Germain Nault, soldat Canadien, nous offre dans ce livre le témoignage de "sa guerre", telle qu'il l'a traversée, où il nous raconte comment il est "passé à travers", alors que tant d'autres y ont laissé leur vie.
Engagé volontaire au sein du régiment de" La Chaudière", sous le commandement du Major Lapointe, il nous faire partager les évènements du débarquement, le 6 juin 1944, sur la plage de Juno, alors qu'il était au volant d'une Chenillette, ayant pour mission le ravitaillement.
Puis ce sera l'enfer de Carpiquet, avant la conquête de la ville de Caen.
Beaucoup de ses camarades tomberont sous ses yeux ou seront victimes de "shellshock" (choc des obus) ou de booby trap (pièges laissés par les Allemands). Il sera témoin des violences faites aux civils. Mais, pour sauver sa vie, il devra continuer d'avancer sans laisser ces images s'imprégner en lui et le dominer. il sait ce qu'il a à faire et donner la mort en fait partie.
Lors de la campagne de" La Falaise", il suivra les ordres dans son rôle "dispatch rider"(estafette), il fera des missions de reconnaissance, de transmissions de messages,d'escortes de convois, au guidon de sa moto . Maintes fois il a frôlé la mort et à chaque fois il s'en est sorti, sa bonne étoile l'ayant épargné.
Les dangers sont multiples au front, c'est ce qu'ils appellent le "fog of war" (le brouillard de la guerre). On pouvait ainsi mourir à cause d'erreurs dans la transmission des informations, sous les balles de son propre camp, ce qui était démoralisant pour les survivants et les mettaient en colère.
Il participera à la libération des ports de la Manche, à Boulogne, puis à Calais, au sommet du Cap Blanc Nez, face aux bunkers allemands.
Cette route sans fin les emmènera vers la campagne de l'Escaut avec la prise du port d'Anvers, en Belgique, puis à Nimègue aux Pays bas (Opération Véritable et Blockbuster), et la bataille de Hollen.
Ce soldat a fait preuve de sang froid, de vigilance, sans jamais se laisser submerger par ses émotions, en gardant toujours à l'esprit qu'il devait s'en sortir, atteindre le jour V (la victoire), et rentrer chez lui dans sa famille à Sherbrooke.
Il est conscient d'avoir été chanceux en échappant à la mort. Sa force de caractère, héritée de son grand-père, y a été pour beaucoup dans sa capacité de résilience et a permis que ses souvenirs effroyables du passé ne deviennent pas maitres de son existence, en venant hanter continuellement ses pensées.
Pour lui, le devoir de mémoire est indispensable; "pour rendre hommage à ses frères d'armes qui ne sont plus; pour les soldats en devenir qui oublient parfois les fondements de leur rôle et de leur engagement; pour l'homme inconscient qui démontre de l'indifférence par rapport au passé qui a façonné le présent; pour les curieux, respectueux de cet effort de guerre; pour les Canadiens français, fiers et et conscients de la portée de leurs actions."
Merci aux Éditions
De Borée et à l'opération masse critique Babélio, pour ce roman écrit par les nièces de Germain Nault ,soldat qui fait partie de ceux qui ont participé à un effort de paix et de liberté, et grâce auxquels nous devons notre liberté. Il est bien conscient que son témoignage ne nous permettra pas de comprendre pleinement ce qu'il a ressenti et vu , lui et ses frères d'armes, sur ces champs de bataille :" J'ai toujours cru qu'on ne vivait la guerre qu'en étant sur le champ de bataille."