Max est un jeune homme taciturne, isolé, peut-être un peu trop romantique, un peu trop prompt à boire. Il admire de loin Alice, une fille de sa classe, mais n'ose pas l'aborder. Il aime les femmes, pourtant, il les idéalise même. Et il aime écrire. Il couche ses pensées sur le papier, ses fantasmes, sa vie telle qu'il aimerait qu'elle soit. Et au fur et à mesure qu'il les développe sur le papier, ses rêves prennent corps dans la réalité. Alice devient sa petite amie. Mais il lui en faut plus: provoquer le destin en écrivant les choses pour qu'elles deviennent réelles? Il commence par sa jolie professeure d'histoire, avec qui il s'invente par écrit une liaison. Et elle aussi finit par se jeter dans ses bras.
Ce roman nous plonge dans l'esprit torturé de Max. Tantôt nous lisons ce qui lui arrive, tantôt nous lisons ce qu'il écrit, en sachant que très vite, pour lui, les deux se confondent et il ne peut plus nous permettre de les différencier. La réalité ne lui convient pas, il dégaine son stylo et la change sur le papier. Se réalise-t-elle sous ses yeux ou dans sa tête, difficile de le dire, surtout pour quelqu'un qui boit de plus en plus avant de se tourner vers des drogues plus dures. le ton est noir: Max raconte son ascension fulgurante, sa conquête de la fille qu'il aime, puis son orgueilleuse séduction d'une femme mure, mariée, qu'il veut faire ramper à ses pieds, tout en se persuadant qu'aucun des fiasco qui suit ces relations n'est de son fait. Les événements deviennent vite décousus à mesure que Max lui-même s'évade d'une réalité qu'il veut façonner, et son entrée dans un groupe de musique achève de le plonger dans la débauche, persuadé à de nombreux niveaux qu'il peut se permettre à peu près tout. Détestable personnage? En tout cas, il l'affirme, mais je n'ai pu m'empêcher d'éprouver un peu de compassion pour ce personnage de créateur dérangé. La spirale dans laquelle il nous entraîne est en tout cas très réussie, car c'est avec une sorte de plaisir malsain qu'on se demande jusqu'où ira ce poète maudit nouvelle génération. Si le pari était de fasciner et de happer le lecteur, il est réussi haut la main.
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