62 après J.C., Massam, l'impitoyable esclave-gladiateur, sillonne les quartiers plébéiens de la capitale de l'Empire. Chargé des basses oeuvres de l'impératrice Poppée, il traque inlassablement le gladiateur numide Balba, toujours résolu à venger la mort de Britannicus, ainsi que sa compagne Evix, qui osa défier César à la course de chars. Loin des odeurs nauséabondes de la Cloaca Maxima, Néron rêve de construire une Rome nouvelle. de son côté, Lucius Murena est prêt à tout pour retrouver sa bien-aimée, que l'empereur à la mégalomanie grandissante a éloignée en terres gauloises.
Ce tome constitue le deuxième des quatre volets de ce nouveau cycle, placé sous le signe de Poppée, digne remplaçante d'Agrippine par sa beauté, son ambition et sa cruauté. La lutte des pouvoirs, les trahisons, les crimes et les manipulations continuent à se multiplier autour du personnage fictif de Lucius Murena dans cette Rome antique qui traverse sa période de gloire de façon dépravée. A la tête de cette puissance: un Néron vivant dans l'illusion de la divinité et dont la psychologie vire lentement vers la folie.
A travers le quotidien souvent tragique de cette société aux portes de la décadence avec ses soirées jet-set, ses combats de gladiateurs, ses orgies, ses complots et ses drames familiaux succulents, les auteurs offrent une véritable immersion dans les moeurs de la capitale impériale. Des explications régulières et un glossaire à la fin de l'ouvrage reflètent également cette rigueur historique du scénario et contribuent à la valeur pédagogique de l'album. Cette justesse saluée fréquemment par les historiens ne nuit cependant aucunement à la qualité et au rythme des intrigues passionnantes portées par des personnages qui gagnent en ampleur et en importance au fil des tomes.
Incontestable tournant de cette saga, le Sang des bêtes baigne dans le sang et montre un héros plus aiguisé qui, imprégné de la culture bestiale de son peuple, bascule au premier plan du récit. Pourvu d'affrontements moins subtils et malmenant ses protagonistes, ce sixième chapitre va également proposer une incursion dans une Gaule enneigée et en proie à des révoltes féroces, permettant ainsi de prendre un recul dépaysant vis-à-vis d'une Rome qui perd peu à peu de sa superbe.
Philippe Delaby et
Jérémy Petiqueux parviennent à restituer l'ambiance d'époque (décors, monuments, costumes, etc.) grâce à un dessin réaliste et détaillé, sublimé par une colorisation adéquate. Disponible en version DVD Collector à tirage limité et couverture inédite, qui permet de découvrir les coulisses de la création et le portrait des auteurs en 52 minutes de reportage, cet excellent péplum saura ravir les passionnés d'histoire.
Avec un prochain tome consacré à l'incendie de Rome, cette série qui ne cesse de s'améliorer, devrait pouvoir réchauffer les nombreux lecteurs qu'elle abandonne ici de manière mouvementée dans le froid gaulois.
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