AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,6

sur 78 notes
5
3 avis
4
5 avis
3
3 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'intrigue, en apparence simple, se concentre sur un crime brutal commis par Claire. Mais derrière cet acte choquant se cachent surtout des questions profondes sur la folie et l'isolement.

Le roman se présente sous la forme de dialogues entre les protagonistes et une personne qui interroge, ce qui permet d'explorer différentes perspectives. Pourquoi Claire a-t-elle commis cet acte atroce ? Quelles sont les forces qui l'ont poussée au-delà des limites de la raison ?

Duras retranscrit trois entretiens liés à un sombre meurtre dans la banlieue parisienne. Elle adopte une approche subtile en laissant les protagonistes raconter leur version des événements telle qu'ils l'ont vécue, sans le filtre du recul.

Cette technique crée un sentiment de réalisme, d'authenticité. C'est une enquête policière pleine de suspense, de surprises et de frustration.

Duras est une grande dame, maitrise l'art de la suggestion, laissant des questions en suspens pour qu'on garde un sentiment trouble bien après avoir tourné la dernière page. Ses silences et les non-dits sont aussi puissants que les mots eux-mêmes.

C'est ciselé avec précision, comme souvent et, chaque mot est chargé de sens. Duras happe et nous fout dans un état où la frontière entre réalité et rêve devient poreuse.

Je trouve ça très fort de matérialiser un sentiment brumeux. C'est presque rien, mais c'est là quand même.

Et.

Commenter  J’apprécie          60

Je ne peux pas m'en empêcher, quand j'entends « Marguerite Duras » je pense à Pierre Desproges et ce passage : «Oui, Marguerite Duras, vous savez, l'apologiste sénile des infanticides ruraux… Marguerite Duras, qui n'a pas écrit que des conneries. Elle en a aussi filmé. Mais c'est vrai, quel étrange cri : Hiroshima, mon amour. Et pourquoi pas Auschwitz, mon loulou ?». (rires) Bref.

Je n'avais pas jusqu'ici eu le loisir de me plonger dans une oeuvre de l'écrivaine et c'est tout de même un manque que je m'emploie à combler. L'amante anglaise est un roman construit sous la forme d'un dialogue entre un mystérieux interrogateur (journaliste ?) et trois protagonistes impliqués dans un crime sordide. Inspiré d'un fait divers, ce récit porte déjà en son sein la pièce de théâtre qui en découlera. Marguerite Duras creuse ici la question du pourquoi dressé contre la raison.

Il faut laisser le dialogue se dérouler pour tenter de comprendre, même si factuellement les zones d'ombres restent comme telles. L'énigme résiste, se loge dans les plis de l'existence, aux creux d'un quotidien sans saveur, sous la poussière d'un amour éteint, ou disparu. Pierre le mari s'applique à répondre, ausculte la routine des années, son mariage devenu indifférent. Mais les mots de Claire, eux, se dérobent, se perdent dans la commotion des pensées. Est-ce de la folie ? Elle s'épanche mais joue, esquive aussi. Quel est son mobile ? et l'aveu qu'elle a fait, était-ce un secret qu'elle ne pouvait plus garder ou un moyen de s'affirmer, dans ce petit monde étriqué et vide qui est le sien ? Mensonge, vérité, dérréalité. Difficile de trancher. Personnellement j'ai beaucoup aimé !



Commenter  J’apprécie          20
Retour sur un fait divers : en décembre 1949 à Savigny-sur-Orge, une femme tue son mari puis découpe son corps en morceaux qu'elle lance ensuite, par petits bouts et en plusieurs fois, du haut d'un viaduc sur des trains circulant en-dessous. Les parties du corps sont ensuite retrouvées éparpillées un peu partout en France. Lors du procès de 1952, Marguerite DURAS s'intéresse de près à cette affaire. En 1960, elle en écrit une pièce de théâtre, « Les viaducs de la Seine-et-Oise », mais peu satisfaite du résultat, elle reprend son travail pour un roman intitulé « l'amante anglaise ».

Dans un bistrot de la petite ville de Viorne où a eu lieu un homicide, les clients discutent à bâtons rompus sur ce crime d'une vieille dame sourde et aveugle de naissance, Marie-Thérèse, survenu tout près de chez eux. Puis une des protagonistes, Claire, femme mariée à Pierre, souffle à l'oreille d'Alfonso, un ami, qu'il doit confier à l'assemblée qu'elle est la meurtrière de Marie-Thérèse. Elle a bien tué sa propre cousine, puis a découpé le corps sans vie dans la cave avant que les morceaux ne soient retrouvés sur des trains, un peu partout en France. Or ces trains sont tous passés récemment sous le viaduc de Viorne. Quant aux bouts de cadavres, une fois le corps reconstitué, il s'avère qu'ils appartiennent à une même victime, Marie-Thérèse. Seule la tête manque à l'appel.

Ce livre se présente en trois parties distinctes : la réunion improvisée au bar, suivie de l'interrogatoire de Pierre, mari de Claire, par une personne dont on ne saura rien, mais qui est précisément en train d'écrire un livre sur l'affaire de Viorne. La discussion sera enregistrée. La troisième partie est l'interrogatoire de Claire, la criminelle.

Dans ce roman assez bref, l'atmosphère est terriblement Simenonienne, à ceci près que l'on connaît d'ores et déjà la coupable (comme dans Columbo), que le décor est absent, le scénario se concentrant exclusivement sur les dialogues. le style est minimaliste, dépouillé, froid et distant. L'intervieweur posent des questions précises auxquelles Pierre puis Claire ont parfois du mal à répondre. le climat est spongieux, humide alors que le livre s'écrit peu à peu par le personnage posant les questions.

Claire et Pierre sont mariés depuis 24 ans. Marie-Thérèse, la défunte, cousine de Claire, travaillait et vivait chez eux depuis 21 ans. Quel est le mobile ? Mieux : y'en a-t-il un ? Au fil de l'histoire, certains masques tombent, Pierre puis Claire se confient par petite touches. Comme chez SIMENON, l'exercice psychologique est minutieux, cruel. Claire a aimé jadis du côté de Cahors, mais y'a-t-il un lien entre ce passé et le crime ?

Toutes les questions que nous nous posons n'obtiendront pas de réponse. Mais le but n'est-il pas ailleurs ? N'est-il pas de mettre l'accent sur un vieux couple fatigué, sans passion, dans lequel l'épouse passe pour folle ? Son but ne serait-il pas de braquer la caméra sur la condition de la femme dans la société française de l'après-guerre ? Un crime ne résout rien mais il est l'achèvement d'une vie détestée pour laisser place à une existence inconnue, celle d'accusée. Les dialogues sont âpres, parfois violents : « Je savais bien qu'on ne sauve pas quelqu'un qui se fiche d'être sauvé ou non. Je l'aurais sauvée de quoi ? Je n'ai pas de préjugés contre les putains ou les femmes qui font la vie ».

Ce texte fort se lit lentement, il est une sorte de faux roman policier où le fait divers et l'enquête ne sont que prétextes à des questionnements plus universels. Marguerite DURAS se moque de l'environnement de ses personnages, elle les laisse évoluer sans cadre ni agencement, comme livrés à eux-mêmes sans rien à se raccrocher. Quant au titre mystérieux, il vous faudra vous armer de patience pour en connaître la véritable signification. Un superbe texte sur le naufrage d'un couple et son achèvement par un geste inouï et définitif.

https://deslivresrances.blogspot.com/

Lien : https://deslivresrances.blog..
Commenter  J’apprécie          10
L'âge avançant, je me suis intéressé de moins en moins aux histoires (je peux m'en inventer) et de plus en plus à la forme : aux tournures, au style, au vocabulaire (sa précision, sa diversité, son registre…), à la construction (le découpage, les incises, les retours arrière…)*. Ainsi ai-je apprécié certaines oeuvres du « nouveau roman ».
C'est dans cette perspective que je place mon intérêt pour L'amante anglaise, beau roman, à la construction originale. (et lisible malgré cela (!), ce qui n'est pas le cas d'autres « nouveaux romans » ; je pense à La route des Flandres ou bien chez Duras à Yann Andrea Steiner).



*Je ne dis pas que ce que j'ai publié reflète l'aboutissement de ma recherche stylistique. Humblement, j'étais pressé de communiquer un témoignage.
Commenter  J’apprécie          10
Lointain mais vivace souvenir d'une pièce jouée par Madeleine Renaud, Michael Lonsdale, et Claude Dauphin. le top!
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (208) Voir plus



Quiz Voir plus

Marguerite DURAS

Quel est le bon titre de sa bibliographie ?

L'Homme assis dans le corridor
L'Homme assis dans le couloir
L'Homme assis dans le boudoir
L'Homme assis dans le fumoir

20 questions
190 lecteurs ont répondu
Thème : Marguerite DurasCréer un quiz sur ce livre

{* *}