Le mystère Soline, tome 1 : Au-delà du temps (1/2)

Ce n’est pas une fillette ordinaire. Depuis qu’elle sait parler, Louise dit des choses bizarres, comme si elle voyait ce qui va se passer. Tiens, à cinq ans, pendant que je faisais le ménage, la voilà qui me crie : « Attention, un chat va renverser le broc d’eau ! » Je lui réponds qu’il n’y a pas de chat dans la pièce ni dehors, et c’était vrai.
— Et alors ?
— Alors, un gros chat tigré entre d’un coup par la fenêtre que j’avais ouverte, il saute sur le coin du bahut et il renverse le broc. S’il n’y avait que ça ! Un jour, elle avait huit ans, une belle journée de juin, Louise a montré un grand sapin à son père, en lui disant que la foudre allait fendre l’arbre en deux le soir même. Et c’est arrivé. Je pourrais en raconter encore.

Soline, à dix-neuf ans, était une sportive accomplie. Elle pratiquait l’escalade avec talent et passion dans un des clubs de la région. Mais il lui arrivait souvent de grimper seule, pour le plaisir de se confronter à des parois non sécurisées, et de réussir leur ascension sans jamais s’en vanter.— Par là, oui, on approche, dit-elle en arrivant au pied d’une falaise.Les « au secours » lui vrillaient les nerfs. Son chien s’était dressé, les pattes griffant la pierre. Tout son grand corps frémissait d’excitation, tandis qu’il aboyait de plus belle.

Je lisais sur la plage et soudain j’ai eu une image d’un petit garçon en train de se noyer, il avait un maillot de bain rouge et bleu. C’était plus fort que moi, je me suis levée et j’ai couru alerter le poste de secours. Ils l’ont trouvé et il a survécu. Depuis, j’ai eu trois autres visions du même genre, de quelqu’un qui allait mourir.

Elle eut ce sourire lumineux qui faisait la conquête de tous ceux qui en bénéficiaient. Sa mère la trouvait ravissante sous la lumière du plafonnier en opaline, avec ses cheveux blonds qui nappaient ses épaules de mèches souples, ses yeux bleus en accord avec les traits harmonieux de son visage au nez droit.

Albertine arrangeait sa jupe d’une main nerveuse. Elle avait réussi à repousser Pierre Delage au moment où il s’était couché sur elle, prêt à la rendre femme. Les jambes molles, elle respirait très vite, à la fois vexée et frustrée.