En 2016, dans un essai,
Marc Dugain décrivait « la dictature invisible du numérique ». Avec
Transparence il revient sur le sujet en choisissant la voie du roman d'anticipation. Dans cette société depuis longtemps caractérisée par un « exhibitionnisme de civilisation » et le besoin toujours plus impérieux d'être reconnu, le narcissisme a favorisé la
transparence totale de l'individu. Désormais, plus de vie privée. En échange d'un accès à leurs données personnelles, les individus connectés reçoivent une rémunération. En cette fin 2060, la présidente française de
Transparence, une société du numérique installée en Islande, simule son propre assassinat pour se faire remplacer par son double numérique. Elle se prépare en effet à commercialiser le programme Endless qui va permettre de transplanter l'âme humaine dans une enveloppe corporelle artificielle. La nouvelle se répand très vite, entraînant une crise boursière. Dès lors, cette petite entreprise s'empare de Google, prend le pouvoir. Dans ce nouveau monde qui naît, seuls pourront accéder à l'immortalité ceux qui respecteront les lois éditées dans un livre rédigé par la présidente de
Transparence aidée de douze collaborateurs, tels les douze apôtres.
Au delà d'une critique acerbe de la société du numérique,
Marc Dugain aborde les questions de l'écologie et du transhumanisme. Dans cet univers là, le chant des oiseaux a disparu, le consumérisme est la règle depuis longtemps. Dès lors, comment trouver les solutions d'une survie de l'espèce sans que la démocratie s'en trouve abîmée, car c'est bien l'avenir de l'humanité qui est en jeu. N'a-t'on d'autre alternative que de poser les bases d'une dictature universelle? N'est -elle pas déjà là? Est-il encore possible de penser une contre-culture?
Marc Dugain nous décrit ici un futur terrifiant.
« Cassandre Namara a écrit ce manuscrit entre le début de l'été 2017 et la fin de l'été 2018. Entre ces deux dates elle a démissionné de son poste à Google New York suite au contrat Marvin liant Google au pentagone, un projet d'intelligence artificielle permettant aux drones de différencier les êtres humains d'autres objets et leur octroyant la possibilité de tuer sans intervention humaine……. Après sa démission, Cassandre ne s'était pas éternisée à New York. Selon sa seule amie américaine, Clarissa Hewitt, une jolie métisse qu'elle avait rencontrée à Princeton lors de ses études et avec laquelle elle avait eu une relation amoureuse avant de faire subitement une croix sur sa bisexualité pour des raisons que personne n'a été capable d'éclaircir, Cassandre n'avait pas l'intention de rester une seconde de plus aux Etats Unis, pays dirigé par un sinistre bouffon selon elle qui avait l'assentiment du pire de l'Amérique, une classe moyenne intolérante à laquelle s'ajoutait une partie croissante d'opportunistes qui louaient sa réussite économique. »