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Marc de Gouvenain (Traducteur)Lena Grumbach (Traducteur)
EAN : 9782742729043
367 pages
Actes Sud (19/09/2002)
3.88/5   68 notes
Résumé :

Danemark. 1770. Le pays est officiellement dirigé par le roi Christian VII, mais le pouvoir est entre les mains de quelques conseillers calculateurs.

Névrosé, à demi-fou, le souverain a peur de sa jeune épouse et lui préfère une prostituée que la Cour ne tarde pas à éloigner. Alors, Christian VII part à travers l'Europe pour retrouver sa chère disparue. Avant son départ, les conseillers ont pris soin d'affecter à son service un médecin no... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Merci à Bookycooky pour m'avoir fortement conseillé ce livre vers lequel je ne serai jamais allée. Un début d'agacement avec les répétitions, un style d'écriture pas souvent facile et la noblesse, pas trop mon truc ! J'ai insisté, par respect pour ma dealeuse de livre. Et au final, il fera parti des ouvrages que je n'oublierai jamais. L'histoire incroyable de la vie du roi du Danemark dans les années 1700. Époque de monarchie ou il faut faire avec ce roi Christian VII qui reste un enfant dans sa tête, est empli de névroses et son monde, à lui, c'est le jeu, le théâtre et la poésie. Donc de lui, rien à craindre. Mais il y a ceux qui prennent le pouvoir à sa place. Et surtout son médecin personnel qui, avec son accord dit à demi-mot, prend la reine pour maîtresse. Et signer 632 décrets pour améliorer la vie du peuple. Époque ou pouvoir et liberté ne faisaient pas bon ménage. Des faits tellement incroyables qu'on a du mal à se dire que cela s'est vraiment passé. Instructif et intéressant.
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En cette deuxième moitié du XVIIIème siècle, malgré son intelligence, le jeune Christian, prince héritier du royaume du Danemark, va vite montrer des signes de fragilité mentale, renforcée par une éducation extrêmement dure - tant sur le plan physique, que sur le plan moral - dispensée par le comte von Bernstoff. Le jeune prince héritier épouse à dix-sept ans, Caroline Mathilde, soeur de George III roi d'Angleterre, âgée de quinze ans et monte sur le trône la même année (1766) pour devenir Christian VII. Mais la direction des affaires du royaume est aux mains de la reine douairière qui s'appuie sur le Conseil Privé, particulièrement rétrograde et retors à toute modernisation du pays, le jeune roi étant écarté et cantonné à des occupations divertissantes, encouragé dans ses beuveries. Mais les réalités politiques se rappellent au Conseil Privé et le roi doit être présenté aux Cours européennes. C'est lors d'un grand tour que lui est présenté Johann Friedrich Struensee, un médecin allemand, pétri des idéologies humanistes des Lumières, progressiste, qui s'engage socialement auprès des plus pauvres. Le médecin, après avoir hésité, accepte de rejoindre Copenhague pour suivre le jeune souverain, avec lequel il construit une relation de confiance. de plus en plus séduit par les préceptes progressistes que le médecin lui suggère, Christian VII le nomme rapidement Maître des requêtes, puis Ministre du cabinet privé et Struensee entreprend la réforme de l'administration danoise et l'amélioration des conditions de vie du peuple avec un nombre impressionnant de décrets qu'il finit par prendre seul. Délaissée par son époux, la reine Caroline Mathilde va elle aussi se rapprocher de Struensee, cet homme intelligent, altruiste qui met en pratique les idées des Lumières, malgré l'hostilité grandissante des membres évincés de la Cour danoise, qui n'auront de cesse de comploter pour écarter cet homme qu'ils considèrent comme arriviste et intrigant.

Le médecin personnel du roi relate un épisode véridique et incroyable de l'histoire du Danemark, celle de l'ascension d'un médecin, devenu homme de pouvoir, qui va se substituer au roi défaillant mentalement, un homme mû par un altruisme que ses ennemis vont trouver douteux et surtout menaçant pour leur statut et leurs privilèges et dont la chute ne sera que plus brutale. Comment cet homme du peuple, simple médecin, allemand de surcroit, peut-il penser que son pouvoir va perdurer et qu'il pourra entretenir une liaison avec la reine presque au vu et au su de tous ?
C'est une enquête romancée que propose Per Olov Enquist, celle du fulgurant et éphémère passage de Struensee au pouvoir, un homme dont les idées modernes et la volonté de réformes trop brutale, à un rythme trop rapide, qui n'a pas compris qu'il s'attaquait trop violemment à une caste politique danoise, retorse, passéiste et rancunière.
Dans un style quelquefois très circonstancié, même si quelques idées sont démontrées quelquefois de façon trop répétitives et que l'auteur interprète peut-être trop librement les sentiments des personnages, j'ai trouvé ce roman remarquable sur une époque et un héros intelligent, malheureux qui paiera de sa vie d'avoir eu raison trop tôt.
Un roman marquant.
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J'ai de plus en plus d'intérêt pour les romans historiques… et je fus attiré par ce livre en lisant une critique de @blandine5674… Certes j'ai mis du temps à le trouver, mais je ne regrette rien.

Un récit véridique, une histoire de folie, d'amour et de trahison. Un roi fragile, une reine abandonnée, un médecin remplis d'espoir pour sauver son peuple.

Un roman que je ne suis pas prête d'oublier.
Par curiosité je suis allé voir leurs photos (ou peinture), ils les disent beaux j'en doute…

Un auteur à lire, pour ma part !

Bonne lecture !
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Il était une fois, à la cour du Danemark : un monarque absolu de droit mais manipulé, tel un pantin, par la cour ; deux hommes de peu que le pouvoir appelle ou attire ; des femmes, reines ou maîtresses de l'univers, qui décident des faveurs et défaveurs que connaissent les hommes ; un peuple, anonyme et muet, troupeau d'agneaux ou hommes en devenir, dont on se dispute le commandement. Il était une fois, au royaume du Danemark, quelque chose de pourri qui applique à la réalité historique le contenu d'une pièce tragique. En plein siècle des Lumières se jouent tout à la fois une révolution politique, un renversement social et une vaste et funeste comédie humaine. Avec le médecin personnel du roi, l'auteur suédois Per Olov Enqvist use du roman historique pour démontrer les contradictions d'une époque, où les idées les plus nobles et les plus dignes rencontrent pourtant l'absolue résistance d'un système qui sera bientôt à bout de souffle. Réflexion aussi sur la fin et les moyens, le roman s'appuie sur les portraits d'hommes et de femmes, qu'ils soient en faveur ou en défaveur du projet de Struensee, dépassent déjà - et en cela adhèrent à celui des Lumières - les limites que les règles sociétales en vigueur leur imposent.

Christian VII devient roi du Danemark lorsqu'il est extrêmement jeune. Roi absolu en théorie, son pouvoir est cependant strictement contrôlé par une cour à la tête de laquelle se trouve la reine douairière - c'est-à-dire la veuve du roi précédent, Frédéric V, mais point la mère de Christian - et qui a, durant la jeunesse du roi, permis ce contrôle par l'éducation. Éducation faite de violences morales et physiques intenses - l'aveu que fait Chrisrian de la torture subie à son précepteur, François Reverdil, est bouleversant - qui conditionne le jeune roi autant qu'elle l'enferme dans un univers mental que Christian compare au théâtre. Aux gestes attendus de la part d'un roi s'ajoutent les paroles - telles des répliques théâtrales - qu'il convient qu'il dise. Christian est roi, certes, mais il est resté enfant. La royauté l'afflige - il est persuadé d'avoir été échangé à la naissance et d'avoir été privé d'une vie simple, entouré de paysans - et de son royaume, il ne connaît rien. le Danemark, dans la deuxième moitié du 18ème siècle, est une puissance déclinante. Incapable d'influence dans les territoires germaniques, le royaume est dominé politiquement par son voisin du nord, la Suède. Son système de servage le place parmi les États les plus reculés d'Europe, place encore affirmée par le rejet total des idées des Lumières qui parcourent le continent, de la France à la Russie en passant par l'Angleterre, les États d'Italie et le Saint Empire. Marié très jeune à la jeune soeur de George III, roi d'Angleterre, Caroline-Mathilde, Christian trouve pourtant le réconfort quasi maternel auprès d'une prostituée de Copenhague, qu'il surnomme la Maîtresse de l'univers. Hélas, cette femme est exilée du royaume et, pensant la retrouver, Christian entame un voyage parmi les grandes places européennes, à la manière du Grand Tour des jeunes lords anglais. Pour l'accompagner dans ce voyage, et le surveiller, la cour danoise choisit un médecin allemand, originaire d'Altona, du nom de Johann Friedrich Struensee. Celui-ci, acquis aux idées des Lumières, prend peu à peu une place prépondérante auprès du souverain. Père de substitution, conseiller politique, Struensee se trouve alors en position de mettre en oeuvre les idées progressistes politiques et sociales des Lumières. Conscient de l'énorme poids historiques qui pèse sur ses épaules - et qui le détournent de sa mission première de médecin des classes sociales les plus fragiles -, Struensee accepte et mène, en l'espace de deux ans à peine, une révolution politique extraordinaire par son audace et sa rapidité. Bénéficiant du pouvoir de signature des décrets royaux - Christian est ainsi débarrassé de ce fardeau de la royauté, en ce qu'elle a de prise avec le réel -, Struensee fait ainsi passer plus de six cents décrets, lesquels règlent positivement le sort des orphelins, accorde la liberté de culte, et celle de la presse, met fin à la censure, ouvre les jardins royaux à la population ... Seul demeure, inachevé, son projet de mettre fin au servage. Mais cette politique attire sur Struensee les foudres de la cour, sous l'influence de Guldberg, fils de croque-mort, arriviste et défenseur d'un Danemark conservateur. Si Struensee jouit des faveurs - c'est peu de le dire ! - de la reine, celles-ci finissent par le perdre tout à fait. Ayant obtenu de ce pouvoir restreint dans le temps l'assurance d'une double postérité - celle des progrès politiques et sociaux, celle d'une descendance qu'il a avec la reine -, Struensee connaît une chute dont la brutalité n'a d'équivalent que la hache du bourreau qui s'abat, un jour de mai 1772, sur sa main et sur son cou.

Le roman tout entier semble être placé sous le signe de la contradiction, du paradoxe. Sans doute parce que les choses les plus complexes sont les plus intéressantes. Commençons d'abord par les hommes et les femmes de ce roman. Nul, parmi les personnages principaux de ce roman, ne paraît être fait d'une seule pièce, comme le dit le roi Christian VII. Lui-même est roi, mais son état mental et psychologique lui interdit de régner effectivement. Son attitude enfantine - on le voit souvent jouer avec son chien et son page noir, Moranti ; il aime aussi monter sur les planches de la scène pour déclamer son texte - ne permet en rien l'exercice d'un pouvoir royal absolu, dont il veut d'ailleurs absolument se défaire. La reine, Caroline-Mathilde, a, elle, été choisie par la cour pour sa probable insignifiance. Son ascension dans la cour démontre au contraire l'éveil d'une véritable femme politique, aux sens aiguisés. Petite fille que la solitude fait grandir, elle prend aussi conscience du pouvoir d'un corps qu'on lui intimité de cacher. Sûre de ses charmes, elle attire à elle Struensee, qu'elle aime mais qu'elle veut tenir à sa main. Son attitude de femme assurée, et consciente de sa position de reine, lui attire les foudres de la cour, et notamment de Guldberg et de la reine douairière. La compagnie et l'amour de Struensee que sa solitude lui aura fait chercher la condamne, elle aussi, à la disgrâce. Guldberg, que le lecteur sait déjà vainqueur - puisqu'on le voit en compagnie du roi, au théâtre, en 1782 - se définit lui-même comme le buisson qui aura gardé sa place quand tous les grands arbres autour de lui auront été déracinés. Ardent défenseur d'un système conservateur et d'une noblesse de laquelle il ne fait même pas partie, il est, par l'intelligence, le grand rival de Struensee. Lui aussi pense sauver le Danemark, mais là où Struensee voit le progrès social, Guldberg ne pense qu'au rétablissement moral. Si sa naissance le promettait à l'insignifiance, sa rigueur et, faut-il le reconnaître, son audace, lui permet de s'installer aux premières places de l'État, dernier gardien d'un roi fou et seul. Struensee, enfin, était de ces hommes qui, à l'échange aimable d'idées entre hommes de bonne composition, adjoignait une action parmi les pauvres d'Altona. Son ascension politique est due au vide laissée volontairement par Christian à la fois dans la conduite des affaires politiques et dans le lit de la reine. Conscient de la difficulté de la route qu'il emprunte, bientôt apeuré par les conséquences et la fin qu'il imagine, il demeure, pourtant, attaché à ses réformes et à la reine. Humble et plein d'hybris à la fois, Struensee personnifie cette transcendance des rangs et des titres par la valeur intrinsèque des personnages. Comme Caroline-Mathilde, comme Guldberg, rien ne l'aurait autorisé à jouer pareil rôle dans l'histoire de son pays. le désir, ou l'acceptation de ce rôle, bouleverse leurs histoires.

Les idées mises en valeur sont tout autant pleines de contradiction. le règne de Struensee, comme l'histoire aura retenu cette période, est un moment de renversement des valeurs. La société conservatrice danoise - ainsi l'épisode du jeune serf, mortellement blessé et attaché au barbare cheval de bois - connaît un moment intense de libéralisation qui excite les enthousiasmes et les colères. Ainsi de l'ouverture des jardins royaux à la population et de l'autorisation à sortir masqué, entendu comme une autorisation à forniquer, dans le plaisir de l'anonymat, et qui symbolise, pour la cour notamment, la conduite immorale tenue par la reine et Struensee. L'acmé de pouvoir que connaît ce dernier annonce le retour à une situation plus policée, du fait des jalousies, des haines, des peurs aussi que les réformes avivent chez les nobles. La liberté de la presse explique aussi ce retour au conservatisme, puisque Struensee, par idéal, ne veut pas que l'État exerce un contrôle sur ce qui est publié ; partant, toutes les idées le sont, y compris celles qui lui sont franchement défavorables, et celles qui traînent dans la boue son nom et son honneur. Étonnante époque où, malgré un pouvoir qui oeuvre en faveur de la libéralisation de la société, celle-ci s'arque-boute sur un conservatisme qui fait fes ravages, tant chez la noblesse que chez un peuple qui, il faut bien le dire, est pratiquement complètement absent du roman. Là est dans doute l'erreur majeure commise par Struensee, comme il l'admet à la fin du roman. Persuadé de gouverner en recherchant la vérité et en usant de la raison, Struensee a surtout refusé d'être confronté à la réalité. L'épisode du paysan danois, battu à mort sur le cheval de bois, est symbolique de cela. Tandis que les paysans se rapprochent du carrosse royal que menace l'embourbement, Struensee fuit, court pour rattraper la voiture. Il laisse là le peuple, symbole d'un peuple pressuré de toutes parts, et qui lentement meurt. Struensee a gouverné seul, à l'abri des conseillers, des ministres, de la cour, certes, mais aussi isolé de potentiels alliés et du peuple qu'il entendait guider vers les Lumières.

De là découle une réflexion sur la fin et les moyens. Offrir la liberté à un peuple suppose-t-il de la lui imposer ? Struensee, sans doute, avait raison, mais il était trop tôt, mais il était trop seul, mais il réforma trop vite. Empêtré bientôt dans des considérations humaines, tels que l'amour, la volonté d'exister - fut-elle au travers d'une enfant -, Struensee est l'archétype de l'homme de bien qui, malgré sa bonne volonté, finit par mal faire. Sa relation avec Christian s'érode, car Struensee en a définitivement fait un roi fantoche. Celle avec la reine souffre bientôt de l'éclosion de cette dernière, femme puissante qui murmure à l'oreille de son amant les futures réformes, et oeuvre aussi - ainsi l'épisode avec les matelots norvégiens - en première ligne pour assurer la survie du régime. Les thématiques ainsi que l'environnement géographique du roman ne sont ainsi pas sans rappeler Hamlet, que Christian échoue d'ailleurs à voir lorsqu'il est à Londres. Folie du roi, corruption de la cour, aspect tragique du récit, car aucun des personnage ne semble être en mesure de maîtriser pleinement son destin, hormis peut-être Guldberg, dont le parcours, là encore de façon paradoxale, entre en opposition avec ses principes moraux et politiques (car il accède à une place que ses croyances religieuses et politiques devraient lui interdire), Christian est un Hamlet historique. le questionnement bien connu, "Être ou ne pas être" est largement partagé par les personnages. Être ou ne pas être roi, pour Christian ; être ou ne pas être l'homme qui pourrait changer le cours de l'Histoire, pour Struensee et Guldberg ; être ou ne pas être la petite chose insignifiante que toute la cour du Danemark attend, pour Caroline-Mathilde. Au milieu de l'obscurité flamboient de petites flammèches : ce sont les illusions - celle de la raison, celle de l'envie d'exister pleinement, celle de croire en un destin lumineux - d'hommes et de femmes qui, à la faveur des haines et des années, s'éteindront bientôt.
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Royaume du Danemark, 18ème siècle. le nouveau roi, Christian VII, ne peut pas vraiment exercer le pouvoir : dressé comme un animal plutôt qu'éduqué, avec corrections physiques et humiliations publiques, le jeune homme est profondément perturbé et voit le monde comme une immense pièce de théâtre dans laquelle on ne lui a pas toujours donné ses répliques.

Si le pouvoir est d'abord exercé par le conseil des nobles, un nouveau personnage va faire son apparition : Struensee, médecin du roi, de par sa proximité avec lui et l'affection qu'il lui témoigne, va gagner petit à petit sa confiance, et se faire finalement nommer premier ministre. Inspiré par les Lumières, il lancera sur le Danemark un torrent de réformes progressistes, tandis que dans le même temps, il vivra une intrigue amoureuse avec la reine.

Curieux épisode historique raconté dans ce livre, qui aurait pu consacrer le Danemark comme pays des Lumières quelques années avant la France ! Après quelques petites recherches, il apparaît que le roman est assez fidèle à l'Histoire avec un grand H, même s'il y a quelques partis pris dans les motivations des protagonistes. Certains faits sont plutôt amusants, comme l'instauration de la liberté de la presse qui aura pour effet immédiat une tonne d'écrits et de satires contre celui qui l'a décrétée.

Mais globalement, le roman est assez sombre. D'une part, parce qu'on sait très bien que ça va mal finir de par nos (maigres) connaissances historiques. Ensuite, parce que tous les personnages sont un peu cinglés à leur manière, sans qu'on ne puisse leur reprocher quoi que ce soit : le roi Christian VII à cause de son éducation et sa volonté de trouver une échappatoire dans le théâtre ; Struensee, remplis d'idéaux mais vivant constamment dans la peur des autres ; et la jeune reine, passée de recluse dans un couvent à l'épouse d'un dément dans un pays étranger, qui tente de frayer son propre chemin dans un monde qui la méprise.

Un trio parfait pour une tragédie dans les règles. Dans la vie réelle, il est bien difficile de lancer une révolution culturelle tout seul.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
(En parlant du futur roi Christian VII)
A l'âge de cinq ans, en effet, il avait assisté à une représentation par une troupe italienne de passage. La noble prestance des comédiens, leur stature et leurs costumes somptueux avaient fait sur lui une impression si forte qu'il en était à les concevoir comme des êtres supérieurs. Ils étaient divins. Et si lui, qu'on disait aussi être l'élu de Dieu, faisait des progrès, il allait pouvoir s'unir à ces dieux, devenir comédien, et être ainsi délivré du "tourment du pouvoir royal".
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Quand, en 1733, le servage avait été établi, il avait constitué pour la noblesse un moyen de contrôler, ou plus exactement d'empêcher la mobilité de la main d'oeuvre. Quand on était paysan et né sur un domaine, on n'avait pas le droit de quitter ce domaine avant l'âge de quarante ans. Les modalités, le salaire, les conditions de travail et de logement étaient fixés par le propriétaire du domaine. A quarante ans, on avait le droit de s'en aller. La réalité étant qu'à cet âge, la majeure partie des paysans étaient à tel point devenus passifs, profondément alcooliques, criblés de dettes et physiquement épuisés, qu'on ne comptait guère de départs.
C'était l'esclavage danois.
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Trois soirs par semaine, ce parc fut tout particulièrement ouvert aux couples masqués. Le droit du peuple à se masquer avait été décrété, y compris dans les jardins publics et la nuit. En pratique, cela signifie le droit, moyennant un certain anonymat procuré par les masques, de copuler librement dehors.
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"Il y a un dicton qui dit qu'en France on demande : Est-ce un homme instruit ? En Allemagne : Vient-il d'une bonne famille ? En Hollande : A combien s'élève sa fortune ? Mais, au Danemark, la question est : Quel est son titre ? Ici, et en tous domaines, la vie est empreinte de cette hiérarchie des titres. Quand on passe d'une pièce à l'autre, cela se fait par ordre de rang, tout comme quand on s'installe à table, les serviteurs changent les assiettes par ordre de rang. Si l'on rencontre un homme intelligent et compétent qui franchit la porte en dernier, et donc ne possède aucun titre et qu'on demande qui il est, la réponse est : il n'est rien.
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La réponse était qu'il regagnait ses appartements pour s'y masturber. Il ne voulait pas rendre visite à la reine. Il n'éprouvait à son égard que de la frayeur. Christian possédait de nombreux visages. L'un est éclairé par la frayeur, le désespoir et la haine. Un autre est penché, calme, au-dessus des lettres qu'il écrit à monsieur Voltaire, cet homme qui, selon ses propres déclarations, lui a appris à penser.
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Videos de Per Olov Enquist (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Per Olov Enquist
2 octobre 2013
En 1770, alors que le jeune roi du Danemark, Christian VII, est atteint de folie, quelques nobles mènent à eux seuls les affaires du royaume. Contraint d'épouser l'héritière de la famille royale anglaise, le roi lui préfère une prostituée, aussitôt écartée par la Cour. Christian VII part alors à travers l'Europe pour retrouver sa chère disparue. Dans ce climat de confusion, les conseillers commettent l'erreur de convoquer au palais le docteur Struensee : instruit et progressiste, ce dernier obtient les faveurs de son roi, se rapproche de la reine délaissée et occupe une place que beaucoup lui disputent. En butte aux complots de toute sorte, le médecin signe de fait son arrêt de mort. Sous couvert d'un sujet historique, Per Olov Enquist met en scène les grands conflits d'idées du Siècle des lumières à travers des personnages emblématiques et intemporels.
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