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3,38

sur 814 notes
La politique (française) est un marigot où nagent toutes sortes de bestioles dont l'objectif suprême semble être de s'arroger le plus de pouvoir possible. Avec L'emprise, Marc Dugain se surpasse dans une description brillante et d'une ironie cinglante de ce marécage nauséabond et cynique où se côtoient candidats à l'élection présidentielle, patrons de grands groupes industriels, grands manitous du renseignement intérieur et quelques autres animaux plus ou moins influents. L'auteur construit une fresque d'une belle complexité qui ne perd jamais son lecteur dans le même esprit qu'un Zola ou qu'un Balzac dans sa Comédie humaine. Tout est faux (quoique) mais tout sonne vrai dans ce thriller magnétique qui plonge dans les entrailles d'une société française malade de corruption et de liaisons dangereuses. Dugain aborde une multitude de sujets (dont la mondialisation et le poids de la finance) sans pour autant perdre de vue ce qui fait l'essence d'un bon roman : la caractérisation précise de ses personnages. Ceux de L'emprise sont diablement humains dans leurs faiblesses, leurs peurs, leurs lâchetés, leurs espoirs et leurs compromissions. Vif et incisif, le roman mêle avec grand talent image publique et vie privée dans un tableau vivant et exacerbé d'une petite élite dopée à la griserie du pouvoir qui va droit dans le mur à une vitesse stupéfiante. Est-il besoin de souligner que le livre est passionnant et haletant de bout en bout ?
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D'évidence, Philippe Launay, dont la cote de popularité ne cesse de monter, sera le favori de la prochaine élection présidentielle. D'autant qu'il bénéficie du soutien de Charles Volone, qui a réussi à fusionner la Française d'électricité et l'industrie de l'atome, et de Corti, le puissant patron du renseignement intérieur. Seul Lubiak, un jeune ambitieux du parti De Launay, pourrait être un obstacle sur la trajectoire du favori des sondages.
Mais ce petit monde est lié par l'argent, un argent parfois mal gagné. Alors le moindre grain de sable pourrait enrayer la mécanique du pouvoir. Quand il s'en présente, Corti envoie Lorraine, une enquêtrice de la DCRI, à la pêche aux infos...

Je ne suis pas un grand fan des romans de politique fiction, mais là j'ai adoré.
D'abord, l'intrigue est bien ficelé, s'inspirant plus ou moins directement de personnages réels. On ne peut s'empêcher de se rappeler que JB Lévy, nommé à la tête d'EDF par François Hollande, avait fait la connaissance du futur Président de la République au lycée et qu'il fut chargé de sauver l'industrie nucléaire après l'éviction d'Anne Lauvergeon. On connaît les liens entre Bernard Squarcini, ancien patron de la DCRI, et Nicolas Sarkozy. Enfin, un jeune ambitieux qui tente de s'imposer (et y réussira dans la vraie vie), cela ne vous rappelle personne ?
L'auteur a forcé le trait. Ses personnages sont donc, pour l'essentiel, des carricatures des hommes (tiens, il y a peu de femmes au premier rang !) de pouvoir. Ouf ! J'aurais pu avoir peur... Ils sont froids, écartent d'un revers de main les douleurs familiales et les gêneurs ; des machines électorales, prêtes à presque tout !
On sent cependant que Dugain a une tendresse particulière pour Lorraine, femme abandonnée qui redécouvre le plaisir, et pour Sternfall, le syndicaliste droit dans ses convictions, qu'on soupçonnera d'avoir tué femme et enfant.
C'est très bien écrit, simplement et sans recherche d'inutiles fioritures, mais avec une richesse de style certaine. On lit ça comme un thriller, avec beaucoup de rythme, mais ce n'en est pas vraiment un. Juste un roman de politique fiction diablement bien ficelé.
Et comme il s'agit d'une trilogie, il faut que je me prépare à lire la suite.
Lien : http://michelgiraud.fr/2023/..
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Philippe Launay est un centriste donné pour gagnant à la prochaine élection présidentielle par les instituts de sondage.
Goulûment, il veut le pouvoir, coûte que coûte. Et qu'importe les financements occultes venus de l'étranger, sa familles broyée par la politique, la santé de personnes mises en danger par l'achat d'incinérateurs ayant eu des répercussions sur la santé de sportifs ou un dossier brûlant concernant le traitement des déchets nucléaires. Les coups bas pleuvent de partout, un syndicaliste disparaît mystérieusement après avoir tué sa famille, une jeune photographe chinoise en vogue est surveillée de près. Lorraine, agent des services secrets, enquête de Paris en passant par la Bretagne puis en Irlande...

Marc Dugain signe un thriller politique criant de vérité sur le monde politique français. L'affaiblissement de la France face à la mondialisation, la force des lobbies industriels, la course à l'image dans une gesticulation politique assez vaine, le constat est assez amer. On ne se perd pas dans les personnages pourtant nombreux, L'emprise est un roman captivant.
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Non, il n'est pas dans la catégorie beaux livres. Pourtant que de clichés ! Et en même temps : aucune photo, étonnant. Où l'on nage en plein paradoxe c'est que le découpage, à l'américaine, préfigure un film potentiel. Un thriller donc, mais un thriller électoraliste. Quoique. A vider un peu plus les isoloirs à force de propos populistes sur le mode tous pourris. Qu'il y a, en France, collusion au sommet de l'Etat entre politiques, grand patronat, et services secrets, qu'entre tous ces assoiffés de pouvoir le jeu le plus populaire soit « Je te tiens, tu me tiens par la barbichette », mon dieu ma bonne dame vous ne vous en doutiez pas ? Voilà pour le style et les «révélations» propagées.

Partons donc pour une partie de campagne, présidentielle… Découvrons l'aéropage qui gravite autour d'un futur candidat, tentatives de séduction, de menaces et surtout spéculations. Toutes et tous à la recherche de conserver leurs avantages acquis et bavant sur de nouveaux. Jeux de dupes et trahisons larvées. Tu quoque fili . Un point commun chez ces gens-là : appétits sexuels insatiables, pas une once d'amour. Rien de nouveau. Si ce n'est un thriller addictif dont j'ai tourné les pages avec plaisir comme je le fais en terrasse pour la gazette régionale… sans prise de tête.

Heureusement dans mon petit pays la royauté nous préserve de ces campagnes aux financement occultes mirobolants, que d'économies pour le contribuable. 😉

Là-dessus, je me rue directement sur le troisième tome car tout le monde sait bien que l'action palpitante est toujours en fin de quinquennat. Launay tiendra-t-il toutes ses promesses ? 😊
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En mars 2014, Marc Dugain publie chez Gallimard « L'emprise », roman de 314 pages dédié « à Maxence, minuscule et colossal, à sa soeur, ses frères et sa mère, à Édouard, avec » sa « grande affection ». D'emblée, l'auteur met en scène Lorraine, agent des services secrets chargée d'une enquête qui va s'avérer un tantinet complexe, et son fils Gaspard, autiste atteint du syndrome d'Asperger. Puis beaucoup d'autres personnages se succèdent sur fond de démocratie française en pleine déliquescence. le paysage que dépeint Dugain n'est pas rose : pouvoir, fric, sexe, trahisons, cupidité, corruption, complicités et liaisons très intéressées. Vous voici plongé dans un bain où grouillent des bestioles peu ragoutantes : un favori à l'élection présidentielle, un président de groupe militaro-industriel, un directeur du renseignement intérieur, un syndicaliste qui disparait après avoir zigouillé sa famille, Li, une photographe chinoise très en vogue que Lorraine met un soir à son menu, et bien d'autres encore avec leurs faiblesses, leurs peurs, leurs lâchetés, leurs espoirs, leurs compromissions et leur absence de scrupules. Entre eux tous, quelques points communs : cynisme, fourberie, arrogance, amoralité et défense des intérêts personnels (le fameux « tout pour ma gueule »). le lecteur de ce thriller politique est promené, sans concession aucune, dans les coulisses sordides du pouvoir, Dugain portant un regard réaliste et implacable (ou impertinent ?) sur le monde politique actuel, côté vie publique et vie privée, avec un focus particulier sur une élite grisée par le pouvoir.

L'écriture est simple, soignée, efficace et lucide. le style et les dialogues sont justes, vifs, nerveux, incisifs, sobres et sans détours, avec quelques réflexions intimes de la part de certains acteurs. Les scènes d'action ne manquent pas. le suspense est réel et l'ensemble sonne vrai, Dugain ayant pioché et à peine modifié le nom de certains capitaines d'industrie et de certains politiques appartenant à la vraie vie politique française. Ce roman qui oscille entre politique fiction, thriller et journalisme d'investigation est bien construit et plaisant à lire. Écrit au vitriol, sans langue de bois et avec les tripes, il nous tient en haleine jusqu'au bout, d'autant plus qu'il y a comme un air de « déjà vu » dû au fait que les emprunts à l'actualité politique sont nombreux et évidents.

Mais aussi criant de vérité soit-il, est-ce là le reflet de la vie politique française ? Et dans l'affirmative, pourquoi avoir travesti l'ouvrage en en faisant un roman ? Et puis, trop de sujets sont abordés de front : la mondialisation, la financiarisation croissante de la société, la pollution de la vie politique par le nombre grandissant des « affaires », la part exagérée prise par les communicants (conseillers, sondeurs, psy et devins de toutes sortes), la puissance occulte des services secrets qui régiraient nos vies sans que nous en soyons conscients, l'apathie du peuple incapable de penser par lui-même (certes, le général De Gaulle a dit en son temps que les Français étaient des veaux). Et où nous mènent toutes ces considérations à l'emporte-pièce qui donnent l'impression d'un sujet lourd et de messages dont nous devrions nous pénétrer ? Et à quoi servent tous ces stéréotypes qui donnent l'impression d'un roman fourre-tout, superficiel et un peu vite écrit ? Sans compter qu'on finit par perdre le fil de l'histoire, compte tenu de la multitude de liens tissés entre tous ces personnages, même si Lorraine sert apparemment de fil conducteur entre eux. Pour en terminer avec ce tableau, l'intrigue n'est pas très forte et un peu décousue et la fin est surprenante, pour ainsi dire bâclée, et sans issue. A trop vouloir en dire, Dugain nous laisse un livre assez peu crédible et passablement indigeste avec, en supplément, le risque que son attaque contre la démocratie à l'occidentale entretienne le slogan « tous pourris » et ne soit, au final, pas très constructive. Pour ce livre écrit par un adepte de la théorie du complot, je me force et mets 3 étoiles.
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Marc Dugain lève le rideau et nous montre l'envers du décor. Politique, industrie, finance, renseignements généraux, tout y passe. Et ce que l'on voit n'est pas joli-joli.
Manoeuvres en tout genre, coups bas, mensonges éhontés, coups montés, etc. Rien ne nous est épargné.
Cette peinture au vitriol du monde politique et du monde des affaires ne me semble malheureusement pas exagérée : Marc Dugain jette un regard cynique mais lucide sur les hommes et les femmes qui intriguent.
Il ne mâche pas ses mots : "La politique aujourd'hui, dans les démocraties somnolentes comme la nôtre, est essentiellement faite d'hommes et de femmes qui ne pensent qu'à conquérir le pouvoir dans le seul but de le conserver, avec peu de considération pour l'usage qu'ils en font, qui est de répondre à voix basse et sans courage à des questions qu'on leur hurle aux oreilles.", ou encore "On ne demande plus à un homme politique de penser le monde. Moi, je suis là pour gagner...". Ces réflexions, l'auteur les place dans la bouche de ses personnages, mais on sent bien à travers les lignes que c'est sa vison du monde. Et je la partage.
Dans ce roman, Marc Dugain a choisi un sujet lourd, il a des messages forts à faire passer au lecteur, qui, s'il ne l'a déjà fait, doit ouvrir les yeux sur la réalité qui l'entoure. Le début est percutant, le style est incisif, et j'aime quand un auteur ne prend pas de gants pour dénoncer. L'intrigue s'annonce intéressante, et tous les ingrédients sont là pour faire de ce livre une réussite.
Malheureusement, après un début prometteur, la suite n'est pas à la hauteur de mes attentes. L'histoire s'enlise ou du moins ne se développe pas comme elle aurait pu le faire, et j'avoue m'être un peu ennuyée.
Voilà une lecture qui partait fort bien, mais qui ne me laissera pas un souvenir impérissable, contrairement à d'autres titres du même auteur, comme La chambre des officiers, La malédiction d'Edgar ou Une exécution ordinaire.
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Quelle plongée plus que réaliste dans les secrets de la politique française!
Une oeuvre palpitante. Marc Dugain évoque le parcours politique d'un candidat dont l'ascension pourrait être stoppée par ses déboires familiaux (suicide de sa fille, manque de soutien de sa femme) et par des affaires ayant mis en jeu la sécurité de personnes (achat d'incinérateurs ayant eu des répercussions sur la santé de sportifs s'entraînant dans un stade voisin.)
Ce politicien, Philippe Launay, n'est qu'un des personnages de cette grande fresque qui nous montre une société française qui s'essouffle dans la course à la mondialisation. Interviennent aussi les intérêts chinois au travers d'un contrat portant sur le retraitement de déchets nucléaires.
Un des personnages, Adeline Habber, ex PDG de Arlena, qui n'est pas sans rappeler Anne Lauvergeon, ex PDG de Areva...qui a visiblement maille à partir avec un patron du secteur de l'énergie, un syndicaliste qui a aussi de gros soucis de famille, une jeune femme agent de la DCRI, .voilà quelques uns des héros bien campés.
Une trame complexe mais que l'on suit sans difficulté.
Marc Dugain a une très bonne connaissance du monde des affaires et de la poltique et il nous captive tout au long de ce livre.
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Marc Dugain nous entraîne dans les coulisses d'un pouvoir "made in France " qui semblent tout à fait crédible au vue des évènements qui inondent constamment les infos politiques et sur ces peoples que sont devenus ces femmes et hommes qui nous gouvernent ou celles et ceux qui convoitent le pouvoir. Les nombreuses critiques suscitées par l'emprise montrent à quel point ce livre ne laisse pas insensible. Marc Dugain nous conte avec talent les coups bas, histoires de sexe, arrangements et menaces qui sont le lot quotidien de personnages aux valeurs morales bien différentes de ce qu'ils veulent faire croire à leur électorat. Heureusement ceci n'est qu'un roman…
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Cela se confirme, à chaque nouveau Dugain, que je découvre : j'aime beaucoup cet auteur ! Non seulement, il a du talent, mais, en plus, c'est un touche-à-tout, qui, a autant de talent dans la science-fiction ( avec "Transparence", son dernier roman ), dans le roman historique ( avec "La chambre des officiers ), que, dans la politique-fiction ( avec, cette fois-ci, le premier tome de "L'emprise" ) !... Il adopte, cette fois-ci, un style, qui rend, son histoire haletante et passionnante, tout en dépeignant la trajectoire de personnages, profondément humains, complexes, de personnages, avec leurs passions, leurs lâchetés, leurs veuleries... Il dépeint aussi, un monde, celui des puissants, non sans romanesque et non sans fantasmer, certes, mais aussi avec beaucoup de talent.
Dugain, est aussi un observateur perspicace de la société de son temps, si bien que, dans son roman, pourtant paru en 2014, l'on voit déjà pointer, certaines réflexions, certaines idées, qui semblent aujourd'hui avoir pris tout leur sens, rétrospectivement...
Le talent de Dugain, c'est aussi le talent, d'écrire un roman, plein de rebondissements, souvent inattendus, et surprenants.
L'une des choses les plus étonnantes, dans ce roman, demeure cependant, pour moi, son ambition, et son côté total, complet, dépeignant les histoires emmêlées, de différents personnages, de façon presque vertigineuse...
Un excellent roman de Marc Dugain !...
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Plongée dans la tambouille vaguement nauséabonde dans laquelle on cuisine les ingrédients qui font les présidents, sans omettre de réserver les casseroles à leur accrocher aux basques au besoin.
On passe un très bon moment dans ce premier volet qui voit deux candidats s'affronter pour représenter un parti aux prochaines présidentielles et grenouiller en eaux troubles entre services secrets, industriels corrupteurs et maîtresses à foison. Pas un grand moment de littérature, mais une intrigue efficacement scénarisée dans laquelle on se fait un plaisir d'identifier les personnages réels derrière la fiction. Je continue!
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