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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Elise décide de quitter Bordeaux pour rejoindre son frère Lucien à Paris et l'aider à s'installer, pour le moment rien d'extraordinaire. Sauf que la vie est parcourue d'imprévus et d'aventures !
Elle n'a pas assez de sous pour rentrer à Paris. Lucien lui propose de venir à l'usine où il travaille afin de gagner un peu d'argent pour payer son retour.
C'est là que je suis rentré dans l'histoire accompagnant Elise dans son usine. Nous sommes dans la période de la guerre d'Algérie, Lucien soutient le FLN.
La vie étant parcourue de rencontres (Charles Pépin ne nous dira pas le contraire ) Elise est intriguée par Areski, personnage singulier de nationalité algérienne qui travaille dans la même chaîne de production. Et quand on rencontre un personnage remarquable par sa différence, on creuse un peu, on échange, on dialogue et là ! Je vous le donne en mille, arrive ce que l'on pressent : Elise tombe amoureuse d'Areski.
Elle ne choisit pas la facilité Elise, une française avec un algérien dans les années 60 qui plus est membre du FLN, ce n'est pas gagné ! D'autant que leur intimité ne peut s'exercer que dans les lieux publics. Mais l'amour ne commande pas. Elle vit alors de l'intérieur les rafles, les perquisitions et les conditions de travail de l'usine dans les années cinquante- soixante.
Evidemment il faut contextualiser ce récit, se replacer dans cette année-là. J'ai trouvé les personnages attachants, on a envie de parler avec eux, d'échanger, de les écouter pour les aider à échapper à leur solitude.
Je retrouve dans ces attitudes les résignations des romans De Balzac, mais pas les luttes ouvertes et les combats de Zola. Les revendications sont retenues, on est dans le maquis des années 60 mais le milieu est hostile car la France n'est pas unie contre un ennemi, mais divisée.
Ce livre a reçu le prix Femina, les mots sont justes, c'est bien écrit. Il fait partie de notre histoire.
À lire et découvrir pour ceux nés bien après cette époque.
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La France à l'aube de la la Guerre d'Algérie, le boom de l'industrie automobile où se mêlent les métropolitains et tous les ressortissants d'origine magrébine, algérienne mais aussi les yougoslaves, les hongrous , les combats du Parti Communiste, le FLN, l'OAS..... c'est sur ce fond historique que va se nouer à contre - courant la relation amoureuse etre Elise, la narratrice et le jeune algérien Arezki. Les tensions montent entre l'idéaliste Henri, Lucien, le frère d'Elise et ses compagnes et surtout en France avec les rafles, les conflits des syndicats, la prédominance de la CGT, la répression des mouvements natonalistes algériens et la montée du racisme. 

Ayant suivi son frère à Paris, issue d'une famille modeste dont il ne reste que la grand - mère, Elise découvre le travail à la chaîne et vient superviser les chaînes de production en usines automobiles, un monde d'hommes à la base avec ses règles, ses violences et les conflits entre toutes les nationalités présentes. Lucien, son frère désargenté, bigame, idéaliste, séduit par ces mouvement indépendantistes qui montent en puissance.... tente de l'initier à ses combats et à gérer aussi ses relations avec ses amours féminines..... Elle subit l'ensemble plus qu'elle ne s'impose et c'est ainsi que ses sentiments amoureux et partagés par Arezki, ouvrier algérien à la chaîne dans la même usine. Les tensions à l'usine, la fièvre de l'indépendance de l'Algérie qui gagne Arezki, les petits ches autoritaires, la répression contre les algériens par la police s'amplifie, haineuse.... autant dire que cette histoire d'amour entre ces deux personnes passe mal et que cela ne peut se concrétiser partiellement qu'en parfaite clandestinité.

Fresque sociale, radio de la France à l'époque de ces ruptures, histoire d'amour et destins tragiques .... tout cela se lie, se noue et se dénoue.... Même si ce récit date un peu dans sa forme comme sur le fond, on s'y attache pour découvrir les destins pafois tragiques de ces êtres déchirés.
Lien : http://passiondelecteur.over..
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Depuis l'enfance, je voyais ce livre dans la bibliothèque de ma soeur. Sachant qu'il parlait de la guerre d'Algérie, j'ai retardé ma lecture craignant qu'il soit trop dur. Et peut-être que, finalement, le découvrir adulte est une bonne chose. Cela permet de l'apprécier à sa juste valeur. J'ai eu beaucoup de mal à "rentrer dans le livre". Toute la période bordelaise a été laborieuse. Mais dès l'arrivée dans la capitale, je n'ai plus lâché le roman. Les personnages, le contexte politique et social sont décrits de manière précise, sans aucune lourdeur. le livre est criant de vérité, même si elle n'est pas toujours facile à voir en face. C'est un très beau témoignage sur une époque et un milieu social. Et le couple formé par Elise et Arezki a toute sa place parmi les plus belles histoires d'amour de la littérature.
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Une ville de la région bordelaise, dans les années 50. Elise et son frère Lucien, orphelins, vivent chichement avec leur grand-mère. Lucien a des ambitions : après s'est marié et avoir eu une petite fille, il monte à Paris avec sa maîtresse. Sa soeur, qui adore son frère, finit par le suivre et se fait embaucher au contrôle dans une usine de voitures. le travail se fait dans des conditions épuisantes et difficiles, par des ouvriers dont une grande partie est composée d'Algériens. Elise y fait la connaissance d'Arezki, ils deviennent amants, dans une France de 1957 où la guerre d'Algérie – qu'à l'époque on nomme pudiquement "les événements" – bat son plein, ainsi que le racisme qui dénonce la présence des sales bicots, des ratons, lesquels volent le travail des Français.

Lire ce roman c'est replonger dans cette époque trouble où il ne fait pas bon être arabe, ni en fréquenter un. Ainsi Elise et Arezki sont-ils contraints à la discrétion, à des promenades interminables dans Paris ; ainsi Arezki craint-il le moindre agent de police et les arrestations nombreuses qu'il subit, relâché après une nuit passée au poste, à condition d'avoir une fiche de paie en bonne et due forme. Cinquante ans plus tard, la lecture de ce récit fait froid dans le dos, ainsi que la découverte des conditions de travail des ouvriers à la chaîne de l'industrie automobile. L'histoire d'amour entre Elise et Arezki vient heureusement mettre un peu de tendresse dans ce tableau féroce, racontée par une jeune femme qui vit enfin, et pour peu de temps, sa "vraie vie", même si elle reste tiraillée entre son amour naissant et l'attachement pour son frère.

Roman lu dans le cadre des "68 premières fois"

Lien : http://usine-a-paroles.fr/le..
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L'amour impossible de la Bordelaise et de l'Algérien

Prix Femina 1967, «Élise ou la vraie vie» n'a pas pris une ride. Ce beau et fort roman de Claire Etcherelli est certes ancré dans le conflit algérien, mais cette histoire d'amour contrarié est aussi universelle que celle de Roméo et Juliette.

Comme c'est le cas de nombreux grands livres, Élise ou la vraie vie peut se lire à différents niveaux qui viennent se compléter et donner à l'oeuvre sa force et sa densité. Commençons par l'arrière-fond historique. Nous sommes au moment de la Guerre d'Algérie qui, entre 1954 et 1962, a embrasé les deux côtés de la Méditerranée. Car si les autorités françaises de l'époque ont longtemps ne pas voulu parler de Guerre, les tensions croissantes et surtout l'exportation du conflit dans la métropole ont installé un climat de peur et poussé à des exactions et à des rafles dans les milieux nationalistes algériens. Entre le Front de libération nationale (FLN) et l'Organisation armée secrète (OAS), il n'y aura très vite aucune possibilité de dialogue, mais une liste de morts que ne va cesser de s'allonger et laisser, comme avec les cadavres retirés du Métro Charonne, une trainée sanglante et peu glorieuse.
C'est donc dans ce contexte qu'Élise Letellier décide de quitter Bordeaux pour «monter à Paris». Dans la capitale, elle rejoint son frère Lucien et accepte de travailler chez Citroën avec lui. Ici foin de misérabilisme, la dure condition du travail à la chaîne est décrite simplement, sans faire dans l'emphase, mais en soulignant aussi les difficultés de la cohabitation avec les immigrés appelés en renfort pour compléter une main d'oeuvre alors difficile à trouver. Parmi ces derniers Élise croise le regard d'Arezki l'Algérien. Leur histoire d'amour aura ce côté tragique et universel des grandes passions contrariées et, pour ceux qui comme moi ont vu l'adaptation au cinéma de Michel Drach avant de lire le livre, les yeux de Marie-Josée Nat. Si le contexte les pousse à garder leur liaison secrète, ils ne peuvent fermer les yeux devant le racisme qui gangrène la France d'alors. Et la xénophobie qui continue à faire des ravages de nos jours, y compris dans les rangs de la police qui fait alors la chasse aux «Nordaf» sans discernement, persuadés que leur couleur de peau est déjà la preuve de leur crime.
Comme le souligne la romancière Anaïs Llobet, qui garde ce roman comme un talisman, c'est «avec une écriture toute dans la retenue, une économie des mots» que Claire Etcherelli parvient à donner une puissance inégalée à son roman. Sur les pas d'Élise et d'Arezki, on ne peut qu'être saisi par l'émotion et partagé ces sentiments d'injustice, d'impuissance et de révolte qu'ils vivent alors dans leur chair. Jusqu'à cet épilogue qui ne peut qu'être tragique.

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1958. A Bordeaux, Elise mène une vie morne auprès de sa mère, en tentant de compenser les frasques de son frère, Lucien, jeune écervelé rêvant d'un autrement et ailleurs qui tomberait du ciel. La donne change lorsque sa petite amie du moment se retrouve enceinte de ses oeuvres. le couple s'installe dans la maison familiale, subsistant sur les maigres revenus d'Elise. La vraie vie est un rêve fumeux et intangible.

Mais quand Lucien abandonne femme et enfant pour partir à Paris avec sa maitresse, il réussit a convaincre Elise de le suivre. L'argent est un éternel problème pour ces jeunes qui se bercent d'illusions et Elise se fait embaucher à la chaine dans une usine de construction de voitures, où elle rencontre Arezki, un ouvrier algérien.


Le roman est paru en 1967, assez peu de temps après cette période que l'histoire n'a pas voulu assimiler à une guerre, la masquant sous le vocable vague d' « événements». Malgré tout, les relations tendues de la population française vis à vis des émigrés d'alors, les rafles, les arrestations et les vérifications incessantes, sont particulièrement bien évoquées. de même on participe avec Elise à ce quotidien abrutissant et épuisant qui ne laisse guère de temps, après de nombreuses heures à suivre la cadence, pour rêver d'une autre vie. Décevante et débilitante, la vraie vie!

J'ai beaucoup aimé le réalisme des portraits des personnages, bien mis en valeur par une très belle écriture.

C'est le témoignage d'une époque qui avait défini les cibles de sa haine, sans savoir que des décennies plus tard, d'autres migrants viendraient endosser le costume du rejet de la différence.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Elise a-telle songé à se marier, à avoir des enfants, à vivre une vie de femme épanouie, la vraie vie ? Sans doute, mais la vie elle, en a décidé autrement. Elle naît avant la seconde guerre mondiale, elle est élevée à Bordeaux avec son frère, par sa grand-mère dont elle prendra soin, subit la guerre qui oblige les familles citadines à se protéger des bombardements, puis devient la grande soeur protectrice, la mère pour ce frère instable qu'elle soutient contre vents et marée et pour qui elle se sacrifiera.

Discrète fleurette tapie dans la pelouse, elle porte le monde, véritable ange gardien, elle tente de devenir la conscience de son frère. Et puis elle rencontre l'amour…

Claire Etcherelli dans ce roman très bien documenté, décrit avec justesse, le climat de la France durant la guerre d'Algérie, guerre rejetée par une bonne partie des Français, elle dénonce le racisme ambiant, emmène le lecteur en usine pour qu'il se mêle à la dure réalité du travail à la chaîne sous-payé, confié à des émigres qui savent qu'ils seront renvoyés au pays s'il ne sont pas en mesure de fournir une fiche de paie aux policiers, qu'il se confronte à l'injustice des cadres qu'il se mette dans la peau de l'immigré algérien victime des rafles, monnaie courante en ces années.


Le personnage d'Elise est ambigu : libérée par certains aspects de sa personnalité, elle se laisse bercer par Arezki, malgré la xénophobie de nombreuses personnes qu'elle côtoie. Toutefois elle se montre dépendante des exigences de son frère qu'elle entretient, obligée à un travail difficile faute d'avoir pu étudier, soumise à un destin qui l'oblige à renoncer à cette vraie vie pour se consacrer à ce personnage militant, infidèle, perturbateur, et lui vouer l'amour inconditionnel d'une grande soeur.


Elise ou la vraie vie n'est pas un roman des plus réjouissants, mais on y rencontre beaucoup de beauté, beaucoup de passion, et l'attachement à Elise ainsi que la belle plume de l'auteur subsistent après la lecture. C'est sans nul doute ce qui restera en moi de ce livre.
Lien : https://1001ptitgateau.blogs..
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Une belle surprise. le livre m'avait été présenté comme le récit mièvre d'un énième amour impossible mais on découvre derrière la romance une critique fine du Capital et de l'Intérieur.

Elise, provinciale désargentée n'ayant d'expérience de la vie que la tendre relation qui la lie à son jeune frère Lucien quitte Bordeaux pour le suivre à Paris. Elle travaille à la chaîne, s'épuise, se déshumanise en intégrant les rouages de la machine industrielle. Son frère s'éloigne et c'est seule qu'elle découvre la jungle du Paris laborieux, misérable, cruel.

Une rencontre la bouleverse : celle d'Arezki, un travailleur Algérien. L'amour naît, grandit, transcende Élise. Mais au plus fort du conflit qui oppose la France à son ancienne colonie la communauté algérienne est ostracisée, et la situation d'Arezki se précarise. Face au danger les deux amants se cachent et font bloc mais la xénophobie du peuple et les mesures sécuritaires de l'État seront trop puissants.

Élise voulait vivre la "vraie vie", terme galvaudé qui la faisait rêver d'amour, de communion des êtres et de confort matériel. Elle vivra la "réalité" crue.
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Je ne connaissais cette oeuvre que par des extraits, ayant fait étudier à mes élèves l'arrivée d'Elise dans l'usine, pour parler du travail à la chaîne, de la féminisation du salariat, de l'émigration du travail... Mais en lisant le roman en entier, j'ai découvert plus qu'un beau roman historique et sociologique, mais une histoire d'amour tragique.
Elise n'aura eu le droit qu'à "une vraie vie" de neuf mois. Neuf mois non de bonheur, mais au moins de vie intense, où elle a vécu pour elle e non pour les autres. Elle a sacrifié sa jeunesse pour s'occuper de son jeune frère, soigner sa grand-mère malade, n'a ni ami ni loisir, ni culture.
Arrivée à Paris, elle découvre tout. Alors, certes, il y a la douleur et l'abrutissement de la chaîne, le poids du racisme, la misogynie des hommes qui empêche une femme d'être libre de ses désirs, la manipulation d'un frère trop aimé qui la vole. Mais il y a aussi l'engagement politique, la liberté de profiter ne serait-ce que de sa propre chambre. Et surtout, elle découvre l'amour, la sensualité et le plaisir physique.
Elise est un très beau personnage, dans un roman poignant.
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Un livre qui nous fait découvrir la vie des ouvriers dans la Paris des années 60, en pleine guerre d'Algérie, au travers des yeux d'Elise, qui tombera amoureuse d'un Algérien.

Un livre sans fard, âpre et qui prend aux tripes.
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