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3,6

sur 109 notes
Cela faisait un moment maintenant que je voulais découvrir Catherine Dufour, cette auteure française qui semble un peu touche à tout en littérature tant sur la forme que sur le fond cette dernière ayant écrit des nouvelles comme des romans, de la fantasy, de la SF, du fantastique de la vulgarisation historique, ainsi qu'au moins une biographie. Une diversité des genres qui m'a rendu curieux et cela d'autant plus qu'à chaque fois ou presque que je lis une chronique sur l'un de ces écrits c'est souvent un ressenti positif.

Fin bref, je me suis donc décidé à me procurer l'un de ces écrits pour me faire une idée de ce que pouvait proposer l'auteure, pour ce faire ne lisant presque jamais de nouvelle c'est vers un roman que mon choix s'est tourné, pour être tout à fait honnête je me suis contenté de choisir celui dont la couverture me plaisait le plus. Je trouve en effet la couverture d'Entends la nuit très jolie et je dois dire la trouvé assez bien pensé une fois le roman terminé.

Cela faisait longtemps que je ne m'étais plus plongé dans un roman sans en lire avant le résumé et j'ai donc été de découverte en découverte avec ce roman qui se laisse lire sans difficulté grâce à la plume agréable de l'auteur et un vocabulaire assez moderne. J'ai d'ailleurs appris quelques mots comme "stabilobosser", un verbe qui m'a fait sortir de ma lecture pour aller faire une rapide recherche sur la dégénérescence de la marque Stabilo. Mais je m'égare quelque peu là ou l'auteur nous emmène dans un récit tout en nuances dans la découverte de Paris et d'une catégorie d'êtres fantastiques issus des croyances de l'antiquité romaine.

Entends la nuit et je dirais une bonne lecture de saison, et d'autant plus en cette approche d'Halloween. On est parfaitement dans le thème et l'ambiance, il est difficile de parler de cette lecture sans en dire trop, c'est un livre qui pose ses bases lentement mais sûrement avec une première partie clairement fantastique avant de tomber dans de la fantasy. Je suis vraiment content de ne pas en avoir lu le résumé avant ma lecture car sinon je me serais arrêté à ce simple mot : romance, je n'aurais jamais lu ce roman.

Entends la nuit est une romance dans un cadre d'urban fantasy, une romance entre une jeune femme et un homme qui vous l'aurez compris n'en est pas vraiment un… Un homme qui n'est d'ailleurs pas n'importe qui pour cette dernière vu qu'il s'agit de son supérieur hiérarchique qui la surveille au travail via le logiciel de surveillance installé dans chaque ordinateur de l'entreprise. Un peu glauque déjà pour un début de relation, vous ne trouvez pas ? D'autant plus que dans ce roman et notamment toute sa première partie Catherine Dufour n'évoque pas le monde de l'entreprenariat sous son meilleur jour mettant en avant l'existence d'une misère sociale, d'une jeune femme sans emploi qui va prendre le premier poste venue pour aider sa mère qui ne parviens plus à payer ses factures même si le poste en question est payé une misère, que son bureau est plus que délabré pour ne pas dire insalubre, les salariés sous surveillances constantes et les supérieurs aussi aimables que des portes de prison et encore.

Il n'en demeure pas moins que c'est dans ce contexte que va se nouer une relation entre Myriam, cette jeune salariée et son supérieur hiérarchique. Une relation assez dérangeante et malsaine et ceux d'autant plus quand la nature fantastique de ce fameux supérieur est révélée après le premier tiers du récit. J'ai vraiment beaucoup aimé la première partie du roman, la mise en place de l'intrigue qui peu à peu glisse vers l'étrange, le fantastique, j'ai aimé très vite le ton, le style de Catherine Dufour qui parsème son histoire d'un humour assez cynique avec un personnage principal qui n'a pas sa langue dans sa poche. La mise en place de la romance est bien faite, j'ai trouvé aussi dérangeante que passionnante le développement de cette dernière. le développement de l'univers de fantasy que nous propose l'auteur est lui aussi très intéressant et j'ai vraiment aimé voire développer cet aspect ne connaissait pas de nom les créatures fantastiques que met en scène ici l'auteure. Je ne désigne pas celle-ci à dessin mais je dirais juste que j'ai trouvé cela vraiment original et très bien réalisé.

Entends la nuit est un roman tout en nuances qui m'a vraiment surpris ou rien n'est tout blanc ou noir et ceux jusqu'à la fin. C'est un roman où tout est assez bien dosé est travaillé que cela soit le décor de la ville de Paris mis astucieusement en valeur tout au long de l'intrigue, l'ambiance que j'ai vraiment bien aimé en cette approche d'Halloween, et l'intrigue en elle-même qui se révèle intéressante et remplie de surprise tout en abordant l'air de rien une belle palette de sujet dans un style agréable et rempli d'un humour parfois corrosif que j'ai vraiment bien aimé.

Loin de ne constituer une romance d'urban fantasy mièvre et mal écrite pour adolescente, Entends la nuit fut vraiment une belle lecture et rencontre la plume de Catherine Dufour que je continuerai à découvrir avec très probablement son roman Au bal des absents sorti l'année dernière.
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Je me terrai dans mes murs pour une indispensable reconstruction. Aussi depuis un temps, je soigne mes priorités : repos, calme, sérénité, d'où mon absence prolongée sur Babelio. Ma dernière chronique date du 15 octobre sur L'amie, la mort, le fils, livre intime dont j'ai beaucoup apprécié l'écriture dans sa simplicité et sa pudeur. Récit plein d'humanité couvrant la mort d'Anne Dufourmantelle. Je n'aurais jamais eu l'occasion de rédiger cette chronique qui me tient tant à coeur n'eût été la masse critique de juin. A quoi bon revenir sur ce passé alors que mon billet autant que le livre de Jean-Philippe Domecq semblent voués à la confidentialité ?


Contraste saisissant qu'offrent les masses critiques dont je remercie Babelio pour l'organisation et les éditeurs. Je me suis aventuré dans celle intitulée mauvais genre et me suis vu attribuer dans ma petite sélection Entends la nuit. Il me reste deux jours pour honorer mon contrat ; voilà pourquoi, alors qu'il eût probablement été préférable que je reste muet comme une tombe, je m'extrais de mon sommeil du juste : dans cette nuit bien des nuages cachent les étoiles. Je n'en repère pour ma part que deux, et encore en cherchant bien.

Ceci ne veut trop rien dire quant au succès potentiel de ce produit parfaitement markété entre Cinquante nuances de Grey, Ange ou Démon et Tous ensembles (ou Ensemble c'est tout, je sais pus). De ma lucarne je peux même prédire, pour peu qu'il soit passablement poussé, un carton tel ses prédécesseurs en tête de gondoles des hyper-marchés. Vous m'excuserez de ne pas les nommer, mais je ne suis pas sponsorisé. Enfin vous trouverez, à défaut en librairie ou alors en vente en ligne, ce sera alors une déception que de ne pas le voir référencé par la grande distribution.


"Est-ce que j'ai 25 ans ou 5 ?"p.330 A cette question que se pose bien tardivement la narratrice, je réponds : 13. Les plus délurées ont leurs premiers ébats diablement jeunes dans les grandes ville comme Paris. Nulle trace de cette poésie propre à l'enfance chez cette post-adolescente immature perverse narcissique jusqu'au bout des seins. Y-a-t-il seulement un hashtag #balancematruie, pour dénoncer ces Bimbos sans foi, ni loi, prêtes à se vautrer dans la luxure et le stupre, le chantage et la trahison afin de devenir reine de Sodome et Gomorrhe ? Auto-apitoiement et adulation béate du luxe accompagnent tout du long cette guimauve déballant les omniprésents fantasmes sexuels d'adolescente attardée.


Si encore un lémure, un démolisseur ou tout simplement une bonne fée, malheureusement absente dans cette capitalistique Fantasy, avait fait disparaître les chapitres 23 à 52 soit 158 pages sur les 357, le récit aurait gagné en mystère et densité. Enfin puisqu'il est aussi question d'architecture, de sauvegarde des bâtiments, vous l'aurez compris aux frivolités alambiquées du style Rococo, je préfère la pureté simple du Roman.
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Cela faisait longtemps qu'on avait pas entendu parler de Catherine Dufour au sein des littératures de l'imaginaire (la dernière sortie SF de l'auteur datait de 2009 et elle s'était depuis consacrée à d'autres écrits comme un guide pour les petites filles qui ne veulent pas finir princesses, ou encore une une vie sexuelle de Lorenzaccio). L'auteur nous revient donc cette année chez l'Atalante avec un roman de fantasy urbaine présenté par l'éditeur comme un « anti-Twilight tout en humour ». C'est à la suite d'un article réalisé pour le monde diplomatique et consacré aux deux phénomènes littéraires que sont « Twilight » et « Cinquante nuances » que Catherine Dufour a eu l'idée d'écrire sa propre romance torturée. Pari risqué, car l'équilibre est souvent difficile à trouver entre la transposition pure et simple et la parodie sans nuances. L'auteur s'en sort cela dit remarquablement bien et nous livre ici un texte qui, quoique bourré d'humour, n'en dépeint pas moins une histoire d'amour tragique, tout en abordant quantité de thèmes en lien avec la société d'aujourd'hui. [Je précise que, même si je vais prendre garde à ne pas trop en révéler sur l'intrigue, je suis néanmoins obligée de mentionner dans le dernier paragraphe deux ou trois éléments qu'on ne découvre qu'un peu tardivement dans le récit.] le roman met en scène Myriam, une jeune femme qui vient d'être embauchée sur Paris par une boîte dans laquelle elle est censée faire de la veille informatique. Là, elle se retrouve confrontée à un homme en particulier, un des grands pontes de l'entreprise, avec lequel elle ne communique que par mails et coups de fil interposés. La relation commence assez mal, pourtant, très vite, Myriam se sent irrésistiblement attirée par cet étrange jeune homme aux manières vieillottes mais impeccables, qui manifeste pour elle un intérêt appuyé. Déjà difficile en raison de leurs positionnements hiérarchiques respectifs, la situation de nos deux tourtereaux va se complexifier encore davantage lorsque notre héroïne va apprendre la véritable nature de son patron...

Le roman reprend tous les codes des romans/films du style « Twilight » ou « Cinquante nuances », notamment en ce qui concerne les personnages. On retrouve en effet un homme au statut « élevé » (parce que plus riche et plus beau que les autres) autour duquel plane une aura de mystère, et une héroïne un peu paumée qui ne s'intéresse que de loin aux choses de l'amour et qui va laisser cet homme charismatique prendre les commandes de sa vie. de ce point de vue là, Catherine Dufour reste fidèle à ses inspirations, ce qui pourra, dans un premier temps, ennuyer ou agacer une partie de son lectorat. Et puis, au fil du récit, l'auteur s'écarte de plus en plus de la trame classiquement adoptée par ce type de romance pour nous délivrer un tout autre message. L'héroïne, d'abord, se révèle rapidement bien plus dégourdie et autonome que les femmes qui l'ont précédé dans ce rôle (même si, étant donné la passivité des donzelles mises en scène par Stephenie Meyer et E. L. James, ce n'était pas franchement difficile). Certes, Myriam tombe bel et bien sous le charme de son irrésistible patron surnaturel, au point de le laisser prendre un certain nombre d'initiatives à sa place, mais elle n'en garde pas moins tout au long du récit un recul qui lui permet de prendre conscience de l'étrangeté et de la nature malsaine de cette relation dont elle tente de reprendre le contrôle. Si l'héroïne se révèle aussi attachante, c'est aussi et surtout grâce à son sens de la répartie qui lui permet de remettre régulièrement à sa place son « prince charmant » au moyen de répliques bien senties dans lesquelles elle ne s'embarrasse d'aucune politesse et ne recule devant aucun tabou. le fait que la narration soit endossée par la jeune femme pendant toute la durée du roman implique inévitablement que le pendant masculin du duo soit plus en retrait (ce qui permet d'ailleurs de renforcer le mystère qui entoure sa personne). Celui-ci remplit pour autant parfaitement son rôle de prince charmant prédateur, se montrant tour à tour vulnérable ou tyrannique, effrayant ou charmant.

L'un des principaux atouts du roman tient cela dit moins à la qualité de l'histoire d'amour dépeinte qu'aux thématiques sociétales mises en avant par l'auteur. Les circonstances dans lesquelles se rencontrent les deux personnages servent ainsi surtout de prétextes pour aborder la situation du monde de l'entreprise aujourd'hui. Catherine Dufour nous dépeint une compagnie dans laquelle tous les employés sont contrôlés et surveillés en permanence par leur hiérarchie et leurs collègues, et où la quête de rentabilité aboutît à des situations complètement absurdes (états lamentable des toilettes pour que les employés y passent le moins de temps possible, logiciel de surveillance installés sur les ordinateurs…). Et le pire dans tout cela, c'est qu'il ne s'agit même pas des délires d'un auteur de SF paranoïaque mais bien de techniques employées dans certaines entreprises aujourd'hui. L'auteur aborde également la précarité dans laquelle ces sociétés maintiennent leur personnel, composé très majoritairement de femmes (évidemment, puisqu'on peut les payer moins cher !). le roman aborde aussi de manière plus subtile un sujet qui n'est jamais traité dans ce type de romance, à savoir les différences en terme de « classes sociales » des deux amants. On a en effet constamment à faire à un homme appartenant à l'élite de la société et qui va tenter de faire entrer la pauvre petite employée/lycéenne/étudiante de base (rayez la mention inutile) dans son monde, dont elle doit bien sûr apprendre les codes. Ce fantasme de l'homme richissime tombant sous le charme d'une femme de « petite » condition n'est évidemment pas nouveau, mais l'auteur lui donne ici une réponse pour le moins inattendue qui m'a, personnellement, beaucoup plus amusée que toutes les versions proposées précédemment (qui finissent quasiment toutes par un happy-end hautement improbable). Cette profondeur, le roman de Catherine Dufour la tient, entre autre, de ses nombreuses influences, parmi lesquels on peut citer, par exemple, Balzac (dont certains vers ont été choisis pour servir de titre au roman) ou encore Shakespeare (et notamment le personnage de Richard III dont on retrouve ici certains répliques).

Parmi les autres points positifs, il convient également de mentionner la qualité du décor qui occupe une place centrale dans le récit. Loin de se limiter au rôle de paysage plaqué en simple fond, la ville de Paris est au contraire très bien utilisée par l'auteur qui nous la fait arpenter d'une manière peu commune. le café de Flore, l'académie française, les catacombes, le toit de l'Opéra Garnier, la tour Saint-Jacques… : c'est qu'on en voit, des monuments de la capitale, au cours des pérégrinations de nos deux héros. ! Des monuments que l'on connaît tous mais que l'auteur nous dévoile ici sous un tout autre jour, faufilant ses personnages dans les rares interstices urbains qui existent encore aujourd'hui. Ces ballades dans les murs de Paris sont évidemment l'occasion de rappeler à la fois quelques uns des épisodes les plus importants de l'histoire de la ville (la Révolution, le siège des Prussiens…), mais aussi des anecdotes plus croustillantes ou plus sanglantes qui participent à rendre le décor vraiment vivant aux yeux du lecteur. Tout cela n'aurait évidemment pas pu être possible si l'auteur n'avait pas fait le choix de mettre en avant une créature surnaturelle dont le sort est intimement lié aux murs et aux pierres, à savoir les lémures. Évoqués dès l'Antiquité par les Romains, les lémures sont les spectres d'hommes et de femmes ne parvenant pas à trouver le repos et hantant par conséquent la demeure dans laquelle ils ont péri. Considérés comme des esprits malfaisants, ils sont souvent assimilés à d'autres créatures horrifiques tels que les fantômes ou encore les vampires, et c'est avec eux que notre héroïne va avoir maille à partir. L'idée est originale, et le traitement qu'en propose l'auteur encore davantage, ce qui donne lieu à des scènes parfois franchement cocasses qui permettent au roman d'adopter de temps à autre un ton plus léger. Cela fournit également à l'auteur l'occasion d'aborder des thèmes eux aussi peu communs, à savoir la préservation du patrimoine ou encore les politiques d'urbanisme (qui trouvent ici une justification pour le moins… étonnante).

Pari réussi pour Catherine Dufour qui nous offre avec « Entends la nuit » un roman qui n'échappe pas à quelques écueils mais qui se révèle dans l'ensemble cohérent et surtout très rafraîchissant. Une histoire d'amour improbable dénuée de toute mièvrerie, une héroïne avec du mordant, des promenades extraordinaires dans les murs de Paris, des problématiques liées au monde de l'entreprise : autant d'ingrédients détonnant que l'auteur est parvenu à arranger de manière surprenante pour un rendu réussi. A noter que la scène finale n'exclue pas une suite, chose que l'auteur ne réfute d'ailleurs pas…
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Myriame est une jeune femme que la vie semble déjà avoir déçue. Après avoir vécu une vie de bohème à Amsterdam qui pour elle était synonyme de liberté, loin de ses problèmes et surtout de sa mère, la voilà obligée de revenir sur Paris suite à une proposition d'embauche et à un compte en banque en berne. Myriame a fait des études de communication et le poste en CDD de chargée de veille est pour elle une bonne opportunité (payée au lance pierre mais une opportunité tout de même), mais le fait qu'elle doive supporter sa mère tant qu'elle n'aura pas trouvé un appartement est à la limite du supportable pour elle. Et pourtant, la suite des évènements va amener Myriame à remettre tout en perspective car ce qui se passe à la Zuidertoren est pour le moins singulier : un vieil immeuble parisien capricieux et des hauts cadres qui ne semblent pas rattachés à des contraintes terrestres, sans parler d'un logiciel d'entreprise utilisé pour fliquer les employés, Myriame n'est pas au bout de ses surprises...Ce livre est avant tout une magnifique ode à la ville de Paris que l'on va visiter des catacombes au sommet de la Tour St Jacques, en passant par le Père-Lachaise et la bibliothèque De l'Académie Française. Une belle balade entre présent et passé dans cette ville aux milles visages que l'on apprécie de parcourir tout au long des pages d'Entends la nuit. Cette perspective qui apparait page après page entre les hommes et les immeubles est le point fort de ce livre. L'autrice mélange le devenir des humains avec celui des immeubles qu'ils construisent, qui les abritent et souvent qui les voient mourir. Cette relation fusionnelle entre la pierre et la chair est au centre de ce roman tout en nuances de gris qui nous propose de passer de l'autre coté des murs des immeubles de Paris.

Je ne peux m'empêcher de comparer le roman de Catherine Dufour avec L'héritière de Jeanne-A Debats. Non seulement les plumes des deux autrices ont des points commun et notamment un humour fin mais leur vision de l'urban fantasy se ressemble beaucoup. A l'opposé des héroïnes badass de certaines séries, on découvre des héroïnes pleines de défauts et de blessures. Des héroïnes qui nous ressemblent et qui rendent leurs récits à la fois touchant et remarquablement nuancé. J'aime beaucoup ce type de récits. Cependant, là où les personnages de l'Héritière sont particulièrement charismatiques (Navarre forever), Myriame et Duncan sont plus flous, d'une certaine manière moins mis en avant dans l'histoire face à une ville de Paris assez sublimée (là encore un énorme point commun avec Jeanne-A Debats qui m'avait scotché avec sa visite historique de Paris tout au long de sa trilogie Testament). Il en ressort parfois des temps plus creux dans le récit, où le lecteur perd un peu de vue le fil de l'histoire.

Mais Catherine Dufour rattrape toujours son lecteur et aime à l'orienter dans une direction pour finalement le diriger dans une autre. L'autrice réinvente à la fois le mythe du vampire, du métamorphe et du fantôme pour nous proposer une romance où l'on ne sait jamais qui est blanc ou noir pour au final nous noyer dans une nuance de gris. Les gentils et les méchants, on oublie. Ici vous avez juste des personnages avec leur face de lumière et leur face d'ombre. C'est à la fois agréable et frustrant car rien n'est pousser jusqu'au bout mais en même temps c'est très original. Tout en nuances je vous dit ! Et puis j'avoue que les thèmes connexes développés par l'auteur sur le monde du travail et le soutien familiale me plaisent beaucoup car ils sont abordés avec un certain cynisme et une plume parfois corrosive et ça c'est top.


Au final, Entends la nuit est un récit d'urban fantasy étonnant et inventif. Vampire, métamorphe, fantôme, goule... tout est possible et en même temps, Catherine Dufour dirige son lecteur efficacement page après page aussi bien dans les rues et les souterrains de Paris que dans les mythes contemporains, pour le mener là où il ne pensait pas aller. Les thèmes abordés sont profonds, maitrisés et ce récit tout en nuance m'a plu. Une belle découverte ;)
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Cela faisait neuf ans qu'on l'attendait : Catherine Dufour revient enfin à la littérature de l'Imaginaire après quelques détours par l'Histoire (L'Histoire de France pour ceux qui n'aiment pas ça), le théâtre (La Vie sexuelle de Lorenzaccio) et les grandes dames (Le Guide des métiers pour les petites filles qui ne veulent pas finir princesses). Point de futur post-apocalyptique arôme punk comme avec Outrage et Rébellion mais un retour vers le fantastique à l'humour grinçant et contagieux qu'elle affectionne tant.
Entends la nuit, publié cette fois aux éditions L'Atalante, explore Paris et ses vieilles pierres pour dénicher les lémures, des êtres inquiétants mais aussi étrangement sexy…

C'est le CDD de votre vie !
Tout commence avec l'arrivée de Myriame, une jeune femme au caractère bien trempé, à la Zuidertoren, une société parisienne coincée entre les immeubles grisâtres de Bercy. Joie et bonheur, Myriame accède au rêve capitaliste moderne : le CDD (et peut-être un jour le CDI, soyons fous !). En prime, un bureau qui porte le chiffre 327 avec des murs glacés façon Igloo pleureurs et un logiciel espion nommé Pretty face qui s'assure que vous travaillez comme il faut derrière votre écran. Sur Pretty face, Myriame aperçoit un homme étrangement attirant, un visage trop beau pour être vrai, un Loki peu loquace. Rapidement, elle comprends que derrière Loki se cache Sir Duncan Vane, l'un des dirigeants de la Zuidertoren. Lorsque celui-ci commence ouvertement à lui faire des avances et qu'elle tombe peu à peu dans ses filets, c'est le coup de foudre assuré…littéralement !

Le monde du travail, monstre moderne
Catherine Dufour troque les vampires de Twilight pour des aristocrates suradaptés au monde capitaliste moderne, écrasant leurs employés et les gardant bien sagement dans le pas cadencé du monde de l'entreprise. Dans Entends la nuit, c'est d'abord par la situation peu enviable de nouvelle employée dans une grande boîte lambda que Catherine nous entraîne. Bien vite, elle bascule cependant dans l'étrange et donne aux supérieurs hiérarchiques des atours surnaturels, des bêtes intrigantes et distantes que l'on ne comprend pas et qui effraient autant qu'elles attirent. Dès lors, le roman se focalise sur la romance quasi-sadomasochiste entre Duncan Vane et Myriame, un noble froidement séduisant et une femme ordinaire au caractère revêche. Petit à petit, on comprend que Duncan n'est pas humain et que Myriame vient de mettre le pied dans un nid de serpents.

Mânes and woman
Au lieu de réutiliser directement le mythe du vampire, Catherine Dufour ressuscite celui du lémure, fantôme malfaisant de la mythologie romaine, et celui des mânes, les esprits des ancêtres. Elle transforme momentanément sa romance en une (re)découverte de ces légendes oubliées et tente d'en faire l'ombre tutélaire des mythes plus modernes tels que le vampire, la goule ou le zombie, simples incarnations de ces anciennes divinités. Entends la Nuit reprend ensuite le chemin de la romance et montre le jeu de séduction dangereux qui se joue entre Myriame et Vane. Cette ennuyeuse romance pourrait égarer plus d'un lecteur…s'il n'y avait pas le truculent humour et le franc-parler d'une Catherine Dufour pleinement consciente du potentiel parodique et bouffon de la situation qui permet tout juste à ce cache-cache amoureux de ne pas virer au Twilight-bis faussement rebelle. Myriame n'est pas Bella et reste toujours lucide sur la pulsion de mort qui l'habite et lui fait côtoyer un monstre, un vrai, capable de l'absorber purement et simplement s'il le souhaite. Avec des répliques féroces et un rythme finement calibré, Catherine Dufour se tire de ce mauvais pas pour soutirer des sourires complices au lecteur.

Le sang des pierres
Mais surtout, la vraie originalité d'Entends la nuit, c'est de replacer Paris au centre du jeu. Oubliez la quête du sang, ici la pierre fait la loi. Incarnés dans les murs et les catacombes, les lémures offrent un lustre nouveau au patrimoine parisien, rappel inattendu de la puissance du temps et de ces grandes bâtisses qui nous observent vivre et mourir à travers les siècles. Normal dès lors que les lémures se comportent comme des nobles d'un autre temps, figures déplacées dans un monde moderne qui ne croit plus en eux. Modernité et patrimoine se tirent la bourre à qui mieux mieux et finalement la romance pourrait bien se trouver ailleurs que dans les draps de Myriame. Peut-être qu'Entends la nuit aime davantage Paris qu'elle n'aime ses frivolités amoureuses qui finiront inévitablement dans les flammes. Peut-être.

On frôle la catastrophe ! Catherine Dufour se met en tête d'écrire une romance fantastique avec toutes les scènes langoureuses que cela présuppose mais…non, Catherine Dufour reste Catherine Dufour avec son humour caustique qui emporte finalement le tout. Ajoutez une délectable métaphore sur le monde du travail et un amour de Paris qui flamboie à travers les créatures fantastiques hantant ces pages et vous obtenez un roman addictif et drôle à souhait.

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Catherine Dufour s'empare de la romance paranormale pour en donner sa vision. Aux thèmes classiques, elle ajoute une dimension politique et sociale qu'elle estime manquer au genre, à travers la relation entre une employée et un actionnaire. Une relation complexe, parfois violente, comme l'est ce roman, très spectaculaire, qui fait de Paris un personnage à part entière. Une langue acérée et volontiers cynique, mais pleine d'humour et de force.
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J'ai découvert ce livre grâce à la chronique du blog Just a Word et je dois dire qu'il m'intriguait énormément. J'ai donc été ravie d'être sélectionnée pour le lire lors de la dernière masse critique Babelio (merci à eux et à la maison d'édition d'ailleurs 😉 ). Je trouve la couverture assez grandiose dans son design, représentant à la fois une statue de loin, mais les plans de Paris de près. Une illustration qui correspond parfaitement au récit et qui nous plonge sous terre grâce aux rabats de la couverture.

Après une vie de bohème à Amsterdam, Myriame vient de signer un CDD à la Zuidertoren, à Paris. Ce changement radical de mode de vie lui est difficile, mais elle a besoin de stabilité financière dans son quotidien. Un boulot de bureau, pas forcément amusant, mais qui paie. L'entreprise elle-même est un peu étrange, dirigée par des patrons hautains et distants, et gouvernée par l'application Pretty Face, un système de messagerie instantanée et de vidéo-conférence en direct et en continu : tout le monde voit tout le monde tout le temps. Zuidertoren is watching you ! le bureau attribué à Myriame est un vieux cagibi humide qui sent mauvais. Quoi de plus engageant pour commencer un nouveau travail?

Heureusement, les choses vont s'améliorer pour notre protagoniste. Elle va rencontrer un de ses patrons sur Pretty Face, Duncan Vane, et rapidement sympathiser avec lui. Une étrange liaison va commencer entre eux, à distance, puisque Duncan dit être en Écosse. Les événements bizarres se succèdent autour de Myriame, mais aussi les heureuses coïncidences, comme le fait qu'on lui attribue rapidement un logement de société. Que cache cette entreprise et ses dirigeants, mais plus important encore, quels secrets Myriame dissimule-t-elle?

Je ne le dis pas du tout péjorativement, mais j'ai eu l'impression avec ce livre de lire Twilight version adulte et délurée. On a cette jeune fille qui débarque dans une nouvelle vie, très différente de celle qu'elle a connue auparavant. Elle se rapproche peu à peu du bel inconnu (riche qui plus est). Quand elle découvre la vraie nature de son compagnon et qu'il lui dit de s'éloigner de lui, elle reste quand même et se met d'ailleurs souvent en danger de mort, juste pour être avec lui. Cet amour inconditionnel au premier regard de la part de l'un comme de l'autre est tellement puissant qu'il semble pouvoir tout surmonter. La fin n'est cependant (heureusement) pas du tout du même style, je vous rassure.

J'ai beaucoup aimé la plume de l'auteure : assez directe, elle nous immerge totalement dans les actions et pensées de la protagoniste. On est dans son courant de conscience, toutes ses angoisses, ses peurs, mais aussi ses interrogations et parfois les réflexions un peu niaises ou drôles qu'elle se fait dans sa tête et qui n'auraient jamais dû en sortir sont ici couchées sur papier. Nous savons absolument tout ce qui lui vient à l'esprit et j'ai trouvé cela original et peu courant.

J'ai adoré la créature fantastique décrite dans ce récit, à la fois fascinante et effrayante. le lémure est la Ville, il est l'immeuble, il est le mur. Nous vivons en lui, mais il peut aussi se matérialiser avec une apparence humaine. Il doit cependant régulièrement se « réarranger » avec de la matière organique (animaux, humains…), ce qui enlève un peu de son glamour à cet être éternel, vampire de béton et de chair fraiche. Bien que Myriame soit une femme au caractère bien trempé, elle va de plus en plus loin avec son compagnon lémure, allant jusqu'à se promener à l'intérieur des murs de la capitale française. Une visite hors du commun des lieux phares de Paris qui a cependant ses désavantages. Un rêve qui peut basculer d'un moment à l'autre dans le pire des cauchemars et Myriame l'apprendra à ses dépens. Douceur et volupté se mêlent avec violence et trahison et donnent un tout détonnant !

Si j'ai beaucoup aimé la fin en soi, je l'ai trouvée un peu plus « brouillon » par rapport au reste du livre. J'étais même un peu perdue sur certains éléments. Tout se déroule assez vite et le fil des pensées de la protagoniste n'est plus aussi clair, mais dans une certaine mesure, cela représente bien son état d'esprit du moment, entre confusion, angoisse et détermination.

Un nouveau travail, une rencontre virtuelle et des événements étranges vont amener Myriame à revoir sa vision de Paris. Elle explore l'univers à la fois fascinant et sordide des lémures, esprits de la ville. Entre douceur, décadence et violence, le récit nous emmène à la découverte de la capitale française comme on ne l'a jamais vue. Une plume immersive qui nous conte une romance plus qu'improbable entre une humaine et un immeuble !
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Ce roman de Catherine Dufour (mon premier, qui plus est), c'est vraiment l'OVNI littéraire de ma petite année de lectrice. le résumé et le titre ne paient pas de mine, mais il ne faut pas en rester là : s'ils intriguent juste ce qu'il faut pour pousser à la lecture et qu'on se demande quand même où on débarque quand on entame le livre, c'en est pas moins un mini page-turner de chevet passionnant, émoustillant et intrigant. Les ingrédients de la réussite ? Une jeune femme paumée qui retourne vivre chez une Maman fauchée sur la capitale, un nouveau boulot de merde dans un bureau de merde, mais surtout une rencontre carrément paranormale au détour du logiciel de chat de l'entreprise : celle de Duncan Vane – brrr, rien que le nom, on a les ovaires qui frémissent ! – infiniment supérieur sur la hiérarchie, super beau gosse, mais surtout super fantomatique. Hé non, le blog ne vous cache rien : Catherine Dufour signe avec Entends la nuit une romance paranormale pour adultes – non pas qu'il y ait de la fesse à outrance, mais le ton est clairement pas celui d'un roman ado.

Alors oui, j'avoue que comme toute romance accrocheuse on tourne autour du pot pendant une petite centaine de pages, mais ça passe comme du petit lait. Nos deux loulous s'asticotent, se boudent et se rêvent ensemble pendant un petit moment. C'est du moins clairement le cas de Myriam à travers laquelle on vit le roman, mais franchement la réciprocité ne fait aucun doute malgré que monsieur Vane (brrr) souffle le chaud et le froid comme tout bon Darcy moderne (voire même, si j'ose aller jusque là, comme tout bon Edward Cullen revisité – paillettes en moins, charisme en plus).

A l'instar du vampire préféré des ados des années 2000 (dont j'ai fait partie, oui merci), Vane a carrément envie de se bouffer notre héroïne. Problématique, certes, mais infiniment moins que de galérer à prendre corps – la libido en prend un sacré coup. Et pour cause, notre bellâtre, c'est plus ou moins un fantôme. J'entre pas dans les détails pour ne pas divulgâcher, mais le peuple qui se révèle à Myriam au fil de pages et qui hante tout Paris a une grande, grande classe, et quand on est cent pour cent sang chair fraîche et sang frais, il fait un peu mal de se montrer aux réceptions mondaines de son chéri. Ça crée des problèmes, des rancoeurs (les fantômes l'ont facile en plus) et des situations qu'on a du mal à lâcher pour aller faire dodo.

Entends la nuit fait le taf, il le fait bien, mais les amateurs de romances un peu guimauves devront sans doute passer leur chemin. La noirceur ambiante est là pour nous rappeler qu'il ne fait pas forcément bon de partager son lit avec un presque-poltergeist.
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Entends La Nuit est l'un de ces romans forts de fantasy urbaine qu'il faut avoir lus au moins une fois dans sa vie. Avec sa plume caméléon, Catherine Dufour appartient à la nouvelle vague d'auteurs qui transcendent notre imaginaire d'aujourd'hui.

Récompensé par le prix Masterton 2019, Entends La Nuit est un roman que je voulais lire. Je remercie donc Emma et les éditions L'Atalante de m'avoir, à nouveau, ouvert la porte de l'univers de cette autrice.

Plutôt que de continuer de zoner à Amsterdam, Myriam, 25 ans, un master de communication en poche, est de retour à Paris. Elle vient de décrocher un poste pour faire de la veille réseaux dans une entreprise dirigée par des directeurs "so British". Sur place, elle va vite déchanter : les bureaux sont délabrés, les ordinateurs surveillés, le travail peu passionnant. Mais si ça paye les factures, de sorte qu'elle n'a pas d'autres choix que de serrer les dents. La seule petite étincelle d'intérêt, c'est son intrigant supérieur, Duncan Vane, avec qui elle échange sur le réseau. Très vite une relation virtuelle se noue entre ces deux-là. Quant à savoir comment cela va évoluer, seul l'avenir le dira. Même si l'on sait bien que mélanger vie professionnelle et vie personnelle n'est pas toujours judicieux. Une chose est toutefois certaine, dans cette histoire, c'est que le quotidien de Myriam promet de prendre une tournure intéressante dans les prochaines semaines...

Inspirée par la saga Twilight, Catherine Dufour a pris le parti d'explorer cette thématique à contre-pied. A la manière de Stephenie Meyer, elle ouvre, elle aussi, la porte du monde fantastique à une mortelle. Myriam découvre un monde dissimulé, gouverné par des êtres puissants et dangereux. Tombée au coeur d'une guerre territoriale, la jeune femme, devenue la proie de nombreuses convoitises, devra faire preuve d'une force de caractère exceptionnelle pour survivre. Il est vrai que Catherine Dufour malmène beaucoup son héroïne dans cette histoire. Son univers est tissé de violence et de cruauté. A la fois fascinée et effrayée par cette découverte, Myriam est incapable de faire taire sa curiosité et encore moins d'étouffer cette passion naissante. Alors elle suit l'étrange Duncan Vane sur cette pente dangereuse et excitante. Il lui ouvre de nouvelles perspectives.

Dépourvu de toute naïveté adolescente, le roman de Catherine Dufour apporte un regard différent sur le monde chimérique. La magie opère, l'inimaginable se produit mais il prend un goût d'étrangeté et de baroque... suite sur Fantasy à la Carte
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Un pastiche de Twilight à la sauce lutte des classes, qui met le doigt là où ça fait mal : une relation où les rapports de pouvoir sont déséquilibrés à l'extrême a de fortes chances d'être profondément malsaine. Là-dessus, c'est réussi (la lecture est d'ailleurs très malaisante), mais ça aurait pu être poussé plus loin. Connaissant Catherine Dufour, sa verve habituelle et les thèmes qui lui tiennent à coeur, le résultat est plutôt timide et sous-exploité comparé à d'autres de ses oeuvres, comme l'excellent Au bal des absents.
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