Quarlo continua à avancer accroupi dans le trou et rassembla ses vêtements alentour. Sa cape triplement rembourrée ne pouvait empêcher le froid du champ de bataille de s’insinuer jusqu’à lui. Même à travers un de ses survêtements imprégnés de plomb, il pouvait sentir le léger chatouillement des éclats qui fusaient autour de lui et mordaient l’étoffe. Il commença à frissonner. L’offensive continuait à se déployer vers le Sud et il devait attendre, rester à l’écoute des ordres télépathiques de son officier supérieur.
Il tâta la lisière du trou, remarqua qu’il ne l’avait pas suffisamment affermie avec le ciseau. Il sortit le petit durcisseur de molécules de son étui et l’examina : le calibreur avait glissé d’un cran, ce qui expliquait pourquoi la boue du trou ne s’était pas durcie comme il le désirait.
Provenant de la gauche, le sifflement d’un rayon multi-faisceaux déchira le ciel nocturne. Quarlo replaça rapidement le ciseau. La toile d’araignée lumineuse du rayon monta à l’assaut du ciel, tâtonna prudemment un blindé et projeta des ombres rouge sang sur son visage anguleux.
Les compagnies qui fournissaient les pièces nécessaires aux modules de secours travaillaient sous contrat gouvernemental. Quelque part dans la filière, quelqu’un avait dû introduire de l’acier impur, ou calibrer les installations coupe-circuit de manière à ce que le travail soit moins onéreux. Quelque part dans la filière, quelqu’un n’avait pas vérifié complètement le robot. Quelque part dans la filière, quelqu’un s’était rendu coupable de meurtre…
Harlan Ellison on how he became a writer