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EAN : 9782207250914
384 pages
Denoël (10/01/2001)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Au soir du Nouvel An, conduits par des hommes en robe blanche, mille neuf cent quatre-vingt-dix-neuf femmes et enfants se jettent du haut d'une falaise de Californie.
Kristin devait être la deux millième. Mais à la dernière minute, elle s'enfuit dans les collines de Hollywood et trouve refuge chez un homme à l'esprit passablement ravagé. Dans une pièce verrouillée, tout en bas de sa maison, il travaille à son grand ouvre : un énorme calendrier bleu qui présup... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Sixième roman de l'écrivain Steve Erickson paru en 1999, «The sea came in at midnight », est ancré dans cette atmosphère de fin de millénaire, dans laquelle les fantasmes apocalyptiques et les catastrophes amplifiés par les medias font caisse de résonance aux drames individuels et familiaux.

Voici un avant-goût de l'intrigue, à ses débuts : Kristin, à dix-sept ans, s'est enfuie de chez elle pour retrouver sa capacité à rêver. Se retrouvant par hasard prise dans la horde d'une secte millénariste et suicidaire, elle n'a pas voulu être la deux-millième à sauter de la falaise en ces dernières secondes de l'année 1999. Alors, elle s'est enfuie et, ballottée dans les travées d'un destin incertain, elle se coule dans le rôle d'objet sexuel consentant pour un homme qui a passablement perdu les pédales. On la retrouve « memory girl » à Tokyo, fille de joie récoltant et partageant des souvenirs avec des hommes japonais, dans un pays qui tente de se remplir des souvenirs de l'occident après la destruction de leur passé dans les cendres du XXème siècle.

Ensuite, toujours à la frontière du fantastique et de la folie, la narration glisse d'un personnage à un autre, êtres humains en quête d'identité dans un monde vide de son sens, tels des enfants perdus poursuivant des chimères dans le chaos de la vie et de la mémoire qui s'enfuit. On se perd facilement dans les chemins tortueux de ce récit aux multiples intersections et où tout finit par se recouper. Un puzzle un peu vertigineux qu'il faudrait sans doute relire si l'on veut assembler toutes les pièces. Mais je vais sans doute passer à autre chose…
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Plutôt que la folie millénariste, l'invention de ses rêves hors diktat de la mémoire et du chiffre.

Désormais sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/06/06/note-de-lecture-la-mer-est-arrivee-a-minuit-steve-erickson/
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
C’était la première ligne d’une petite annonce personnelle qui avait paru dans un journal, juste après le Jour de l’An. Toute froissée et jaunie qu’elle est devenue, elle est épinglée à présent au mur de sa chambre d’hôtel.
Y sont épinglés aussi des articles de magazines de voyage qui évoquent des villes mystérieuses telles que Budapest, Dublin, Reykjavik ou Saint-Sébastien, des villes qu’elle pensait bien ne jamais voir. Mais elle n’aurait jamais cru non plus qu’elle verrait Tokyo un jour. Il y a là également des articles tirés de journaux littéraires et de revues d’art sur Flannery O’Connor, Uum Kulthum, Ida Lupino, Sujata Bhatt, Hannah Höch, Big Mama Thornton, Hedi Lamarr, Kathy Acker et Asia Carrera.
À côté de la petite annonce personnelle se trouve aussi un morceau de journal du même jour qui raconte comment, en Californie du Nord, exactement deux mille femmes et enfants se sont jetés d’une falaise, le soir du Nouvel An, aux douze coups de minuit. En tout cas, c’est ce que raconte ce morceau de journal, mais il n’a pas tout à fait raison au sujet des douze coups de minuit et de quelques autres choses encore. Par exemple, ça n’a pas été tout à fait le suicide collectif bien ordonné qu’il a l’air de dire. Et il n’y en a pas eu exactement deux mille. La jeune Américaine de dix-sept ans qui vit dans cette chambre d’hôtel en sait quelque chose puisque c’était elle la deux millième ; et comme maintenant elle est ici, à Tokyo, ma foi, n’importe qui peut faire le calcul.
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Sa dernière aventure en cartographie, la plus troublante, datait d’il y avait plus de quinze ans, lorsque la ville de Los Angeles l’avait embauché pour faire la carte des rêves disparus de la ville. Dans les mois qui avaient immédiatement suivi le 31 décembre 1999, les résidents de L.A. avaient commencé à se rendre compte que leur sommeil était maintenant totalement dépourvu de rêves, phénomène qui coïncidait avec le pillage systématique, à l’ouest de la ville, des capsules témoins du Black Clock Park. Petit à petit, les habitants de la ville étaient tombés dans un état d’insomnie agitée, puis dans une espèce de folie fonctionnelle. (…) Bien que Carl ne fût encore jamais allé à L.A., il comprit qu’elle n’était rien sinon la ville des rêves délégués, et c’était pourquoi ses responsables avaient littéralement transformé le paysage urbain en une vaste salle de projection où constamment, nuit et jour, sur la façade des buildings, sur les murs des chambres, sur le ciment des trottoirs, sur l’asphalte des rues, on projetait de vieux films.
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C’était quand elle avait commencé à aller au jardin d’enfants qu’il s’était mis à accrocher tous les matins une pancarte à sa porte, avec un simple mot. Au début, c’était un jeu pour elle d’aller tout excitée au réveil voir ce qui l’attendait. Ce mot quotidien fut d’abord un reflet des attentes et des aspirations de son père, avec les premiers mots d’anglais qu’il s’était attribués lors de son expatriation du Japon aux Etats-Unis : EXCELLENCE, AMBITION, DÉTERMINATION, SUCCÈS. Mais, les années passant, le mot sur la porte se mit à suivre de près à la fois sa chute de fillette dans les vulgarités de l’adolescence et la détérioration constante et mesurée de son approbation, stigmatisant sa vie selon ses manquements : DÉCEPTION, PARESSE, STUPIDITÉ. ÉCHEC.
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Elle en était venue à craindre de figurer sur la carte qui la fascinait le plus, la Carte des Femmes Folles, avec ses épingles qui représentaient toute une série de femelles plus ou moins dérangées : une tenancière de bar de Dublin, une photographe de Bruxelles, une employée d’agence de tourisme d’Athènes, une conseillère d’orientation d’un kibboutz de Tel-Aviv, une belle fille qu’il avait vue à Madrid ne portant rien d’autre que le chaos dans ses yeux et un béret rouge à cornes orné de l’étoile rouge soviétique, debout sur une place et se caressant ouvertement, jusqu'à ce que les derniers survivants de la garde secrète de Franco n’apparaissent dans une voiture noire et ne l’enlèvent.
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