Transparence

Je ressors de la lecture de "Transparence", le dernier roman de Marc Dugain, avec des sentiments partagés.

"Transparence" nous projette en 2060, dans un univers que Marc Dugain a construit en prenant en compte tous les paramètres de notre réalité actuelle pour en déployer les conséquences sur un avenir planétaire possible : réchauffement climatique, réseaux sociaux, prééminence de Google et du tout numérique, disparition - consentie- de la sphère privée, asservissement des consciences et recul du sens critique, ultra-connexion permanente, intelligence artificielle, tentation du transhumanisme et de l'humanité augmentée…

L'analyse que fait ici Marc Dugain - et c'est le point fort de ce roman - de notre société et des dangers qui, à moyen terme, la menacent est tout à fait intéressante, intelligente et, hélas, à mon avis pertinente. Son regard est acéré, sa réflexion lucide et argumentée, sa logique est imparable et rien, dans cette projection sociétale et environnementale en 2060, ne peut paraître fantaisiste ou incongru. C'est même tellement logique, tellement évident, tellement peu outrancier que cela fait froid dans le dos et que nous serions bien inspirés de le prendre en considération…

A ce titre, et bien au-delà du simple domaine de la fiction, Marc Dugain lance avec "Transparence" un véritable cri d'alarme, intelligent, important et lucide, qui mérite d'être reçu et écouté.

Là où le bât blesse, en revanche, c'est que Marc Dugain s'est à mon avis un peu laissé emporter par le sérieux et l'importance de son sujet, au point de se lancer à corps perdu dans des discours et des réquisitoires certes tout à fait passionnants mais qui peinent à trouver leur place dans l'espace d'un roman qui en devient de ce fait terriblement bavard et où l'intrigue et les personnages sont surtout des prétextes à l'énonciation de thèses qui auraient à mon sens gagné en pertinence à être rassemblées dans un essai. (Une simple réplique dans un dialogue donne lieu, par exemple (page 119) à une analyse de la politique de Donald Trump qui dure plus de six pages !...)

D'où mes réticences et ma perplexité à l'issue de cette lecture : le propos est interpellant, intelligent, important et à lire absolument. Mais l'exercice fictionnel, en tant que tel, faute de véritables dialogues, faute de personnages réellement incarnés et attachants, et en raison également d'un coup de théâtre final qui m'a personnellement déçue, ne m'a pas tout à fait convaincue.

Avec son dernier livre "Transparence", Marc Dugain signe un roman d'anticipation qui est aussi une satire de notre monde ou tout du moins de ce qu'il sera en 2060. Avec férocité, il s'attache à nous offrir un condensé de ce pourquoi l'humanité est en péril. La cupidité des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), l'argent véritable veau d'or d'une société qui ne songe plus qu'à dilapider les ressources de la planète pour conserver son mode de vie occidental et son idéal consumériste, la duplicité du monde politique et des différentes religions monothéistes (à ce titre le portrait fait de l'Église catholique et du Pape est d'une violence digne des brûlots anti-cléricaux du début du XXème siècle au moment de la loi 1905 de séparation de l'Église et de l'État). "Transparence" est un pamphlet, c'est sa force mais aussi sa limite tant le trait semble manquer parfois de nuance. A trop vilipender les responsables de cette situation catastrophique pour l'avenir de la planète, de l'humanité tout entière, Marc Dugain perd en lucidité, en raisonnement, en complexité ce qu'il traduit par un trait de plume acerbe, colérique et provocateur. le style d'écriture, point fort de ce grand auteur, est ici sans réel souffle. Ce qui au départ nous amuse, devient peu à peu redondant et, disons le, assez vain. C'est dommage car l'histoire de cette petite société du numérique, transhumaniste, basée en Islande et dirigée par une Française qui grâce au programme secret "Endless" fait basculer le destin du monde, était une belle idée. Trop court et caricatural pour être marquant, trop long pour susciter autre chose qu'un ennui poli, j'ai pour ma part trouvé ce "Transparence" très décevant eu égard aux qualités d'un écrivain tel que Marc Dugain. Un rendez-vous manqué.

Réchauffement climatique, révolution numérique, clonage, intelligence artificielle et ... immortalité : autant de sujets de discussion actuels qui conditionnent le futur de notre planète. Et autant de thèmes qui nourrissent Transparence, un roman d'anticipation signé Marc Dugain. Une fiction oui, bien sûr, mais qui ressemble assez souvent à un essai philosophique et à une réflexion sur l'état du monde et à son avenir. C'est cet aspect-là qui est le plus percutant et pertinent dans le livre de Dugain et surpasse les péripéties du livre qui se trouvent d'ailleurs bousculées par un twist final pas très heureux puisque balayant en globalité tout sa partie purement narrative qui s'apparente en définitive à une manipulation (désolé pour le spoiler mais c'est toujours agaçant quand un auteur s'amuse avec la crédibilité du lecteur même si cela fait partie intégrante du jeu romanesque). Bien entendu, le talent de Dugain et son agilité stylistique ne sont pas en cause, on les retrouve intacts à l'instar de ses ouvrages politiques ou historiques. Et certains passages valent vraiment le détour quand l'auteur fustige les errements de Trump ou notre addiction aux réseaux sociaux, avec cette inconscience collective d'offrir les données les plus personnelles aux collecteurs froids, mercantiles et cyniques que sont les GAFA. Plus que roman d'anticipation, Transparence est un portrait lucide et forcément inquiétant d'une dérive suicidaire vers l'abîme. Et le désir d'immortalité, dans tout cela ? Une chimère, un fantasme et une suffisance ô combien humaine. Enfin, comme disait Kafka ou Woody Allen, l'éternité c'est long, surtout vers la fin.
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Dans "Transparence", Marc Dugain nous entraîne dans un futur où Google contrôle le monde et où seuls les individus offrant leurs données pourront accéder à l'immortalité. Dans cette course technologique effrénée, une ancienne employée de Google qui a monté sa start-up change la donne en commercialisant le programme Endless, un projet révolutionnaire sur l'immortalité, qui consiste à transplanter l'âme humaine dans une enveloppe corporelle artificielle. Ce projet pourra-t-il redéfinir l'humanité ?

Un petit roman intéressant mais plus proche pour moi de l'essai que de l'exercice du roman. Il m'a manqué le côté haletant du thriller pour pouvoir complètement apprécier cet ouvrage. Pourtant, tous les ingrédients étaient là. A découvrir toutefois pour les concepts intéressants qu'il véhicule.

Ce livre commence comme un roman d'anticipation et bifurque dès les premières pages vers une forme de pamphlet contre la société capitaliste de surveillance numérique. L'auteur fait une projection en ligne droite de la société actuelle, qui fait tout de même froid dans le dos, et il distribue sa diatribe à droite et à gauche, aux populistes, aux classes moyennes, à Google, aux puissants, à l'église...Le récit à la première personne donne cette impression d'une voix toute-puissante, celle de l'auteur, par la voix de l'héroïne, seule contre tous, faute de personnages secondaires avec un peu d'épaisseur.
Dans cette charge impitoyable, l'intrigue s'intercale, vite et peu approfondie, à laquelle il est difficile de croire !
Comme c'est court et plutôt bien écrit, on peut lire ce livre très facilement, mais je pense qu'il rate sa cible : le message est trop manichéen pour que ce roman d'anticipation puisse vraiment nous interpeller !
je préfère très nettement l'essayiste que le romancier.

(Scène de jour dans les bureaux de Gallimard)
- Bon Marc, une idée pour ton nouveau texte.
- Je pensais à un essai...
- Tatata, tu viens d'en faire un chez un autre éditeur en plus!
- C'est que en fait, j'ai déjà bossé...
- Très bien tu n'as qu'à insérer les pages dand un récit, c'est bien ça fera Black Mirror...
- Un recit genre suspense ou SF?
- Parfait, tu as été en Islande en vacances, non? Alors le polar islandais ça fonctionne bien. Mais n'oublie pas on est chez Gallimard on défend l'exception culturelle française alors tu n'oublies pas de critiquer les biens culturo-commerciaux!
- Pas de soucis je citerai au moins Camus et De Gaulle.
(Fin de la réunion)

Et voilà comment selon moi est né «Transparence». Un roman suspense légèrement Sf (mais pas trop hein c'est la collection blanche) avec dedans des bouts d'essai sur les thèmes chers à Dugain : l'humanité, la (sur)technologie, la politique. En soi, rien pour me déplaire. Sauf que le mélange à tendance renouveau charismatique n'est pas homogène (les passages pamphlétaires ont l'air d'avoir insérés en 2e lecture) et rend l'ensemble un peu indigeste. Surtout que la narratrice en mode «Confessions» de Rousseau, illustre le faites-ce-que-je-dis-pas-ce-que-je-fais cher au philosophe. Rajoutez à ça un épilogue exaspérant et tellement déjà vu. Bref, des idées à creuser et la plume de Marc Dugain font le job mais ce sera un titre vite oublié.

J'ai déjà lu un livre de Marc Dugain, "Ils vont tuer Robert Kennedy" (comme ici, lecture impulsion), et il m'avait bien intéressé. Quand j'ai découvert le propos de son nouveau livre, l'immortalité sur fond de révolution numérique et de désastre écologique, cela m'a tout de suite interpellé et intéressé. Un roman d'anticipation, une opportunité qui permet un scan sans concession de notre société qui part à sa perte. le roman, situé dans les années 2060, ne m'a pas déçu, même si j'ai trouvé parfois le propos un peu long et assez intello, mais tellement tristement réaliste qu'il vaut la peine d'être lu. Si seulement, cela pouvait permettre une prise de conscience pour un changement de la société. L'intrigue, car il y en a une, est crédible (cela fait même peur, honnêtement) et réserve quelques surprises. Glaçant de réalisme, efficace, un moment de lecture nécessaire que je vous conseille.
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Et si l'homme pouvait devenir immortel ? Est-ce vraiment un projet souhaitable ? A travers un roman d'anticipation, Marc Dugain imagine une société où l'homme serait immortel. Mais il nous décrit surtout l'étape qui précède cette société, à savoir les critères et conditions de sa naissance. Une occasion bien sûr de dénoncer notre société actuelle, où l'homme détruit la nature et son propre avenir, et où les Google et autres GAFA s'approprient toutes les données publiques et privées nous concernant pour, paraît-il, mieux connaître et satisfaire nos goûts et besoins : une dénonciation de la prise de pouvoir du politique et du privé par le numérique.
Mais le pire est encore à venir selon l'auteur qui nous sensibilise sur les dérives possibles de l'évolution en cours. Qu'elle que soit la forme de société qui vise à améliorer la vie des êtres humains, se pose la question de sa gouvernance et de sa sécurité. Qui décide ? Sur quels critères ? Et pour quel projet de vie ?
Dans la société imaginée par Marc Dugain, l'homme sera débarrassé de tous ses besoins qui seront automatiquement satisfaits (y compris, manger et dormir !). Quel sens aura alors sa vie devenue illimitée ? Et protègera-t-il ainsi mieux la nature si l'on considère que c'est lui qui la détruit aujourd'hui ?
Que ce soit dans le cas de la société actuelle où le numérique prendre de plus en plus de place, ou celle encore plus sombre que nous dessine Marc Dugain, dans les deux cas l'humain perd en liberté et en libre-arbitre, et devient une simple marionnette, si tant est qu'il soit méritant et donc élu. Quid ensuite, une fois ces être élus, de leur évolution dans une société où toute mort naturelle, et donc régulation des populations, aura disparu ? Il faudra donc laisser les algorithmes gérer notre reproduction… D'aucuns pourront y voir une forme de dictature voire d'eugénisme déguisés, dans tous les cas une privation totale de notre liberté mais aussi de la notion de hasard et de surprise. Sans parler de la place de la nature qui ne semble être ni la préoccupation majeure, ni même mineure de ces artisans de notre futur. Gardons la main sur la technologie qui doit être au service de l'homme et non pas le contraire !
Premier livre que je lis de Marc Dugain, j'ai apprécié la critique qu'il fait de notre société. En revanche, est-ce un réel roman d'anticipation ? Il se projette dans moins de 50 ans (2068), c'est-à-dire demain, et surtout le futur qu'il nous prédit et le présent se sont souvent déjà rejoints. J'aurais aimé qu'il se projette plus loin dans le temps, et fasse une proposition de société plus utopique ou carrément plus apocalyptique pour éveiller encore plus les consciences.
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Cela commençait bien, les premiers chapitres sont énigmatiques à souhait, frissonnants, il y a une atmosphère de suspens et de bouleversement, des sensations, de la nostalgie, un enfant disparu, et même un meurtre étrange ! Bref, j'en salivais.
Puis vient l'explication du "grand dessein", des raisons et des moyens pour y parvenir. Et là le roman habille mal le véritable sujet, qui est un constat très réaliste et documenté des maux de la "civilisation" actuelle, des ravages de la cupidité individuelle malgré les enjeux environnementaux mondiaux, de la perte d'esprit critique et d'humanité dans l'ère du tout numérique, etc. J'en passe car tout y passe justement, distillé habilement sans l'aspect rébarbatif et dépressif d'un essai plein de chiffres.
Mais hélas cela est fait au détriment de l'intrigue, du scénario, qui disparait quasiment. Malgré mon adhésion au propos, au constat, j'ai été déçue de la faiblesse romanesque, des promesses du début non tenues. Il n'y a quasiment pas de personnages, inconsistants, ni de descriptions du monde de 2060, de sa vie de clone. C'est évoqué mais pas raconté. L'héroïne n'est pas attachante, elle apparait égocentrique malgré sa noble ambition ('j'ai sauvé le monde seule avec mes 12 apôtres'). Par exemple : "Un destin exceptionnel condamne à la plus cruelle des solitudes. Les algorithmes nous le prouvent, être seul face à la multitude peut causer de graves dommages psychologiques auxquels peu d'individus ont la force de résister. Par bonheur, je fais partie de cette minorité".
Ce livre hésite entre 2 genres, trop ancré dans le monde d'aujourd'hui, pas assez dans celui de demain.
Le manque de crédibilité et de consistance de la partie anticipation est balayé (ou rattrapé, selon le point de vue) d'une pirouette dans l'épilogue, dont je ne me décide pas s'il est habile ou lâche.
Un livre donc à la fois profond dans son propos mais superficiel dans son intrigue. Dommage, j'avais envie d'avoir les deux.

Transparence (2019) m'a laissé un relent de tristesse, c'est une dystopie avec une teneur assez proche d'une réalité actuelle.

Dans cette dystopie le texte est écrit par une femme condamnée par une maladie grave et qui choisira de disparaitre sans laisser de traces vers les années 2068. Cette femme est une folle illuminée, une sorte de Cassandre sans ses ébats, et diaboliquement intelligente, manipulatrice, qui a fait fortune en montant une société appelée Transparence qui permettait de choisir un partenaire en se servant d'un logiciel riche de données très personnelles (QI, psychologie, goûts, profil ADN, sexualité, etc); le cross-match de ces données permettait de profiler les gens et les apparier dans les meilleures perspectives de réussite. Riche de cette expérience très lucrative elle va se revêtir de dons messianiques pour fonder avec autre 12 partenaires très choisis, une autre société appelée Endless, un programme qui permet l'immortalité sans la possibilité de se reproduire à condition d'être « choisi » par ce programme. A partir de cette idée fumeuse, elle et ses acolytes vont monter une escroquerie à l'échelle planétaire grâce à leur collection de millions de données…

À l'ère de la globalisation sauvage, toute la planète tomberait dans le panier y compris la toute puissante Google qui travaille sur l'IA et le concept d'immortalité. Ainsi, pour cette folle illuminée, la planète Terre pourrait être dominée par LA Révolution Numérique et ses effets pas toujours profitables pour le commun des mortels.

Le scénario fait froid dans le dos car les humains apparaissent plutôt comme des inhumains mus exclusivement par l'appât du gain et rien d'autre avec notre planète transformée dans une vaste poubelle destinée à une inéluctable disparition. On lit aussi une critique acerbe envers l'actuel Président des EEUU car l'année 2020 est très souvent citée en référence; dans ce texte, Donald Trump est appelé « le Peau-Rouge des Blancs suprémacistes » qui flatte les instincts les plus vils d'une partie considérable de ses concitoyens, un Trump, un escroc de l'immobilier devenu présentateur de télé-réalité.

Un livre assez cérébral, totalement dénué de sentimentalité où émerge le spectre terrifiant du réchauffement climatique.
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