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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Sanatorium de Riva (Tyrol) – 1913
Gerti et Franz. Kafka, 30 ans, rencontre la toute jeune Gerti, die Schweizerin, qui restera sa douce nostalgie, son idéal féminin. Elle adore les contes illustrés. Il ne lui dessine pas un mouton mais un chevalier, une princesse, un vieil elfe. Sa trace légère s'est perdue dans les limbes.

Pension climatique de Schelesen (Prague) – 1918
Julie et Franz. Kafka, 35 ans, rencontre la jolie Julie. Ils se promènent, se plaisent, roucoulent, se fiancent, rompent, se revoient, se quittent. Elle est gaie et fougueuse, elle adore les musiciens de Prague. Il est sombre et pensif, l'écriture le torture, il souffre de l'autorité intraitable de son père qui refuse le mariage.

Milena J. pourrait-elle être la cause de cette rupture définitive ?

Franz Kafka a laissé une nombreuse correspondance et ses manuscrits à son ami, Max Brod, avec mission répétée de tout détruire. L'ami n'obéit pas sans quoi nous n'aurions jamais connu le Château, le Procès, La colonie pénitentiaire, etc.

Heiraten (Noces) raconte de manière poétique, avec finesse et sensibilité, ces deux rencontres amoureuses. Alliant les dialogues imaginaires aux extraits de correspondance ou du Journal de Kafka, l'auteur nous entraîne sur les bords du lac de Garde, devant les énormes rochers sculptés de Vaclav Levy dans la forêt pragoise et dans les rues animées de la capitale tchèque.

L'alternance de l'allemand, du tchèque et du yiddish donne un rythme très réaliste à ces amours sincères mais entravées.

Le bonheur est toujours de courte durée pour Franz mais comme il aurait pu l'écrire : « Je ne sais pas parler du bonheur. N'est-il pas temps que j'apprenne ? »

Il a beaucoup appris mais sa nature fragile eut raison de son désir à 40 ans.

Les photos de ces belles dames, de Prague et de sa pension sous la neige, invitent à feuilleter ce joli livre et à en découvrir tous les petits trésors de ces vagues amoureuses comme on s'attarde avec nostalgie sur un album de jeunesse. Une courte biographie de chaque personnage complète ce tableau gracieux en demi-teintes.
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Ha! Quel magnifique ouvrage, aéré et aérien; une onde poétique vibrante de romantisme. J'ai A-DO-RE !

L'auteur peint avec des mots la rencontre de Franz Kafka et Julie Wohryzek, sa fiancée éphémère aux contours éternels. Égrainés de photographies et d'extraits du journal et de la correspondance de Franz Kafka, il fait fleurir ses amours, comme un bouton en forme de promesse.

"Je ne sais pas parler du bonheur.
N'est-il pas temps que j'apprenne ?
Un pas, puis deux dans la lumière...
Comme un enfant apprend à marcher."

Ce n'est ni une biographie, ni une fiction, c'est les deux à la fois! Basé sur les écrits de Kafka, il s'agit d'une évocation de l'amour et ses tourments. Amours reviviscents, amours impossibles, amours tendrement romantiques, Kafka est attiré par Julie comme un papillon est attiré vers la lumière. Elle incarne la vie, la fraicheur, l'insouciance, la gaité. Tout son contraire, lui, dont l'âme est si tourmentée par la maladie et la mort.

"Tu parviens à me faire rire de moi avec toi - de mon brouet de petits malheurs, clairs et réjouissants pour toi, opaques et désespérants pour moi..."

C'est aux portes de la pension Stüdl que nait leur histoire et commence l'histoire.

"Poussant la lourde grille de la pension: comme j'aime son joli grincement! Un chant dans la neige.
Si près des yeux, sa double rangée de flèches.
Écailles de métal peint sous la pulpe des doigts - rouille émeraude qu'on aime caresser longtemps, comme le dos d'un lézard immobile.
Est-elle là? (...)"

La suite est tout aussi délectable...
Dans ce sanatorium dédié au repos et à la convalescence, qui semble protégé par un cocon neigeux, entouré d'une forêt d'ombre et de lumière, au sein de laquelle les "Diables de Levy" sommeillent, leurs amours s'épanouiront délicatement. Mais le retour à Prague est aussi celui du douloureux réveil, de la réalité qui balaie tout sur son passage, de l'omniprésence du père, de la peur de s'engager peut être. C'est également celui de la réminiscence de ses amours avec Gerti Wasner. La forêt enneigée qui nimbe son amour pour Julie finit par se fondre dans les lacs aux eaux dormantes de celui pour Gerti. Kafka apparait comme un amoureux de l'amour qui puise dans ses amours la force de vivre et d'échapper à la réalité.

"Douceur et mélancolie de l'amour. Son sourire s'adressant à moi dans la barque. C'était le moment le plus beau. Toujours désirer mourir, et surnager encore, cela seul est l'amour. " Franz K., Journal, 22 octobre 1913.

Ce livre original dans sa forme, inclassable dans son contenu, est superbe, comme une esquisse au fusain aussi légère qu'ombragée, comme un chant mélodieux au coeur de la nuit. Si vous aimez les belles écritures harmonieuses, ciselées et délicieusement poétiques qui chantent l'amour, vous l'aimerez aussi. Si en plus, vous êtes curieux de l'homme que pouvait être Franz Kafka, ce livre est définitivement pour vous! Un ouvrage trop court au nectar délicieusement gouteux, avec un petit gout irrésistible de "reviens-y". Sublime ! Une très très belle découverte.
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Poussez la grille de la pension d’Olga Stüdl à Schelesen où Kafka « le choucas » et Julie « la grive musicienne » vont se retrouver loin de Prague. Vous ne le regretterez pas.

Cela commence ainsi :
« Poussant la lourde grille de la pension : comme j’aime son joli grincement ! Un chant dans la neige.

Si près des yeux, sa double rangée de flèches.

Ecailles de métal peint sous la pulpe des doigts — rouille émeraude qu’on aime caresser longtemps comme le dos d’un lézard immobile.

Est-elle déjà là ?
Pas un mouvement aux rideaux.

Pas encore rentrée… »

et se poursuit tout en délicatesse,
« Visage fragment de lune dont j’admirais le profil.

Cou fléchi de jeune cygne malade.»

tout en effleurements poétiques pour approcher « l’éternel fiancé » et Julie femme enfant, fantasque, joueuse, mutine qui va lui offrir son rire auquel le sien fera un temps écho pour tenter de couvrir le monde angoissant qui est le sien.

Mais il faudra revenir à Prague où règne le père … Prague, où Milena va faire son apparition.
« Si je pouvais - pas après pas - rejoindre ton bonheur de vivre… l’approcher pour m’installer à son côté sans l’effaroucher. Sans laisser deviner combien il me réchauffe… L’ombre des pères glisserait alors loin de nous deux. Lentement s’éloignerait dans les ruelles. L’ombre des ruelles ne tient-elle pas de cette ombre-là ? Elle nous laisserait enfin. Nous irions bras dessus, bras dessous. Nous gagnerons le soleil, la place un instant illuminée. Feux de bengale au crépuscule, qu’un forain laisse échapper de sa main » p 66

Et revient aussi le souvenir d’une autre petite fiancée, papillon éphémère qui lui aura, elle-aussi, servi à soutenir et faire renaître sa fièvre créatrice.

Gerti à Riva :
« Maintenant assise face à moi, son petit chapeau posé un peu de travers - en se donnant des airs graves. J’ai bien envie de rire mais son regard obstiné d’enfant me fait me reprendre. Je redresse mon menton qui s’appuyait sur un faux col immaculé pour la regarder au fond de l’âme.

Une enfant si confiante, profonde, à l’imaginaire si vaste. » p 104

Ce petit livre jalonné de photos anciennes au charme suranné donne vie à des êtres que l’on pourrait croire sorti d’un album familial et ainsi nous les rend très proches. Et leur belle évocation poétique où s’intègrent des extraits de la correspondance de Kafka et de son journal vient renforcer cette impression de partager leurs rêves, leurs angoisses et leur intimité.
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J'ai lu Heiraten il y a quelques jours. Je m'étais promis de vous faire part de mon sentiment. Aujourd'hui, la pluie tombe, c'est le bon jour.
Je suis heureux de posséder ce livre. Par les originalités de son propos et de sa mise en page, par l'évocation d'une époque et d'une rencontre amoureuse, et par son côté didactique (la brève biographie des protagonistes), c'est un livre inclassable. Donc une réussite !
Je retrouve là ce que j'avais déjà apprécié dans Grand large, et qui est très éloigné de ma propre écriture : votre art de l'élision.
Cela relève de la poésie, bien sûr, en témoigne le tout premier paragraphe, pour moi un très joli poème. Et tant d'autres passages …
Merci pour ce long poème d'amour sur fond absolument pas kafkaïen. Franz K. est un jeune homme normal, sauf qu'il est juif, pauvre et tuberculeux. Il fréquente les sanatoriums.
Ça me rappelle mon enfance, où la tuberculose était soignée dans ces établissements hospitaliers, disparus depuis et où quelques camarades étaient soignés.
C'est que vous êtes tombé amoureux de Julie W. Ça saute aux yeux ! Félicitations ! Elle est très belle.
C'est bien de l'avoir fait revivre, cette jeune fille fort sage au destin tragique, comme celui, hélas, de toutes les familles juives de Tchécoslovaquie.
Les photos sont fort instructives également. Julie semble avoir 16 ans sur la couverture.
Je feuillette et re-feuillette ces pages ; une espèce de nostalgie s'empare de moi, une douce torpeur ; sans doute due au regret de les avoir quittées si tôt.
Il me faudra y revenir, ne pas hésiter à me plonger au hasard des pages, relire quelques phrases, détailler une photographie, lire une biographie.
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Le livre « Heiraten » est une petite fleur rouge dans le panorama littéraire français, très en dehors des logiques éditoriales si "commerciales"... Ce récit, s'abreuvant à de nombreuses sources littéraires et épistolaires, narre avec un style très esthétique l'histoire d'amour et les sentiments les plus profonds entre Franz (Kafka) et Julie (Wohryzek), la jeune fille qu'il rencontra dans la neige de Bohême en janvier 1919. Mais le livre n'est pas seulement le récit d'un amour, c'est un travail très profond et méticuleux de recherche dans l'existence du futur "grand écrivain" Kafka, comprenant les témoignages de ses proches, des extraits de son journal et de sa correspondance - avec de nombreuses photographies des protagonistes, des reproductions de cartes postales anciennes ou gravures des lieux qu'ils ont "hanté"... le lecteur arrive dans l'histoire comme ferait une petite « Alice au pays des merveilles » découvrant peu à peu un monde étrange : celui des sentiments les plus intimes de ces "grandes personnes"... C'est un roman délicat, fortement original tant dans son style que dans sa façon de décrire l'expérience émotionnelle des personnages. Un petit cadeau pour âmes sensibles !
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