L'art de la nouvelle n'est pas donné à tous les écrivains. On peut faire court et très ennuyeux. Tel n'est pas le cas avec le recueil que nous offre
Thierry Dufrenne, Nouvelles Ardennaises – Thanatotractrices, paru aux Éditions
Ex Aequo dans la collection Atlantéïs. Huit nouvelles de style fantastique, avec cette trouvaille que l'une d'entre elle est divisée en plusieurs séquences insérées entre chacune des autres, formant de la sorte un fil d'Ariane qui soutient le rythme du livre par une multiplication des suspenses. Très fort.
Comme on s'en doute à la seule lecture du titre, les intrigues se déroulent au coeur des Ardennes natales de l'auteur. Ah, on comprend bien vite qu'il les aime, ses Ardennes, et qu'il s'y passe bien des choses étranges, parfois enchanteresses, parfois tragiques. Cet amour est teinté de nostalgie, de souvenirs d'enfance au goût mélangé, de situations qui ont réellement existé unis à des événements imaginaires. L'ironie apparaît aussi au détour de cette grande région de forêts et de forges où
Le Progrès, cette vraie Faucheuse, s'efforce d'en faire disparaître la très longue histoire, mais sans véritablement y parvenir.
Il y a du
André Dhôtel dans ces historiettes à visages humains et un parfum du merveilleux fantastique que l'on retrouve dans
le Pays où l'on n'arrive jamais. Les nouvelles Ardennaises de
Thierry Dufrenne, d'où pointent l'ombre des fameux Quatre fils Aymon, sont un délice. Il serait immoral de se priver d'une lecture aussi réconfortante.