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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
" Ceci est un roman. J'ai utilisé des sources pour écrire un roman, justement, et c'est pourquoi je m'abstiens de rendre compte des différents documents dont je me suis servi. " Voilà ce qu'écrit P.O. Enquist dans les remerciements d'usage à la fin du livre.
Biographie fictive? Oui, certainement, mais il est très difficile de faire la part de la fiction.
Blanche, c'est Blanche Wittman, une jeune femme entrée adolescente dans " le château des fous, le château des femmes, le château dépotoir pour les cas désespérés". En fait, sujette à quelques troubles de l'humeur, catalogués d"hystérie, et une des plus célèbres patientes de Charcot et ses élèves ( dont un certain Sigmund Freud) , qui cherchaient à rationnaliser cette fameuse névrose de conversion par le biais de méthodes assez déroutantes, tel le port d'une "ceinture ovarienne" censée stimuler les points typiquement hystériques.....Quand on sait que l'hystérie n'est pas plus particulièrement l'apanage des femmes ( sauf dans le cadre de ses manifestations les plus aigües ), on imagine à loisir une autre ceinture typiquement masculine.

Marie, c'est Marie Curie. Polonaise, deux Prix Nobel, une scandaleuse liaison avec un autre scientifique, Paul Langevin après la mort de Pierre. Liaison qui a défrayé la presse de l'époque ravivant la haine de l'étranger ( qui ne peut être que juif) .
Etre une scientifique, passe encore , mais une scientifique veuve et amoureuse d'un homme marié et père de famille, alors là, il y a de quoi rallumer les bûchers, qui en fait ne s'éteignent jamais tout à fait.
Donc, tout cela, c'est vrai. Que Blanche, à sa sortie de la Salpêtrière, ait travaillé avec Marie, que la radioactivité les ait tuées toutes deux , c'est vrai aussi.

Le reste.....le reste c'est un roman basé sur les "Carnets de Blanche" , une histoire d'ascension et de chute, de passion, de chimie amoureuse, d'amitié féminine , de révolte féminine également ( c'est l'époque des suffragettes) et de mort.
Un documentaire passionnant , certes, mais aussi un roman plein de sensibilité qui m'avait donné envie de lire autre chose de ce Suédois.

Au sujet de Charcot et de la Salpêtrière, pour les amateurs de cinéma, je voudrais rappeler le film d'Alice Winocour, Augustine, que j'ai beaucoup aimé.
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Blanche Wittman, surnommée en son temps "la reine des hystériques" fut traitée pour des troubles qu'on qualifiait à l'époque d'hystériques, ballottée d'hospice en hôpital, jusqu'à son entrée à l'âge de seize ans à la Salpêtrière, véritable pandémonium, dominé alors par la figure imposante du professeur Charcot, sommité du monde scientifique, et où six-milles malheureuses, hystériques, épileptiques, démentes, attendaient les secours hypothétiques d'une médecine psychiatrique encore à ses balbutiements. Elle y resta seize ans.

A partir de ces quelques données factuelles Per Olov Enquist, mêlant habilement documents authentiques et fiction, tisse sa toile narrative.

Blanche Wittman, devient alors cobaye et martyre de la science, progressivement amenuisée par des amputations successives, résultat des années qu'elle passa dans le service de radiologie de la Salpêtrière et comme assistante de laboratoire dans le hangar délabré, servant d'atelier pour les expériences sur la pechblende entrepris par Pierre et Marie Curie, alors qu'on était dans l'ignorance la plus totale des méfaits d'une exposition au rayons X et à la radioactivité. Dans trois cahiers - fictifs ou réels? - débutés avec l'idée impossible de raconter une histoire sur la nature de l'amour, Blanche en vient de plus en plus à témoigner sur la vie des personnes importantes qui l'ont entouré et notamment sur Marie Curie, ses recherches et ses tribulations lorsqu'elle fut en prise avec la vindicte populacière outrée par son rôle de briseuse de famille, alors qu'elle entretenait une liaison avec le Physicien Paul Langevin. A ce récit poignant de ses destins de femmes, je ne voudrais passer sous silence le portrait qu'il est fait à partir de ses mémoires, de Jane Avril, danseuses vedettes du Moulin-Rouge, immortalisée par les oeuvres De Toulouse-Lautrec, et qui connu une enfance assez effroyable dans le quartier de Bellevile, pour ensuite compter au nombre des patientes de Charcot.

En se jouant des récurrences, jonglant avec les mises en abîme, en s'y incluant même, Per Olov Enquist livre une copie maîtrisée, à rattacher au courant "documentariste". le texte est remarquable par sa capacité à nous happer immédiatement et habilement dans ses rets, par l'empathie inévitable que l'on éprouve à la lecture du destin de toutes ces femmes, en un témoignage de cette condition féminines peu enviable à une époque charnière de notre histoire moderne, par l'atmosphère aussi de grand bouleversements scientifiques, à l'évocation des grandes figures de la science moderne que furent Marie Curie et Jean-Martin Charcot, de leur travaux acharnés et héroïques. On y joint ainsi plaisir de dilettante et curiosité pure.
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Blanche c'est Blanche Wittman (1859-1913) qui fut internée à la Salpêtrière pour hystérie et servit de cobaye au professeur Charcot lors de ses représentations de malades.Marie c'est Marie Curie. Per Olov Enquist imagine qu'après avoir quitté la Salpêtrière Blanche a été l'assistante de Marie pour ses travaux de recherche. Les deux femmes sont devenues très proches. Après la mort accidentelle de Pierre Curie Marie traverse une période de deuil très douloureuse. Elle retrouve goût à la vie quand elle devient la maîtresse de Paul Langevin. Cette liaison dure peu car Paul est marié et sa femme provoque un scandale qui éclabousse Marie. La presse de droite s'en donne à coeur joie contre l'étrangère qui détruit un mariage français. Tout au long de cette relation Marie se confie à son amie Blanche.

Le propos de l'auteur ici est de traiter de la condition féminine à la fin du 19° et au début du 20° siècles. Ainsi c'est Marie qui est accusée d'adultère tandis que Paul est traité comme une victime innocente. Avec Blanche il est question de la psychiatrisation des désirs des femmes. J'ai trouvé intéressant ce que j'ai lu sur la façon dont l'hystérie était montrée en spectacle à la Salpêtrière et ça m'a donné envie d'en savoir plus sur le sujet.

J'ai bien aimé aussi la pointe d'humour, que l'auteur fasse de rapides parallèles avec sa propre vie et qu'il arrive même à lier son récit à la Suède : "Henri Becquerel, ami de Marie Curie et autrefois son mentor. Il devait d'ailleurs donner son nom plus tard à une unité de mesure correspondant à la désintégration d'un atome par seconde, destinée à mesurer par exemple, la contamination radioactive de la viande de renne dans le Västerbotten dans le nord de la Suède après Tchernobyl".





J'ai d'abord été très déconcertée par le mélange de réalité et d'invention. Moi qui aime que les choses soient carrées je ne m'y retrouvais pas vraiment. Dans la vraie vie Marie n'a jamais rencontré Blanche. Dans le roman cette dernière tient une sorte de journal de leur relation dont des "citations" sont intégrées en italique. le style, en apparence décousu, sautant du coq à l'âne, m'a aussi posé problème au début. Petit à petit cependant je suis entrée dans la lecture que j'ai finalement plutôt appréciée. Il se pourrait même que je relise Per Olov Enquist car j'ai vu que certains autres parmi ses titres pourraient m'intéresser. Jusqu'à la fin de ma lecture, cependant, j'ai régulièrement fait des incursions vers Wikipédia pour vérifier -ou infirmer- ce que je lisais.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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De Per Olov Enquist, j'avais déjà pu apprécié le médecin personnel du roi. J'avoue que sans Les 1001 livres qu'il faut avoir lu dans sa vie, je n'aurai peut-être pas lu Blanche et Marie... Je sais qu'en tant que femme, je devrais être plus sensible à la vie de Marie Curie, entre autres... Mais je vous avoue que le Radium et ce que j'ai comme image de Marie Curie de l'époque, ne me rendent pas ce sujet très attirant...

Je dois aussi à ma précédente lecture, le médecin personnel du roi, le fait que je me suis accrochée et que j'ai fini par goûter cette ovni littéraire, voir même le savourer! Comme quoi mon petit challenge perso à le mérite de me faire découvrir des oeuvres qui sans cela, je serai passer à côté! Et à côté également d'un écrivain qui aime nous bousculer pour nous offrir chaque fois une oeuvre qui se mérite...

J'ai retrouvé dans Blanche et Marie, ce souci qu'il a lui - même de devenir une voix intégrante de son histoire, tel un historien qui nous partagerai les fruits des avancées de son travail... Il en devient même ici la colonne vertébrale du récit, le pont de ralliement qui nous empêche de nous perdre au propre comme au figuré pour nous emmener toujours plus profondément derrière l'arbre qui cache la forêt...

L'arbre c'est Marie Curie. Une femme dont on croit tout savoir et dont, je me suis rendue compte, que j'en ignorait tant... A commencer par son amitié indéfectible avec Blanche Wittman, ancienne patiente de l'hôpital de la Salpêtrière, devenue son assistante.

A la mort de Blanche, une chemise marron est découverte. Dessus un titre: l'Amour triomphe de tout. A l'intérieur 3 carnets. Trois qui auraient dû mener à la rédaction du Livre des questions... Trois carnets que Per Olov Enquist va ouvrir à tour de rôle pour nous. Il va en révéler le contenu et le commenter... Oeuvrer comme un historien... Son approche tout en sensibilité, nous permettra de sortir du contact brouillon qu'offre le premier carnet pour aller de plus en plus vers un récit porté par Blanche et Marie. Deux femmes. Deux vécus presque aux antipodes pour se retrouver autour du Radium, et surtout témoigner l'aspiration qu'elles ont de vouloir être, être qui elles sont dans toutes leurs dimensions y compris l'Amour... Mais qu'est ce que l'Amour quand vos émotions sont jugées, vous assignent à une place, vous réduisent à ce que vous n'êtes pas mais qu'on pense être vrai....

Blanche... Marie... Deux femmes aux destins opposés et qui pourtant à elles deux témoignent à quel point être femmes les unissaient dans un monde qui cherchait sans cesse à les réduire, les rejeter, les dominer... Chacune une facette de cette volonté des hommes d'opérer un ascendant sur elles... Toutes les autres...

Per Olov Enquist à nouveau me touche. Cet homme n'a pas son pareil pour nous faire vibrer au statut des femmes dans nos sociétés. Et si ce que Blanche et Marie témoignent au travers de ce livre s'avèrent être vrai, à vérifier, il est alors urgent de le partager pour ne plus continuer à invisibiliser un ou des pans entiers de leur vie!
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L'auteur suédois nous ballade de Marie Curie et ses amours avec un homme marié, Paul Langvin à Blanche "la reine des hystériques " et sa passion pour charcot, le célèbre neurologue.
L'intrigue repose sur leurs amitiés même si les historiens n'ont aucune preuve que ces deux femmes se sont rencontrées.
Sans s'arrêter à cette "réalité" discutable, le roman demeure une peinture très réaliste de la place des femmes vers 1880, des portraits de femmes qui savent berner ces hommes si puissants et un nationalisme sous-jacent qui voit en la polonaise une voleuse de mari.
Un bon roman qui nous laisse dans l'ambiguïté: la liberté littéraire devant des personnages ayant réellement existés !!!
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