La Fin des hommes, tome 2 : La Chute des Corps

Faisant suite aux Grandes familles La chute des Corps est une fresque époustouflante et cynique de la vie de ces grandes familles fortunées et imbues de leur statut dans le monde des années 20. le krach de 1929 sera pour elles le début de la descente aux enfers..
Une fois encore la plume de Maurice Druon m'a happée. Des cabinets ministériels au monde de la finance, de l'univers des hobereaux de Province n'aimant que la chasse à cour et le goût du sang qu'elle leur laisse en bouche, rien ni personne ne trouve grâce aux yeux de Druon ..
A lire et à relire

Maurice Druon ?
C'est qui lui ?
Un écrivain français, résistant de la première heure, ancien ministre (oui, bon ), neveu du grand Joseph Kessel, auteur des "Rois maudits".
Et

Lisez-moi ça, vous reconnaissez ?

Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?
Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaîne ?
Ohé, partisans, ouvriers et paysans, c'est l'alarme.
Ce soir l'ennemi connaîtra le prix du sang et les larmes.

Montez de la mine, descendez des collines, camarades !
Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades.
Ohé, les tueurs à la balle et au couteau, tuez vite !
Ohé, saboteur, attention à ton fardeau : dynamite...

C'est nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frères.
La haine à nos trousses et la faim qui nous pousse, la misère.
Il y a des pays où les gens au creux des lits font des rêves.
Ici, nous, vois-tu, nous on marche et nous on tue, nous on crève...

Ici chacun sait ce qu'il veut, ce qu'il fait quand il passe.
Ami, si tu tombes un ami sort de l'ombre à ta place.
Demain du sang noir séchera au grand soleil sur les routes.
Chantez, compagnons, dans la nuit la Liberté nous écoute...

Ami, entends-tu ces cris sourds du pays qu'on enchaîne ?
Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?

Mais oui c'est bien "Le chant des partisans", écrit avec Kessel, selon une légende, en quelques minutes sur un coin de table de café, au nez et à la barbe de l'occupant Allemand.
La chute des corps, deuxième volet "des grandes familles" me semble être l'exact opposé de ce texte qui sublime les valeurs les plus hautes de l'homme engagé.
La chute des corps nous raconte avec élégance, détachement et un brin de cruauté, la chute du corps constitutionnel, institutionnel( voir les ministères qui s'écroulent tout les 15 jours dans les années 1920), du corps vieillissant de la femme fatale, du corps déplaisant de l'homme veule et insignifiant, du corps qui lâche enfin prise face à la mort inéluctable, du corps des fortunes familiales qui se fissurent et finalement chutent, du corps de la femme assassinée.
La lecture de ce roman terminé en 1949 est d'une actualité sidérante !
Rien ne change, les hommes politiques sont retors, menteurs et jouant pour eux seuls, ils trompent leurs électeurs, leurs femmes et leurs amis, les banquiers....ne sont pas prêteurs et les petites gens sont résignés a rester à leur place.
Le chant des partisans m'a requinqué, mais je me demande bien qui pourrait encore l'écrire, là maintenant !

Ce roman, dédié par l'auteur à Roland Dorgelès, débute par un rappel des morts du tome I, "la fin des hommes" et le ton est donné pour cette suite "des grandes familles".
Maurice Druon poursuit cette histoire d'une famille de la grande bourgeoisie industrielle du milieu du vingtième siècle avec la même force et le même cynisme que dans le premier tome.
Le récit en est toujours aussi passionnant, issu d'une écriture belle et puissante.

Druon, un romancier comme notre siècle n'en fait plus ! Adolescent, j'avais dévoré les Rois Maudits. Bien des années après, je suis charmé par la Fin des Hommes. J'ai beaucoup aimé ce tome où parfois une phrase en dit plus long que des pages chez d'autres. Par exemple, le décès de la mère d'un personnage est annoncé au détour d'une phrase. L'intrigue est rythmée : je lirai la suite et fin sans hésiter.

Après Les grandes familles et le monde de la finance, c'est le tour du monde politique dans La chute des corps. Maurice Druon sait emmener ses lecteurs dans les arcanes de la vie politique des années 1920 avec des aventures amoureuses sur fond de velours rouge. On voit voit tomber des têtes et d'autres prendre leur place pour chuter plus tard. Lecture agréable et facile de la plume alerte de Maurice Druon.

Ca n'a toujours pas le même surpuissant intérêt qu'ont eu pour moi les Rois Maudits, mais ce tome 2 des Grandes familles est réussi. Je me suis facilement remis dans le fil de l'histoire et les personnages prennent un peu d'épaisseur au passage des pages. (Encore heureux, me direz-vous, surtout que le livre approche des 400 pages.) Je retrouverai avec plaisir et envie le tome 3.

Tableau de gens aisés pour lesquels toutes les fantaisies sont possibles, en passant par celles de l'industriel ou par celles du directeur de théâtre. A côté d'eux gravitent un tas de personnages qui tente d'arriver à leur hauteur : le politicien, le médecin ou la comédienne. Les deux mondes se côtoient et on voit comment ils sont perçus dans la société. Ce qui est intéressant, c'est qu'on a aussi la pensée intérieure et réelle de chacun, on découvre ce qu'il se cache derrière l'apparence.
Par contre, n'y comprenant rien ni aux finances, ni à la chasse, certains paragraphes ont été un peu longs à mon goût.

Second tome de la saga, l'histoire et le style sont toujours aussi plaisants.
On perd certains personnages, on en suit d'autres, on en découvre de nouveaux. le monde du spectacle est abordé, les usages de la chasse à courre sont racontés (ce qui m'a amené à rechercher plusieurs mots relatifs à ce thème!), sur fond d'intrigues politiques, de retournements et de trahisons.
Un régal!

Tout comme le tome 1 "Les grandes familles", j'ai apprécié cette suite " La chute des corps". On se retrouve à la fin des années 1920, période de crise. Cela donne un bon aperçu de la haute société de l'époque avec ses intrigues, le pouvoir, l'argent, etc. Certes cela se passait il y a presque un siècle mais les hommes sont restés les mêmes et on s'y retrouve bien, il suffirait juste de changer les noms des protagonistes !

Le roman la Chute des Corps de Maurice Druon est la suite du prix Goncourt 1948, Les grands Familles. Mêmes protagonistes, même haine filtrée dans les milieux bourgeois d'entre-deux-guerres. En le lisant, on pense aux récits du siècle précédents, ceux De Balzac, Zola, Maupassant...

A sa sortie, quelques années avant le Nouveau Roman, il a pu paraitre daté. Avec soixante-dix ans de recul littéraires on peut dire que c'est un grand roman de facture classique avec une histoire des protagonistes bien plantée.

Ça fait du bien de lire une histoire crédible et un texte bien écrit, ça nous change un peu des onze autofictions incestueuses de Christine Angot.