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Michel Rabagliati (Autre)
EAN : 9782897771478
256 pages
Les Editions de La Pastèque (27/10/2023)
4.46/5   127 notes
Résumé :
À l’été 2017, Rose et son père louent un chalet à l’île Verte, dans le Bas-Saint-Laurent.
Pour Paul, ce sont de premières vacances père-fille. Après un passage à vide sur le plan personnel, une fatigue professionnelle et le décès de ses parents, il sent le besoin de faire le point.
Dans ce havre de paix, propice aux réflexions, Paul amorcera un nouveau chapitre de sa vie.
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Incontournable BD adulte Août 2023


Une fois n'est pas coutume, me voici dans une BD adulte, entre deux BD jeunesse et romans jeunesse. En revanche, ce n'est pas ma première lecture de monsieur Rabagliati, dont j'ai suivi les "Paul" dans un joyeux désordre chronologique.

Cette fois, le bédéiste choisi un format différent avec ce roman graphique, mais avec ses explications, on comprend ce choix. Soucieux de présenter le charme de l'île Verte, monsieur Rabagliati explique avoir préféré le trait du plomb à la plume. Il est vrai qu'on a un trait plus doux de couleur plus claire avec le crayon de plomb et on peut adoucir encore plus avec des dégradés. Et puis, il y a quelque chose de plus "skecthy" et vieille école avec le plomb, de plus organique. Bref, l'artiste en moi approuve ce choix et le comprend très bien. L'autre avantage du roman graphique est qu'on peut mettre du texte de manière continue plus aisément que dans une BD. Pour un Paul aussi introspectif, ça me semble approprié.

Pour ceux et celles moins familiers avec la région, "L'Île Verte" est une île qui borde le côté sud du fleuve St-Laurent, à la hauteur de Tadoussac ( Au Nord) et Ilse-Verte ( Au Sud), dans la municipalité régionale de comté de Rivière-du-Loup, dans la région du Bas-Saint-Laurent, dans la province du Québec. Il y a plus ou moins 49 habitants. On est donc loin des grandes villes.

Il y a une continuité avec "Rose à l'île" que je retrouve de la précédente oeuvre, "Paul à la maison". Paul, quinquagénaire qui commence à avoir des petits soucis de santé, notamment avec son apnée du sommeil, a surtout un vague à l'âme et des questionnement existentiels qui me laisse penser qu'il vit une crise sociale, ce qu'on appelle communément " crise de la cinquantaine" ( ou autres chiffre rond). Paul est à un tournant de sa vie et il lui semble avoir un décalage entre ce qu'il "devrait avoir" et ce qu'il a réellement. Son échec conjugal, son "down" créatif, ses deux deuils parentaux, sa progression dans l'âge sont autant de sujets qui le gruge de l'intérieur.

De mon point de vue, Paul est aussi un homme d'une génération d'hommes qu'on a élevé à taire ses sentiments et ne pas broncher devant l'adversité, en bons capitaines de familles. C'est une mentalité qui contraste beaucoup avec les générations suivantes, où l'éducation s'oriente généralement plus vers la verbalisation des besoins, de l'importance du ressenti et de la santé mentale davantage connue. C'est encore comme ça, dans moult familles québécoises, mais cela présente également un risque accru de détresse psychologique chez les hommes, précisément parce qu'ils encaissent sans en parler et se pense hors d'atteinte des "problèmes mentaux". C'est une dimension sociale importante qu'il faut savoir reconnaitre, je pense et en cela, j'espère que la présente oeuvres saura rejoindre ces hommes concernés. Y a rien de problématique à vivre des phases difficiles et y a rien de "faible" à se sentir triste, soucieux et démotivé. C'est humain.

D'une certaine manière, "Rose à l'île" semble être autant une pause qu'un ressourcement. Paul part sur une île très peu peuplée, en pleine nature, dans un espace où le temps passe différemment. On a pas le même rythme sur cette île et les ressources ne se gèrent pas de la même manière. Entre deux balades en forêt, un musée des squelettes ( qui existe bel et bien!) et un souper chez des amis chaleureux, père et fille ont aussi l'occasion de faire le point.

Le personnage d'Hélène, habitante de l'île et psychologue de formation, est un magnifique personnage. Femme d'une grande bienveillance et d'une belle empathie, elle parle d'expérience et a une formidable approche de la vie, je trouve. Elle écoute, elle ne banalise rien et sait tirer le pertinent de chaque paroles. On sent sa fibre de psychologue, mais tout les psychologues n'ont pas la même façon d'intervenir ni de concevoir l'être humain. Cette femme là, elle reconnait l'importance de savoir être attentif et bienveillant envers soi et ses conseils pour Paul sont dénués de jugement, tournés de manière simple et accessible, plus sous forme de conseils amicaux que de prescriptions. Surtout, je pense qu'Hélène a saisi que Paul avait besoin d'être entendu. C'est la base de tout: Tous les gens ont besoin de sentir que ce qu'ils disent n'est pas mineur ou inutile, surtout quand ça concerne des choses importantes à leur yeux. Surtout quand les gens se sentent seuls, ce qui est le cas de Paul.

En outre, elle met le doigt sur un sujet très important, selon moi: Se donner le temps de vivre. Survivre à des gens qui nous sont chers est un deuil, ça prend du temps. Se dépenser passionnément dans la confection d'un oeuvre sollicite beaucoup d'énergie, ça demande du temps pour récupérer. Dans une société toujours plus rapide et sollicitant toujours plus d'attention de toute part, il importe de se donner le temps de souffler, de réfléchir et de ralentir. "Donner le temps au temps", est à mon sens un des thèmes phares que je retiens de cette oeuvre.

Ça me donne l'impression que Paul quitte cette île plus serein et plus confiant en l'avenir, même légèrement. Une victoire non négligeable, que je souhaite à mes contemporains, de tous âge et de tout groupe social, celle de gagner en sérénité et en confiance, autant envers soi qu'envers la vie en générale.

J'ai trouvé ce moment entre Paul et sa fille désormais jeune adulte touchant, simple et doux. le narratif du quotidien a quelque chose de bien plus pertinent que toute la moulée sensationnaliste que je croise trop souvent. C'est peut-être pour ça que la série "Paul" parle autant aux Lecteurs, elle a quelque chose de très humain et de simple ( pas "simpliste!) dans laquelle on peut s'y retrouver et, peut-être même, évoluer. Certains pourraient trouver cela long et banal, mais je reviens à mon commentaire précédent: Donner le temps au temps. Ça inclut de savoir apprécier la tranquillité, fusse-t-elle celle des livres, si bien sur vous êtes un lecteur qui sait l'apprécier. Je constate que c'est une grande force de l'oeuvre du quotidien que de savoir pencher sur les thèmes profond et de les traiter avec douceur et patience. Ça change des récits addictifs dont on oublis rapidement les péripéties parce qu'on est déjà rendu à la fin. Ça donne même l'impression que nous aussi, Lecteurs et Lectrices, sont en ressourcement, le temps d'une semaine de vacances avec Paul et Rose.

Les illustrations rejoignent le même ressenti: plus naturels, plus doux et plus amples, parce qu'ils occupent des pages pleines. Les chapitres proposent chacune un animal croqué par un naturaliste d'époque.

Pour nos amis d'outre-mer, sachez que le français est de type oral pour les dialogues, alors oui, c'est du français "québécois".

Aussi, j'aime que ce soit les rencontres positives qui aient opérer des changements chez Paul comme chez Rose, en complément de la présence de Dame Nature tout autours d'eux. On sous-estime l'importance des rencontres et des gens bienveillants dans nos priorités et dans nos besoins. Parfois, et pour un peu qu'on s'en donne l'occasion, ça ne prend guère plus pour se sentir mieux ou cultiver quelque chose de positif ou de nouveau, à défaut. À l'ère des réseaux sociaux, des relations jetables et des vedettes instantanées comme modèles, j'ai parfois l'impression qu'on oublie les interactions de proximité dans nos besoins. Mais j'extrapole. Tout ça pour dire que je trouve que les personnages de Paul et Rose avaient justement besoin de rencontres du genre qu'ils ont eu à l'île pour leur bien-être, avec des gens d'un petit univers loin de la vie en accéléré et des bonheurs matériels préfabriqués. Et je me rend compte que j'en avais un peu besoin, moi aussi.

Enfin, j'aime cette fin, avec les oiseaux. "Vivre heureux", c'est la phrase quétaine que bien des gens détestent entendre, parce qu'elle ne vient pas avec un guide de construction IKEA, mais c'est pourtant la base de nos vies. Je pense que Paul L a entrevue, cette vérité là, quand il pense au sort de ses oiseaux. Et puis, du reste, il y a une autre belle leçon qu'il apprend ici, selon moi, celle du "lâchez prise".

Je pense qu'on pourrait élaborer longtemps sur les thèmes implicites ou explicites de ce petit roman graphique, parce que ce sont des thèmes universels et parce que ce genre d'oeuvre interpellera les gens personnellement de manière différente. C'est le genre de livre que j'aimerais bien placer dans un cercle de lecture pour voir les discutions qu'elle susciterait.

Une autre belle oeuvre pour faire la fierté de la BD québécoise.

Pour un lectorat adulte, mais qui peut tout-à-fait convenir aux jeunes adultes et ados qui s'y intéresseront.

Pour les bibliothécaires et profs: Il y a présence de quelques gros mots, dont des sacres, comme pour les autres membres de la fratrie "Paul".
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Un roman illustré plutôt qu'une bande dessinée pour l'auteur des « Paul ». Un format différent, mais le même mélange de vie quotidienne et d'émotions, mais porté à la fois par les textes et les habituels dessins réalistes en noir et blanc.

Après la mort de son père, Paul traverse une période difficile. Avec sa fille de vingt-trois ans, il part en vacances dans un chalet sur une île. Pas de techno, juste le fleuve à regarder, mais aussi la chaleur de quelques rencontres amicales…

Un livre avec le la beauté des paysages de l'île, quelques rappels historiques, et surtout une « sorte de présence lumineuse » qui apporte l'espoir.
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Un merveilleux roman graphique que nous offre Michel Rabagliati. Un hommage bien senti à l'île Verte, située dans l'estuaire moyen du fleuve Saint-Laurent, et à la nature de cet havre de paix, propice aux réflexions.
« Qu'est-ce que le fleuve est calme aujourd'hui! Un miroir infini. Quand on pense que certains jours, il peut faire chavirer des bateaux. »

Paul amorce un nouveau chapitre de sa vie, oubliant les cases et les bulles, il se livre comme jamais. On sent la fatigue professionnelle et le questionnement face aux aléas de la vie.
Paul passe une semaine avec Rose, sa fille, en chalet, au bord de l'eau, comme dans le bon vieux temps. Mais tous les deux ont vieilli. On sent la nostalgie du temps passé mais surtout, la perte récente d'entres chers. La mort des parents de Paul, sa séparation de Lucie, le deuil de la belle-famille, le chagrin est fort mais gage de réflexions sur l'avenir.
Ces événements récents apportent une dimension particulière au texte, le pourquoi de cette formule différente dans le travail de Michel Rabagliati. Un besoin de plus de propos avec des illustrations tellement belles et ressenties, que chaque page est une oeuvre d'art. C'est un album très doux, plein d'amour pour sa fille, avec toute l'attention que porte l'artiste à la nature.
Un immense coup de coeur!
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Bienvenue sur l'île de Gilligan, une petite île perdue au coeur d'un énorme réseau de lacs et de rivières au Québec … l'auteur est venu là, en attendant que sa descente de vessie se replace ! … un coup de spleen, en plein questionnement pour savoir quoi faire de sa vie !
L'auteur des « Paul » une série débutée avec « Paul à la campagne » jusqu'à « Paul à la maison », qui pendant vingt ans nous a raconté des tranches de sa vie, choisit un nouveau format, un roman illustré pour nous livrer ses émotions avec des textes sensibles, remplis d'émotions, de tendresse et d'humour qui sont illustrées avec des dessins réalistes proches d'oeuvres d'art pour nous plonger dans un cadre idyllique.
Nous laisserons Paul et Rose continuer leur vie et nous resterons longtemps encore dans ces lieux dans l'espoir de croiser Gisèle et Raymonde, perruches libérées, et peut être aussi le père Henri Nouvel (*), un fantôme ou un résident permanent ?

*
Henri Nouvel, né en 1621 ou 1624 à Pézenas dans l'Hérault (France) et mort entre octobre 1701 et octobre 1702 à la mission Saint-François-Xavier de la baie des Puants aux États-Unis, est un prêtre jésuite ayant passé quarante ans de sa vie comme missionnaire auprès des communautés amérindiennes de la Nouvelle-France.
Il est déjà prêtre lorsqu'il entre dans l'ordre des jésuites le 28 août 1648 et exerce des fonctions religieuses en France jusqu'en 1662. Il s'embarque pour la Nouvelle-France en 1662 pour y devenir missionnaire. Il arrive à Québec en août 1662 et pendant sa première année en Amérique il se consacre à l'apprentissage des langues amérindiennes. À la fin de 1663, il effectue sa première mission dans la région de Rimouski. Entre 1664 et 1669, il effectue ses missions sur le territoire des Montagnais, dans les « missions volantes » de la Côte-Nord dont le chef-lieu est Tadoussac, son premier voyage l'amenant dans la région du lac Manicouagan.
En 1671, il est envoyé dans les missions jésuites des Grands Lacs auprès des Outaouais et fait plusieurs voyages dans différentes communautés amérindiennes avant d'être nommé supérieur des missions jésuites de la région en 1672. L'année suivante il informe le gouverneur Frontenac d'événements qui menacent le commerce de la traite des fourrures avec les Amérindiens. En 1674-75, il partage son temps entre les missions Sainte-Marie et Saint-Ignace, mais se rend aussi à Saginaw auprès des Amikoués. Toujours à Saint-Ignace entre 1677 et 1678, il célèbre l'inhumation du père Marquette et accueille les Kiskakons.
Entre 1688 et 1695, lors de son second mandat de supérieur des missions outaouaises, il doit s'interposer dans le conflit entre les missionnaires jésuites et Antoine de Lamothe-Cadillac au sujet des raids guerriers des Amérindiens et au trafic de l'eau-de-vie avec ceux-ci. Il exerce la majorité de ses vingt dernières années d'apostolat à la mission Saint-François-Xavier de la baie des Puants où il décède entre la fin de l'année 1701 et octobre 1702.
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Après « Paul à la campagne » (1999), « Paul a un travail d'été » (2002), « Paul en appartement » (2004), « Paul dans le métro » (2005), « Paul à la pêche » (2006), « Paul à Québec » (2009), « Paul au parc » (2011), « Paul dans le Nord » (2015), « Paul à Montréal » (2016) et « Paul à la maison » (2019), Michel Rabagliati nous revient avec une tranche de vie de son alter ego livrée dans un format de roman illustré. Tout en douceur tant dans le texte empreint d'émotion, de poésie, de tendresse, d'autodérision et de pointes d'humour que dans les illustrations pour lesquelles il a privilégié les tons de gris tirés de ses crayons à l'encre de ses anciennes productions.

Paul fait le point avec les deuils qu'il a vécus, sa vie de couple, jette un regard tendre sur sa fille devenue adulte alors qu'il vient de franchir la cinquantaine, s'interroge sur son avenir professionnel et sa quête de bonheur. Une rencontre impromptue avec une « boulangère et membre de l'Ordre des psychologues » l'amènera à se rappeler que depuis qu'il est arrivé sur l'île, il a ressenti « deux ou trois fois de courts instants de... comme des ‘' éclaircies ''. » Il ne sait « pas si on peut appeler ça du bonheur, mais ça ressemble à des obturateurs de caméra [qui lui rappellent] qu'il y a quelqu'un de plus gai, de plus libre et de plus insouciant à l'intérieur » de lui. L'insulaire qui a spontanément compris la véhémence des sentiments de Paul saura le convaincre :

« ... peu importe les raisons de ta tristesse et le poids de tes peines, le temps adoucira les choses, tu peux être certain de ça. C'est exactement comme l'eau qui bat et retourne ces galets sur la grève, elle les polit, les arrondit et les rend plus doux... »

Michel Rabagliati n'aurait pu choisir meilleur cadre pour y faire évoluer ses deux personnages que cette île réparatrice qui flotte dans l'estuaire moyen du Saint-Laurent, « une île de lumière et de beautés exceptionnelles, de couleur et de douces sensations, pour y perdre le temps de le perdre » comme en fait la promotion le site web de la municipalité. Il a découpé le séjour d'une semaine de vacances père-fille en cinq « chapitres » annoncés par autant d' « Insula animalibus » (animaux de l'île) illustrés par des dessins signés H.N., peintre animalier dont une municipalité et un brise-glace/traversier lui doivent le nom.

À pied ou à bicyclette, nous en visitons les recoins du « Bout d'en haut » au « Bout d'en bas » en compagnie des deux protagonistes le long des sentiers fleuris ou sur les berges désertes, escaladant les promontoires rocheux avec quelques arrêts pour la lecture d'un bon roman ou pour visiter le Musée du squelette et le plus ancien phare du Saint-Laurent. Et de belles soirées sous un ciel étoilé.

Le ciel infini, les berges désertes, le fleuve calme ; les dessins du roman brossent un portrait magnifique de la région. Ce qui étonne, ce sont les nombreuses pages sans texte, où le dessin raconte tout. On s'y accroche les yeux, peu pressé de poursuivre, immergé dans le paysage.

Une visite chez des amis de Paul qui se sont convertis en insulaires nous fait découvrir les conditions de vie à des kilomètres des grands centres et « le bijou historique de l'île » consigné « Les mémoires d'un fleuve ». Une occasion pour l'auteur de rappeler certains repères chronologiques : de l'occupation du territoire par les Autochtones depuis des millénaires jusqu'à sa Conquête par les Anglais en 1763. Une lecture qui amène Paul à se demander « Comment ce pays se serait-il développé sans l'arrivée des Européens ? » et à déplorer que « de toutes les conquêtes, la devise de l'envahisseur demeure la même » : « SHOPPE TILL THEE DROPPE ».

Un soir, en cuisinant des « spaghettis avec la sauce de grand-père » dont il en avait gardé « un pot pour une occasion spéciale » annonce-t-il à Rose, Paul se remémore une de ses dernières visite auprès de son père sous traitement de dialyse (illustré en un simple schéma). Et de ses legs, après le décès de ce dernier quelques semaines plus tard : entre autres un « manuscrit de 1200 pages, en 39 chapitres » intitulé « Walter Mon ami imaginaire » dont « l'écriture s'amorce dans la nuit du 16 janvier 2005 et se termine le 13 septembre 2016 » et un « petit carnet de cuirette marron [...] rempli de dessins [que son père] avait faits entre 10 et 12 ans » et que Paul n'avait jamais vu. L'occasion de partager avec nous de touchants remerciements envers « le genre de père, de grand-père et de personne » qu'il a été :

« On dit que l'on récolte ce que l'on sème. Tu as été un sacré jardinier, papa. »

Les images qui suivent parlent d'elles-mêmes, comme tout au long de cet opus qui se termine sur un drame se transformant en évasion libératrice, à quelques heures du retour à la vie citadine. Arrivés quelques jours plus tôt par le Peter Fraser, le 26 juillet 2017, à 10h30, père et fille ressourcés ayant partagé en silence ou en paroles des moments de tendresse quittent l'île Verte par le même moyen de locomotion avec cette réflexion de Rose :

« J'aimerais vivre dans un endroit comme ici dans ma vie. À la campagne, dans la nature. Je sais que ça me rendrait heureuse. Je suis sûre ».

Dans un article du magazine L'actualité intitulé « le roman du mois : Rose à l'île, de Michel Rabagliati », le journaliste qualifie le plus récent opus du bédéiste québécois d' « heureux mélange d'autodérision et d'introspection sur des thèmes récurrents (la vieillesse, la solitude, le succès). Les dialogues sont peut-être moins présents, mais ils laissent une belle place aux réflexions de Paul. » Une thématique qui devrait toucher vous aussi une de vos cordes sensibles.

Michel Rabaglioti est aussi un petit cachottier. Dans sa série Paul, il a glissé subtilement glissé des clins d'oeil : par exemple dans « Paul à la pêche », une des bouteilles de vin est étiquetée « Saint-Laurent Frappé » (mentionné dans le groupe Facebook « Fans de Michel Rabagliati »). Rose à l'île n'y échappe pas : l'auteur y a dissimulé une seule illustration en couleurs, très certainement celle du souvenir d'un de ses instants de bonheur vécu avec sa fille lors d'un passage à l'île Verte. À vous de la découvrir.

Vous pouvez commander et récupérer votre exemplaire auprès de votre librairie indépendante via le site les libraires.ca.


Originalité/Choix du sujet : *****

Qualité littéraire : *****

Psychologie des personnages : *****

Intérêt/Émotion ressentie : *****

Appréciation générale : *****

Lien : https://avisdelecturepolarsr..
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critiques presse (2)
LeMonde
20 novembre 2023
La poésie des cieux immenses et silencieux, le récit pudique de sa relation avec sa fille ou encore l’humour avec lequel il raconte l’histoire du Québec montrent qu’il reste à Michel Rabagliati bien des « banalités » à partager.
Lire la critique sur le site : LeMonde
BDGest
27 octobre 2023
Dans "Rose à l’île", Michel Rabagliati réussit ce qu’il y a de plus difficile : toucher à la gravité tout en restant léger et subtil.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
— En tout cas, peu importe les raisons de ta tristesse et le poids de tes peines, le temps adoucira les choses, tu peux être certain de ça. C’est exactement comme l’eau qui bat et retrouve ces galets sur la grève, elle les polit, les arrondit et les rend plus doux…

(La Pastèque, p.209)
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Rose s’habille exclusivement dans le style Renaissance. Je ne parle pas de XVe siècle, mais des friperies du même nom. Elle se fait un point d’honneur de ne pas payer plus de 5$ pour un vêtement. Et tout lui va si bien!
Quand on est jeune, même avec un sac à ordures sur la tête, on est beau!
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En tout cas, peu importe les raisons de ta tristesse et le poids de tes peines, le temps adoucira les choses, tu peux être certain de ça. C'est exactement comme l'eau qui bat et retourne ces galets sur la grève, elle les polit, les arrondit et les rend plus doux...
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— vous êtes pas mal lousse sur la sécurité dans votre boutique !
— Bah ! personne m'a rien volé jusqu'à maintenant. J'aime ben faire du pain, mais pas poireauter dans la maison à attendre les clients. J'ai d'autres chats à fouetter.
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Il y a cinq ans que le navire a sombré et que je flotte, encore accroché aux débris. Il faudrait tout de même avancer un peu, regarder vers l’avenir, tirer des plans, ce genre de chose. Le passé ne revient pas et l’avenir n’est pas encore là, seul le moment présent importe.
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Videos de Michel Rabagliati (23) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Rabagliati
À l’approche des fêtes de fin d'année, les coups de cœur de la librairie Point Virgule passent à la vitesse supérieure et vous proposent de larges sélections d'ouvrages. Aujourd'hui, c'est la bande dessinée qui est à l'honneur, autour de trois thèmes : la BD destinée aux adolescents, une sélection d'albums en vue de la prochaine édition du festival d'Angoulême, et enfin quelques titres tournant autour de la thématique de la révolte.
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Angoulême - Citéville, Jérôme Dubois, Cornélius, 22,50€ - Incroyable ! Zabus & Hippolyte, Dargaud, 21€ - Pucelle, Tome 1 - Débutante, Florence Dupré de la Tour, Dargaud, 19,99€ - Chinese Queer, Seven, Sarbacane, 24,50€ - Paul à Québec, Michel Rabagliati, La Pastèque, 23€ - Megg, Mogg & Owl, Long Short Story, Simon Hanselmann, Misma, 25€
La révolte - Les Vieux Fourneaux, Tome 6 - L'oreille bouchée, Wilfried Lupano & Paul Cauuet, Dargaud, 13€ - Kivu, Jean Van Hamme & Simon Christophe, Le Lombard, 14,99€ - Phoolan Devi, Reine des brigands, Claire Fauvel, Casterman, 22€
Musique du générique d'intro par Timo Vollbrecht.
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