Ce tome fait suite à The finely woven thread (épisodes 1 à 6) qu'il vaut mieux avoir lu avant. Il contient les épisodes 7 à 12, initialement parus en 2014, ainsi que l'épisode 9 de la série Punisher, tous écrits par
Nathan Edmondson. Tous les épisodes de "Black Widow" ont été dessinés, encrés et mis en couleurs par Pjil Noto (à l'infographie). L'épisode du Punisher a été dessiné, encré et mis en couleurs par
Mitch Gerads.
Épisode 7 – Natasha Romanoff est sur la piste de l'organisation Chaos, à San Francisco, où elle croise un ancien amant, ayant récemment élu domicile dans cette ville. Épisode 8 – Elle a accepté une mission, de récupérer un objet à bord d'un train. Elle y croise un autre de ses anciens amants. Épisodes 9 (des 2 séries) – Comme la couverture en atteste, la recherche d'indices sur l'organisation Chaos lui fait croiser la route de Frank Castle.
Épisodes 10 à 12 – Black Widow poursuit son enquête. Une de ses anciennes missions d'espionne au Pakistan a des répercussions inattendues. À Macao, elle se fait aider par une autre superhéroïne. Aux États-Unis, un reportage télévisé met en doute sa loyauté. À Londres, Isaiah Ross (son agent) rencontre des difficultés inattendues.
Avec ce deuxième tome,
Nathan Edmondson confirme la bonne impression du premier tome, mais aussi ses limites. Pour commencer, il faut deux fois moins de temps pour lire ce recueil que pour un autre de même pagination. L'objectif d'Edmondson est de proposer une lecture bourrée d'action. Natasha Romanoff était une espionne d'envergure internationale, et ses missions ont conservé cette envergure mondiale. Elle se ballade d'un coin à l'autre de la planète en fonction des missions qu'elle accepte, ou de sa poursuite d'information.
Pour ce deuxième tome, Edmondson a choisi de sacrifier à l'habituel invité pour donner une raison supplémentaire au lecteur de s'intéresser à la série. Mais il a choisi de le faire à sa manière en changeant d'invité surprise à chaque épisode (je vous laisse découvrir lesquels). À chaque fois, il y a un motif valable à sa participation. À chaque fois ce personnage supplémentaire permet de faire ressortir les spécificités de Black Widow par rapport au superhéros concerné. Certes, le lecteur sait bien que Natasha Romanoff n'est pas Frank Castle, mais Edmondson fait ressortir les différences également dans leurs modes opératoires. Il est également le scénariste de la nouvelle série du Punisher, et il assure la coordination entre ces 2 épisodes avec minutie et précision, reprenant les mêmes dialogues dans les 2, mais en changeant de point de vue, passant d'un personnage à l'autre.
L'objectif d'Edmondson est donc de concevoir des intrigues qui contiennent une bonne dose d'action spectaculaire, tout en restant aussi réaliste qu'un bon film de James Bond (oui, tout est relatif, le réalisme aussi). le lecteur peut donc ainsi apprécier une course-poursuite sur les toits de San Francisco, une prise d'assaut dans un chalet de montagne, un jeu du chat et de la souris dans les coursives d'un navire, une fuite éperdue pour éviter les traits décochés par un redoutable archer, des meurtres de sang froid dans un casino, et une belle utilisation de drone.
Phil Noto n'a rien changé dans sa manière de dessiner, avec cases précises sans être surchargées. Il adapte le niveau d'informations visuelles en fonction de la séquence, aussi bien dense qu'épuré. Il peut aussi bien esquisser à grands traits (grands coups de pinceau virtuel) la silhouette d'un navire en pleine mer, que dessiner une porte en bois avec plus de précision et de soin dans les textures.
Il faut un peu de temps pour que l'oeil se fasse à ce mode de représentation variant de quelques coups de pinceaux pour des formes géométriques simplifiées sans trait de détourage, à des dessins plus léchés telle cette pleine page magnifique où Natasha Romanoff (dans un joli tailleur) et sa protégée avancent sur un tapis rouge, très belles et séduisantes, sans aucun élément racoleur ou vulgaire (= sans l'exagération habituelle des comics de superhéros sur leur anatomie).
Une fois passé ce moment d'acclimatation à ce mode de représentation inusuelle, le lecteur apprécie la compétence narrative de Noto. Il varie le nombre de cases en fonction de la nature de la séquence. Il découpe chaque action et la met en scène de manière à rendre compte du mouvement et de la rapidité des personnages. Les couleurs habillent chaque dessin, pas pour augmenter le volume, mais pour les inscrire dans une ambiance globale, et pour étoffer discrètement les surfaces parfois à peine détourées.
Par comparaison,
Mitch Gerads dessine de manière plus traditionnelle, avec une approche plus figurative, plus photographique, et des compositions de planche un peu plus paresseuse (vive les cases de la largeur de la page sans grand-chose dedans). Néanmoins ses dessins ne jurent pas à côté de ceux Noto, ils sont juste plus classiques.
Le lecteur ressort de ce tome avec le plaisir d'avoir passé un bon moment dans un récit d'action, vif et enlevé. L'intrigue ne connaît pas de temps mort, les protagonistes se comportent comme des adultes, les enjeux sont clairs et tranchés et les invités surprise viennent mettre en valeur Black Widow sans être non plus réduits à l'état de simple faire-valoir. Les pages de
Phil Noto immergent le lecteur dans un monde assez réaliste pour accroître la plausibilité des aventures de Black Widow, assez interprété pour que les éléments superhéroïques ne viennent pas contredire l'approche réaliste. Emporté par l'action et le rythme de la narration, le lecteur ne s'aperçoit qu'à la fin que l'intrigue aurait pu être un peu plus consistante.