Je me suis plongé dans ce livre, au début, comme on replonge en enfance. Curiosité, impatience. Je voulais découvrir l'histoire qu'il contenait. Rentrer dans un univers nouveau, lointain. La lecture d'un livre “jeunesse” n'est pas chose facile. Il faut savoir se métamorphoser, réduire sa taille. Pour apprécier totalement l'invitation au rêve.
On y rencontre Max. Un jeune garçon qui adore son costume de loup, jouer avec son chien, lancer des boules de neiges sur les copains de sa soeur. Un enfant, dans toute l'ampleur du terme. Assez attachant il faut dire. Mais sa candeur se retrouve bien vite confronté à la vie, aux souffrances. A sa soeur, envers qui il nourrit une haine profonde, de par son rejet, son indifférence, son désintérêt. “Elle me laisserait mourir”. A sa mère, qui bien vite a du partager son amour avec Gary, le beau-père de Max. L'intrus, la goutte d'eau qui fait déborder le vase…. le divorce de ses parents : traumatisme latent. Une douleur qui, masquée par les excès de rage, fait du mal aux autres et à l'enfant lui-même. C'est de cet univers oppressant qu'il s'arrachera, un soir. Une fugue, dirait-on. Ou plutôt un voyage. C'est sur une barque que Max navigue. L'horizon s'éloigne. Les lumières s'éteignent au loin. Il frissonne. Avant qu'il n'accoste sur l'île aux monstres. Aventure ou catabase ? Univers déroutant. Monstres chimériques. Récit initiatique. Face aux autres, à la vie, il apprendra à se forger, se construire. D'un coup, Max se retrouve propulsé du statut d'enfant à roi, adulte. Avec des responsabilités. le moindre échec ne passe pas inaperçu. Les conflits montent. On arrache un bras, on se croque. Il prendra peu à peu conscience. de quoi ? de tout.
Si j'avais eu 10 ans, j'aurais aimé le livre. Aimé les monstres. La guerre de boue. La parade. le chien. le taureau. L'écriture est limpide, précise, belle. Et une certaine poésie. Profondeur assez rare dans les livres jeunesse.
Mais ce monde m'a dérangé. J'avais l'impression de lire le récit d'un monde tranchant, aiguisé. Ces grandes chimères, ces grandes peluches portent peut-être un masque. Pour cacher quelque chose d'horrible. Ambiance sombre tout de même : les voix de la terre, les violences. Métaphore d'un chose trop proche ? D'un univers familier ? Aucune idée. Je sais juste qu'un grain de sable entravait constamment mon immersion. Qui provenait de cet île on ne peut plus singulière.
Au final, Indécis. J'ai aimé. Je l'ai trouvé dérangeant. Impossibilité d'expliquer ce brouillard. Beau et sombre. Ensemble joli et déstabilisant . Oxymores improbables. Réaction déroutante. Cette critique est à l'image de mon ressenti : déstructurée, désorganisée, étrange. En tout cas, ce livre a suscité un quelque chose que je ne connaissais pas. Et peut-être est-ce là la qualité d'un bon livre ? Livre à chacun de voit en cette île une utopie ou monde cruel. Au sortir de ce livre, je suis sur la barque. Entre deux mondes, deux avis, qui sont peut-être plus proches qu'on ne le pense…
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