Curieux roman qui semble courir plusieurs lièvres a la fois. La 4° de couverture évoque un jeu de dupe à la "Liaisons dangereuses" alors que les journaux intimes ne concernent que quelques pages. On a aussi un aperçu de la vie et des coutumes Indiennes. Et des retrouvailles entre soeurs qui ne se connaissaient pas. Mise en abyme, ethnologie, roman familial: tout cela, au lieu d'amplifier le roman, l'empêche de se concentrer sur l'histoire d'amour entre Gil et Irène qui reste dans l'ombre et les non-dits alors que c'est cela seul qui intéresse. Quant à la fin, elle est particulièrement dérangeante qui considere la narration comme le fantasme plus ou moins étayé de la fille du couple, ce qui en fait moins un hommage filial qu'un exemple de perversité.
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Un roman psychologique sur un couple qui se déchire et se manipule. Si l'histoire est en elle-même un peu banale, il y a certaines idées originales comme la tentative de manipulation par la narratrice de son mari à travers son journal intime - cette idée aurait toutefois sans doute mérité d'être poussée davantage. Mais ce qui m'a le plus séduit, c'est le cadre du récit, l'origine amérindienne des personnages qui s'exprime à travers leur manière d'être et leurs comportements, leur attachement à certaines représentations symboliques, comme l'ombre d'une personne, ou simplement à la nature. C'est tout un univers attrayant qui nous est donné à voir par l'auteur, elle-même descendante d'indiens d'Amérique, et qui donne une empreinte singulière au récit.
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Vers la fin de ce roman glaçant qui met en scène un huis-clos conjugal particulièrement toxique, un des enfants du couple adopte un chat errant auquel il donne le nom de « Schrodinger avec un tréma ».
Le paradoxe de Schrödinger dont a si bien parlé Philippe Forest ( « Le chat de Schrödinger ») fait allusion à une expérience de physique où un chat peut être à la fois mort et vivant.
Etre à la fois tout et son contraire est donc comme l'emblème de ce roman douloureux de Louise Erdrich.
En effet, dans la relation entre Gil, le peintre et sa femme, son unique modèle admiré et humilié, l'amour et la haine destructrice sont entremêlés. Les voix du couple alternent et se racontent, tandis qu'une troisième voix omnisciente dont l'identité sera révélée au terme du roman, apporte son point de vue.
La trame du récit est celle-ci : lorsque Irene découvre que Gil lit son journal intime, elle décide d'en tenir un deuxième dans lequel elle accumule les pseudo-révélations sur des aventures extra-conjugales et, pire, laisse planer le doute sur la paternité de son mari.
« Si Gil ne savait pas qu'elle savait qu'il lisait son journal, elle pouvait y écrire des choses visant à le manipuler. Et même à lui faire du mal. »
Louise Erdrich a écrit un roman porté par une urgence impérative dans une langue dépouillée et très efficace. On ne peut s'empêcher d'y voir une nécessité cathartique, car sa propre vie a été marquée par des conflits conjugaux douloureux.
Mais c'est dans l'évocation des trois enfants du couple, sensibles et surdoués et de la vie quotidienne d'une famille (courses, repas, etc.), de tout ce qui devrait être refuge, mais devient piège, que le roman est le plus poignant.
Le lecteur se prend à espérer que le pire n'est pas certain. En vain.
Un roman inoubliable.
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Aimer à la folie, c'est donc ça ?!
Un roman pour comprendre ce que veut dire véritablement "aimer à la folie". Un roman qui oscille entre le sordide et le sublime, ne laissant aucun répit au lecteur dans un ballottage incessant au coeur du naufrage annoncé de ce couple. A lire comme on effeuille une marguerite en espérant secrètement que ça finisse comme on le voudrait.
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