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3,62

sur 3238 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En quatrième de couverture de l'édition 10/18, Beigbeder qualifie American Psycho comme étant l'Apocalypse de notre temps et il n'en fallait pas plus à une lectrice comme moi pour me lancer dans l'aventure... Malgré les avis opposés concernant ce bouquin, j'ai pris un plaisir presque malsain à entamer cette lecture qui traîne derrière elle comme un arrière goût d'interdit... et là ce fût le choc... C'est donc ça le livre qui a fait scandale?
Politiquement incorrect, dérangeant certes... moi en tout cas je ne lui ai rien trouvé de scandaleux. Je dirai même qu'il s'avère intéressant quand on prend la peine de le lire avec attention.

L'histoire met en scène Patrick Bateman, jeune golden-boy de New-York, âgé de 27 ans. Riche, relativement bien gaulé, notre bonhomme ne porte que de la haute-couture, possède une Amex platine, ne fréquente que les restos et clubs à la mode où l'on croise uniquement le gratin de la population New-Yorkaise. Question poudre aux yeux, on peut dire qu'il assure et d'ailleurs vu qu'on est dans la poudre, il n'oublie pas de s'en mettre un petit coup dans le nez quand l'envie lui en prend, histoire d'accentuer ce petit côté ostentatoire propre à sa "détestable" personnalité.
Patrick Bateman, voilà un lascar qui vend du rêve !
Heureusement pour nous, pauvres cancrelats que le monsieur écraserait volontiers du bout de sa chaussure Armani, on va vite découvrir que notre gugusse n'est pas aussi parfait que ce qu'il montre. La nuit venue, entre deux J&B on the rocks, il viole, torture, dévore, tue les pauvres âmes qui ont eu le malheur de croiser son chemin. Clochards, prostituées, collègues de travail etc... n'ont plus qu'à faire leurs prières car la tornade Bateman déferle sur leur passage et croyez moi, quand la frénésie meurtrière habite le jeune homme, c'est presque du grand art, mais ça je vais vous laisser le découvrir par vous même...

Je crois qu'Américan Psycho, soit on aime, soit on déteste. Pour ma part j'ai ressenti les deux. Au départ je n'ai pas du tout accroché, je me suis même mise en colère, pestant intérieurement sur un éventuel foutage de gueule de l'auteur vis-à-vis de son lectorat.
Dans quel bordel me suis-je embarquée? Voilà ce que je me suis dit pendant de nombreuses pages dans lesquelles s'enchaînaient discussion futiles entre Bateman et ses cons d'amis et descriptions de vêtements de marque dont personne n'a rien à secouer... J'ai été à deux doigts d'abandonner ce foutu bouquin et à chaque fois quelque chose m'a attirée de nouveau vers lui. Il fallait que je sache, que je voie par moi même toute l'horreur dont un homme peut être capable. Et là, ô miracle, une étincelle, pas plus grosse qu'une puce, a commencé à jaillir dans mon esprit.. Les éléments s'emboîtaient d'eux mêmes, tout ce qui m'avait paru inutile prenait tout d'un coup un sens... Vous l'aurez compris, plus moyen de lâcher ce petit pavé de 526 pages !

American Psycho est une démarche audacieuse, une analyse pertinente d'une société dépourvue d'humanité où chacun se crée ses propres codes dans l'indifférence la plus totale. Je pense que c'est ce qui peut choquer quand on fait la connaissance de Patrick Bateman, il est logique de se demander "Pourquoi quelqu'un qui a tout peut avoir de tels agissements?". Finalement on se rends compte que l'argent, la situation sociale, les biens matériels, ne donnent pas l'essentiel, car, en plus d'être schizophrène, Patrick Bateman est un complexé chronique. Il trouve un exutoire à son infériorité dans la souffrance qu'il inflige aux autres.
D'ailleurs, il paraît que le côté choc du livre réside dans les scènes de meurtres, moi je trouve qu'elles sont utiles au récit, même si elles sont gore. Cela nous permet de comprendre un peu plus l'étendue des dégâts dans le cerveau de ce cher Patrick et c'est ce qui fait la richesse du livre.
Finalement j'ai vraiment bien aimé et je lui met 4 étoiles de notations. Je relirai sûrement American Psycho car je suis convaincue que ce livre ne dévoile pas tout quand on l'aborde la première fois.
Pour ceux qui voudraient tenter l'expérience, je vous conseillerai de ne pas vous fier aux avis existants afin de vous faire votre propre opinion.
A découvrir !
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American Psycho, le livre qui a ébranlé l'Amérique, a un titre aussi intraduisible que son contenu est inclassable. La vision qu'offre Bret Easton Ellis de la déshumanisation des rapports sociaux, émaillée de crimes sexuels d'une violence extrême, fait passer notre Houellebecq national pour un Bisounours philanthrope.

On pourrait résumer ce roman à la caricature glaçante d'une génération perdue, car matérialiste et sans idéaux : la génération nommée X en sociologie du travail, née dans les années 60 et 70 (Ellis est né en 1964). Contrairement aux précédentes, cette génération n'a pas dû se battre pour ses libertés, a toujours connu le confort lié au progrès technique mais a grandi dans le contexte de la guerre froide et d'une une économie déstabilisée par les chocs pétroliers, avec comme diktat la réussite sociale (entendez financière), encore plus prégnante aux États-Unis qu'en Europe.

Il n'est donc pas surprenant que Patrick Bateman, le psychopathe du roman, soit un golden boy de Wall Street élégant, brillant et beau comme un ange de l'enfer. L'auteur insiste sur la domination de l'argent en décrivant avec une précision chirurgicale les tenues, les repas et les vaines distractions de Bateman et de ses amis (si l'on peut qualifier d'amis ce groupe de personnes égocentriques). Mais cette apparente perfection cache un gouffre intérieur que la drogue ne suffit pas à combler et qui rend Bateman imperméable à tout sentiment. Convaincu de sa supériorité, il éprouve un tel dégoût pour le reste de ses semblables que la nuit venue, à l'instar de Mr Hyde, il va assouvir ses pulsions meurtrières, en toute impunité et dans l'indifférence générale. Cela débute par la mutilation d'un clochard et évolue vite vers de macabres chorégraphies pornographiques, plus perverses les unes que les autres, et décrites avec la même précision que sa garde-robe.

Après l'émoi et l'indignation bien légitimes suscités par la publication d'American Psycho, Bret Easton Ellis a laissé entendre qu'il fallait prendre les agissements de Bateman au second degré. Les scènes de crimes seraient seulement fantasmées : cela expliquerait l'étrangeté de certains passages, notamment le fait que Bateman ne soit jamais identifié ou arrêté.

Reste une lecture violente, entre horreur et fascination, dont les images me hantent encore plusieurs années après. Elle fait même tinter une petite sonnette d'alarme quand il m'arrive de rencontrer un individu arrogant à la mise tellement parfaite qu'elle en devient suspecte...
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J'ai acheté et lu American Psycho, vers la fin du vingtième siècle.
Je n'utilisais pas encore Internet, et avec qui partager le sentiment, le goût que m'avais laissé la lecture du roman de Brett Easton Ellis?
Je lis dans les critiques babeliotes, que certains ou certaines n'ont pu aller au bout d'un livre dont certaines scènes sont insoutenables, et que d'autres ont détesté le bouquin.
Je les comprend.
Mais quelle autre façon avait Easton Ellis de montrer cette horreur américaine que, bien des années avant, avait clamé Erskine Caldwell, Horace Mac Coy, Don Tracy ou même John Steinbeck?
Bateman n'est que ce prurit généré par une économie de marché, magnifiée par l'ère Reagan, cet acteur devenu président et chantre des yuppies.
Bateman, le propre-sur-lui, le raffiné, le financier jeune et "pepsodent", qui commet des actes innommables mais somme-toute logiques. Bateman, qu'on a élevé dans cette élite pour laquelle il est défendu d'être faible, inutile et pauvre.
Bateman restitue toute cette horreur ordinaire, qui perdure dans ce début de vingt-et-unième siècle. Ce cauchemar qui amène un chef d'état à réclamer un mur.
Alors oui, American Psycho n'est pas nécessairement lisible par tout le monde! mais ce n'est qu'un livre et il ne faut lui accorder que cela... Tout cela. Et c'est loin d'être confortable.
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Qu'est-ce que c'est bon d'être un gros con quand on travaille à Wall street dans les années 90, que l'on est pété de tunes et que l'on est un psychopathe. On tutoie les anges ! ... Ou peut-être qu'on les encule ... Ou peut-être les deux : on les encule en les tutoyant !
Patrick Bateman, jeune yuppie des années Trump travaille à la Chemical Bank le jour et viole, torture et tue la nuit. Il est une sorte de docteur Jekyll et Mr Hyde mais aussi le cobaye idéal pour cette étude ethnologique et sociétale dans laquelle s'est plongé Bret Easton Ellis avec toutes les connaissances qu'il a accumulées en fréquentant ce milieu de parvenus et leur mentalité décadente. Ce sont des gens qui ne respecte rien et surtout personne.
Il décrit, en se mettant dans la peau de son « héros » (le récit se déroule à la première personne du singulier), un être froid et sans aucune empathie, un jouisseur égoïste, une fashion victime exhibitionniste qui étale son hystérie consumériste comme un catalogue Manufrance des produits de luxe, comme si l'argent achetait aussi le bon goût.
Evidemment, le roman fait scandale dès sa sortie en 1991 car il s'attaque aux classes aisées, à « l'élite » tout comme le roman de Tom Wolfe, « le gauchisme de Park Avenue » paru en 1970, « dans le « New York Magazine » sous le titre « Radical chic ». Ce reportage du romancier Tom Wolfe décrit une soirée organisée, le 14 janvier précédent, par le compositeur Leonard Bernstein dans son duplex new-yorkais de treize pièces avec terrasse. La fête avait pour objet de lever des fonds en faveur des Black Panthers… » (Le Monde Diplomatique)
C'est la satire cinglante de gens imbus d'eux-mêmes, qui n'ont aucun savoir-vivre, aucune culture et qui étalent leur absence totale d'éducation aux yeux ébahis des membres d'une cour illusoire. Ce sont les arrivistes. Ils forment une micro société dont la référence est Donald Trump (c'est dire !) et boivent du J&B (leur mauvais goût est consternant !).
« American psycho » est de cette sorte de récit journalistique, entre documentaire et fiction, écrit à la plume trempée dans l'acide, qui fait partie des piliers de la littérature américaine. C'est une lecture incontournable que l'on savoure page après page et un immense plaisir à découvrir car on ne peut s'empêcher de sourire devant le cynisme de ce monstre à la beauté du diable, même dans les situations les plus tragiques.
C'est ça l'esprit Easton Ellis !
Traduction de Alain Defossé.
Editions 10/18, 527 pages.
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Je ne voulais pas lire ce livre.
Comme, d'une façon générale, je me foutais de Bret Easton Ellis.
J'étais en flagrant délit d'idée préconçue.

Mais je me suis retrouvé en tête à tête, sur la plage, avec Pat Bateman. A défaut d'autre chose, je lui ai fais la conversation.

Je m'attendais à lire un livre macabre, orgiaque, et dégoulinant d'horreur.

Mais finalement, ce livre est extrêmement drôle. Je dirai même méchamment drôle. Et désespérant.

On retrouve l'essence même de ce qui faisait le succès et la raison d'être du théâtre de grand guignol :
La frustration, une société obtuse, la course à l'apparence et l'auto répression permanente.

Ce livre est la peinture, plus d'actualité que jamais, de la course à la futilité comme système de vie, de la perte d'identité, de l'écrasement de l'homme par la morale et l'argent.

AMERICAN PSYCHO c'est l'histoire d'un homme qui crie.
Mais à la bourse, comme dans l'espace, personne ne vous entend crier.
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Je possède toujours dans ma bibliothèque cette édition d"American psycho" avec sur la couverture glacée un verre à Whisky brisé maculé de sang. J'étais à l'époque un adolescent (le livre date de 1991) partagé entre le dégoût et la fascination que ce personnage à la foi produit de la société de consommation et anti-social m'inspiraient.

Force est de constater qu'aujourd'hui "American Psycho" impressionne toujours autant. L'écriture foisonnante et chirurgicale de Bret Easton Ellis ratisse large sur notre époque : anomie, individualisme, capitalisme à outrance et culte de l'argent, femmes trophées, violences et dominations diverses...".

American psycho" est une fresque apocalyptique mais peut-on parler de pure fiction ? L'absence d'humanité et la froideur du livre me rendent aujourd'hui sa relecture peu probable . Mais qui n'a jamais lu "American psycho" ne peut pas comprendre...


















































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De ce roman je ne connaissais que le titre, qui m'évoquait une psychose grandissante dans une Amérique huppée soumise à folie meurtrière d'un psychopathe tueur en série. A présent je peux le dire, j'ai fait la mystérieuse rencontre de Pat BATEMAN, et elle m'a posé plus de questions que prévu... Jeune et riche prodige de la bourse le jour, Pat tente désespérément de s'intégrer aux gens de pouvoir qu'il admire et même de les surpasser, mais des pulsions s'emparent de lui la nuit, dont toute la gigantesque folie s'exprime au-delà de vos pires cauchemars…

Au premier coup d'oeil, Pat Bateman ne semble pas être différent des autres jeunes de son âge, avec qui il travaille, sort, drague, se drogue, et flambe son argent de manière ostentatoire. Certes, celui qui se décrit comme une sorte d'Apollon prend un peu plus soin de son corps grâce à la muscu et une alimentation qui se veut saine. Certes, au fil des pages, il semble être un peu maniaque du détail : élégance vestimentaire, chaine hifi dernier cri, séduction à la chaine pour se rassurer, etc… Mais il s'est forgé une vie sociale qui rentre tout à fait dans le moule de cette jeunesse dorée, une personnalité qui, grâce à une parfaite maîtrise des codes sociaux : cartes professionnelles, habits de luxe, resto en vue etc.… devient tout aussi lisse que les autres. Rien ne dépasse.

Tellement que, finalement, plus rien ne le distingue des autres. Tout le monde d'un même milieu se conforme à une image et tout le monde se confond dans cette image : Au restaurant, était-ce untel ? Mais non c'était bidule. Mêmes fringues, mêmes coupes de cheveux, mêmes attitudes. Qui est qui ? Les gens se résument à ce qu'ils portent - et que Bateman ne cesse d'ailleurs d'énumérer, comme si le costume faisait la personne plus que n'importe quel autre élément. Pat Bateman se fait d'ailleurs souvent passer pour quelqu'un d'autre de plus important pour obtenir des réservations au restaurant. Mais s'il semble admirer ce qui brille et montrer sa réussite sociale, exercer son pouvoir, tout paraît dans le même temps lui paraître ennuyeux et vide de sens. Il ne semble pas trouver de sens à la vie, et cette vacuité le pousse à s'évader de plus en plus loin dans ses fantasmes. La pornographie rejoint bientôt la violence, qui déjà ne lui suffit plus et aboutit rapidement à des crimes de sang froid. Mais bientôt, même l'envie de sang ne suffit plus, et Pat Bateman le sanguinaire torture ses victimes encore conscientes pour finir pour en faire littéralement de la chair à pâté consommable…

*****

La plume désincarnée de l'auteur nous aurait-elle endormis...?

Là, on commence à se demander… Comment ne se fait-il pas prendre ? Comment transporte-t-il son ancien ami mort dans un sac de couchage sans se faire repérer ? Parfois, il parvient à se contrôler en société à l'aide de la drogue ou de calmants. Mais cela fait de moins en moins d'effet, et Pat Bateman rêve de répondre aux gens qu'il veut leur défoncer le crâne et leur arracher littéralement les yeux. Parfois il croit le dire, parfois il le dit. Mais personne ne le prend au sérieux. Etrangement, personne n'en a même réellement peur. Aucune réelle panique dans son entourage, même relativement aux séries de meurtres…

Et puis, l'ami qu'il est censé avoir tué réapparaît. Alors quoi ? Il a juste rêvé son meurtre ? Il fantasme ses crimes mais est « juste » fou ? Ou en a-t-il vraiment tué certains ? le doute s'immisce. On finit par se dire que, peut-être, Pat a simplement un problème psychologique mais n'est pas passé à l'acte, qu'il est juste potentiellement dangereux. Car, il le dit lui-même :

« Il existe une idée de Patrick Bateman, une espèce d'abstraction, mais il n'existe pas de moi réel, juste une entité, une chose illusoire et, bien que je puisse dissimuler mon regard glacé, mon regard fixe, bien que vous puissiez me serrer la main et sentir une chair qui étreint la vôtre, et peut-être même considérer que nous avons des styles de vie comparables, je ne suis tout simplement pas là. »

Peut-être même qu'il ne passera jamais à l'acte et a juste été insensibilisé par cette vie. Que, même s'il n'aime pas cette vie, il n'en voit pas d'autre possible, comme l'exprime la dernière phrase du roman :

« Au dessus d'une des portes, masquée par des tentures de velours rouge, il y a un panneau, et sur ce panneau, en lettres assorties à la couleur des tentures, est écrit : SANS ISSUE ».

L'interprétation métaphorique de ce roman :

Dans ce cas Pat Bateman ne serait plus totalement monstrueux, mais simplement humain, avec parfois des envies de meurtre face à des gens mortellement superficiels… Comme nous tous, parfois, non ? Et alors le récit ne serait plus celui d'un criminel froid et incapable de ressentir la douleur, mais au contraire le récit métaphorique d'un être douloureusement enfermé dans une société vide de sens qui ne le satisfait plus et dont il veut se libérer... « American psycho » serait alors ce syndrôme, ce tiraillement insoluble entre, d'un côté, cette prétention d'être unique au monde, et de l'autre, cette sensation d'être obligé de faire comme tout le monde, d'être comme tout le monde pour exister. Pire encore, "American Psycho" serait cette peur d'être noyé dans la masse, qu'elle nous engloutisse pour finir par ne plus exister... Sauf à faire voler les masques en éclats.

Cela expliquerait la plume de l'auteur qui exprime la froideur, le désintérêt de la vie décryptée de manière chirurgicale par Bateman avec ennui et mépris, plume qui se déchaine ensuite lorsqu'il est question de tailler dans le vif des gens qui constitue cette société, d'en faire ressortir l'horreur. Cette plume, qui peut paraître sans intérêt littéraire, reflète parfaitement le ressenti du narrateur, ce froid et ce mépris qui le gagnent et contre lesquels il lutte durant les scènes de crime - où il tue métaphoriquement cette société dans laquelle il est en train de se perdre.

« L'individualité n'a plus lieu d'être. Que signifie l'intelligence? Définissez ce qu'est la raison. le désir... un non-sens. L'intellect n'est pas un remède. La justice, morte. La peur, le reproche, l'innocence, la compassion, le remords, le gaspillage, l'échec, le deuil, toutes choses, toutes émotions que plus personne ne ressent vraiment. La pensée est vaine, le monde dépourvu de sens. Dieu ne vit pas. On ne peut croire en l'amour. La surface, la surface, la surface, voilà ce dans quoi on trouve une signification... C'est ainsi que je vis la civilisation, un colosse déchiqueté… »

D'ailleurs, seule Jean, son assistante, la moins superficielle de toutes les personnes qu'il connaît, finirait par trouver grâce à ses yeux et parvient à le toucher, à le faire presque revenir aux sensations humaines de la vie, à faire affleurer des sentiments humains depuis longtemps oubliés de Pat Bateman. Ce que l'on pensait être le récit d'un serial killer ressemble de plus en plus à la satire d'une société de consommation de masse et d'uniformisation ennuyeuse. Virage à 180°, quelle est la volonté de l'auteur ?

« Comment pourrait-elle donc comprendre que rien ne pourrait jamais me décevoir, puisque je n'attends plus rien ? »

Conclusion :

Selon moi, la plume est trompeuse et nous endort.
L'utilisation à plusieurs reprises de l'adverbe « plus rien » ou « plus personne », semble signifier comme un regret, un sentiment très humain. Ainsi au final, ce n'est peut-être pas l'histoire d'un tueur en série, mais peut-être plutôt l'histoire d'une société de consommation de masse qui peut rendre fou… Jusqu'au passage à l'acte ? Telle est la question.

« Je possédais tous les attributs d'un être humain - la chair, le sang, la peau, les cheveux - , mais ma dépersonnalisation était si profonde, avait été menée si loin, que ma capacité normale à ressentir de la compassion avait été annihilée, lentement, consciencieusement effacée. Je n'étais qu'une imitation, la grossière contrefaçon d'un être humain. »

Pat Bateman est-il juste un homme qui s'ennuie ? Un drogué qui hallucine et fantasme sa vie ? Un tueur potentiel ? Ou encore, un tueur avéré, selon vous ?

« le mal, est-ce une chose que l'on est ? Ou bien est-ce une chose que l'on fait ? Ma douleur est constante, aigüe, je n'ai plus d'espoir en un monde meilleur. En réalité, je veux que ma douleur rejaillisse sur les autres. Je veux que personne n'y échappe. Mais une fois ceci avoué - ce que j'ai fait des milliers de fois, presque à chaque crime -, une fois face à face avec cette vérité, aucune rédemption pour moi. Aucune connaissance plus profonde de moi-même, aucune compréhension nouvelle à tirer de cet aveu. »

Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
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Du gore, du gore et encore du gore. Oh oui, encore ! Cinquante nuances de Grey se voulait SM ? American Psycho, ça, c'est du SM. À tel point que les partenaires en meurent, tient.

Au début, on se retrouve confrontés à un foisonnement de détails inutiles, sans jamais parler du passe-temps préféré de notre héros. A partir du milieu du livre se glissent des petites phrases quasiment insignifiantes et d'ailleurs, on les lit sans vraiment y prêter attention. Et c'est quelques secondes après les avoir lues qu'on se dit : "… mais attends… QUOI ?". On revient au passage et on se rend compte que, oui, on a bien lu les mots "décapitée", "baiser" et "rat" dans la même phrase, entre le descriptif du champagne Cristal Millésimé et le thème du Patty Winters Show du matin. Ainsi on découvre petit à petit qu'il aime violer, torturer et tuer beaucoup de gens. Et il nous raconte ça comme si c'était le sport du samedi, avec, à nouveaux, beaucoup de détails : comment le sang a giclé, quelle odeur a la tête d'une femme après avoir été séparée du reste de son corps depuis 5 jours, comment réagissent des mamelons qu'on électrocute.

On n'a aucune explication sur son passé mais par contre on a des critiques musicales poussées et intéressantes sur Phil Collins ou Whitney Houston. Patrick a quand même des sentiments mais il s'émeut de choses bizarres, comme la fermeture d'un supermarché dans lequel il ne va jamais, mais qui était là depuis longtemps. Chacun ses priorités n'est-il pas ?

La montée en puissance du psychopathe est vraiment bien amenée. J'avais l'impression de me retrouver dans un Esprit Criminel. En plus, le film est bien fait par rapport au livre. Ce qui est évincé du livre pour le film ne comporte quasiment que des descriptions de ses fringues ou des fringues du clochard qu'il a tué.

En plus d'un super bouquin, la conclusion est juste… délicieuse : "Et au-dessus d'une des portes, masquées par des tentures de velours rouge, il y a un panneau, et sur ce panneau, en lettres assorties à la couleur des tentures, est écrit : SANS ISSUE".
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Bien sûr, ce qu'on retiendra principalement d'American Psycho c'est son extrême violence avec des scènes horribles et pornographiques qui marqueront forcément les lecteurs. Mais en rester là serait une grave erreur. Bateman est un monstre sans aucun doute mais un monstre créé par une société absurde, une société gangrénée par le fric et les apparences. Bateman est soucieux de son bronzage, fait grand usage de fil dentaire et fréquente assidument les salles de sport. Arbitre des élégances on lui demande conseil sur ce qu'il faut porter et en plus d'être financièrement aisé, il est aussi très cultivé. Pourtant, Bateman est inhumain. Son entourage n'est d'ailleurs pas beaucoup plus reluisant avec sa cohorte de golden boys racistes qui se saluent sans vraiment se reconnaitre. Une faune hypocrite, dont le principal souci est de décrocher une réservation pour le dernier restaurant à la mode. Description d'un monde sans but, sans idéaux, sans illusions. Un monde replié sur lui-même qui est devenu totalement fou, la vraie horreur de ce roman n'est pas Bateman qui n'en est que le produit, mais bien la déshumanisation totale de cette frange de la société. Dans ce cas, pourquoi s'étonner que le héros agisse en toute impunité ? Dans cette superficialité ambiante, l'horreur ordinaire d'un psychopathe passe totalement inaperçue tant qu'elle ne compromet pas les profits de Wall Street. Un roman fort et dérangeant !
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Après avoir lu « Lunar Park », j'étais curieuse de découvrir le si controversé « American psycho ». J'étais prévenue : BEE est un drôle de lascar, provocateur certes, mais aussi très brillant, aimant par dessus tout conduire le lecteur là où il l'a décidé (voir « Lunar Park ») Voilà pourquoi j'ai tout de suite pris le roman et ses péripéties au second degré et aussi tout de suite ressenti l'humour noir omniprésent.

L'histoire en deux mots : des golden boys passent leur temps à dépenser leur argent pour les vêtements les plus chers, les restaurants les plus branchés, la dope la plus blanche et les filles les plus sexys. Parmi eux, Patrick Batman, au physique de top model et au portefeuille très bien garni, est, à ses heures perdues, un dangereux psychopathe agressant ou tuant passants et amis.

Pendant tout le livre, les personnages sont exclusivement préoccupés de mettre ce qu'il faut et d'aller où il faut pour être « in ». Au début c'est un peu agaçant, puis l'accumulation est telle (tout doit être « de marque »,même le gel pour les cheveux, le dentifrice ou les chaussettes) que çà devient fascinant. Cà ne va quand même pas durer 500 pages ces histoires d'Armani, Ralph Lauren, etc ? Mais si !

Mais le scandale est surtout venu du reste : la drogue (classique, rien à dire), l'argent (très facilement gagné et dépensé sans compter), le sexe (very hot mais entre adultes consentants) et surtout la violence des meurtres. Alors là c'est franchement insoutenable (je ne m'y suis pas attardée) , mais, justement, çà arrive à un tel degré d'horreur, allié à une telle banalité apparente, que l'on ne peut y croire !

On suit toute l'histoire en admirant le souffle de l‘auteur et son habileté à montrer autant de violence tout en la dénonçant, et autant de superficialité et de souffrance à travers un roman en apparence superficiel.
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