American Psycho est le genre de livre à ne surtout pas mettre entre toutes les mains. C'est le genre de livre où le talent de l'auteur est tellement incontestable qu'il pourrait provoquer des dégats...
Certaines personnes n'arrive pas aller plus loin dès qu'elles abordent l'aspect "horreur-porno" du livre, mais chez d'autres, cela fonctionne comme une drogue. Autant le dire tout de suite, je n'ai pas les mots pour décrire à quel point ce livre est horrible. Horrible mais fascinant. C'est probablement notre attirance naturelle pour le morbide qui nous incite à plonger dans ce tourbillon glauque mené par le jeune yuppie Patrick Bateman.
Le plus effrayant, c'est que les scènes de vie quotidienne sont justement aussi effrayantes que les scènes de massacre pourtant très réalistes et détaillées. Si on le caractère hypnotiseur de ces dernières est indéniable, elles paraissent presque moins malsaines que les centaines de détails qui témoignent de l'hédonisme, de l'égocentrisme et l'élitisme de ce milieu et plus particulièrement de ce personnage.
Au début, les deux parties (grossièrement, la partie "soft" et la partie "hard") sont clairement séparées. Puis, au fur et à mesure, sans que l'on s'en rende compte, les deux se mélangent pour former à la fin un mix de considérations esthétiques, de remarques mondaines et de pensées meurtrières (et le mot est faible).
Le plus surprenant, et finalement logique, c'est le contraste si fort entre le contrôle extrême de la partie "soft", et la barbarie sans limite de la partie "hard". Ce qui rend cela possible, c'est probablement l'égocentrisme du personnage.
Et au milieu de tout cela, et c'est aussi ce qui fait le génie d'Easton Ellis, de simples reflexions culturelles (comme les critiques des Talking Heads ou de
Phil Collins) qui surprennent à peine tellement Patrick Bateman semble être régi par l'absurde d'une conscience en vrac.
On voit donc avec ce très très bon livre où peut mener la société de l'individualisme qui règne aujourd'hui, bien qu'ici elle soit poussée à son extrême limite... et accessoirement l'emprise que le morbide possède sur nos esprit, l'attraction et la facination qu'il exerce.