L'obéissance passive à l'autorité souveraine est donc. pour le peuple japonais, le premier et le seul devoir religieux. Cette notion, encore universellement répandue, était un instrument de domination trop puissant pour que le gouvernement actuel ne crût pas devoir la sanctionner par une ordonnance solennelle. C'est ce qu'il fit en 1872, sous la forme des trois commandements ci-après :
1° Vous honorerez les dieux et vous aimerez la patrie;
2° Vous suivrez les conseils de votre conscience et vous observerez les lois de la morale humaine ;
3° Vous vénérerez le Mikado comme votre souverain et vous obéirez à ses commandements.
Comme on le voit, le Shintoïsme n'est pas une religion proprement dite, mais bien un système de gouvernement basé sur quelques légendes plus ou moins fantaisistes.
La religion bouddhiste lui introduite au Japon l'an 552 après Jésus-Christ, par des missionnaires coréens venus à la Cour du Mikado, à la suite des savants et des artistes qui y avaient été appelés. Elle se propagea plus facilement dans le pays que la doctrine confucienne, malgré les luttes et même les persécutions qu'elle eut à subir dès le début.
Les progrès qu'elle accomplit furent d'autant plus rapides que la pompe de ses fastueuses cérémonies, la variété de ses manifestations extérieures, contrastaient singulièrement avec la simplicité de l'abstraction nationale.
Le Shintoïsme, que le gouvernement actuel du Japon cherche à rénover, dans un but dynastique que nous aurons l'occasion d'expliquer, a, pour ce qui le concerne, si bien changé de physionomie depuis ses trois mille ans d'existence, qu'il équivaut à peu près aujourd'hui à la seule reconnaissance d'un principe, d'un dogme.