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3,6

sur 223 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quelle histoire folle, terrible, technique, scientifique, dure et réjouissante aussi !

Pierre Ducrozet m'avait déjà étonné avec Eroica, roman consacré au peintre Jean-Michel Basquiat. Ici, avec L'invention des corps - merci à Simon au passage – l'écrivain français qui vit à Barcelone, fait encore plus fort.
S'il décompose son roman en quatre mouvements, c'est d'abord et surtout l'histoire d'Álvaro qui m'a passionné. C'est pourquoi, j'ai été frustré un bon moment quand le jeune Mexicain, professeur d'informatique a été délaissé pour m'emmener dans les méandres d'internet, sur les pas des pionniers du net libre, luttant par tous les moyens contre ces géants qui confisquent tout pour leur seul profit : Google, Facebook, Netflix, Apple, Amazon, Uber…
Terrible, cette histoire l'est d'entrée avec ces étudiants d'Ayotzinapa, de l'état du Guerrero, à six heures au sud de Mexico. Chaque année, ils se regroupent, réquisitionnent des bus pour se rendre à la capitale, le 2 octobre, afin de rendre hommage à leurs camarades fusillés en 1968 par l'armée républicaine. Hélas, le 26 septembre 2014, les bus sont attaqués par la police et des bandes armées. C'est hyper violent. Les étudiants ont beau affirmer leurs intentions pacifiques, le but est clair : il faut les éliminer.
Álvaro échappe de peu au massacre et sa fuite est terrible, sa marche épuisante car il est blessé et profondément traumatisé. Sans se retourner, il n'a qu'une idée, fuir le plus loin possible de ce cauchemar. Il marche vers le nord, vers les États-Unis.
L'auteur m'a fait vivre tous les affres des personnes qui tentent de franchir la frontière, d'échapper à la police, aux douaniers, à la rapacité des passeurs et à la menace des propriétaires terriens, côté USA, qui chassent, au sens propre, les migrants.
Los Angeles puis San Francisco et voilà Álvaro qui rencontre la folie d'un homme, Parker Hayes, qui a bâti une fortune colossale grâce à internet et n'a qu'une obsession, créer un homme nouveau, éternel, en commençant par lui-même puisqu'il se sent si important…
Par des chemins assez compliqués qui m'ont dérouté un temps, Pierre Ducrozet remonte le cours de plusieurs vies pour des personnages qui auront ensuite un rôle important. Il détaille très bien toute l'histoire de ce qui fait maintenant notre quotidien, le web, la toile, sans jamais occulter les menaces, les dérives que nous devons absolument connaître.
Enfin, il y a Adèle, cette chercheuse en biologie moléculaire et cellulaire de Strasbourg qui aboutit à San Francisco et rencontre Álvaro. C'est là que le roman prend toute son ampleur, redevient palpitant sans que Pierre Ducrozet oublie les pionniers des logiciels libres, ces informaticiens géniaux qui réussissent à mettre à jour toutes les bassesses des puissants et retrouvent persécutés, emprisonnés.
L'invention des corps est un roman plein d'enseignements qui détaille un monde fascinant et dénonce toute l'absurdité de ceux qui tentent, ne sachant pas quoi faire de leur fortune, d'accéder à l'immortalité en utilisant, pour leurs essais, ceux qui sont dans la plus grande misère.

C'est un sujet important à connaître à l'heure où une pandémie mobilise quantité de chercheurs et des appétits féroces soucieux, avant tout, de bénéficier en premier des éventuelles découvertes.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Comment peut-on en 304 pages aborder autant de thèmes (de la Shoah à Hiroshima, en passant par le massacre d'Iguala au Mexique, et l'intérêt des cellules souches, l'arrivée d'internet et des réseaux sociaux dans notre monde moderne, de l'histoire, des réflexions sociologiques, et et tout ça sur une base de polar scientifique, au coeur du transhumanisme?

Pourtant j'ai cru devoir renoncer après les premières pages. Cette historie de prof d'informatique traqué et de massacre d'étudiants ne correspondait pas du tout à ce que j'espérais y trouver. le test des 80 pages a vaincu mes réticences , et même avant les 80 pages. Car rapidement on est entrainé dans une intrigue foisonnante, qui permet à l'auteur de très adroitement développer des chapitres d'histoire récente de notre civilisation et de les replacer dans un contexte temporel qui démontre bien la vertigineuse accélération des savoir-faire technologiques, pour le meilleur et pour le pire.

Deux camps, deux visions du monde, les nouveaux Robin des bois bousillent les réseaux informatiques des riches en quête d'immortalité, pour un thriller déjanté et hyperpointu, avec en trame de fond le thème du corps humain, de ses limites, celles même que l'on essaie de repousser en s'appuyant sur les avancées scientifiques , pour le meilleur e pour le pire.

A noter également une solide documentation tant dans le domaine de l'informatique que de la biologie.



Récompensé par le prix de Flore en 2017, et sélectionné pour le prix du roman d'écologie, ce roman est une vraie réussite tant sur la forme que sur le fond.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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La richesse des sujets abordés et la densité de son écriture sont telles que je ne sais par où commencer ma note sur ce roman ... Alors je résume : Alvaro Beltran est un jeune professeur mexicain de programmation informatique, en 2014, il échappe, traumatisé, au massacre de 43 étudiants par la police mexicaine. Il s'enfuit en Californie, où il rencontre Parker Hayes, un milliardaire de la Silicon-Valley qui lui propose de devenir le cobaye d'une expérience transhumaniste. Là, il retrouve aussi Adèle Cara, une biologiste recrutée par Hayes pour ses compétences en manipulations génétiques ... Cette fiction est le prétexte à une mise en abîme sur la naissance et l'Histoire d'Internet, et des questions qui découlent de cette modernité ; Transhumanisme et Utopie libertaire, ces deux termes étant contradictoires et antagonistes. On y croise donc des personnages en opposition, certains inventés et d'autres à l'identité avérée (voir Wikipédia, je sais ! On n'y échappe pas).
L'écriture est dense, sans fioriture, tous les mots ont un sens, pourtant la poésie émerge parfois ; une poésie biologique, organique (on est pourtant loin de Baudelaire). Quelques maladresses, comme des larsens. Les chapitres sont alternativement de factures littéraire classique, des flash-back datés ou comme des clins d'oeil au Web ; des sortes d'hypertextes rappelant l'Histoire de la « Toile » ou les fantasmes de l'immortalité. Il y a, certes, plus de questions que de réponses (personnellement je préfère ça), et l'ironie n'est jamais loin. C'est à la fois un roman actuel (je n'aime pas le mot Moderne), un road-trip, un roman d'amour, une réflexion sur notre société hyper connectée et sur un Humanisme qui reste éternellement à construire.
J'ai beaucoup aimé ce bouquin, et je pense (ou j'espère) que je l'aurais longtemps en mémoire, donc 5*. Allez salut.
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Waouh waouh waouh ! Quelle belle découverte !
Le roman débute par un fait divers terrifiant : le massacre de quarante-trois étudiants à Iguala au Mexique. Un survivant de cette tuerie, Alvaro Beltran, tout jeune professeur d'informatique surdoué. Il fuit, prend la tangente, prend le risque d'être considéré comme un traître, ne prend pas part à la révolte qui s'en suit, et parvient, non sans mal, à rejoindre L.A. Intérieurement, les images de la tuerie bouillonnent en lui, le hantent. La rage. Une rage qu'il apprendra à dompter; la vengeance, au bout du chemin.
" Il a failli crever, c'est sûr, mais le ver, le ver il l'avait toujours connu, son goût âcre et sucré baignait sa bouche depuis l'enfance, il n'en veut plus, il ne veut plus rien. Bientôt il fera à nouveau ce qu'il sait faire, se couler dans les tubes, bâtir des systèmes, bientôt il sera loin. Pour l'instant, il s'applique à troquer la rage contre l'oubli. "
Sa rencontre avec Parker Hayes, milliardaire de la Silicon Valley, qui "croit en un homme augmenté, amélioré, qui parviendrait à s'élever au-dessus de sa condition actuelle, bien piteuse au regard de ses possibilités" marquera un tournant assez radical dans sa vie ; son corps jeune, musclé et vaillant servira aux recherches sur l'immortalité.
Une bouleversante épopée qui suscite réflexions et questionnements sur le XXIeme siècle, siècle du Net, dirigé par des savants fous milliardaires prêts à tout pour rendre leur pensée immortelle.
Une construction atypique, faite de flash-backs, de croisements, de liens, d'assemblages, une structure en réseau sans noeud central, comme un clin d'oeil à la toile.
Un grand plaisir de lecture, Pierre Ducrozet nous tient en haleine, et même si ce récit n'est pas structuré autour d'une intrigue centrale, l'auteur réussit à nous embarquer dans un thriller quasi haletant et brasse un grand nombre de sujets (transhumanisme, utopie libertaire, cellules souches, Holocauste, impact des réseaux sociaux sur notre quotidien, hyper-connexion...), qui densifient ce récit et le rendent époustouflant in fine.
Attention, démarrage un peu long...
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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L'invention des corps de Pierre Ducrozet est un cadeau du ciel, à la fois narration et action ce roman est une révélation et comment en tant qu'homme ne pas s'indentifier a Alvaro. Un texte dans la mouvance des auteurs alternatif, des textes slamé et poétique, une histoire d'espoir d'amour et de science. Notre époque verra t'il l'arrivé de l'homme nouveau tant décrit par Nietzsche, je ne souhaite pas qu'un si beau texte soit traduit sur une pellicule de cinéma, ce bouquin est un trésor à lire et à relire.
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Ce roman est une mine d'informations sur le monde des hackeurs sur celui des transhumanistes aux moyens colossaux en passant par la biologie qui nous fait plonger dans l'infiniment petit. Petits (et perdus) que nous sommes dans l'univers. Maladroits aussi dans la nature qui nous est devenue quasi étrangère et qui pourtant nous accueille en son sein depuis le premier homme.

Réflexion Babeliote : il y a une trentaine d'années, le thème suivant avait été imposé au BAC philo: "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme" expliquez.
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"L'invention des corps" est un grand roman. de ceux que l'on ne rencontre que rarement dans notre vie de lecteur. S'il ressemble par moment à l'énergie de vivre de Kerouac, Pierre Ducrozet nous offre bien un bijou unique. Une fois le rythme enclenché, le lecteur ne pourra plus décrocher et dévorera toutes les pages, jusqu'à la fin ! Et le pire, c'est que l'on en redemande encore, devenu « accro » à ce page-turner comme d'une drogue !

Car oui, c'est exactement l'effet que produit ce roman, stylistiquement et philosophiquement ! Il est addictif, principalement en raison des réflexions et des prises de conscience qu'il nous propose. de ce point de vue-là, Pierre Ducrozet relève du génie ! Car au-delà de mettre en lumière les aspects les plus sombres d'Internet, - avec minutie et méthode - il nous parle aussi et surtout de la mort ; sujet sensible qui touchera tous les types de lecteurs. Des larmes sincères risquent d'ailleurs de monter aux yeux des plus sensibles.

Et tandis que nous savourons cet ouvrage singulier, décadent et foncièrement intelligent, c'est une véritable remise en question et une analyse de la condition humaine qui nous est proposée. Un roman qui marque à vie et qui fait tellement de bien ! Merci pour ce grand moment de littérature !
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Alvaro, Mexicain, est un programmeur, entendez par-là un codeur informatique. C'est un hacker reconnu dans le milieu. Enseignant, il se rend avec ses étudiants sur la place des Trois-Cultures de Mexico pour rendre hommage à ceux qui, en octobre 1968, ont été fusillés par l'armée républicaine. Nous sommes le 26 novembre 2014, les événements d'Iguala font 43 victimes enlevées et assassinées par la police. Alvaro est un rescapé, il fuit son pays et passe la frontière américaine. Adèle, elle, travaille depuis quelques années dans un laboratoire de biologie moléculaire et cellulaire de Strasbourg. Elle est de passage à Mexico pour une conférence. Parker Hayes, un transhumaniste de la Silicon Valley convoite les services de la chercheuse. Lui a créé le Cube à San Francisco. Il a fait fortune en investissant dans Facebook, il a gagné 800 fois sa mise, une manne financière qui lui permet d'expérimenter de nouvelles idées. Ce qu'il redoute le plus au monde, c'est de mourir. Il a décidé de s'entourer des plus brillants cerveaux pour travailler sur les cellules souches, celles qui ont cette capacité à régénérer indéfiniment le corps humain pour lui offrir l'immortalité.
Ce roman est d'une fulgurance incroyable. Vous l'aurez compris, pour chacun, le temps est compté.

Alvaro vient de vivre une tragédie, son corps meurtri en gardera l'empreinte toute son existence. Il fuit l'indicible, la peur immense, l'effroi terrible. Pour oublier, il marche, longtemps, longtemps, à en crever. Pourtant, c'est bien sa vie qu'il veut sauver. J'ai été profondément troublée par l'état de dé-pression du corps après d'épouvantables événements, la prise de conscience de sa survivance et le retour progressif des sensations. Les témoignages de survivants d'attentats que j'avais pu entendre dans les médias trouvent dans ce roman leur parfaite transcription. Sous la plume de Pierre DUCROZET, nous sommes dans une approche organique, le corps est composé de chair et d'os, mais il ne saurait en rester là !

Quand, à la place d'un emploi d'informaticien, Parker Hayes lui propose de livrer tout ce qui lui reste à des expérimentations, de servir de cobaye tout simplement, il accepte. Alvaro livre son corps à la science. Autant je me souvenais que cette matière était ma bête noire à l'école, autant j'ai pris plaisir à me fondre dans l'univers de la recherche décrit par l'auteur. Enorme prouesse, je puis vous l'assurer. L'écrivain a le talent fou de rendre accessibles des données scientifiques d'une grande complexité, il nous rend intelligent(e)s. Rien que pour ça, je l'admire.

Mais la science ne serait rien sans les technologies. Et là, Pierre DUCROZET va remonter le fil de l'histoire, il va nous ramener à la genèse même des réseaux informatiques.
En 1969 avec l'Arpanet, un réseau militaire américain, les premières graines de l'internet sont semées. Depuis, quatre décennies ont fait leur travail, entre philosophie du projet et développements, chacun pourra évaluer les réalisations et mesurer les écarts. Entre émancipation et asservissement, mon coeur balance.

Nous sommes aujourd'hui au XXIème siècle, science et informatique permettent de repousser les limites pour le meilleur et pour le pire. Alors, pourquoi pas au profit de l'immortalité ? Pierre DUCROZET nous livre un roman d'anticipation en explorant les voies du transhumanisme, ce mouvement culturel et intellectuel qui croît en la régénérescence à l'infini du corps humain.

La boucle aurait pu ainsi être bouclée mais c'est sans compter le talent de l'auteur. Il va réaliser un tour de force qui va subitement rebattre les cartes, mais là, je ne vous en dirai pas plus !

Ce roman aurait pu être ennuyeux tant il est dense, il est au contraire passionnant et porté par une écriture d'exception, une véritable révélation.

Bravo à Pierre DUCROZET ! C'est une lecture coup de poing, de celles que l'on n'oublie pas. Pas étonnant que le jury Flore lui ait décerné ce prix.
Lien : http://tlivrestarts.over-blo..
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L'épopée d'Alvaro m'a happée dès les premières pages, un livre que je n'ai pas lâché.
Alvaro, jeune mexicain toujours en décalage avec les autres, avec son corps, découvre par hasard l'informatique ; il va alors explorer, exploiter, maîtriser car il est très doué à tel point qu'il est repéré et recruté par des hackers pour truquer une élection (bizarre, un contexte qui me parle….). Son parcours va l'amener à donner des cours d'informatique à des jeunes en difficulté et c'est là qu'il se retrouve au coeur des évènements d'Iguala où 43 étudiants vont disparaître tragiquement. Rescapé, Alvaro se réfugie à Los Angeles. Il est approché puis recruté par Parker Hayes, un magnat de la Silicone Valley qui a fait fortune en mettant en place le paiement en ligne Casflow. Alvaro découvre très vite qu'il n'est pas recruté pour ses compétences informatiques mais pour servir de cobaye à des tests et essais sur les cellules souches. C'est là qu'il croise Adèle, jeune biologiste française, engagée aussi par Parker, en charge des essais cliniques sur Alvaro. Adèle est vite fascinée par Alvaro, son corps tendu et hermétique, sa peau, ses blessures. Adèle doit prélever des cellules souches sur Alvaro pour un projet de thérapie régénérative. En effet, Parker a une obsession : retarder le vieillissement, la mort, faire progresser les thérapies à partir de cellules souches. C'est le personnage « savant fou » du récit, il détient la fortune et le pouvoir, tous les moyens à disposition pour lui permettre d'accéder à l'immortalité et vaincre sa hantise du corps. Parker s'inscrit dans le courant transhumaniste.
D'autres personnages vont entrer en scène dont Lin, surdoué aussi en informatique, garçon ou fille, peu importe, un corps sans véritable identité doté d'un cerveau hors normes qu'il (elle) rêve de connecter. Et puis Werner, gourou d'internet, visionnaire qui ne partage plus du tout la même vision que Parker, Werner a profité et usé son corps, il est parfaitement lucide et fasciné par les jeunes surdoués qu'il croise.
Un livre dense, une lecture très documentée. J'ai beaucoup appris sur les rêves et les principes fondateurs à l'origine de Google, Facebook ; il est aussi question des rêves d'immortalité qui ont jalonné l'histoire des hommes. Une foule d'informations qui m'a amenée à rechercher, à me questionner, belle prouesse littéraire, le propos est très ambitieux.
J'avoue avoir été un peu perdue parfois étant totalement hermétique au langage informatique, n'étant pas non plus scientifique de formation, et avoir trouvé quelques longueurs ; pour autant j'ai surmonté, creusé, pioché, me suis laissée emportée, inquiète du sort à venir d'Alvaro et Adèle, frissonnant pour leur survie lorsqu'ils s'opposent à Parker.
Quant à l'écriture, elle est précise, toujours en mouvement. le style épouse parfaitement l'action ; ainsi lorsque Alvaro est pris dans la fusillade d'Iguala ou lorsqu'il passe la frontière, le style devient haché, les phrases sont courtes, écrites dans l'urgence et les nerfs du lecteur sont mis à rude épreuve. Lorsque la tension s'apaise le style redevient fluide, les phrases s'étirent. de très belles pages.
Le lecteur curieux trouvera matière à chercher, s'informer, le lecteur fiévreux prendra conscience des limites du web et s'interrogera, tous les lecteurs seront séduits par le récit, la tension puis le rapprochement des corps d'Alvaro et Adèle.
Le final est saisissant, jusqu'aux dernières pages la tension est vive. Un grand moment de lecture !

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L'invention des corps de Pierre Ducrozet est un livre salutaire. Il permet de ben saisir les tenants et les aboutissants d'une époque dans laquelle l'humanité est en effet en train de se poser la question réinventer le corps.

Mêlant les mondes de l'informatique et des biotechnologies ce livre se veut éclairant sur ce qui se trame dans la Silicon Valley. Comment les grands gagnants de l'économie numérique sont en train d'imaginer une réinvention de l'humanité sur des îles loin du contrôle des états. Comment les GAFA sont en train de faire d'un espace conçu comme le lieu d'une liberté absolue un moyen de contrôle au service d'un néo-fascisme mondialisé. Et surtout comment s'organise la résistance à cette nouvelle oppression.

Le transhumanisme n'en est qu'à ses balbutiement, heureusement ! Car il pose tout une série de problème éthiques et techniques. Comment garantir l'homéostasie d'un corps avec des organes de synthèse ? Peut-on charger une conscience dans une infrastructure numérique ?

Le livre aborde toutes ces questions et bien plus encore. L'écriture de Pierre Ducrozet est très agréables, très riche en références, avec des passages décousus qui foisonnent et s'interrompent pour reprendre ensuite comme des intermittences numériques.

Il y est aussi question du corps bien sûr à de nombreuses reprises, de la douleur, de l'identité sexuelle, du sexisme.

Un prix de Flore amplement mérité, un livre d'une grande qualité, édifiant, éclairant et qui contient aussi une vraie intrigue haletante qui en fait un pur page-turner.
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