J'ai tué David Bowie

Le narrateur écrit sa confession. « Moderne Raskolnikov, j'exige le châtiment de mon crime. » (p. 2) Quel crime ? Celui annoncé dans le titre. Mais nous savons tous que le génial Bowie n'a pas été assassiné. Alors que lisons-nous ? Une autofiction, sans aucun doute. En 1983, le narrateur alors jeune garçon découvre la musique de David Bowie. « Aurais-je été fan d'un autre, étais-je né pour être fan ou ai-je été fan parce qu'il y avait David Bowie ? » (p. 62) Mais alors s'il est fan, pourquoi tuerait-il son idole ? Et comment ?

Je suis venue à ce texte pour son titre, évidemment. Mais il faut que j'arrête de tenter d'apprécier ou comprendre l'autofiction. Ça ne fonctionne pas avec moi et ça m'agace plutôt prodigieusement. « En 1988, avoir seize ans et être fan de Bowie n'était pas chose aisée. » (p. 63) Cette lecture m'a fait réviser un peu la carrière de David Bowie et c'est tout ce que j'en retiens.

L'initiative est honorable : déclarer son amour au Dieu du rock dans une biographie à peine romancée dans laquelle le narrateur place son ultime projet (je ne divulgue rien… c'est dans le titre…) et ses motivations (de fan extrémiste, sujettes à caution, mais là n'est pas la question).
Une façon comme une autre de peindre la carrière de David Bowie, de ses débuts jusqu'à l'année 2013, date de l'ouvrage et de fin présumée de Bowie.
Malheureusement, le « roman » souffre de plusieurs défauts sur sa forme qui gâche un peu la démarche : un déséquilibre patent entre un début de carrière bien étudié et une deuxième moitié seulement survolée ; des erreurs typographiques et orthographiques qui finissent par énerver (vous savez qu'il y a des personnes dont le métier est justement de relire et de corriger ce genre d'erreurs ?) et une « fin » écrite en cinq minutes, complètement bâclée…
Dommage, dommage, car ce titre aurait pu se placer avantageusement auprès des bios de Bowie, et apporter une touche sensible et passionnée à des récits souvent neutres et factuels.
Reste que fort heureusement, la vie de David Bowie ne s'est pas terminée en 2013. Les trois années supplémentaires ont permis aux fans (moi y compris), de bénéficier de trois objets incontournables et mythiques : l'album Next Day, la comédie musicale Lazarus et l'ultime album, testament musical, Blackstar.
Monsieur B. vos craintes étaient infondées : le talent de Bowie n'a jamais décliné !