René Guénon a remarqué un jour que le symbole $ sur la monnaie américaine est une simplification graphique de l’emblème sacré qui se rencontre sur les monnaies anciennes de la région méditerranéenne. Initialement les deux lignes verticales étaient des représentations des « colonnes d’Hercule » qui, selon la tradition, se trouvaient à l’extrême occident, après le détroit de Gibraltar. Sur ce symbole apparaissait initialement l’inscription symbolique « nec plus ultra », qui signifiait littéralement « rien au-delà ». Ces deux symboles désignaient une frontière, la limite occidentale de la géographie sacrée humaine, au-delà de laquelle se trouvaient les « mondes non-humains ». Et ce symbole « frontalier », indiquant qu’on ne peut pas aller au-delà de Gibraltar, est devenu d’une manière paradoxale le symbole financier de l’Amérique, d’un pays qui se trouve « au-delà de la frontière », « là où on ne peut pas aller », là où l’inscription sur le prototype du dollar interdisait justement d’aller.
La géopolitique mondialiste du "Nord riche" signifie exclusivement le bien-être matériel, l'hédonisme, la société de consommation, le pseudo paradis aseptisé et artificiel de ce que Nietzsche a appelé "le dernier homme".
Le progrès matériel de la civilisation technique s'est accompagné d'une monstrueuse régression spirituel de la culture sacrée, par conséquent du point de vue de la tradition, la richesse du Nord avancé moderne ne peut pas servir de critère de véritable supériorité sur la pauvreté matérielle et l'arriération technique du "Sud primitif" moderne.
Les hommes du "Sud pauvre" vivent normalement dans la Tradition et, jusqu'à maintenant leurs existences sont plus remplies, plus profondes et même plus belles, car la participation active à la tradition sacrée confère à tous les aspects de leur vie personnelle ce sens, cette intensité, cette saturation dont ont été privés depuis longtemps les représentants du "Nord riche" rendu hystérique par les névroses, les craintes matérielles, la solitude intérieure, l'inutilité complète de l'existence ne présentant qu'un kaléidoscope de vert brillant, une image creuse.
En accord avec les lois de sa propre géographie sacrée, l'âme russe croit que le sauveur de la Russie sera un sauveur russe, un avatar hyperboréen qui devra se manifester au cœur de la patrie sacrée, dans le cœur d'or de la Russie...
Si le sacré est rejeté pour longtemps à la périphérie de la réalité, alors la mauvaise surprise et qu'il reviendra sous une forme monstrueuse et déformé.
Alexandre Douguine sur méridien zéro