tsar pour sa grande clémence.

Riche d'experience personnelle des cabalistes, Fyodor Dostoyevsky a écrit ce roman sur un cercle de jeunes qui s'engage dans un complot meurtrier mene par un nihiliste manipulateur. Ces jeunes sont tres sympathiques, comme ldes vieux dans leur entourage qui leur donnent leur appui tacite.

A la fin des Possédés on est profondement attristé par la tragedie. On espere que des futures generations de jeunes seront plus sages. On est peut-etre plus triste parce que l'on sait que depuis le complot d'assassinat raté auquel Dostoyevsky a participle en 1849, les complots meurtiers ont multiplié a travers la plantete toujours avec des consequences tragiques.
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