Le Code de Kyoto est un roman que j'aurais dû lire rapidement, hélas il m'a fallu plusieurs mois ! Non pas en raison d'un quelconque ennui, bien au contraire, mais pour des raisons personnelles. Pourquoi préciser cela ? Parce que j'ai fini par me retrouver un peu perturbé par les prénoms japonais, genre "C'est qui, lui, déjà ?"
Passé cette nano-difficulté, il faut avouer que lire un roman écrit par un auteur européen sur le japon est une belle expérience : Il sait où peuvent se trouver les difficultés, aussi sans les expliquer ouvertement comme le feraient de mauvais.es "con-adelphes" (je pense en particulier à un certain Jacob qui explique, dans un roman qui se déroule au Moyen-Âge, que telle situation est difficile à vivre car ils n'avaient pas l'URSSAF. Ridicule à en pleurer !), ici tout est fluide et les enchaînements de situations se suivent sans pause littéraire.
Je n'ai pas lu la version brochée, qui est restée bien au chaud dans ma bibliothèque, lui préférant la version eBook, tellement plus simple à manipuler dans un lit (bien chaud lui aussi), aussi ne saurais-je dire si cette remarque concerne les deux versions ou seulement l'eBook : il manque parfois un petit symbole pour indiquer que l'on change de scène - car l'intrigue se déroule sur plusieurs niveaux entremêlés, tous passionnants ! - ou que l'on a affaire à une ellipse. En-dehors de cela, comme je le disais plus haut, tout est vraiment fluide, l'écriture est précise, les caractères bien trempés, les chapitres très équilibrés - l'avantage d'avoir un auteur qui exerce ou a exercé une profession manifestement technique, c'est que même dans le roman de genre, il n'écrit pas n'importe quoi et rien n'est décrédibilisable à aucun moment.
L'histoire se déroule en des lieux différents, qui correspondent également à des époques différentes : Bien que tout se passe dans le même espace-temps, les rues les plus populaires et sombres renvoient à des époques plus lointaines, comme si les personnes qui y vivaient ne pouvaient accéder à un mode de vie réellement moderne (la technologie y est bien présente, mais dans des version un peu désuètes, donnant parfois un petit côté steam-punk au roman)... Nous côtoyons également les personnes qui conçoivent l'avenir, qui ont un pied dans le présent et un pied dans le futur, représentées par une super corporation technologique. Elles inventent mais ne maîtrisent pas l'usage de leurs productions... Et enfin l'avenir qui est déjà une réalité, qui se dessine, fruit de nos amis les politicards partis chercher très loin de la Terre la conception d'une humanité nouvelle mais qui, curieusement, semble rappeler un passé fort lointain, même pour nous, pauvres lecteur.e.s du XXIe siècle.
Nous savons déjà que le Japon est une terre de contraste, ceci est encore accentué dans un futur pas si lointain, au point que le Code de Kyoto se situe à la frontière entre la
Science-Fiction et l'Anticipation : Il se lit comme un roman d'Anticipation, avec "juste un poil" de SciFi pour parler des voyages spaciaux.
Pour ce qui est du fond, savoir que les erreurs et abus du passé se reproduisent encore et toujours "ailleurs" par l'humain est un fait qu'il est bon de retrouver de temps en temps, au milieu de toutes ces "soupes" où l'Homme est décrit comme l'être le plus merveilleux, capable de tout ce qu'il y a de plus beau, etc, etc. Dans ce roman-ci, les choses sont posées !
Pour dire quelque chose d'un peu sibyllin, j'évoquerai également l'un des messages de l'oeuvre : Les humains sont également capables d'imaginer de belles choses, mais ce n'est qu'au moment où il en perd le contrôle que ces-dernières se révèlent, toutes les "belles choses" ne sont finalement que des accidents, il faut qu'elles se désolidarisent de leurs créateurs pour se trouver magnifiées, agir positivement... Un message auquel j'adhère à 200% et qui me rappelle une certaine nouvelle, écrite par un autre auteur :-) !
J'espère que
Claude Dreschel ne s'arrêtera pas à ce roman car il a beaucoup de choses à dire, en plus d'être doté d'une très belle plume. Chapeau bas !