Revue de presse

Romain Dutreix et Toma Bletner présentent de façon décalée et poilante un panorama de la presse satirique française du XVIIIe siècle à nos jours, plus particulièrement la période Hara Kiri, Charlie hebdo.
Ils retracent en dessins humoristiques les abus, les privilèges, la censure
sous l'Ancien Régime et au-delà avec Napoléon le grand et le petit...
planchent sur les caricaturistes du XIXe qui se foutent de la poire des élites
et ceux du XXe siècle avec la bande à Pauvert, Siné, Gotlib, Choron, Wolinski..
Sans oublier de citer une ribambelles de revues satiriques et anticonformistes comme l'Assiette au beurre, La Grosse Bertha, l'Idiot international, La bougie du sapeur....
La bande dessinée a fière l'allure, un format oblong, un dessin fantaisiste aux couleurs flashy flanqué de bulles marrantes, parfois un peu lourdes mais faites exprès pour choquer le bourgeois censeur. En adoptant la ligne et l'humour fluide glacial, les auteurs font passer L'Histoire en douceur.
Parfait pour le néophyte qui souhaite faire en bulles le tour de France de la presse satirique en moins de deux heures , chrono en main.
Pour les autres qui veulent de l'érudit, de l'exhaustif, qui cherchent la petite bête
comme le souligne si bien l'avant propos : "nous vous invitons à aller vous faire foutre ! "
Revue de presse...plein la poire, je tire mon irrévérence !
Je remercie Babelio, Masse Critique et Fluide glacial pour cette revue de presse anticonformiste

Si l'initiative de cette «Petite histoire du dessin de presse français» est sympathique, le résultat laisse beaucoup à désirer. L'entreprise vient s'échouer à peu près sur tous les écueils qui se présentaient sur son chemin. Etant donné l'angle choisi, très large, le résultat ne pouvait être que docte ou léger ; or il n'est ni l'un l'autre: la volonté didactique et celle de traiter le sujet sur le mode humoristique se télescopent et s'annihilent mutuellement. Résultat : on apprend peu et on ne rit guère.

Le tandem d'auteurs, Romain Dutreix et Toma Bletner, aurait mieux fait de s'abstenir de traiter la partie historique (en partant de l'ancien régime). Ils ne font qu'accumuler des poncifs, en particulier celui de l'éclosion de la liberté d'expression au cours de la Révolution française de 1789. En réalité, en cette période très troublée, la Convention usa de la caricature à des fins polémique ou de propagande, censurant scrupuleusement tous propos contradictoires, comme c'est le cas en temps de guerre où les auteurs satiriques sont sommés de mettre leur talent au service de la patrie. La Convention entend alors se défendre contre les attaques de la presse satirique anglaise, qui présente le nouveau gouvernement de la France comme un complot de barbares terroristes.

Quant au XIXe siècle, une fois la dictature de Napoléon Ier renversée, ce fut un véritable âge d'or en matière de presse satirique, dont les raccourcis de cette "petite histoire" ne permettent pas de rendre compte intelligiblement.

Quand ils traitent, pour finir, de la satire aujourd'hui, les auteurs se départissent de leur ton léger pour donner leur opinion ou mentionner la publication de tel ou tel copain, parfois pas du tout satirique ni humoristique.

L'époque de «Hara-Kiri» et «Charlie-Hebdo», ni trop ancienne, ni trop récente, est la moins mal traitée. Peut-être ces auteurs auraient-ils mieux fait de se concentrer dessus ?

Des observateurs plus avisés et plus satiriques font état d'une nette régression de la «liberté d'expression» depuis la Libération. le constat est facile à faire de l'organisation de plus en plus monopolistique de la presse française, propriété de quelques consortiums industriels et bancaires dont la principale préoccupation n'est pas la satire ou l'humour, mais le marketing. D'une certaine façon le "Charlie-Hebdo" de Cavanna et Choron était, à contre-courant de son époque, le dernier représentant d'une forme de presse que la seconde moitié du XXe siècle, plus policée, a abolie.

Au demeurant la conception institutionnelle de la «liberté d'expression», défendue par certaines autorités morales républicaines aujourd'hui, frise le ridicule. Comment peut-on brandir l'étendard de la liberté d'expression quand on voit que, un cran en-dessous, la liberté de ton se raréfie.

Déjà, j'aime beaucoup le format de ce livre : tout en longueur, à l'image des strips qu'il contient.
Après j'avoue que j'ai eu parfois un peu de mal avec le contenu. Soyons clair : je ne connais absolument à la presse satyrique. du coup je pensais avoir quelque chose de plus "historique", linéaire (chiant, peut-être). Mais c'est loin d'être chronologique... Au départ, assez oui : 18ème, 19ème. Mais cela ne dure pas. On parle d'une époque, puis bam petit retour en arrière, puis reprise plus au moins à la même période. Ce n'est pas totalement thématique non plus. Par exemple, j'aurai aimé que lorsque l'on me parle d'un journal, on m'en parle du début à la fin. Mais non, les auteurs n'ont pas écrit pour moi. J'ai donc eu l'impression de survoler le sujet, de ne pas apprendre grand chose. Mais j'aurai dû m'en douter.
Mon erreur vient sûrement que j'ai voulu lire à la manière d'une bd classique. Mais ce sont des strips, donc de petites tranches à picorer.
L'humour, lui, est comme il se doit pour moi : grinçant, pas toujours réussi, mais tenté.
Une lecture mitigée donc, mais qui a le mérite de m'avoir fait comprendre l'ancrage profond de la presse satyrique dans le paysage éditorial, la tradition française dans le domaine (et confirmer mon impression que ce n'est pas toujours pour moi!).

A la fois didactique et décalé (on n'en espérait pas moins ), Revue de Presse est la compilation d'un ensemble de strips parus en 2015 dans les colonnes de Libération et le magazine Fluide Glacial. Ils retracent l'évolution du dessin de presse satirique du XVIIIe siècle à nos jours. D'un format original, cartonné et coloré, sa lecture permet d'apprendre l'essentiel sur l'histoire de la presse satirique et ses difficultés inhérentes à la censure. Avec légèreté et humour, les auteurs Romain Dutreix et Toma Bletner parcourent l'histoire d'une presse anticonformiste, non sans rappeler que la liberté d'expression peut susciter la violence. Philipon représente Louis-Philippe sous la forme d'une poire au XVIIIe siècle, cela lui vaudra bien sûr un séjour tous frais payés en prison. La grande Anastasie, armée d'énormes ciseaux, malmènera les journalistes jusqu'à ce que la loi de 1881 promulgue la liberté de la presse. Pour autant, peut-on vraiment parler de liberté ? La majeure partie de l'ouvrage s'attache à montrer que le XXe siècle n'est malheureusement que le reflet d'autres formes d'intolérance à l'égard de la liberté. Inutile de le préciser, l'attentat de Charlie Hebdo est évoqué! Assurément, cette lecture a tout pour plaire, car elle trouve le bon ton pour aborder un sujet somme toute sérieux et parfois grave tout en suscitant des moments de franche rigolade! le propre de la presse satirique en somme! Avis aux profs qui passent par là : certaines planches constituent un excellent support pour travailler sur l'histoire du dessin de presse...