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4,3

sur 5090 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le livre est long je dis long ça veut dire long,pénible parfois à mourir mais ce que l'on gagne à la fin est inestimable. C'est sans aucun doute un véritable chef d'oeuvre et qualifier cette oeuvre erudite m'est difficile. C'est un livre qui parle de livre avec des meurtres et un textes religieux historique franchement intéressant, on des dialogues que je n'oublierais jamais et la est la force de ce livre c'est sa richesse de récits.
Je conseille pour ceux qui veulent s'ennuyer pendant 300pages, il faut de la patience, beaucoup de patience. Ce livre est en réalité ling de 600pages mais sa lecture m'aura demandé le temps et l'effort d'un millier voir plus de page mais ça en valait le coup.
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"Le Nom de la Rose" d'Umberto Eco est un roman complexe et captivant qui mélange habilement l'histoire, la théologie, la philosophie et le mystère.
L'intrigue principale du roman tourne autour d'une série de meurtres mystérieux survenus dans une abbaye bénédictine isolée au XIVe siècle. le protagoniste, Guillaume de Baskerville, un franciscain et son novice Adso, sont chargés d'enquêter sur ces crimes. L'intrigue est dense et pleine de rebondissements, ce qui maintient le lecteur en haleine jusqu'à la fin.
Umberto Eco fait un travail remarquable pour recréer le contexte historique de l'époque médiévale, avec ses querelles théologiques, ses luttes de pouvoir et sa superstition. Il explore également des questions théologiques profondes, telles que la nature du péché, la moralité et la foi, ce qui donne au livre une profondeur intellectuelle supplémentaire.
Les personnages du roman sont riches en nuances et en complexité. Guillaume de Baskerville est un détective brillant et rationnel, mais il est également hanté par ses propres démons intérieurs. Adso, le narrateur, apporte une perspective intéressante en tant que novice inexpérimenté, ce qui permet au lecteur de découvrir l'intrigue à travers ses yeux.
"Le Nom de la Rose" aborde une multitude de thèmes profonds, notamment la connaissance, le pouvoir, la religion, la science, la superstition et la nature humaine. Eco offre une réflexion profonde sur ces sujets à travers les actions et les dialogues de ses personnages, ce qui donne au livre une portée philosophique considérable.
En conclusion, "Le Nom de la Rose" est un chef-d'oeuvre littéraire qui combine habilement suspense, histoire, théologie et philosophie. C'est un livre qui demande une lecture attentive, mais il récompense amplement ceux qui investissent leur temps et leur réflexion dans son exploration complexe de l'humanité et de la société médiévale.
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Je vais me risquer d'écrire une critique sur ce livre, enfin, avec une telle bibliothèque présente dans un seul livre, je vais plutôt faire une critique sur plusieurs livres !
Umberto Eco est un grand auteur. On ne peut que constater le travaille gigantesque qui a dut être fait pour l'écriture.
Sans parler de toutes les parties philosophiques, qui ne sont vraiment pas faciles d'accès. Mais ces parties rajoutent du contenu, de la valeur historique. Je me suis même surpris à faire quelques recherches pour mieux comprendre les différents débats.

L'intrigue est bien amenée et elle a un rythme, un peu comme une partition de musique. Il a su nous distiller suffisamment d'indices pour garder notre curiosité éveillée
L'ensemble donne un beau bébé de plus de 600 pages !

J'ai néanmoins dû m'accrocher aux 150 premières pages (voulu par l'auteur), pour ensuite trouver cette envie de ne pas fermer le livre.
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Quand je lis certaines critiques, le bras m'en tombent. Comment peut-on se permettre de tutoyer déjà un auteur qui est d'ailleurs décédé? Comment peut-on être aussi irrespectueux et ignare, et en plus l'admettre? J'en suis écoeuré. On a le droit de ne pas aimer un ouvrage; mais avoir une telle ignorance au sujet de l'auteur, cela m'effraie.

Ceci est une réaction à chaud!
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Une oeuvre magistrale !

J'ai été embarquée dès les premières pages de cette histoire qui monte crescendo. Umberto Eco plante son décor, lieu et personnages, au fur et à mesure avec grande finesse, impose d'emblée une immersion temporelle avec des chapitres égrénés selon les heures canoniales, nous plonge dans un contexte historique savamment étudié, manie le rythme à la perfection, glisse ça et là des pointes d'humour et nous ouvre les portes de réflexions métaphysiques.

Je n'ai certes pas saisi toutes les subtilités de l'ouvrage, pas plus que l'exhaustivité des références, mon érudition n'atteignant pas celle de l'auteur. Pour autant j'ai adoré ma lecture.

Les seuls aspects qui l'ont alourdie sont les longs moments descriptifs, bien qu'ils crédibilisent le style du narrateur médiéval, comme l'explique l'auteur en apostille.

J'aurais aussi adoré que l'éditeur traduise les passages en latin et les quelques expressions en vieil allemand. Mes notions étaient bien trop limitées pour en saisir le sens. D'ailleurs, pour les lecteurs qui voudraient se lancer dans ce bijou de la littérature, j'ai découvert après-coup qu'un site éponyme du nom de la rose propose l'intégralité des traductions !
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Le franciscain Guillaume de Baskerville et son fort jeune secrétaire Adso (dominicain) sont envoyés en Italie pour y organiser une rencontre entre des légats du pape (alors installé en Avignon, nous sommes sous le règne de Philippe V le Long, fils de Philippe le Bel) et une délégation de franciscains, qui tentent de faire reconnaître la pauvreté du Christ. L'enjeu est de taille, car la pauvreté du Christ équivaut à la pauvreté de l'Église et si on laisse les franciscains être plus moraux que le pape... La chrétienté est encore traumatisée par l'agitation des dolciniens (qui tuaient tous les riches) et les diverses autres hérésies et, pour ne rien arranger, derrière l'ordre de saint François, se cache l'empereur du Saint-Empire Romain Germanique, trop heureux d'ennuyer le pape.

Mais de tout ça, le lecteur n'en a globalement rien à carrer, parce que l'intrigue, c'est avant tout cette histoire de jeune enlumineur qui s'est jeté d'une tour où il n'aurait pas dû être. Et dès leur arrivée à l'abbaye, Guillaume et Adso se heurtent à des ennemis de taille : les discussions savantes hors-sujet, qui, tels des inquisiteurs espagnols, surgissent au moment où personne ne les attend. Quant au lecteur, il a un adversaire supplémentaire : les citations latines non traduites.

Mais malgré tout, les deux moines ne se laissent pas décourager. Ils découvrent que cette abbaye a une bibliothèque où seul le bibliothécaire, Malachie, peut entrer (le fameux endroit où le premier mort, Adelme, ne devait pas être). Ils apprennent aussi qu'Adelme a participé à une discussion sur le rire avec d'autres jeunes moines, Venantius, Béranger et Bence, et un vieil aveugle n'ayant que l'Apocalypse à la bouche, Jorge. Celui-ci n'est pas le seul vieux obsédé par la fin des temps ; il y a également Alinardo, de 10 ans son aîné, sénile, qui mange des pois chiches pour saliver et se plaint de s'être fait ravi le poste de bibliothécaire.

Assez vite, notre duo découvre que Bérenger avait obtenu des faveurs sexuelles d'Adelme en échange d'informations sur un certain livre. Seulement, Adelme se serait dit que finalement, la sodomie, c'est nul, et se serait suicidé. Hum, ce n'est pas avec Umberto Eco que le pape va démentir les rumeurs qui courent sur ses subordonnés... Bref, très vite, ça devient la foire aux meurtres et la foire aux sortie nocturnes dans la bibliothèque. Venantius et Bérenger, qu'on suspectait, se font assassiner, non sans avoir tenté de freiner l'enquête (les faveurs sexuelles d'Adelme étaient-elles un plan à plusieurs ?)

Pendant une sortie nocturne, Adso connaît l'évènement le plus bouleversant de toute sa vie, bien plus bouleversant que la mort de trois personnes en quelques jours : il rencontre une FEMME ! Ne riez pas ; le gamin en a vu tellement peu qu'il n'arrive même pas à dire si elle a 15 ans (comme lui) ou vingt ou vingt-cinq. Mais son étonnement face à cette créature venue d'un lointain univers est dominé par son dessous de ceinture, qui le pousse à se rouler sur les dalles froides de la cuisine (romantisme x1000) avec la jeune fille, qui elle aussi doit être retournée de ce premier rapport sexuel librement consenti de sa part ; comme Guillaume le déduit plus tard, elle a plutôt l'habitude de coucher avec ce vieux moche de cellérier, en échange d'un peu de bouffe.

Mais surtout, ne vous attendez pas à ce que cet épisode ait un vrai impact sur l'histoire ; Adso décrit savamment son trouble pendant des pages et des pages, et, suivant la bonne tradition catholique du "j'vous jure, je regrette et je l'ferais plus", se confesse à Guillaume, qui ne manque pas de cracher débonnairement sur la gent féminine, parce que merde, c'est quand même à cause de ces créatures qu'on est plus au jardin d'Éden ! Quelques chapitres plus tard, la jeune fille est arrêtée comme sorcière par Bernard Gui, membre de la troupe des légats du pape, qui la condamne direct au bûcher. Et voilà, le "grand amour" d'Adso est mort sans que notre moinillon ait appris son nom. On sent d'ici les doux relents du romantisme.

Ah oui, pendant que j'y pense, vous saviez qu'Adso (qui raconte l'histoire, des années plus tard) cautionne la pédophilie ? Il dit en substance : "Oh, mais ça va, moi aussi j'ai reçu des poèmes lyriques de la part d'un vieux moine et moi aussi ça m'excite un peu, des fois, de zieuter un novice imberbe !" Hum, toi mon ami, il est temps que nous dise ce que le sir de Baskerville t'a fait pendant ce voyage en Italie.

Mais je m'égare. L'intrigue tourne principalement autour d'un livre mystérieux, vraisemblablement écrit en grec. Et la rencontre pour débattre de la pauvreté du Christ rend la tâche de Guillaume encore plus délicate ; il ne doit pas entacher la réputation de l'abbaye. Après de splendides scènes de grands théologiens qui se foutent sur la gueule au sujet d'un truc dont la réponse est totalement évidente, un procès à l'encontre du cellérier et de son aide (des anciens hérétiques dolciniens) institué par Bernard Gui qui nous fait revivre cette bonne époque où on était condamné avant d'être accusé et, comme je l'ai dit, l'arrestation de la jeune fille, tout ce beau monde repart sans avoir trouvé d'accord ; la mission principale de Guillaume a échoué.

Mais son enquête à avancé : l'herboriste, qui prétendait avoir retrouvé le livre, a été retrouvé assassiné et le livre est repris par Bence, qui le remet à Malachie en échange du poste d'aide bibliothécaire. D'ailleurs, on chuchote que Malachie couchait avec Bérenger et était donc jaloux d'Adelme... Oui, je sais, on dirait du "secret story" en milieu monacal, mais qu'y puis-je ?

Nouveau coup de théâtre quand Malachie est empoisonné ; mais qui lui aurait fait ingéré du poison ? Comment ? Car on sait que ce n'est pas un poison enduit sur le livre, qui tue à travers la peau. Après ce cinquième meurtre, L Abbé décide que, ses moines qui tombent comme des mouches, c'est grave, mais pas autant que si la réputation de l'abbaye est compromise. Alors, il prie Guillaume et Adso de prendre leurs cliques et leurs claques et de rentrer en Allemagne.

Pressé par le temps, le duo se rend nuitamment dans la bibliothèque (encore) pour y découvrir...le coupable, que je ne nommerais pas ! (je le suspectais depuis le début, c'est mon seul indice) Et finalement, tout se termine par l'incendie total de l'abbaye ; Guillaume de Baskerville a peut-être découvert la vérité, mais il n'a sauvé aucune vie.

Une excellente découverte que ce roman policier au Moyen-Âge, même si les digressions historiques, religieuses, morales, philosophiques, etc ont de quoi lasser, à la longue.
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Impressionnant d'érudition, mais qui reste tout de même accessible (ce qui n'a pas été le cas pour moi avec le pendule de Foucault).

Ce roman mélange les genres : roman historique, roman policier, réflexion philosophique. Il mêle des éléments de suspense, de mystère et d'érudition.

Eco explore les conflits entre l'Église et l'État, ainsi que les débats théologiques de l'époque. Il examine la puissance de la langue et de la littérature.
Des personnages complexes opposent le progrès à l'obscurantisme, la recherche de la vérité aux méthodes moyenâgeuses.
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365 avis , Ajouter une critique ? Réponse oui …..
Je ramène ma fraise , pour dire évidement que ce roman est un excellent polar et un excellent roman historique. La caractérisation, la trame narrative , le contexte historique sont au top .
C'est un délicieux texte rempli à ras bord de mentalités et d'histoire médiévales restituées et actionnées avec une justesse infinie. le fumet de l'époque est dans ces pages si agréables à tourner.
Mais : L'objet principal , central des deux moyen-âges , j'ai nommé : le livre (Le parchemin et l'encre) sont au centre du récit et dans les relations riches avec l'église aussi.
Les problématiques monastiques et les attributs judiciaires de certains ordres dont les mendiants sont brillamment posés dans ce livre qui organise clairement les différentes juridictions ecclésiastiques en action qui sont bien posées .
Le monastère (l'abbé) , l'évêque, les ordres mendiants et l'inquisition (légats), le tribunal pontifical sont le cadre institutionnel de ce polar.
L'ambiance et la donne médiévale sont complétement millimétrées et à mon humble avis c'est un fabuleux roman historique qui extrait la quintessence du moyen-âge récent.
Au coeur du roman est le manuscrit et l'atelier des copistes. Il y a une hiérarchisation générale des textes ( cf. la symbolique de l'escalier de la bibliothèque que l'on grimpe pour lire).Tout le monde ne copie pas tous les textes et la lecture est structurée en liberté d'accès hiérarchisée selon des paliers de compétences , d'utilités d'accès , ceci sur un mode permanent ou bien plus ou moins circonstancié et plus ou moins limité et autorisé ( Granted en anglais par exemple).
Nous tous nous pensons que la science est d'aujourd'hui , la recherche aussi ,et que ses promesses sont pour un demain (plus ou moins lointain) mais du ressort du futur.
Il faut savoir que ne fut pas toujours le cas .dans le moyen-âge de l'Europe occidentale et non sans raisons. , La science et le savoir était contenu dans des textes anciens. L'antiquité gréco-romaine est un Age d'or de la pensée et de la science (plurielle) .Vous N'avez pas idée de l'immensité variée des savoirs antiques (agronomie , philosophie, sciences politiques, médecine , zoologie …. Et j'en passe).
En occident tout ou presque à sombré dans l'oubli (pas dans l'orient romain et grec). le moyen-âge fut héroïque dans la sauvegarde du savoir. le haut moyen- âge occidental a ainsi étendu la diffusion de l'écriture caroline qui permit une standardisation de l'écriture et de la lecture et aussi la copie fidèle de tout ce qui restait des textes latins essentiellement (moins des textes grecs) . Les trésors variés de l'antiquité furent sauvés par une crispation volontaire et consciente de l'église romaine et apostolique. Il fut impératif de sauver l'antiquité classique à tout prix.
Ces textes eurent une aura quasiment sacrée, même beaucoup de ceux qui allaient contre les enseignements du christianisme .Ainsi fut sauvé Aristophane ou encore l'amour dit grec ou bien une certaine licence morale et même la démarche juridique et scientifique.
Beaucoup de ces textes furent quasiment « sacrés » et leur accès fut contingenté différentiellement et tributaire de maintes justifications et autorisations d'accès. le livre était aussi une propriété privée et un objet de grande valeur à partager avec modération , mais aussi à préserver et à garder au sens propre du terme. Des listes de textes circulaient et des listes de lieux de conservation circulaient également. Les versions des mêmes textes avait des origines différentes et elles étaient hiérarchisées entre elles
L'immense mérite de L'auteur fut de placer cette problématique au centre de son oeuvre . C'est mieux pour l'action en faveur de la vulgarisation historique sur le moyen-âge que d'avoir écrit mille pages d'histoire médiévale sur le sujet qui seraient par nature restées plus confidentielles que ce fabuleux roman éloquent. Je dirais pour conclure que Galilée mourut d'avoir énoncé que la terre tournait autour du soleil . Mais des moines obscurs le pensèrent certainement avant lui, bien que perdus dans les limbes silencieuses et anonymes du passé profond de l'occident. L'amateur de science-fiction que je suis , vous dira aussi que les extraterrestres potentiels n'étaient pas ignorés non plus par tous de par la millénaire théorie de la pluralité des mondes. Ces textes furent copiés et diffusés inlassablement , de même la rondeur de notre planète est une connaissance également millénaire fondée sur la géométrie et sur les mathématiques.
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Plus sûrement que ce qu'on appelle les self-made-men (cette espèce croyant ne devoir qu'à soi-même une trajectoire non dénuée en réalité d'opportunités heureuses, émaillée de maintes rencontres profitables ; surtout tributaire de la bonne réception par tous les autres de leur entreprise), il semble y avoir de ces livres, parmi la surabondance, qui se soient écrits eux-mêmes... Comme nés de l'origine du monde, pré-existants à l'humanité dans la trame de l'univers. Peut-être ont-ils toujours été là. Bref, à un moment de l'histoire, ils s'échappent d'où ils sont retenus et partent habiter nos librairies, nous délivrant tout ce qu'ils veulent nous communiquer dans leur extrême perfection d'objets divins...
Bon... Cette introduction pour dire que je ne peux pas croire qu'une simple tête humaine ait écrit pareille chose ! Alors je tente des explications.
L'idée d'Umberto Eco est d'emblée assez géniale de faire passer ce qui est pure oeuvre de fiction pour la traduction qu'il propose en italien d'une ancienne traduction française d'un authentique manuscrit du XIVe siècle, rédigé de la main d'un jeune novice bénédictin, plusieurs fois perdu puis retrouvé. D'autant qu'il fait mine au début de nous partager ses nombreux questionnements liés aux enjeux de telle traduction : faut-il conserver, et dans quelle mesure, les textes en latin ; quel style et quelle langue adopter ; sa défiance quant à la qualité, à la fidélité de la (fausse) traduction française sur laquelle il s'appuie ; comment rendre le plus accessible possible un texte vieux de sept siècles à des lecteurs contemporains, sans pour autant trahir son auteur...
Aussitôt après ces feintes considérations, qui donne déjà au récit une forte impression d'authenticité (et en effet, on s'y croirait), nous voici projetés au beau milieu d'une abbaye bénédictine du XIVe siècle, probablement, est-il dit, située dans le nord de l'Italie actuelle, pour un huis clos pesant de plus de 700 pages.
La reconstitution de l'abbaye impressionne. C'est comme si elle apparaissait sous nos yeux, c'est sombre, on croit voir et sentir l'aspect froid et humide des vieilles pierres.
Puis viennent les meurtres, et sur le canevas historique se tisse progressivement une savante enquête à la Sherlock Holmes. Ce n'est d'ailleurs pas le fruit du hasard si les deux protagonistes principaux ont pour noms Guillaume de Baskerville, référence au célèbre roman du sir Arthur, et Adso, dont la paronymie avec Watson est plus qu'évidente.
Le Nom de la rose est sans nul doute une lecture exigeante. Eco, merci à lui, nous en avertit dans sa "préface à la nouvelle édition" de 2012 : " Je veux toujours soumettre mon lecteur à une certaine discipline pénitentielle". Cette intention, et le fait de la revendiquer, fait énormément de bien, à une époque où l'objectif de nombre d'auteurs est avant tout, me semble-t-il, de préserver surtout l'énergie de leurs lecteurs, et leur patience, ne pas leur demander trop d'effort. Dès l'amorce donc, Eco nous prévient que ce sera dur, et je me suis dit qu'il ne fallait surtout pas chercher à tout comprendre. Cela a libéré ma lecture et l'a rendue peut-être plus magique encore ! Car en effet, je ne comprends pas tout, mais cette époque si lointaine, ces hommes, dont ce livre est censé être le témoignage direct de l'un d'eux, les considérations de ces hommes, ne sont-ils pas, de fait, inaccessibles ? C'est l'authenticité qui s'en trouve encore augmentée.
Tout le roman est traversé par des réflexions extrêmement intéressantes, mais aussi très savantes. Sur la nature du rire, sa prise en compte par la religion ; sur l'amour ; sur la pauvreté au sein de l'Église, les différentes doctrines ; sur les dangers et les dérives de l'interprétation ; sur les marges et les exclus, le recours à la violence... Ces très nombreuses problématiques entrent évidemment en résonance avec celles d'aujourd'hui, sans doute moins imprégnées de religion parce que plus laïques (encore que) : on pense aux caricatures, au débat sur l'existence ou non d'une violence légitime, etc. Cela montre en tout cas comme la religion, puisqu'elle s'est saisie et se saisit encore (heureusement ou malheureusement, peu importe) de questions importantes de société, de droit, de philosophie, de morale, les mêmes qu'on retrouve de nos jours, n'est rien qu'une tentative d'organisation sociale.
J'ai vu aussi la question du ridicule comme une des thématiques principales du roman. Des personnages d'une phénoménale érudition, éloquents, détenteurs sans doute d'une certaine sagesse... qui parlent et qui discutent sans arrêt de choses si insignifiantes, d'une nullité, qui ne peuvent avoir aucune réponse ! C'est-à-dire que de l'interprétation d'un minuscule mot, d'une phrase perdue par exemple au milieu de l'Apocalypse, on va l'examiner et en débattre des heures durant, sans jamais se rendre compte de la vacuité et de la nullité de ce qu'on est en train d'étudier, et pour ça on se traite d'hérétique et se menace de s'envoyer sur le bûcher... On ne peut s'empêcher de penser que certes on a affaire ici à des gens sûrement très érudits et très savants, peut-être intelligents, tout ce qu'on veut, mais au service de quoi mettent-ils leur intelligence ?! Ils sont tellement sérieux et si sévères, ils deviennent tout rouges d'entendre que les Justes ne verront finalement le visage de Dieu qu'une fois passé le Jugement Dernier ! Merci monsieur Eco d'avoir su montrer aussi, pour les tourner en ridicule, ce genre de caractère et de comportement. Cela pourrait prêter à rire, n'en déplaise à certains...
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Un ouvrage magistral à tous points de vue : intrigue passionnante, un contexte historique tellement bien décrit que l'on a l'impression d'être transporté dans le temps, des éléments extrêmement précis sur l'histoire de l'église, des personnages avec beaucoup de relief, bref un livre qui marque la littérature mondiale. Un chef d'oeuvre. Un seul bémol : peut-être une vision excessivement noire de l'époque et de la vie dans une abbaye médiévale.
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