Qu'il y ait un lien entre usage de pesticides et développement de maladies est indéniable. Que les entreprises agroalimentaires et chimiques pensent à leurs profits avant de penser à la santé des populations n'est pas nouveau. Donc rien de neuf à apprendre sur ce point.
Ce que je reproche à ce livre (et au journalisme en général), c'est son absence complète de démarche scientifique et de recul. Bref, du journalisme de pacotille. le discours déborde de superlatifs négatifs en ce qui concerne les entreprises et de superlatifs positifs en ce qui concerne les militants. On est abreuvé d'affirmations, mais sans avoir les données: on doit croire (et là cela révèle de la foi) des militants qui ont vu les données, qui les résument à des journalistes sans aucune formation scientifique et qui nous les résument à nous pauvre public crétin (les donnée sont donc passer par trois interprétations subjectives).
Il n'y a aucun fondement scientifique sérieux: il y a plus de cas d'autisme depuis ces dernières années dans une région où des pesticides sont étendues donc l'usage des pesticides entraine le développement de l'autisme... C'est ce qu'on appelle un sophisme !!! Les techniques de détection de l'autisme ont en parallèle été modifiées: on le détecte mieux. Cela revient à dire qu'il y a plus de cancers actuellement qu'il y a vingt ans. c'est complètement faux. On le détecte mieux, c'est tout. Il y en aurait même moins si on extrapole les effets des politiques de santé. Pour appuyer le lien entre pesticides et autisme, les "journalistes" s'appuient sur les résidus trouvés dans les cheveux de 17 enfants. 17 enfants ? Ce n'est pas du tout représentatif, l'échantillon est trop réduit. Où ont été effectués ces prélèvements ? Dans la même région ? Sur tout le territoire ? Comment ont été choisis les enfants ? Au hasard ? Selon des caractères précis ? Des échantillons ont-il été enlevés de l'étude ? Bref de nombreuses questions que tout scientifique digne de ce nom poserait.
Dernière idée du peu de valeur de la démarche de cette enquête. Les "journalistes" essayent de démontrer le lien entre usage de molécules chimiques et malformations en se rendant à Hawai. Scientifiquement, la démarche est complètement biaisée. Les populations hawaiennes ont une génétique non représentative des populations mondiales. En effet, il y a peu d'échange d'allèles avec les autres populations car elles se reproduisent entre elles étant données qu'elles sont isolées. Ce qui veut dire que les effets délétères ou de susceptibilité à une maladie de leurs gènes sont démultipliés (à l'image des effets de la consanguinité). Il suffit de rajouter un facteur environnemental (l'usage de pesticides par exemple) pour que des maladies/malformations se déclenchent. Mais il eest impossible d'utiliser ces données puisque le fond génétique de la population n'est pas du tout représentatif.
Bref, du grand n'importe quoi au niveau de la démarche scientifique, à l'image de toutes les enquêtes et tous les articles réalisés par les journalistes depuis quelques années. Ce n'est pas parce qu'on est journaliste qu'on peut s'improviser scientifique. le journalisme scientifique est un vrai métier !
PS: je démonte la démarche, pas le propos; je ne doute absolument pas des effets nocifs des produits phytosanitaires sur la santé, justement parce que ce sont des perturbateurs hormonaux !
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Livre très intéressant et en avance sur son temps, notamment sur la question du chlorpyrifos, qui fait désormais la une... Bravo aux auteurs de nous alerter sur toutes les molécules chimiques qui nous entourent !
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