Le mystère Sherlock

La flaque noirâtre autour du crâne de Rufus. Le résultat sanglant d'une séance sadomaso à l'haltère. La confirmation que le sport est mauvais pour la santé des intellectuels.

Il régnait un silence de mort et de plomb à la fois, c’est dire. (p. 17)

En ce joli mai de mai la neige était tombée dru, juste pour énerver le réchauffement climatique....
Sur le voile immaculé, saupoudré ça et là de gouttelettes hardies, des marmottons pelucheux batifolaient gaiement. Des mésanges nonnettes enrobaient la scène de pépiements sucrés.....
Tous les clichés étaient convoqués pour faire de cette scène un moment inoubliable de beauté, de pueté et de Walt Disney.
Mais heureusement pour l'amateur de polar, friand de sang chaud et de frissons d'échine, tout çà ne dura pas!!
Car tout à coup, surgissant dans un nuage noir, puant et sans doute cancérigène, un énorme chasse neige crasseux dégagea de son inflexible rabot tous les blancs manteaux et marmottes qui trainaient par là.

En elle bout une envie de meurtre à l’état brut dont on ne trouve guère l’équivalent que chez la hyène hypoglycémique ou le supporter de football à qui un arbitre coprophage enfanté par une péripatéticienne a volé un penalty. (p. 58)

Puisque tout se passait derrière lui et que sa parano commençait à se réveiller, le lieutenant Poséidon fit ce que des années d'entraînement au sein des troupes d'élite des soldats du feu lui avaient appris en termes de prise d'initiative et de réactivité : il se retourna.

Bloc notes d'Eva von Gruber :
- Rodriguez : pas méchant. Compassion inévitable vu physique impossible : à ménager en souvenir de mes années boudin.

Le meurtre moderne, c'est comme la nouvelle cuisine : on va chercher des influences un peu partout, on fait des mélanges et, neuf fois sur dix, on est déçu. Là, on avait un bon vieux crime à l'ancienne, une valeur sûre. Le surin dans le palpitant, c'est le pot-au-feu du meurtre.

Watson est la figure même de lecteur de roman policier : un naïf volontaire.

Ainsi Gluck vit-il une relation très intense avec la littérature : chaque fois qu'il se plonge dans une œuvre, il entre dans une telle empathie avec l'auteur ou les personnages que sa personnalité s'en trouve modifiée.
Ses parents tremblent encore au souvenir des dégâts occasionnés par la terrible bibliothèque rose ; ces années où l'enfant, après avoir ingéré l'intégrale de la série Oui-Oui, affirmait être un pantin de bois et exigeait d'être ciré toute les semaines. Mais les vrais problèmes commencèrent à l'université quand Gluck se spécialisa dans la poésie symboliste du XIXe siècle. Devenu opiomane et suicidaire pendant l'écriture d'une thèse sur le spleen chez Charles Baudelaire, il se fît arrêter par la police dans le port du Havre au moment où, déguisé en albatros, il tentait de monter sur un voilier en hurlant : "Mes ailes de géant m'empêchent de marcher, bordel !"

Mais les essuie-glaces mérovingiens tenaient le choc, les pneus cloutés artisanalement se gaussaient du verglas, et le taxi montait sans faillir le long de la route menant à l'hôtel Baker Street, sous les applaudissements des autochtones hydratés au schnaps. A l'instar de ses supporters, Herr Fribourgstein carburait à l'antigel goût prune (fait maison), seul moyen de pratiquer sans stress le patinage artistique au bord des précipices suisses dans un tacot en fin de vie