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EAN : 9782358151467
248 pages
Editions Glyphe (08/12/2014)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Ce que l’on trouve au détour d’une maladie grave comme le cancer, outre l’angoisse et ses corollaires, c’est quelque chose d’infiniment spirituel, au sens où le cancer pose ou repose la question de l’identité. La maladie demande à en faire travail comme une parturiente, et ce travail présente, dans sa phénoménologie, beaucoup de points communs avec l’initiation spirituelle. Elle demande de s’extraire du monde tout en étant toujours dans le monde ; elle indique la vo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le cancer pourrait être une terre d'initiation -pas l'initiation en elle-même mais la crise qui provoque la nuit de l'âme. Faudrait encore qu'on en laisse la possibilité au malade, à l'hôpital et quand il rentre chez lui. de plus se laisser berner.


« Bien sûr, idéalement, nous pourrions nous passer de maladie pour cela et entreprendre le même chemin. Et pourtant, nous les humains, nous sommes si peu simples… qu'il semble que nous ayons besoin d'une « catastrophe » pour commencer à se penser « être en pensée » ; tout en étant assurés que faire le chemin n'éloignera pas la maladie pour autant. »


Je vais encore parler de Jung qui désigne par « individuation » cette mise en pensée. On ne peut pas lui trouver de terme final car l'individuation est un chemin en spirale. On passe toujours par les mêmes étapes mais à chaque fois, le niveau de conscience est plus élevé, on réduit le différentiel Soi-moi. Chaque étape est marquée par cette plongée dans les ténèbres dont on doit se relever seul –même si on peut être guidé pour trouver les forces et sortir d'un mode de fonctionnement binaire. le guide pourrait déconcerter. S'il est sage, c'est d'une sagesse qui est celle du Qohéleth, et qui renvoie au Qohéleth intérieur de chacun.


« Toutes les paroles sont usées : personne ne peut plus rien proférer ; l'oeil n'est pas comblé de voir, ni l'oreille remplie de ce qu'elle entend. Ce qui a été, cela sera et ce qui a été fait, cela sera fait. Il n'y a rien de neuf sous le soleil ! » (Qo. I, 8-9)


« Car dans l'abondance de sagesse, il y a l'abondance de souci, et celui qui ajoute au savoir, ajoute à la peine. » (Qo. I, 16-18)


« Il n'y a de bonheur pour l'homme que de manger et de boire, et de lui faire expérimenter le bonheur dans son labeur. Cela aussi je l'ai expérimenté, comme venant de la main de Dieu, car qui peut manger et se réjouir en dehors de moi ? » (Qo. 2, 24b-25)


Eric Dudoit nous dit que la vérité est un lieu, et c'est le désert. Ici, le cancer envoie les malades dans le désert pour l'expérience de déréliction. Les liens sont coupés. Contre tout illusion prométhéenne (culpabilisante, on le dit pas souvent), Eric rappelle qu'il n'y a pas de victoire à conquérir sur le cancer : « si toutefois il y a un combat, c'est un combat envers nous-même et comme tout combat envers nous-même, il commence par le travail sur la haine et l'amour que nous nous portons et que nous portons au monde ».


La volonté de guérir serait un leurre et si la maladie peut être psychosomatique, nous ne sommes absolument pas assurés de l'existence d'une relation causale entre le corps et l'esprit. Si l'individuation demande de dépasser le mode de fonctionnement binaire de l'appareil psychique, il faut le chasser aussi dans notre appréhension de la maladie. Entre victoire et défaite, il existe peut-être une troisième voie au-delà des concepts et de la théorie.


« [Le vrai] guerrier n'est pas celui qui a une volonté de fer, c'est celui qui a une acuité très claire de ses forces, une lucidité évidente qui lui permet de les ménager, ou au contraire de les mettre en action à des moments clés. […] C'est ainsi qu'un patient peut « gagner » la guerre contre le cancer… en en mourant. »
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Citations et extraits (58) Voir plus Ajouter une citation
L’esprit se rapprochera du Soi jungien en ce qu’il n’est pas consécutif des avatars de la naissance et de l’histoire de l’individu. On pourrait dire qu’il est l’incréé en nous, l’étincelle du Dieu des anciens. […] Si cet acte de foi ne convient pas et que l’esprit n’existe pas, nous partirons du fait qu’il est « trouvé-créé », comme l’objet transitionnel […] de Winnicott, à la différence que c’est un objet abstrait, interne, sans contrepartie matérielle, bien que […] les hommes lui aient donné substance à bien des époques, par les symboles ou les représentations artistiques.
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L’homme a-t-il cette capacité de se créer un temple psychique dans lequel il puisse être en référence, dans lequel il puisse trouver la paix, un espace et un temps sacrés ? Je pense que oui, et il le trouve au travers de l’autre. Bien souvent, le discours de mes patients montre leur attachement à leur maison et si l’on n’y prend garde, on pourrait dire que ce sont des gens matérialistes, des gens qui s’attachent à leurs biens. Or, il n’en est rien. Tout se passe comme si à l’hôpital, la pensée, l’évocation de leur lieu de vie, était quelque chose qui aurait à voir avec un temple, un temple intérieur ; un temple intérieur qui a encore besoin d’un support matériel, mais qui se construit à l’intérieur d’eux.
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Je me moque royalement d’un homme sur un gibet, je suis simplement triste de l’accueil que l’on fait à l’amour. Car aimer, c’est l’expérience de la différence, c’est l’action, c’est une posture d’accueil. […]
J’aime [le Galiléen], plus grand que moi, non pas parce qu’il souffre comme moi ; je ne me sens pas forcément en fratrie avec les pleurs du monde. J’aime cet homme, parce qu’il rit, parce qu’il est humble, parce qu’il parle aux « putes », parce que ses amis sont tous différents. J’aime cet homme, parce qu’il ne me ment pas, il ne me fait pas croire que mon Moi est éternel, parce qu’il prend soin de mes larmes et de mes peines, sans dire qu’elles sont minimes ou terrifiantes, il en prend soin dans le réel, dans le bereshit, dans la vie. Il ne joue pas au sage, il ne joue pas avec mes émotions. Il est, c’est tout, et ça suffit bien.
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En Occident, on appuie beaucoup sur le fait d’avoir « la volonté de guérir ». Mais quelle est donc cette volonté ? Je n’ai pas vu un seul patient qui ne l’ait point, cette volonté de guérir. Et quand il n’a plus cette volonté de guérir, ou quand il ne l’avait pas, c’est que la maladie venait signer là quelque chose d’important dans son histoire personnelle et que ce n’était pas à prendre à la légère, qu’il fallait le travailler avec lui.
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[Le cancer] fonctionne comme un ordre du dedans, comme si à l’intérieur d’un tel sujet, Socrate lui-même envoyait un signal, un « Occupe-toi de ton âme » […]. On voit bien ici la dimension de l’image, la dimension scopique inhérente à l’état d’humain ; car c’est bien cette image tant poursuivie dans la vie qui va être malmenée. Comme si le patient replongeait dans cette expérience du « stade du miroir » et se demandait si le regard qu’apportait le grand Autre à ce moment-là le visait.
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Vidéo de Eric Dudoit
Le suicide ou la mort d’un proche nous confronte à cette question : « Choisir de vivre ou de mourir ?, pour comprendre les circonstances qui ont pu pousser la personne qu’on aime à se donner la mort. Mais aussi pour trouver soi-même la force de continuer à avancer après la mort de l’être aimé. Le psychologue Eric Dudoit nous accompagne dans ces questionnements avec toute sa sagesse et son humanité.
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