A la mort de son père, Bernice Eisenstein a voulu revenir sur le passé de ses parents, faire un zoom arrière sur une histoire écrasante et pénible dont on pressent toute la charge émotionnelle faite d'épouvante, de colère contenue, d'accablement, de non-dits et de culpabilité pour les survivants.
Aussi loin qu'elle se souvienne, Bernice a toujours su que ses parents étaient des rescapés, même s'il lui était impossible d'en déterminer la date réelle. Sans doute même dès avant sa naissance. Elle avait absorbé l'Holocauste comme d'autres sombrent dans la drogue, ce besoin intangible de se rassasier de ces récits déchirants, de s'abreuver de corps qui n'avaient plus rien d'humain. L'Holocauste était son LSD, sa cocaïne, son héroïne. Il lui fallait sa dose quotidienne d'images, d'ouvrages – romans ou témoignages d'anciens concentrationnaires – pour ressentir cette transe, cette décharge intérieure et être en empathie avec le passé familial.
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